Mondafrique publie le carnet de route des militants de l’association « Un œil sur la Palestine ». Les voici à Jérusalem, mal remis de leurs quatre heures d’interrogatoire aux douanes israéliennes. « Ce voyage, expliquent-ils, est un acte politique fort »
Le voyage a demandé des semaines de préparation. Il pointait, enfin, le bout de son nez. Cette année, ce sont encore les femmes qui ont manifesté leur volonté de découvrir la Palestine. Finalement, c’est toujours le « sexe faible » qui a le moins de mal à traduire, en actes, ses préoccupations et ses engagements. Ce voyage est, en effet, un acte politique fort.
Se rendre en Palestine et en Israël n’est pas anodin, et beaucoup savent qu’obtenir le fameux sésame pour y entrer, est plus qu’aléatoire. Programme en main et rêves plein la tête, la délégation décolle, donc, pour Tel Aviv.
L’ambiance est détendue, malgré les questions qui fusent sur le sort qui nous sera réservé à l’aéroport Ben Gourion, une des deux seules portes d’accès pour se rendre sur ce territoire. Certaines parient sur cinq heures d’attente avant l’obtention du visa, d’autres pensent que les autorités israéliennes nous feront une fleur… Mystère, Mystère… Une fois sortis de l’avion, nos craintes ont été vérifiées.
Accueil spartiate
A peine nos passeports présentés aux douaniers, nous avons été dirigés vers une petite salle, froide et spartiate, au confort minimal. Elle a donné le ton aux interrogatoires qui ont suivis, par des agents tous aussi glacials et austères. Nous avons eu droit aux habituelles questions sur le nom de nos ascendants et de nos aïeux, et nouveauté du cru 2015 : une réflexion étonnante d’un des douaniers : « comment expliquez-vous que dans un pays ou les personnes d’origine maghrébine et / ou de confession musulmane représentent seulement 10 % de la population française, cette proportion soit inversée dans votre délégation, ou ces personnes en représentent 90% ? » . L’idée de lui répondre « svp Monsieur, n’importez – pas le « conflit », s’est faite pressante, mais une réponse laminaire a été privilégiée, afin d’écourter au plus vite l’échange. Le temps nous a paru très long, avant d’obtenir nos visas. Trop pressés de sortir de l’aéroport, nous n’avons même pas cherché à comprendre pourquoi ils nous avaient été délivrés quatre heures après leur émission… Nous étions juste trop heureux de commencer, enfin, le voyage, malgré la faim et la fatigue. Néanmoins, il nous fallait, résoudre une dernière difficulté : que faire pendant ces quelques heures qui nous séparaient du lever du soleil et de notre premier rendez-vous à Jérusalem ?
Nous n’avions pas réservé d’hôtel, ne sachant si nous sortirions de l’aéroport et à quelle heure. Nous avons échoué sur « Le Mont des Oliviers », incontournable pour les trésors que ce lieu magique recèle en pleine nuit et que le jour s’apprêtait à nous livrer. Le soleil s’est, ainsi, levé sur ce joyau qu’est Jérusalem, ses mosquées, son esplanade, nous offrant un sentiment de telle plénitude, que notre passage laborieux, à la douane, a très vite été oublié.
Ville trois fois sainte
C’est à pied que nous avons rejoint, plus tard, la vieille ville, encore endormie, résonnant, toutefois, au son de l’appel à la prière. Notre émotion s’est faite grandissante à mesure que l’on arpentait les ruelles désertes, sous protection constante de la police. Le groupe, éreinté, n’en finissait pas de s’émerveiller et prenait, progressivement, conscience de la chance de pouvoir gouter aux douceurs de la ville trois fois sainte. Après une escale dans un café pour reprendre quelques forces, nous avons pris le chemin du Jerusalem Hotel où avait lieu notre rendez-vous de 9 heures. Il est arrivé à l’heure, ponctuel comme une feuille d’impôt, courant du mois d’avril. Daniel Seidemann s’est installé aussi vite que la discussion : colonisation de Jérusalem, ligne verte, situation politique, rôle de l’Europe, tout y est passe…
L’échange a été vif sur la question d’une solution à un ou deux Etats, mais sincère fut la démarche de cet avocat, fondateur de l’association « Terrestrial Jerusalem » qui s’est présenté à nous comme n’étant ni pessimiste, ni optimiste, mais comme se levant, tous les matins, pour faire son job.