Souffrant d’une maladie respiratoire depuis deux ans, le chanteur Kabyle Idir vient de rendre son dernier souffle hier soir à l’hôpital Bichat- Claude Bernard à Paris.
Une chronique de Djaffar Amokrane
Idir signifie; « il est vivant ». Idir, l’artiste, sera toujours vivant parmi nous, comme vivra à travers lui la culture et l’identité Berbères.
Le chanteur Idir est une icône que nous aimions tant et qui a marqué la culture Kabyle et dans les communautés émigrées depuis ses débuts dans les années 70. Il a su exporter les mélodies suaves et émouvantes de sa terre natale vers tous les pays du monde. Il a su faire de la musique de sa terre natale un vecteur de l’identité Tamazight. « Avava Inouva » est chantée en plusieurs langues et son œuvre reste un patrimoine inestimable.
Une culture millénaire
Vivant à Paris depuis 1975, il était revenu chanter à Alger en janvier 2018 à l’occasion du nouvel an berbère, 38 ans après son départ du pays. La lutte contre le déni identitaire et pour la fraternité a marqué son œuvre. Ses chansons traduisent la continuité de cette culture millénaire qui refuse de de disparaitre. Le nom Idir est souvent donné au nouveau-né après un accouchement difficile.
Idir restera vivant pour toujours
Jack Lang, le patron de l’Institut du Monde Arabe, rend hommage lui aussi au chanteur
« J’ai une peine immense en apprenant la disparition d’Idir. Chanteur-poète, sa voix douce résonnait puissamment en nous comme le chant d’un berger rêveur et généreux. Idir était un « chasseur de lumière ». Il nous berçait de mélodies douces et nous transportait vers les hauts plateaux de la Kabylie dont il était un chantre magnifique et l’ange protecteur et bienveillant.
Humble troubadour, véritable conteur, Idir parlait de la belle culture kabyle avec une passion sincère et un enthousiasme militant. Il nous donnait du bonheur, celui des choses simples, celles qui imprègnent et touchent l’âme.
Ses concerts étaient des fêtes, à l’image de réunions de famille débordant d’amour et d’allégresse.
C’était aussi un fervent artisan d’un monde arc-en-ciel, celui de la fraternité entre les hommes. Il aimait le dialogue, le partage. Il aura collaboré avec beaucoup d’autres artistes, donnant ainsi une identité à la reconnaissance de la diversité des cultures. Il croyait en l’humanité. Il chérissait la France des couleurs et le beau métissage des cultures.
Citoyen du monde et ménestrel au cœur tendre, Idir était unique. Il nous laisse un répertoire inoubliable. A vava Inouva Cher Idir. »