La mort d’un vacancier, Aissa Zoubir, ayant eu le courage de dire non au diktat des malfrats ayant squatté la quasi totalité des espaces publics en Algérie a profondément choqué l’opinion publique
Aissa Zoubir est un citoyen algérien originaire d’une commune de la préfecture de Oued Souf dans le Sud-est du pays ayant décidé de passer ses vacances en compagnie de sa famille dans une commune côtière de la préfecture de Bejaia (ex-Bougie) en bordure de la Méditerranée. L’homme est assassiné à l’arme blanche devant sa famille pour avoir courageusement refusé le racket d’une bande de voyous extrêmement dangereux qui ont squatté l’accès aux plages publiques.
L’homme meurt à l’hôpital et rentre chez lui dans un cercueil mais il est accueilli par les populations comme un véritable héros national.
La liberté d’aller et venir
Cet incident n’est pas un fait divers ordinaire. Pour la première fois, un simple particulier ose faire face au racket généralisé imposé par des dizaines de milliers de malfrats, de fripouilles et de délinquants que l’État algérien, avec ses appareils sécuritaires pléthoriques, n’a pu affronter. Or en Algérie, la loi garantit la gratuité des espaces publics dont les plages et la voirie.
Aissa n’est pas mort pour les 200 dinars algériens (environs 2 Euros) mais pour défendre son droit de citoyen à évoluer dans un espace public à la disposition de l’ensemble de la communauté tels que garantis par les lois de la République et le bon sens.
Depuis quelques années, le phénomène du racket sauvage sous la menace explicite de la violence meurtrière a pris une ampleur telle en Algérie qu’il n’est pas sans rappeler l’anarchie des milices libyennes. A l’exception notable qu’en Algérie les services de sécurité, très structurés et bien équipés, peuvent enrayer cette menace.
Un racket généralisé
Le racket des rues et des plages en Algérie est une activité illégale qui génère beaucoup d’argent sans aucun effort pour les malfrats. Ces derniers bénéficient souvent de la complicité d’agents de l’État ou d’élus locaux corrompus comme à Skikda ou Tipaza. Ce racket sauvage nuit totalement à l’image d’un pays longtemps boudé et qui cherche désespérément à relancer des activités touristiques.
L’État dispose des moyens nécessaires pour éradiquer en un temps record ce fléau, d’autant plus que ces malfrats sont d’une extrême lâcheté face à la force, mais sous prétexte de lutter contre des menaces autrement plus importantes comme le terrorisme, officiellement « résiduel » ou les menaces géostratégiques et par dessus tout énergétiques, l’autorité publique a abandonné l’espace public et ménage la petite délinquance. Cette politique montre clairement ses limites dans le contexte actuel, marqué par l’émergence du grand péril du Sud.