En raison des multiples atteintes aux droits de l’homme constatées en Tunisie, le Congrès américain continue à limiter drastiquement son aide à la Tunisie. Ce qui ne favorise pas la relance des investissements dans un pays frappé par une crise économique sans précédent
Pour l’année 2025, la diplomatie américaine a décidé de ne pas rétablir son aide au développement octroyée jusqu’en 2023 – 11,3 millions de dollars – à la Tunisie. Dans leur proposition de budget au Congrès pour l’année 2025, publiée début mars, les équipes d’Antony Blinken ont laissé, comme en 2024, la case de la Tunisie vide dans le tableau Development Assistance.
La lettre confidentiel Africa Intelligence note que Washington propose toutefois de maintenir au même niveau qu’en 2024, à 14,5 millions de dollars, le fonds de soutien économique à Tunis, essentiellement pour lutter contre les effets du stress hydrique et l’insécurité alimentaire.
Une absence totale de visibilité
« Dans les années 1990-2000, sous Ben Ali (1987-2011), note le chercheur Michael Ayari, (Crisis Group) le régime était autoritaire et la peur était de mise tant dans le milieu des affaires que parmi les citoyens ordinaires. Seulement, pour peu qu’ils s’acquittassent d’une dîme envers certaines personnes hautes placées, les investisseurs étaient protégés ».
Et le même expert de poursuivre: « Dans la Tunisie de Saïed, ils ne le sont plus, et ce, quel que soit leur nationalité. Personne ne sait d’où et de qui peut venir « l’ouverture d’un dossier ». La visibilité et la prévisibilité est quasi nulle et la confiance s’effrite ».
Un capitalisme autoritaire
Trois attributs qu’un capitalisme autoritaire efficace est pourtant censé engendrer. Au lieu de conduire à plus de morale et de discipline, la peur de la prison et de fortes amendes paralyse l’activité économique. Le climat de délation et de dévotion envers le chef de l’Etat se renforce, au même titre que l’apathie politique et le désintérêt pour la chose publique ; en témoignent les taux de participation aux derniers scrutins, dépassant à peine les 10%. Comme sous Ben Ali, l’exercice de la citoyenneté étant risqué, comme le montre les incarcérations d’opposants politiques.
Le chef de l’Etat concentre de plus en plus de pouvoirs. Mais aucune structure autoritaire pyramidale, fluidifiée par des intermédiaires qui faciliteraient l’activité économique en protégeant les investisseurs de l’insécurité juridique ne se met en place.