Le dossier de sécurité est au menu de la visite d’Emmanuel Macron en Tunisie. Sur les quelques milliers de jeunes tunisiens partis combattre, seule vingt d’entre eux ont pu être incarcérés à leur retour
Les progrès semblent très sensibles en Tunisie en matière sécuritaire trois ans après l’année sanglante de 2015, marquée par les attentats de Sousse et du musée du Bardo (22 victimes, dont 4 français). Des interpellations de réseaux dormants ont lieu chaque semaine ou presque. Le ministère de l’Intérieur a évoqué près de deux cent opérations pour la seule année 2017. Uu millier de suspects ont été emprisonnés, mais seulement 180 seulement ont été jugés. La justice antiterroriste tunisienne est largement débordée et les magistrats exposés ne disposent pas de protection rapprochée..
Mais les inquiétudes restent vives sur la possible reconstitution de cellules terroristes dans tout le pays. En effet, il est généralement admis que près de 5000 jeunes tunisiens sont partis combattre en Syrie et en Irak- soit un chiffre de 25000 si on le rapportait à la population française. » Ce chiffre est probablement grossi, admet un ancien secrétaire d’Etat à la sureté, la vérité est que nous n’appréhendons qu’une partie des retours ». Une certitude, ils ne sont qu’une vingtaine à être incarcérés aujourd’hui, d’après les chiffres en possession de la mission parlementaire sur ce dossier des jeunes partis combattre le régime syrien. Ce qui est peu.
Frontières poreuses
Beaucoup de ces djihadistes sont revenus en effet sur le sol tunisien, mais via la Libye, dont les frontières restent très poreuses avec la Tunisie et mal contrôlées. Dans ces conditions, beaucoup échappent aux services de renseignement tunisiens qui peinent déja à reconstituer leur capacité opérationnelle, après le choc que fut la fin de la présidence Ben Ali pour l’appareil sécuritaire.
Même identifiés comme revenant de Syrie, très peu sont incarcérés. Le plus grand nombre, faute de preuves de leurs activités criminelles, sont assignés à un simple contrôle administratif plus ou moins rigoureux. C’est qu’en l’absence de relations diplomatiques avec le régime d’Assad en Syrie, les juges anti terroristes ont le plus grand mal à récupérer les listes des ressortissants tunisiens que possède le régime de Damas.
Depuis 2014, la Tunisie dispose d’une antenne consulaire à Damas. Mais la coopération entre les deux pays est au point mort, comme a pu le constater une délégation parlementaire qui s’était rendue en Syrie voici un an. » La présence de ministres islamistes au sein du gouvernement tunisien, proches du Qatar, note une source sécuritaire, n’incite guère le pouvoir syrien à nous aider dans la traque des terroristes ».