Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi vient de renvoyer, le 5 janvier, son ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine (voir sa photo ci dessous) , proche du Président de la République, Kais Saied.
La décision du chef du gouvernement de se séparer de son ministre de l’Intérieur est motivée par les liens étroits entre le président de la République, avec qui Hichem Mechichi est en conflit. Facteur aggravant, comme le rappellent nos confrères de Maghreb Intelligence, le ministre est parti en guerre contre les responsables sécuritaires islamistes, alliés du Premier ministre, qu’il jugeait corrompus. Ce nombreux cadres du ministère de l’Intérieur ont été en effet nommés toutes ces dernières années sur pression du mouvement Ennahdha qui a participé à la plupart des attelages gouvernementaux.
La goutte d’eau qui a provoqué la démission du ministre aura été d’avoir mis fin aux fonctions de Lazhar Longo, chef de l’antenne du ministère de l’Intérieur à Paris dans en avertir le chef du gouvernement. Cet ancien directeur des renseignements, impliqué dans le scandale de l’arrestation de l’expert onusien, Moncef Kartas, jeté illégalement en prison en 2019 pour avoir enquèté sur l’aide clandestine apportée aux mouvements islamistes libyens, serait membre de l’organe sécuritaire secret d’Ennahdha dont on peut penser qu’il a imaginé plusieurs coups tordus quand le mouvement Ennahdha possédait l’essentiel du pouvoir en 2012 et 2013.,
L’éxécutif tunisien paralysé
Dans un scénario similaire à la guerre froide ayant opposé l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed à l’ancien président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, c’est sans doute Mechichi qui pourrait avoir le dernier mot. La constitution votée aux forceps en 2013, très parlementaire d’inspiration, permet au chef du gouvernement d’avoir le dernier mot, sauf sur les dossiers diplomatiques; S’il se soumet à la volontéde ses alliés islamsistes et qu’il opère le remaniement ministériel promis, il pourrait bien isoler davantage le président Saïed.
Le chef de l’Etat tunisien avait affirmé, lors de sa brillante élection il y a deux ans, sa volonté de bousculer l’ordre institutionnel et d’imposer une sorte de démocratie directe aux contours imprécis. Ce à quoi il n’est pas parvenu, malgré malgré sa forte popularité et la nécessité évidente de donner à une Tunisie en pleine crise une direction politique homogène et légitime. Les élites politiques tunisiennes qui sont perdu un temps précieux depuis le printemps arabe de 2011 dans des palabres inutiles sont en train de saper les bases de la transition dmocratique.