Le clan présidentiel a remporté une bataille, mais la guerre n’est pas encore finie. C’est l’expression qui illustre le mieux la situation actuelle qui prévaut au sommet du régime algérien. Alors que tout le monde le donnait pour mort, le général Toufik a étonné ses adversaires avec un prouesse tactique. Avec une simple et unique déclaration écrite, il a discrédité tout ce que les proches et collaborateurs d’Abdelaziz Bouteflika ont construit depuis des années.
Le DRS réplique
Une déclaration et tout un régime est discrédité, voire ridiculisé puisque l’opinion publique doute, désormais, de la légitimité réelle des décisions prises par l’Etat-Major de l’armée algérienne et du Palais d’El-Mouradia. L’emprisonnement du général Hassan a fait donc sortir de ses gonds le général Toufik. « C’est une véritable trahison ! Avant son départ, le général Toufik avait conclu un contrat moral avec Ahmed Gaïd Salah et Bouteflika : je m’en vais, mais vous relâchez mes hommes et vous leur foutez la paix, leur a-t-il dit », confie sans ambages une source très proche de l’entourage du général Toufik. « Le général est parti. Il a mené la restructuration et a fait des compromis. Et en contrepartie, il lui renvoie comment l’ascenseur ? On s’acharne sur ses hommes les plus loyaux ! », s’indigne la même source. Et la réaction du général Toufik ne s’est pas faite attendre.
« Abdelaziz Bouteflika s’est laissé flouer comme un débutant par Ahmed Gaïd Salah. C’est ce dernier qui lui a fait croire que le DRS et ses réseaux d’influence sont finis, éjectés et vaincus ». Quelques jours après le procès du général Hassan, les 19 se constituent et jettent le discrédit sur le règne de Bouteflika. La controverse a été relayée dans le monde entier. Avec ses relais au sein de l’opposition, le général Toufik a fait retourner l’opinion publique contre la loi de finances 2016 du gouvernement de Bouteflika. Des manifestations ont commencé dans les zones industrielles. Des grèves se préparent. Et ce n’est que le début d’un long feuilleton », avertit un ancien officier du DRS qui signe et persiste : « le général Toufik n’abandonnera jamais ses hommes et beaucoup d’entre eux se sacrifieront pour lui ».
Gaïd Salah aux basses oeuvres
Mais que veut donc le général Toufik ? « La libération du général Hassan et un rappel à l’ordre d’Ahmed Gaïd Salah qui fait des manoeuvres malsaines pour nuire aux anciens du DRS et à leurs réseaux », nous explique une autre source qui relaie régulièrement les messages de l’ancien patron du DRS auprès des milieux politiques et médiatiques à Alger. Des messages que le clan Présidentiel a reçu 5 sur 5. Mais, ses acteurs ne semblent pas vouloir reculer. Selon nos informations, Ahmed Gaïd Salah a attendu le retour d’Abdelaziz Bouteflika de ses contrôles médicaux à Grenoble en France pour lui demander d’inculper officiellement le général Toufik qui a défié publiquement la Justice militaire.
La présidence se bunkerise
Le président Bouteflika a tempéré les ardeurs de son chef d’état-major et demande un délai de réflexion sur tous ces événements qui commencent à prendre une ampleur inquiétante. En attendant, à Alger, Ahmed Gaïd Salah et Saïd Bouteflika, l’autre cerveau du cercle présidentiel, ont renforcé leur sécurité pour parer à toute menace. Dans leur entourage, on craint sérieusement des représailles des fidèles des anciens officiers du DRS proches du général Hassan.
Ainsi, Saïd Bouteflika est officiellement suivi et accompagné dans tous ses déplacements par une voiture balisée où des gardes du corps veillent soigneusement sur lui. Trois autres éléments le surveillent lorsqu’il se trouvent dans un lieu en compagnie de son entourage comme lorsqu’il se rend à ses soirées dans le prestigieux restaurant Le Patio à Hydra, le quartier chic d’Alger. Pour sa part, le général-major Ahmed Gaïd Salah a renforcé significativement le personnel sécuritaire qui l’entoure et le protège. Depuis quelques jours, il a recruté des gardes du corps civil car il ne fait plus confiance uniquement dans les éléments de l’armée. Ses nouvelles recrues se font remarquer lorsque le chef d’état-major de l »armée algérienne arrive au siège du ministère de la Défense nationale, à El-Biar, sur les hauteurs d’Alger.