Ce samedi 22 février 2020, a lieu l’élection présidentielle au Togo. Parmi ceux-ci, le président sortant Faure Gnassingbé ne devrait pas se faire beaucoup de soucis pour accomplir un quatrième mandat présidentiel.
Ayant succédé à son père, le Général Gnassimgbe Eyadema, en 2005, président putschiste de 1967 à 2005, Faure Gnassingbé ( 53 ans ) compte bien appliquer le dicton africain : » on ne prépare pas les élections pour les perdre ».
La dynastie Gnassingbé
Ce samedi, sept candidats se présentent au suffrage de 3,6 millions d’électeurs. Mais tout a été mis en place pour la réélection du sortant, y compris les observateurs internationaux. Son challenger historique, Jean-Pierre Fabre et les cinq autres prétendants que sont Agbéyomé Kodjo, Georges Kuessan, Aimé Gogué, Wolou Komi et Tchassona Traoré risquent fort de se retrouver dans la situation classique des opposants s’estimant floués par le scrutin. Ils pourraient bien rejoindre le Camerounais Maurice Kamto, le Gabonais Jean Ping, les Congolais-B Guy-Brice Kolelas et Jean-Pierre Mokoko, le Congolais de RDC Martin Fayulu, le Centrafricain Anicet-Georges Dologuélé et tant d’autres.
Le droit et la démocratie
Evidemment pour en arriver là, il a fallu que Faure Gnassingbé exige quelques contorsions juridiques et fasse des interventions bien ciblées dans le processus électoral. La constitution a dû être modifiée par un vote des parlementaires. Ayant déjà accompli trois mandats, Faure Gnassingbé ne pouvait plus candidater. Cet obstacle fut vite supprimé. Les nouvelles dispositions constitutionnelles ont remis les compteurs à zéro.
La rétroactivité ayant été rejetée, Faure Gnassingbé est desormais éligible à deux nouveaux mandats. Outre cette élection de 2020, le président pourra se représenter en 2025. Il sera alors âgé de 58 ans. Tous les espoirs lui seront encore permis, si le laxisme de la communauté internationale existera encore.
Comme tant d’autres présidents africains, Faure Gnassingbé se s’est pas embarrassé des règles constitutionnelles et de l’opinion internationale. Ce passage en force n’a pas suscité de réactions négatives de la communauté internationale. Il y a une telle accoutumance ! La voie est donc ouverte pour d’autres présidents qui pourraient se heurter à des obstacles constitutionnels temporaires.
La montée des périls
Certes, le mode de scrutin uninominal est passé à deux tours, la diaspora pourra voter et le président bénéficiera d’une immunité à vie pour sa gestion. Encore une fois, ces dispositions sont précaires et participent à ce mirage de la démocratie que sont les élections dans beaucoup de pays africains.
Peu à peu, la nécrose de l’État devient de plus en plus perceptible, les conflits ethniques se renforcent à mesure que les conditions de vie deviennent plus en plus déplorables et exacerbent les tensions incontrôlables. La démocratie ne peut se résumer à des élections, d’autant qu’elles sont rarement transparentes et équitables.
Les mouvements islamistes rôdent
Le bilan de quinze ans de pouvoir de Faure Gnassingbé n’est pas le plus négatif. Incontestablement des progrès ont été réalisés dans le développement et la sécurité.
Toutefois, l’absence de respiration démocratique et les conditions de vie toujours aussi déplorables donnent des opportunités aux mouvements se réclamant du djihadisme transnational et de mieux en mieux implantés localement.Les exemples du Mali, du Burkina Faso et du Niger devraient faire réfléchir. Les élections présidentielles ont bien eu lieu avec leurs résultats prévisibles. Au Togo, elles auront lieu le 22 février 2020, tandis que les menaces djihadistes se font de plus en plus précises du côté de Dapaong à la frontière du Burkina Faso. Le terreau est déjà là.
Après les manifestations monstres de 2018, réclament la démission de Faure Gnassingbé, beaucoup d’électeurs » voteront avec leurs pieds », ce qui donnera un faible taux de participation