Boko Haram a infligé, le 23 mars au petit matin, à l’armée tchadienne sa plus grande déroute depuis le début du conflit armé.
Au petit matin du lundi 23 mars 2020, la garnison de Boma, située sur une île du Lac Tchad, a été attaquée par de nombreux assaillants du groupe djihadiste Boko Haram. Les combats acharnés ont duré environ sept longues heures. Le bilan est catastrophique pour les militaires tchadiens.
On dénombre une centaine de victimes chez les officiers, sous-officiers et hommes de rang. Plusieurs dizaines de blessés sont aussi à déplorer et ont été acheminés à Ndjamena. Il y a aurait également des militaires pris en otages. Vingt-cinq véhicules militaires, dont des blindés, ont été détruits. D’autres véhicules ont été emportés par les rebelles venus sur leurs hors-bord. Les rebelles n’ont pas subi d’importantes pertes.
Le journaliste nigérian Ahmad Salkida, spécialiste des questions de terrorisme, a déclaré mardi, que Boko Haram a filmé et diffusé l’attaque meurtrière menée lundi contre l’armée tchadienne à Boma, au Lac.Selon lui, la vidéo est « trop horrible » pour être montrée
Le président Deby meurtri
Le président Idriss Deby Itno s’est immédiatement rendu à Boma. Il a été particulièrement choqué devant ce désastre, qui fera date au Tchad. C’est un président très marqué qui s’est adressé à la Nation promettant une » réplique foudroyante ».
Si les militaires tchadiens sont réputés par leur bravoure et leurs qualités de combattant dans les zones désertiques, comme au Sahel, en revanche, les zones marécageuses du Lac Tchad constituent des handicaps face aux combattants de Boko Haram qui ont une bonne connaissance de ce milieu favorable aux embuscades et aux attaques surprises. Les blindés et autres engins terrestres sont quasiment inopérants sur ces théâtres de guerre. En revanche, les forces de Boko Haram y possèdent les engins adaptés.
Au 187eme sur 188 pays
Face à cette déroute militaire, le président Idriss Deby Itno a promis de remédier aux failles dans la défense du pays. Ce ne sera pas simple devant la grande mobilité des rebelles qui passent d’une frontière à l’autre du Nigeria au Tchad en passant par l’Extrême-nord du Cameroun.
Le Tchad avait déjà à subir la crise pétrolière, avec un Baril à moins de 30 dollars, et les conséquences des crises libyenne et centrafricaine. La répétition des attaques de Boko Haram, comme celle de Boma, risque fort de miner davantage la gouvernance d’Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 29 ans.
Idriss Deby Itno ne réussit guère à faire quitter son pays des derniers rangs des indicateurs mondiaux, comme celui de l’indice de développement humain des Nations-Unies, où le Tchad occupe le 187 ème rang sur 188.