Entre divergences internes à la junte, tensions de plus en plus grandes opposant militaires aux partis politique et menaces de la communauté internationale sur les velléités de prolongation de la transition, le Mali n’est pas à l’abri d’un troisième coup d’Etat militaire.
Ce n’est parce que l’adage populaire dit « jamais deux sans trois » que l’hypothèse d’un troisième coup d’Etat au Mali est prise très au sérieux, après le renversement en août 2020 du président Ibrahim Boubacar Keita et la mise à l’écart en mai dernier du président de la transition Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane.
La république des colonels
Derrière l’unité de façade qu’elle affiche, la junte malienne est traversée par de nombreuses lignes de fracture. Il y a en effet peu de choses en commun entre l’austère colonel Assimi Goïta, qui a renoncé à plus de la moitié des fonds politiques de la présidence et certains de ses compagnons du Conseil militaire de transition absorbés par la course à la richesse et aux acquisitions immobilières à Bamako et dans la sous-région, après avoir fait main basse sur tous les leviers lucratifs de l’Etat. Jusqu’ici l’attelage improbable entre le colonel austère et ses compagnons d’armes rapaces tient encore, mais pour combien de temps encore ?
Autre point de divergence interne à la junte voire à l’ensemble des Forces armées maliennes (FAMA, le rapprochement à marche forcée avec la Russie. Sur cette question, des vents contraires traversent la junte et l’armée. Plusieurs colonels très en vue comme le colonel Sadio Camara, ministre de la défense nationale, soutiennent ouvertement le basculement du Mali dans le giron russe et l’abandon de la relation privilégiée avec la France, estimant qu’elle n’a rien apporté de concret depuis 60 ans. Y sur le plan sécuritaire. En revanche, il y a au sein de la junte, et bien au-delà dans les rangs, des officiers formés dans les écoles militaires françaises très attachés au maintien de l’axe Paris-Bamako envers et contre tout. Nul ne peut aujourd’hui prévoir comment évoluera le rapport de forces entre ces deux courants de l’armée. Celle-ci peine déjà à régler le cas de plusieurs officiers généraux et supérieurs écartés de leur commandement par les deux coups d’Etat et actuellement reclus à leurs domiciles, faute d’affectation.
Risques d’affrontements avec les partis politiques
Même si elle réussissait à repousser longtemps l’éclatement de ses divergences internes, la junte devra se préparer à gérer son affrontement ouvert avec les partis politiques. Après avoir fait preuve de la plus grande bienveillance envers les militaires, les partis ont haussé le ton face au retard pris par la préparation des élections. Alors que le Premier ministre de transition Choguel Maïga, conforté par le feu vert de la junte, cherche à gagner du temps en proposant la tenue d’assises nationales, les partis, eux, exigent le respect du calendrier électoral qui prévoit la tenue du référendum constitutionnel, des locales, des législatives et de la présidentielle d’ici à la fin février 2021.
Confortés par le soutien de la communauté internationale en faveur du respect de l’agenda de 18 mois la transition, les partis politiques sont prêts à aller à l’affrontement direct avec le pouvoir : donc à faire descendre leurs militants dans la rue.
Cette perspective, ajoutée aux vents contraires traversant la junte et les FAMA, donne du crédit à l’hypothèse d’un troisième coup d’Etat militaire au Mali.
Tout le monde sait que recherchent les politiciens dans ce pays. Le peuple se conscientise petit à petit vis a vis des hommes politiques maliens. Organiser les élections par rapport au calendrier est quasiment impossible car ça nous ramènera directement en 2013. Ces politiciens veulent couvrir leurs arrières en voulant allez aux élections le plus tôt possible.