Lors d’un meeting qui réunissait, dimanche 9 juin 2024 à Dakar, la jeunesse des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), le premier ministre sénégalais est allé en croisade contre les juges corrompus de son pays qui ont sabordé ses ambitions présidentielles et mis en garde des médias contre la publication de fausses nouvelles.
Correspondance à Abidjan, Bati Babouè
La presse sénégalaise s’agace des mises en garde répétées du premier ministre sénégalais et de ses leçons de journalisme répétées. La corporation s’est vu épauler par le leader de « Gueum sa Bokk », Bougane Guèye Dany, qui estime qu’Ousmane Sonko veut désormais liquider la presse sénégalaise qui l’a tiré des griffes de Macky Sall en mars 2021. « Aujourd’hui, tu veux la liquider ? C’est peine perdue. Les VAR continueront de te rappeler tes promesses et tes prises de position toutes oubliées au lendemain de ta victoire », a-t-il asséné.
C’est aussi pour rendre compte de ses promesses de campagne aux jeunes du Pastef, son parti, qu’Ousmane Sonko a réuni plusieurs milliers d’entre eux à Dakar au cours d’un meeting où il est allé une fois de plus en croisade contre des juges corrompus du Sénégal qui ont ruiné ses ambitions présidentielles en forçant sur son inéligibilité à la demande de l’ancien régime. Tous payeront, a-t-il répondu en substance mais l’opposition qui sort de sa torpeur depuis trois mois, quelque peu sonnée par le raz-de-marée du Pastef à l’élection présidentielle, a rappelé au Premier ministre que l’heure n’est plus au discours, surtout que la vie continue d’être chère au Sénégal et qu’à quelques jours de la fête de la Tabaski, peu de sénégalais sont en mesure de s’acheter un mouton.
La fin de l’illusion
D’ailleurs, pour l’ex-candidate à la présidentielle, Anta Babacar Ngom, cette sortie d’Ousmane Sonko sonne comme une désillusion. « Vous êtes désormais Premier ministre. Vous avez remporté l’élection présidentielle. Que vous le croyiez ou non, vous êtes maintenant au pouvoir. Mettez donc le Sénégal au travail et faites moins de politique, au risque de remettre notre pays entre les mains de politiciens qui nous ont pris en otage ces dernières années », assène-t-elle en expliquant que l’opposition ne va plus s’en laisser conter.
Mais Ousmane Sonko est sûr de son sujet. Devant les jeunes de son parti, il a expliqué que le gouvernement est en train de préparer le document référentiel qui va trouver une solution aux multiples problèmes du pays. Intitulé « Sénégal vision 2050 », ce programme qui sera prêt d’ici septembre, a-t-il précisé, va être présenté dans la même période à l’Assemblée nationale, et tout le monde va connaître les orientations du gouvernement. En attendant, le Premier ministre reste ferme sur la moralisation de la vie publique puisque le gouvernement est en train d’auditer une soixantaine de structures de l’Etat. A cet audit, vont s’ajouter les autres rapports produits par la Cour des comptes et l’Inspection générale de l’Etat. Tous vont être rendus publics, a fait savoir Ousmane Sonko, puis la justice va être saisie. Mais ce ne sera pas, dit-il, les juges nommés par Macky Sall. Pour cette raison, les premières poursuites n’interviendront qu’après les réformes de la justice initiées par le président de la République Bassirou Diomaye Faye.
Un jour historique
Ousmane Sonko a une dent particulièrement dure envers des magistrats de son pays. Des magistrats qu’il estime corrompus puisque certains d’entre eux seraient allés, selon lui, chercher une décision de justice sous l’ancienne présidence pour éliminer sa candidature. « Le rapport sur lequel on s’est basé pour me disqualifier de la course à l’élection présidentielle de 2024 est sur ma table. La justice fera son travail sur ce dossier qui a coûté des vies à des personnes et plusieurs blessés », a martelé le premier sénégalais dont la position rejoint celle du collectif des victimes de Macky Sall. Celui-ci appelle les nouvelles autorités à émettre un mandat international contre l’ancien président en raison des trois années de répression qui ont tué 80 sénégalais et emprisonné plus centaines de personnes.
En revanche, une perspective plus gaie s’ouvre au pays puisque le champ de Sangomar est entré en production avec l’extraction de son premier baril de pétrole le lundi 10 juin. Son opérateur a annoncé, le lendemain, « l’accomplissement en toute sécurité de la production du premier baril du champ Sangomar situé au large du Sénégal et constituant le premier projet pétrolier offshore du pays », a noté Woodside Energy group. Historique.