Le Sahara occidental revient dans l’actualité internationale

Photo : mine de phosphate dans le Sahara occidental

Le 31 eme Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’ Union africaine (Ua) devrait se tenir à Nouakchott, en juillet 2018. S’il est prévu un hommage à Nelson Mandela, dont ce sera le centième anniversaire de la naissance, il est fort probable que la question du Sahara occidental sera mise à l’ordre du jour de ce Sommet.

par Aza Boukhriss

Le Maroc a été refroidi par le choix de la capitale mauritanienne pour ce Sommet,  car la proximité des autorités mauritaniennes avec le Polisario et leur soutien à la République Arabe Sahrouie Démocratique (RASD) sont sans ambiguïtés. Le retour du Royaume chérifien au sein de l’Ua a eu sa première réplique. Le président de la Commission de l’Ua, le Tchadien Moussa Faki Mahamat a choisi Nouakchott en toute connaissance de cause, probablement influencé par l’Algérien Smaïl Chergui, commissaire à la Paix et à la  Sécurité de l’organisation continentale, qui est un ardent défenseur de la cause du Polisario.

Deux décisions de justice embarrassantes pour le Maroc
A quelques jours d’intervalle, la souveraineté pleine et entière du Maroc sur le Sahara occidental a été remise en cause, pour ce qui concerne l’exploitation des ressources naturelles. Concernant l’Accord de pêche Union européenne-Maroc, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé, le 26 février 2018,  que cet accord ne comprenait pas la pêche dans les eaux adjacentes du Sahara occidental. La plainte ne venait pas directement de la RASD mais d’une organisation proche du Polisario. Cette décision est conforme au droit international, mais ne va pas jusqu’à reconnaître la souveraineté de la RASD. La décision de la Cour européenne confirme la position constante de l’Union européenne.

En revanche, la décision du 23 février 2018 de la Haute Cour sud-africaine est plus politique. Se prononçant sur l’arraisonnement d’un phosphatier marocain, en mai 2017, la Cour sud-africaine a reconnu la qualité de plaideur de la RASD qui n’a pourtant pas la capacité pour agir dans des différends internationaux. Elle a jugé que la cargaison de phosphates, venant de la mine de Boucraa, n’était pas la propriété de l’Office chérifien des phosphates et qu’en conséquence les phosphates ne pouvaient pas être vendus en Nouvelle Zélande. Par ce jugement, les juges sud-africains ont reconnu de ce fait l’existence internationale de la RASD et sa souveraineté sur les ressources du Sahara occidental. Le caractère politique de cette décision judiciaire en réduit sa portée, d’autant que, dans des affaires similaires, les juridictions de Panama et de l’Uruguay avaient rejeté, en juin et août 2017, les recours du Polisario .

L’ONU a repris sa médiation
Après la démission de l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu, le diplomate américain Christopher Ross, c’est l’ancien président allemand Horst Kohler qui a repris la médiation onusienne. Si ses premières démarches avaient été appréciées du côté marocain, en revanche, ses dernières initiatives le sont moins.  Certains y voient l’influence de Ramtane Lamamra, ancien ministre algérien des affaires étrangères et ancien conseiller Paix et Sécurité de l’Ua. Ce fin diplomate a été nommé par Antonio Gutteres, en septembre 2017, membre du Haut conseil consultatif de l’Onu pour la médiation. Composé de 18 personnalités éminentes, le diplomate algérien y côtoie notamment l’ancienne épouse de Nelson Mandela, Graça Machel, qui n’a jamais caché ses sympathies pour le Polisario. En tout état de cause, la médiation onusienne reste celle qui recueille le plus de suffrages par rapport à celle de l’Ua menée par le compatriote de Graça Machel, l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano.

Le Sommet de Nouakchott ne sera pas de tout repos pour les responsables de l’Union africaine. On se rappelle le flop retentissant du Sommet de la Ligue arabe qui s’était tenu à Nouakchott en juillet 2016 et qui avait dû être écourté d’une journée. Aux conditions d’hébergement critiquées par certaines délégations, s’étaient ajoutés les couacs politiques notamment envers le Maroc et les bouderies de nombreux États membres. La question du Sahara occidental pourrait peser sur l’organisation et le bon déroulement de ce Sommet de l’Union africaine. Sans attendre cette réunion ordinaire biannuelle, le Président en exercice de l’Ua, Paul Kagame, a convoqué un Sommet extraordinaire de l’Ua à Kigali, le 21 mars 2018, pour adopter la Zone de libre échange continentale