Le 10 mars 2005, l’hebdomadaire « le Gri-Gri international » fondé par un opposant gabonais, Michel Ougoundou, et animé par l’auteur de ces lignes, Nicolas Beau, par ailleurs journaliste à l’époque au « Canard Enchainé », publiait les comptes du journal « Jeune Afrique » en 2004. On y découvrait les subventions ahurissantes que le magazine recevait de chefs d’Etat africains. En tête de ceux ci, déjà, le président actuel du Rwanda, Paul Kagamé, qui offrait un bakchich 350000 euros à nos confrères. Comment s’étonner que Kagamé ait choisi « Jeune Afrique » pour dénoncer les crimes supposés de la France au Rwanda
Le 10 mars 2005, « le Gri-Gri International”, un « clone » du Canard Enchainé vendu en kiosque et décidé à faire rendre gorge à la corruption en Afrique, s’était procuré le détail des encaissements africains de « Jeune Afrique » à la date du 16 janvier 2004. Présentés comme « des contrats de communication », ces documents qui portent sur une quinzaine de pays de la zone d’influence française en Afrique révèlent d’importantes sommes payées par des potentats africains au journal du franco-tunisien Béchir Ben Yamed. Quelques exemples suffisent à prendre en flagrant délit des régimes africains qui paient des articles de presse rédigés en leur faveur.
Au hit parade des corrupteurs
On retrouve ainsi, par ordre croissant:
1) Les Comores qui versent 250 000 euros;
2) le Rwanda de Paul Kagamé, pour 350 000 euros
3) Le Togo de Eyadéma, 380 000 euros
4) La Mauritanie de Maouiya Ould Taya pour 500 000 euros.
5) La Guinée équatoriale de Obiang Nguema, 800 000 euros.
6) L’Algérie de Bouteflika, 950 000 euros.
7) Le Maroc de Mohammed IV, 994000 euros.
Des oreilles attentives….
Ce joli pactole qui date de 2004 éclaire l’entretien donné par le président rwandais, cette semaine, au directeur de la rédaction de Jeune Afrique, François Soudan, sur « les crimes » qui auraient été commis par la France. On comprend pourquoi François Soudan fut l’interlocuteur attentif de Paul Kagamé dans cette opération de communication particulièrement mal venue. Il est nécessaire autant pour le Rwanda que pour la France d’apaiser aujourd’hui les haines et les procès d’intention. Ce type d’entretien n’y contribue aucunement
A l’époque, l’excellente « Lettre du Continent », média indépendant, ne manquait pas de reprendre l’information
« Le Gri-Gri International fait les comptes de Jeune Afrique
Dans son édition du 10 mars, le « quinzomadaire satirique panafricain » publie un top 10 des contrats publicitaires d’Etat obtenus sur deux ans par l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique :
Gabon (2,9 millions d’euros), Cameroun (1 million d’euros), Guinée (800 000 euros), Mauritanie (500 000 $), Togo (380 000 $), Rwanda (350 000 $)… Impressionnant, non ? »