La Centrafrique ne fait plus les grands titres dans les media. Quelques brèves ici ou là dans la presse écrite. Et silence absolu dans les télés. On pourrait s’en réjouir si c’était le signe d’un retour à la normale dans l’ancienne colonie française après des mois de folie meurtrière et la preuve que la gestion du dossier centrafricain par Paris est un succès. Ce n’est malheureusement pas le cas
A Bangui, la capitale – vidée de ses habitants de confession musulmane -, la sécurité s’est notoirement améliorée depuis l’intervention des militaires français de l’opération Sangaris qu’appuient plusieurs milliers de soldats africains et un maigre contingent d’Européens rassemblé à grand peine par la France.
Catherine Samba Panza, une fausse valeur
Pour autant rien n’est réglé. Une grande partie du pays – plus vaste que la France – est entre les mains de chefs de guerre de l’ex-Séléka qui ont fait de Bria, située dans le centre de la Centrafrique, leur capitale. Or qui contrôle Bria contrôle la production de diamant, l’une des ressources du pays.
Tout aussi inquiétante est la situation politique. En poussant la candidature de Catherine Samba-Panza, épaulée par un banquier comme premier ministre, pour assurer la transition avant la tenue d’élections générales, le Quai d’Orsay pensait avoir trouvé la perle rare.
La déception est à la mesure des espoirs suscités par cette femme issue de la société civile. Depuis son arrivée au pouvoir en début d’année rien n’avance. L’administration est toujours aux abonnés absents. Les caisses de l’Etat restent désespérément vides tandis que se remplissent celles des coupeurs de route qui rançonnent les commerçants. Avec le voisin tchadien, le parrain de la région, les relations sont exécrables au point que N’Djamena a fermé il y a quelques jours sa frontière avec la RCA.
Entre la présidente et son premier ministre le divorce est consommé. Ils ne se parlent plus. Mais chacun entretient une armée de conseillers, de ministres sans portefeuille, de chargés de mission dont l’ambition semble se limiter à voyager à l’étranger, de préférence en Europe.
Fabius désavoué
Il y a quelques semaines à Bruxelles le spectacle pitoyable du premier ministre, son côté sybarite impénitent, ont choqué les Allemands sollicités pour apporter une aide financière à l’un des pays les plus pauvres de la planète.
Pour le Quai d’Orsay et Laurent Fabius qui, rappelons-le, ont vendu la candidature de Catherine Samba-Panza (l’Elysée avait un autre candidat) à la communauté internationale et aux pays voisins de la Centrafrique l’échec est patent et ce n’est pas l’arrivée en septembre des premiers casques bleus à Bangui qui va changer la donne.
Plus personne ne croit qu’une élection présidentielle pourra être organisée, comme c’était prévu, début 2015. Le calendrier est impossible à tenir dans un pays où l’Etat est à terre, les listes électorales détruites et la classe politique inconsistante.
Dans ces conditions l’engagement, pris en décembre par François Hollande, à mener en Centrafrique une opération « rapide [qui] n’a pas vocation à durer » va venir s’ajouter à la liste déjà longue des promesses présidentielles non tenues. Une de plus !