Alors qu’Abdelaziz Bouteflika s’apprête à opérer un remaniement ministériel, le puissant homme d’affaires Ali Haddad tente de positionner ses alliés dans le nouveau gouvernement.
Alger, la tension est à son comble dans tous les ministères. Un remaniement ministériel devra opéré très prochainement par le Palais d’El-Mouradia. Abdelaziz Bouteflika compte renouveler son équipe gouvernementale pour faire face aux nouveaux défis économiques auxquels est confrontée l’Algérie. Plusieurs ministres seront sanctionnés et limogés, a-t-on appris de plusieurs sources très proches du sérail algérien. D’autres ministres devront changer de portefeuille ministériel. Au moment où la rue bouillonne à cause de la cherté de la vie et de l’inflation galopante, le régime algérien s’échine à s’entourer des meilleurs compétences nationales pour sortir le pays de l’ornière.
Mais pour former un nouveau gouvernement de choc, il faut séduire des hauts cadres qui connaissent les rouages de l’économie mondiale. Ce qui n’est guère une sinécure pour un régime qui a longtemps méprisé les gens brillants. Dans ce contexte, plusieurs groupes d’influence intensifient leur lobbying afin de convaincre Bouteflika et ses conseillers de placer leurs « hommes » sur la liste du futur gouvernement.
Un « pion » pour conquérir le secteur hydraulique
Et parmi ces cercles, on retrouve le controversé Ali Haddad qui mène de fortes actions de lobbying auprès du cercle présidentiel. Le deuxième homme le plus riche d’Algérie espère peser de tout son poids auprès de Saïd Bouteflika et des autres hauts dirigeants écoutés par Bouteflika pour introduire les hommes fidèles à ses réseaux au sein du gouvernement. Et parmi les hommes qui sont coachés et cooptés par Ali Haddad et les autres richissimes du Forum des Chefs d’Entreprises, le puissant patronat algérien, on retrouve Abdelkrim Méchia, l’ancien patron de l’Algérienne des Eaux et actuellement dirigeant à l’USM d’Alger, le club de football algérois appartement à Ali Haddad.
Ce dernier cherche à placer Méchia à la tête du ministère des Ressources en Eau. Un secteur stratégique pour Ali Haddad où il lorgne sur plusieurs projets qui peuvent lui rapporter des affaires en or. Le BTP algérien, le secteur où Ali Haddad s’est enrichi comme Crésus, s’apprête à connaître une rude crise en raison de la baisse des prix du pétrole et des coupes budgétaires opérées par l’Etat Algérien. Mais, le secteur de l’hydraulique continuera dans les deux prochaines années à connaître des projets structurants au regard des déficiences constatées sur le vaste territoire algérien. Plusieurs millions d’euros sont à gagner donc pour Ali Haddad et ses partenaires. Et pour garantir sa mainmise sur ce secteur, Ali Haddad a besoin de son « pion » sur cet échiquier hautement stratégique.
Mais ce n’est pas encore fini. Ali Haddad et plusieurs autres hommes d’affaires qui lui sont fidèles accentuent leur lobbying pour arracher le remplacement d’Abdelmalek Sellal, l’actuel Premier ministre algérien. Ce dernier ne fait plus l’unanimité au sein des oligarques algériens qui lui reprochent son incompétence et son inefficacité. En plus, les relations entre Ali Haddad et Abdelmalek Sellal se sont envenimées ces derniers mois surtout lorsque le richissime homme d’affaires algérien a découvert que les violentes attaques orchestrées à son encontre par Louisa Hanoune, la présidente du parti des Travailleurs algérien, ont été encouragées et soutenues en coulisses par un certain… Abdelmalek Sellal.
Bouchouareb, l’autre homme d’affaires
Le Premier ministre, inquiet face au pouvoir grandissant d’Ali Haddad qui a commencé à se rapprocher de plusieurs ministres de son gouvernement, a donné des informations compromettantes à Louisa Hanoune qui s’est chargée, par la suite, de bombarder l’oligarque algérien. Bousculé, contesté, ce dernier a fait marche arrière. Mais, il n’a rien oublié puisqu’il est parti tisser une alliance avec Abdesslam Bouchouareb, l’actuel ministre de l’Industrie, que les oligarques veulent propulser Premier ministre.
Les étroites relations de Bouchouareb avec l’Elysée et les réseaux de la France-Algérie lui octroient de nombreux atouts. En plus, Bouchouareb est lui-même un homme d’affaires qui possèdent de nombreuses sociétés activant essentiellement dans le secteur de l’agroalimentaire et dispose d’une considérable fortune. En témoigne, ses nombreux biens immobiliers en France notamment à Paris où il est propriétaire de plusieurs appartements dont un luxueux logement situé dans les environs de Notre Dame de Paris. A Alger, pour certaines sources bien informées, le pari d’Ali Haddad est très risqué car un richissime patron à la tête du gouvernement est une option qui ne risque vraiment pas de plaire à Abdelaziz Bouteflika.