La France n’est plus cette amie que l’on dorlote et chérit comme ce fut le cas pendant des années en Algérie. Depuis bientôt une année, un véritable ressentiment anti-français s’est emparé de plusieurs hauts responsables algériens. Positions favorables au voisin ennemi Marocain, coups bas dans les coulisses contre la diplomatie algérienne, fauteurs de troubles et violences en Libye, soutien tacite à certains anciens hauts responsables du DRS dégagés par le clan Présidentiel, les griefs retenus contre Paris sont nombreux à Alger.
La coopération militaire sur la touche
Mais certaines figures du régime incarnent encore davantage ce ressentiment anti-français. Des figures qui tentent à tout prix de privilégier les partenariats avec d’autres puissances mondiales pour porter préjudice aux intérêts de la France si détestée. Aujourd’hui, le plus puissant de ces dirigeants algériens est certainement Ahmed Gaïd Salah, le général-major qui dirige l’armée algérienne. Le vieux général affiche clairement son hostilité à la France et bloque, en ce moment, de nombreux dossiers de la coopération militaire algéro-française.
Du côté français, la déception est perceptible et le vieux général met Paris sur la touche dans plusieurs affaires jugées prioritaires, notamment la question libyenne où le général Gaid Salah est à la tête de ce mouvement de généraux algériens qui ne veulent d’aucune collaboration avec la France qu’ils soupçonnent de vouloir toucher à la stabilité de l’Algérie.
Paris, mis au ban
Et il n’y a pas que les dirigeants militaires qui se méfient de la France. Au palais d’El-Mouradia, le directeur du cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, l’un des potentiels successeurs d’Abdelaziz Bouteflika, verse lui aussi dans le sentiment anti-français et fait tout un lobbying pour désavantager la France dans sa course pour préserver ses intérêts en Algérie. Ahmed Ouyahia sent clairement que le lobby français à Alger ne le soutiendra pas s’il brigue la succession de Bouteflika. Il se venge donc et tente de peser sur les décisions qui risquent d’être favorables aux Français. Ahmed Ouyahia a été, d’ailleurs, l’un des meneurs de la campagne hostile à Manuel Valls lorsque ce dernier a diffusé un Tweet où il montre un Abdelaziz Bouteflika malade et dans un état chétif.
Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie, n’occupe plus aucune fonction officielle. Mais son influence sur le sérail algérien est très déterminante notamment depuis son retour de son exil américain. Khelil a été à l’avant-garde de la lutte contre la présence des compagnies pétrolières françaises au sud du pays. Il est le pourfendeur en chef de Total, le géant français qui a tout tenté pour imposer à l’Algérie l’exploitation du gaz de schiste. Ses sorties médiatiques contre les intérêts français se multiplient ces dernières semaines. Et son retour a désespéré Total laquelle a compris qu’il ne lui restait qu’un seul recours pour obtenir gain de cause en Algérie : l’arbitrage international.
Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat et du logement, est l’autre ministre qui se bat contre les intérêts français. Il a joué un rôle déterminant pour fermer le grand marché algérien du BTP aux entreprises françaises. Il a fait un intense lobbying pour avantager les entreprises portugaises, espagnoles ou turques.
Le PDG de Sonatrach, première compagnie du pays, Amine Mazouzi assume aussi son ressentiment anti-français et n’apprécie guère les partenariats avec les opérateurs français. Dés son arrivée, il s’attaque à Technip, qui avait obtenu un juteux contrat en 2010 pour la rénovation de la raffinerie d’Alger. Et depuis, la collaboration de Sonatrach avec les entreprises françaises bat de l’aile. La liste des dirigeants algériens hostiles à la France risque de s’allonger encore. Après une embellie de quelques années qui a débuté avec l’arrivée à l’Elysée de François Hollande, la France peine à se faire aimer au sein du sérail algérien.