Présidentielles algériennes, des relents nauséabonds

Après les attaques du secrétaire général du FLN, un bon petit soldat du président Bouteflika, contre le patron des services algériens, le général Mediène, «la sale guerre» au sommet de l’Etat algérien se poursuit. Rumeurs et coups bas tiennent lieu de débat public.

Il ne passe pas un jour sans qu’un responsable en poste ou un ancien dirigeant politique ne se positionne en faveur du clan de Bouteflika, l’actuel président, ou pour l’autre, celui du tout puissant patron des services algériens depuis un quart de siècle, le général Mediène.. Témoins impuissants et désabusés de ces tirs de barrage entre les  partisans des deux clans, les Algériens assistent sans voix à un déballage public sans précédent ou rien ni personne n’est épargné. Indéniablement  cette guerre de survie entre hommes et clientèle du régime ne présage rien de rassurant pour le pays.

Nouvelle escalade

Hier, le niveau d’hostilités a franchi un nouveau cap. Le très controversé journaliste et ancien agent des services Aboud Hichem, auteur du livre La mafia des généraux, a adressée une lettre au conseiller spécial du Président qui n’est autre que son propre frère Said Bouteflika. Une lettre où le journaliste demande des clarifications concernant des informations qu’il aurait recueillies pour la rédaction d’un livre consacré à l’Algérie sous le rêgne de Bouteflika. «S’agissant de la corruption, ils sont nombreux à témoigner que vous êtes impliqué dans les plus grosses affaires dont celle de Sonatrach, l’autoroute Est-Ouest, Philippe Morris et bien d’autres. C’est ce qui explique l’impunité dont jouissent les Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie (…) et consorts. Vous seriez également impliqué dans l’affaire Khalifa et vous touchez sur les gros marchés, dont ceux des grands travaux routiers confiés à l’ETRHB dont vous avez fait du patron, Ali Haddad, un associé de facto qui vous verse plus de 50% de ses bénéfices», écrit Aboud Hichem. Ses accusations ne s’arrêteront pas là. Dans cette même foulée, l’auteur de « la mafia des généraux », évoque aussi la vie privée et les mœurs de Saïd Bouteflika. Il s’agirait, selon Aboud, des tendances sadomasochistes et homosexualles du frère du Président ! Les d-ébats ne volents pas bien haut!

Une question d’honneur
Si en Occident ces sujets ne relèvent plus des tabous, dans des sociétés arabo-musulmanes et conservatrices comme l’Algérie, ce genre de déclarations est une atteinte à l’honneur. Aussi Saïd Bouteflika, qui a été objet d’accusation similaires dans des articles de presse en avril dernier et auxquels il n’a jamais voulu réagir, sort cette fois-ci, de son mutisme. Dans une grande première depuis l’arrivée de son frère à la tête de l’Etat, il sort de son silence et répond publiquement à son accusateur  promettant de porter l’affaire devant les tribunaux.
La tournure que prend ce déballage public nauséabond indique une nervosité et une impatience en haut lieu. Les mois qui précéderont la Présidentielle du 17 avril 2014 s’apparenteront vraisemblablement à une zone de turbulences aériennes pour le pays.
Les couteaux sont tirés et tous les coups sont permis pourvu qu’ils touchent leurs cibles. Qu’importe les dégâts qu’ils porteront au pays ni aux Algériens qui assistent pétrifiés à une campagne avant la campagne. Les rentiers du système continueront visiblement à fixer l’horizon du pays pour un long moment.

Si l’on ignore qui sera pour le moment «le candidat du consensus», et squi sera maitre dudit consensus, on sait du moins que la Présidentielle de 2014 s’annonce pestilentielle.

PAR NIDHAL DAÏM