A l’occasion de la célébration du 52ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie samedi 5 juillet, de nombreux historiens sont revenus sur les évènements qui ont marqué huit années de guerre sanglante. Pour Nabil Ennasri, président du collectif des musulmans de France et propagandiste en chef du Qatar à Paris, la révolution algérienne est d’inspiration religieuse
On admet généralement que le coup d’éclat des nationalistes algériens, le 1er novembre 1954, déclencheur de la révolution algérienne le jour de la Toussaint en France, a constitué un électrochoc à double détente.
Dehors les colons
D’abord il s’agissait d’un pied de nez au pouvoir colonial, lui signifiant la fin de l’unilatéralisme français en Algérie. Ensuite, c’était un message aux Algériens, leur apportant la preuve que les nationalistes pouvaient désormais s’attaquer aux symboles de la France, sans tabou.
Ces révoltes, qui conduiront à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962 s’expliquent par une série de facteurs conjoncturels précis.
Dix ans après la promesse de Brazzaville du Général De Gaulle sur l’indépendance de l’Afrique, dix ans après les massacres de Sétif, le jour même de la fête de la victoire alliée de la deuxième guerre mondiale, le 9 mai 1945, le FLN avait décidé de frapper un grand coup. Et ce, afin de mettre un terme aux louvoiements du pouvoir colonial, galvanisé par le succès vietnamien de Dien Bien Phu en 1955. Dans un pays sinistré par un grave phénomène d’acculturation du fait du «Code de l’Indigénat», sur fond de montée en puissance des revendications indépendantistes dans le tiers monde, la langue arabe est devenue une arme de combat, par opposition identitaire au colonialisme français. Pour narguer les Français, les Fellaghas usaient même de l’humour, en plus des armes. A un moment, leur hymne de ralliement était la chanson de l’égypto-suisse, Bob Azzam, «chéri je t’aime chéri je t’adore», tuant aussi par la dérision leurs adversaires.
Une révolution « foncièrement islamique »
Sur sa page facebook, Nabil Ennasri, président du «Collectif des Musulmans de France» et porte parole du Qatar en France, donne une toute autre interprétation des évènements qui ont conduit à l’indépendance de l’Algérie. :
« 1er Novembre. Cette date n’est pas que celle de La Toussaint. C’est aussi le souvenir du début de la guerre de libération algérienne lancée un 1er novembre 1954. Cette date correspondait aussi à la naissance du Prophète (Saw). Le mot de passe des Moudjahidines algériens était alors Oqba (ibn Nafi’) et Khalid (ibn Alwalid), deux illustres compagnons. Ceci pour souligner dès le départ le caractère endogène et foncièrement islamique d’une Révolution qui durera 8 longues années et pour laquelle se sacrifieront tant de Chuhadas. 59 ans plus tard, les idéaux de justice, d’égalité, de prospérité sont toujours très vifs. Malgré la trahison des dirigeants, ils restent vivaces auprès du peuple algérien. Comme des autres peuples du monde arabe. »
La production algérienne sur la guerre de libération est abondante et de qualité. Jamais envisagée exclusivement sous l’angle religieux. A supposer que le référent religieux ait été intégré dans la démarche des dirigeants historiques de la révolution, elle n’a jamais eu la signification que le thésard a bien voulu lui donner.
Pour preuve: Nulle trace de référence religieuse dans l’appel au soulèvement du peuple algérien proclamé le 1 er novembre 1954 par le secrétariat général du FNL http://www.el-mouradia.dz/francais/symbole/textes/1nov54.htm
Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, voilà qu’Ennasri, diplômé de sciences Islamiques à l’IESH de Château-Chinon, parle du caractère « foncièrement islamique » de la révolution algérienne. Pas de surprise. Le propagandiste est coutumier de la distorsion et de la réinterprétation des faits historiques selon une grille de lecture conforme à ses orientations politico-religieuses.
PAR RENÉ NABA