L’un des hommes clés du régime Bouteflika et candidat potentiel à la succession du président, le général Abdelghani Hamel, est en très mauvaise posture. Son départ est réclamé par plus de 1500 policiers rassemblés à Ghardaïa dans le sud du pays où il se trouvait en visite de travail.
Plus de 1500 policiers des unités d’intervention rapide de la sûreté (URS), l’équivalent des CRS en France, réclament le départ du patron de la police algérienne, le général Abdelghani Hamel. Dépêchées depuis plus de 10 mois pour réprimer les échauffourées violentes qui opposaient les Mozabites (des Berbères) aux Chaambis (des Arabes), ces unités spéciales ont fini par crier leur ras-le-bol. Selon le quotidien « El Watan » du 13 octobre « les cris des éléments d’intervention qu’on a entendu toute la matinée à Ghardaïa, réclamant des droits qu’ils disent tus, omis, bafoués. A commencer par le droit de revoir sa famille après plus de 10 mois de mission au cœur des événements sanglants de Ghardaïa. »
La manifestation de policiers s’est déroulée au moment même où les violences ont repris entre les deux communautés antagonistes et ont fait deux morts, selon le quotidien arabophone « El-Khabar ». Des forces de la gendarmerie nationale ont été dépêchées en renfort et des avions de combats ont survolé la ville, selon la même source.
Un gendarme à la tête de la police
Depuis sa nomination le 7 juillet 2010 à la tête de la DGSN, Abelghani Hamel fait l’objet d’une contestation sourde parmi les cadres de la police. Ces derniers voient mal un gendarme les diriger alors que leur corps recèle un bon nombre d’éléments compétents capables d’assurer le bon fonctionnement d’une structure considérée comme sensible par un régime de plus en plus méfiant.
Pour rappel, Hamel a succédé au colonel Ali Tounsi assassiné dans son bureau le 25 février 2010 par le colonel Chouaïb Oueltache, son ami et voisin retraité de l’armée. Nommé à la tête de la police en mars 1995, en remplacement de Mohamed Ouadah, un homme sans envergure aucune, Ali Tounsi était aussi un transfuge de l’armée. Ancien sous-directeur de la sécurité de l’armée à la Direction de la Sécurité Militaire sous feu Kasdi Merbah jusqu’au départ de ce dernier, il sera affecté, après la restructuration de la SM, au Service Central des Sports Militaires avant sa mise à la retraite vers la fin des années 80.
Mainmise de l’armée
Le maintien de Abelghani Hamel au grade de général-major de la gendarmerie nationale, un corps qui dépend du ministère de la défense nationale, est contraire au règlement militaire algérien qui limite le détachement à trois années. Le fait que la police soit sous tutelle du ministère de l’intérieur et que son patron soit issu de la hiérarchie militaire reflète parfaitement le dysfonctionnement des structures de l’Etat algérien sous Bouteflika. Pour nombre d’observateurs avertis Hamel ne doit pas quitter le giron militaire puisqu’il demeure aux yeux du clan présidentiel un potentiel candidat pour succéder au général de corps d’armée Mohamed Mediene dit Tewfik. Situation délicate pour Hamel qui est un potentiel successeur au président Bouteflika dans le cas où Saïd, le frère cadet du président, serait contraint de renoncer à ses ambitions présidentielles.
Pour le moment, Abdelghani Hamel et ses parrains doivent penser à parer au plus pressé en jugulant la colère des policiers et faire en sorte qu’elle ne déborde pas de la vallée du M’zab. Le risque de contagion vers d’autres régions du pays et notamment la capitale inquiète les autorités du pays. Depuis quelques semaines on voit dans les rues d’Alger un renforcement de la présence policière avec l’apparition de détachements composés de trois ou quatre policiers armés de fusils mitrailleurs. Quelque chose de tout à fait nouveau pour les Algérois.
PAR HICHEM ABOUD