A la veille de la réunion de la commission franco-marocaine, le 28 mai à Paris, les relations se tendent entre le souverain marocain, Mohamed VI, et son Premier ministre Benkirane. Ambiance.
Et pourtant tout semblait aller pour le mieux pour le chef islamiste du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane. Après le retrait du parti de l’Istiqlal de la coalition gouvernementale, rein ne semblait pouvoir résister au fougueux et néanmoins charismatique patron du PJD (Parti de la Justice et du Développement). Même pas les prix du pétrole qui, depuis l’automne 2014, ont entamé une descente vertigineuse, donnant un sérieux coup de pouce à la politique libérale menée tambour battant par le gouvernement. A la tête d’une alliance hétéroclite composé d’anciens communistes, d’un parti de centre-droite, très proche du palais, et du Mouvement populaire conservateur, principalement implanté dans les campagnes, le PJD a pu mener une politique de rigueur, sans que sa popularité en souffre réellement. C’est le cas notamment du démantèlement progressif de la caisse de compensation qui grevait lourdement le budget. Et le cas aussi du sauvetage aux forceps de l’Office national de l’Eau et de l’Electricité, quasiment en faillite.
Auréolé de ces succès, Abdelilah Benkirane a amorcé dans la foulée la réforme très compliquée des caisses de retraites, et ce malgré les fortes et vaines protestations des syndicats. De leurs côtés, les ministres de la Justice et de la Santé s’attaquaient aux très épineuses problématiques de la légalisation de l’avortement et du Code pénal. Avec la promesse d’une année agricole record, le gouvernement islamiste était sur un nuage.
Mais c’en était trop pour une opposition reléguée au rang de figurants. En effet, à trois mois des élections communales et régionales du 4 septembre, les rares sondages qui circulent sous le manteau donnent aux islamistes une avance considérable, notamment dans les villes. Un « séisme électoral » se profile-til en faveur d’Abdelilah Benkirane?
Benkirane et le Mossad, même combat
C’est alors que l’opposition change de stratégie et choisit de « croiser le fer » avec l’impétueux Abdelilah Benkirane. Les chefs de l’Istiqlal, de l’USFP et du PAM se relaient pour attaquer un chef du gouvernement facilement irritable. Hamid Chabat, patron de l’Istiqlal l’accuse d’être un agent du Mossad israélien et un supporter de Daech. Le premier secrétaire de l’USFP le juge « irresponsable » et « menaçant pour la stabilité du pays ». La réaction ne se fait pas attendre. Benkirane répond du tac au tac. Il oublie son rôle de Chef du gouvernement et insulte quasiment les chefs de l’opposition. Pour se protéger, le Premeir ministre évoque aussi la confiance du roi dont il prétend bénéficier. Le Palais apprécie modérément… « Benkirane utilise trop le roi pour des fins électorales et dans ces attaques contre nous », se lamentent les chefs de l’opposition, en présence de Fouad Ali El Himma et Abdellatif Mennouni, deux des principaux conseillers de Mohammed VI. Cette audience jette le trouble dans l’opinion publique.
Abdelilah Benkirane serait-il allé trop loin? Le Palais ne veut pas trancher, le chef du gouvernement perd son avantage. L’opposition en profite et attaque un coup bas contre le gouvernement islamiste. Est il nrmal, demandent les dirigeants de l’Istiqlal, que deux ministres appartenant au PJD soient surpris en plein flirt par la police?
Du pain nor pour Benkirane
Face à la pression médiatique, l’orgueilleux Benkirane plie mais ne rompt pas. Il accepte de congédier les « Roméo et Juliette » du gouvernement. Selon des sources bien informées à Rabat, le Palais aurait très mal pris cette « incartade amoureuse ». Le secrétaire général du PAM, Mustapha Bakkoury, connu pour peser et soupeser ses mots affirme, lors d’une réunion de l’opposition, que le roi est mécontents des sorties médiatiques de Benkirane. Lequel déclare que le souverain « n’a pas besoin de l’opposition pour lui faire passer des messages ».
La lune de miel est-elle terminée entre Mohamed V1 et son islamiste chef du gouvernement ? Certains, à Rabat, veulent le croire