En 2012, Jeune Afrique titrait : « Mélenchon : le candidat des africains ? ». Pour le site d’information burkinabé San Finna, l’interrogation ne faisait aucun doute. Le candidat du Front de gauche était « le seul qui tienne des propos fermes et courageux sur la politique de la France en Afrique ». Qu’en est-il en 2017 avec le programme de la France insoumise ? Selon Patrice Finel, conseiller du candidat, la politique de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de l’Afrique se veut « humaniste et équilibrée ».
Démocratie
Au soir du second tour de la primaire citoyenne du Parti Socialiste, le 29 janvier 2017, Jean-Luc Mélenchon louait dans une tribune la « nouvelle victoire du dégagisme ». Manuel Valls, alors candidat, venait d’être éjecté électoralement de la course à la présidentielle. Inspiré de la révolution de 2011 en Tunisie, ce néologisme remis au goût du jour par Jean-Luc Mélenchon, appelle à l’insoumission du peuple.
Un appel aussi lancé à la société civile africaine contre les régimes controversés du continent. Les prises de positions fermes de Jean-Luc Mélenchon devant le Parlement Européen contre le régime d’Ali Bongo au Gabon, en attestent. Pour Patrice Finel, le conseiller « Afrique » du candidat, d’autres régimes sont aussi visés par cette menace. Dont celui de Faure Gnassingbé au Togo, qu’il accuse d’avoir « truqué les élections » d’avril 2015.
Economie
Interrogé sur la faisabilité du « dégagisme » en Afrique, Patrice Finel rétorque : « il y a des sanctions économiques à l’échelle internationale qui sont plutôt faciles à prendre. Au Gabon, il y a le pétrole. Total étant une entreprise française, nous pouvons agir à l’aide de ce levier » pour exercer une pression sur le régime d’Ali Bongo.
Cet argument est aussi une manière de contrecarrer « la puissance hégémonique de ces groupes ayant des comportements néocoloniaux » en Afrique. Il résume : « l’intérêt de Jean-Luc Mélenchon, c’est l’intérêt de la France. Et l’intérêt de la France, c’est des accords avec les peuples africains ».
Même son de cloche au sujet de l’aide publique au développement de la France en Afrique. François Hollande vient d’annoncer le prochain triplement de cette aide lors du Sommet Afrique-France qui s’est déroulé à Bamako en janvier dernier. Selon Patrice Finel, « cette aide au développement ne sert aujourd’hui qu’à nourrir les chiffres d’affaires du BTP français et de la corruption ».
Ecologie
En réalité, l’aide publique au développement « devrait être pensée sur la base de critères écologiques » poursuit-il. L’objectif étant de créer un véritable précédent en faveur du développement local de pays africains. Au cœur des préoccupations du candidat, la progression du désert du Sahara consécutive au réchauffement de la planète, ou encore la bataille climatique pour la revitalisation du lac Tchad. « Ces deux sujets intéressent beaucoup de pays. Nous devons discuter avec eux et monter des programmes de coopération ».
Pour lui, le facteur écologique est aussi responsable de certains conflits en Afrique. « Il y a des guerres de territoire entre les éleveurs et les agriculteurs ». Ces conflits seraient pour Patrice Finel le fruit du réchauffement climatique, et non, celui de l’insécurité dans l’espace sahélo-saharien.
Interventionnisme militaire
Si Jean-Luc Mélenchon était amené à devenir président, les soldats engagés dans l’opération Barkhane au Mali ne seraient pas pour autant rapatriés du jour au lendemain en France. « Nous devons discuter avec les autorités locales de l’utilité de l’armée dans le temps » juge le conseiller de Jean-Luc Mélenchon.
Les troupes françaises engagées sur le territoire malien ne serviront qu’à contenir l’urgence d’une situation de guerre. A l’avenir, « nos armées doivent avoir un rôle de maintien de la paix sous mandat de l’Organisation des Nations Unies », poursuit-il. Il en est de même pour l’avenir des bases militaires françaises parsemant l’Afrique.
Pour rappel, les groupes armés ont effectué 118 attaques en 2016 contre l’armée malienne, la mission de l’ONU Minusma et la force française Barkhane, causant au total 43 morts. Le 18 janvier 2017, un attentat suicide contre la ville de Gao et revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) a fait 77 morts. Preuve que la situation au Nord-Mali n’est en rien réglée.
Réseau des candidats
Pour mettre en œuvre sa vision politique de l’Afrique, Jean-Luc Mélenchon bénéficie de l’expérience et du réseau de certains de ses proches. Patrice Finel est l’un d’entre eux. Celui-ci se décrit comme un ami de Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, actuellement jugé devant la Cour Pénale Internationale, suite aux troubles de l’élection de 2010.
Le candidat de la France insoumise peut aussi compter sur les partis historiques de l’opposition en Afrique. Certaines figures ont d’ailleurs occupé des postes essentiels. Oumar Mariko, du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) au Mali en fait partie. Eric Kahé de l’Alliance Ivoirienne pour la République et la Démocratie (AIRD) en Côte d’Ivoire, aussi.
Selon Patrice Finel, « les liens [de Jean-Luc Mélenchon] vont en direction des structures qui veulent retrouver la souveraineté nationale de leur pays, avec une indépendance économique et énergétique ». La société civile africaine y étant valorisée. Le rappeur burkinabé Smockey, membre du Balais Citoyen, discute actuellement d’une possible coopération avec l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Smockey est l’auteur du titre « Insoumission ».
Pour en savoir plus sur le programme Afrique des candidats à la présidentielle voir le site :
http://www.relafrica2017.fr/
Twitter.com/relafrica2017