Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé, peu avant l’été, une grande campagne contre l’extrémisme religieux. Qui pourtant peut encore croire à sa bonne foi? N’est ce pas lui qui depuis dix ans a passé avec les forces salafistes, voire djihadistes, sans son propre pays?
Le mirage mauritanien
Face au terrorisme, l’approche sécuritaire de l’actuel pouvoir mauritanien est plus empreinte de duplicité que de combatitivité De notoriété publique, le président Aziz a passé un pacte douteux en 2010 avec les amis de Ben Laden qui, moyennant quelques gratifications, se tiennent tranquilles. Il y a mieux: un site internet proche du pouvoir n’hésite pas à Nouakchott à publier les communiqués des groupes terroristes, y compris quand ils attaquent une base gazière en Algérie en 2013. Autant d’initiatives qui sont sans doute à mettre au crédit du « pragmatisme » du président Aziz.
En prime, le pouvoir mauritanien offre aux ex chefs terroristes le gite et le couvert et organise chez lui une véritable base arrière pour djihadistes fatiqués. Les représentants des mouvements indépendantistes du Nord Mali ont pignon sur rue à Nouakchott. Par ailleurs, le mauritanien Lemine Ould Salem, domicilié à Paris, a pu s’entretenir longuement avec celui qui a été l’un des plus hauts dignitaires d’Al-Qaida, Abou Hafs. Le journaliste raconte cette incroyable rencontre dans un livre intitulé « L’histoire secrète du Djihad. D’Al-Qaida à l’Etat islamique ». Etrange proximité, la belle villa d’Abou Hafs fait face à Nouakchott à celle de l’ancen chef de la Sécurité d’Aziz.
Un paix civile précaire
Ces dernières années, ces arrangements douteux ont garanti une certaine paix civile à la Mauritanie. Contrairement aux Maliens ou aux Nigériens, les Mauritaniens n’ont guère connu d’attentats spectaculaires. Mais pour combien de temps? Et à quel prix?
Pour diner avec le diable terroriste, il faut une longue cuillère. Il n’est pas certain que le pouvoir mauritanien aie vraiment l’usage.