Maroc : bataille électorale sur fond de calomnies

A deux mois des élections législatives marocaines, les rumeurs font office d'armes politiques redoutables

Le très discret ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, l’une des premières fortunes du royaume proche du roi Mohammed VI vient subitement de sortir d’une longue réserve. La semaine dernière, le quotidien Aujourd’hui Le Maroc, propriété d’Akhannouch a publié un article au vitriol accusant le ministre de la Justice islamiste, Mostafa Ramid, de lancer des « rumeurs calomnieuses » contre lui.

La rumeur portait sur l’éventualité qu’Aziz Akhannouch se présente aux élections législatives sous la bannière du PAM briguer le poste de chef de gouvernement en cas de victoire. Un scénario immédiatement démenti par le bureau politique du PAM. Dans la foulée, Aziz Akhanouch a lui aussi démenti par voie de presse. La énième réponse du berger à la bergère ne s’est pas faite attendre. 24 heures plus tard, Mostafa Ramid a réagi par le biais d’un communiqué officiel dans lequel il affirme ne pas être à l’origine de la rumeur.

Le plus intriguant dans cette affaire reste la célérité et la véhémence avec laquelle le PAM s’est empressé de réagir. Selon un ministre actuellement en poste, la fuite du nom d’Aziz Akhannouch en tant que possible chef du gouvernement a surtout gêné le patron du PAM, Ilyas El Omari qui redouble d’efforts pour se mettre dans la peau d’un homme d’Etat. « Dire que le ministre-milliardaire peut rejoindre le PAM pour diriger le futur gouvernement revient à sous-entendre qu’Omari ne fait pas l’affaire pour ce poste », explique notre ministre.

Par ailleurs, selon lui, le fait de mettre cette fuite sur le dos du ministre islamiste de la Justice n’est pas un hasard. « Il s’agit de montrer que le PJD a recourt à la rumeur et la désinformation parce qu’il craint de perdre les élections ».