Dix jours après la signature de l’accor de paix au Mali, les attaques terroristes revendiquées par le groupe Ansar Eddine fait apparaitre un Mali encore profondément instable. Y compris au sud
Dix jours à peine après la signature des accords de paix entre les groupes rebelles de la CMA et le gouvernement malien, plusieurs attaques ont éclaté au Mali, toujours en proie à une forte instabilité. La stratégie des groupes terroristes semble même évoluer. Alors que les frappes ciblaient jusqu’à présent principalement des villes du nord du Mali, les dernières marquent un déplacement inquiétant des violences vers des régions du sud du pays.
Ansar Eddine au sud du Mali
Samedi 27 juin, une semaine seulement après la signature de l’accord, un groupe djihadiste a mené une attaque contre la ville de Nara, à 390km de Bamako près de la frontière avec la Mauritanie. Trois militaires maliens et neuf djihadistes ont trouvé la mort. Le site mauritanien « Sahara médias » a annoncé qu’un des leaders d’Ansar Eddine joint par téléphone revendiquait cette attaque.
Le lendemain, dans la journée du dimanche 28 juin, des djihadistes ont assiégé le village de Foukala situé à proximité de la frontière entre le Mali et la Côte d’ivoire au sud du Mali. Après avoir saccagé les bâtiments de la sous-préfecture et de la gendarmerie, les assaillants ont planté des drapeaux noirs un peu partout dans le village et ont affirmé aux populations qu’il étaient des représentant du mouvement Ansar Eddine au sud du pays. L’attaque n’a fait aucune victime humaine. A la tombée de la nuit, l’armée malienne s’est rendu sur place où elle poursuit des opérations de ratissage à la recherche des coupables. Les terroristes se seraient réfugiés dans la forêt de Wagadou connue pour être une base de repli de terroristes au centre du Mali.
Dix jours avant le siège de Foukala, le groupe Ansar Eddine avait refait surface à travers une attaque lancée sur la ville de Misseni dans la région du Sikasso au sud du Mali. Les assaillants font partie de la katiba « Khaled Ibnou el-Walid » affiliée à Ansar Eddine et dirigée par le chef de guerre Moussa Sanogo dit Abou Khalid.
Alger, médiateur à moitié
Selon un cadre du MNLA « les combattants d’Ansar Eddine circulent comme ils veulent partout dans le Mali. Ceux qui ont attaqué Nara ont été aperçus dans la zone par un bon nombre de personnes quelques jours avant l’attaque » ajoute la même source. D’après Malick Cisse, un activiste du Collectif des ressortissants du nord Mali (Coren), le groupe Ansar Eddine s’attaquerait désormais au sud du Mali pour tenter de s’imposer à une nouvelle table des négociations. « Il est clair maintenant que l’Algérie, pays médiateur dans la crise malienne, a mal négocié pour une résolution dans son ensemble. Les algériens n’ont joué leur rôle de médiateur qu’à moitié » ajoute-t-il.
Les attaques d’Ansar Eddine contre l’armée française et les forces onusiennes déployées au Mali n’ont jamais cessé, pas plus que celles menées contre le MNLA dont plusieurs membres sont alliés aux militaires de l’opération Barkhane pour ratisser le nord Mali.
Selon un cadre du MNLA « Iyad Ag Ghali va refaire surface en lançant des attaques sanglantes contre le Mali pour essayer de négocier avec les autorités de Bamako ».
Depuis 2012, le chef d’Ansar Eddine qui s’était prononcé contre l’instauration d’un Etat autonome de l’Azawad réclame l’instauration de la charia islamique au Mali. Iyad Ag Ghali aurait toujours sous son contrôle de nombreuses cellules dormantes éparpillées sur le territoire. Un ancrage stratégique qui expliquerait en partie pourquoi lui et ses hommes demeurent insaisisables.