Mali, l’Imam Dicko rêgle ses comptes avec la junte au pouvoir

En convalescence en Algérie, un pays où l’imam Dicko a ses entrées, le célèbre prédicateur malien, qui avait au départ entretenu de bonnes relations à la fois avec es islamistes armés du JNIM d’Ag Ghali et avec les militaires qui ont pris le pouvoir à Bamako, s’explique sur sa rencontre avec le Président Tebboune  et apporte des détails sur son voyage à Alger qui montre à quel point l’Algérie joue un rôle central dans la recomposition politique malienne au grand dam de la diplomaie française désormais orpheline.



« Je tiens à exprimer ma gratitude envers l’ensemble du Mali. J’ai quitté le Mali pour Dubaï, où j’ai suivi un traitement de 15 jours. C’est là-bas que j’ai été informé que le président algérien souhaitait s’entretenir avec moi. Ils désiraient que je me rende directement de Dubaï en Algérie, ce que je n’ai pas accepté car je voulais d’abord voir ma famille, mes amis et mes collaborateurs pour les rassurer sur ma situation de soins. Ainsi, je suis retourné au Mali.

Sur place, j’ai reçu deux appels. Lors du premier, j’ai demandé de la patience, et lors du deuxième, j’ai réitéré ma réponse. Ce n’est qu’à la troisième sollicitation que j’ai décidé de partir en Algérie. Je souhaite que les Maliens comprennent certaines choses. Il est temps de révéler certaines vérités, que je vais exposer en prenant le Seigneur comme témoin. Dieu sait que je ne trahirai jamais mon pays, car tout ce que je possède lui est redevable.
Une chose m’échappe : quel tort ai-je pu causer à ceux qui dirigent actuellement le Mali ? Beaucoup de choses ont été accomplies. Après avoir quitté le Mali pour La Mecque, où j’ai été décoré d’un trophée, j’ai souhaité le présenter au chef actuel à mon retour. Cependant, il a refusé et par respect, je ne peux révéler sa réponse dans cette vidéo. Entre-temps, les jeunes ont pris le pouvoir et, bien que nous ayons travaillé ensemble, depuis ce jour-là, je n’ai eu aucun contact avec les autorités actuelles. Ils ont coupé tous les liens avec moi.

Certains individus ont tout fait pour semer la discorde entre moi et les dirigeants successifs du pays, y compris des politiciens maliens qui m’ont utilisé pour renverser l’ancien régime d’IBK. Ils ont tenté de m’impliquer dans leurs manœuvres pour accéder au pouvoir, une proposition que j’ai refusée. Ils ont également tout fait pour me mettre en désaccord avec ces jeunes.

Parfois, mon passeport est retenu à l’aéroport sans explication. Lorsque je devais me rendre en Algérie cette fois-ci, j’ai remarqué qu’un haut gradé est venu faire un signe, facilitant ainsi les choses. Cependant, je n’ai pas compris la situation dans son intégralité. Une fois arrivé en Algérie, j’ai réalisé que ces personnes avaient initialement l’intention de partir en Algérie, mais une fois certaines de mon départ, ils ont changé d’avis, me tendant ainsi un piège. En réaction, des individus, dont la profession n’est pas connue, mais qui parlent au nom des autorités maliennes, sont sortis pour me traiter de traître. Ils m’ont accusé de conspirer avec les rebelles contre le Mali, cherchant à me tendre un piège pour compromettre ma crédibilité auprès des Maliens.

Cependant, cela n’a pas été le cas, car j’ai été reçu par le président algérien. Après l’entretien avec le chef de l’État, j’ai été interviewé par des journalistes, abordant les relations entre nos deux pays. Cela a déplu aux autorités car j’avais réussi à déjouer leurs pièges. Cela les a irrités, les poussant à interpeller l’ambassadeur algérien pour protester, en arguant que son président avait reçu une personne « hostile à la transition mais non aux autorités de la transition ». Je me pose maintenant la question : allons-nous rester dans une transition qui ne finira jamais ? Qui souhaite que nous demeurions dans cette transition sans trajectoire ? Ce qu’il a dit a provoqué un incident diplomatique entre les deux pays, alors que ce n’était pas le cas.