La Libye est-elle – enfin – sur le chemin de la stabilisation, dix ans après la guerre civile et l’opération militaire franco-britannique qui a provoqué la chute du colonel Mouammar Kadhafi ? Rien n’est moins sur quand on voit que ce pays est devenu un enjeu international que se disputent toutes sortes de puissances étrangères, dont la France de Macron et Le Drian qui ont longtemps misé en coulisses sur le général Haftar avant d’avancer des positions moins partisanes.
Personne en tout cas ne croit aujourd’hui que les conditions seront réunies pour qu’aient lieu les élections prévues en décembre prochain.
Les Libyens et la communauté internationale espèrent que l’élection présidentielle de décembre prochain ouvrira la voie de la réconciliation nationale, alors que s’est mis en place, depuis février, un gouvernement d’union nationale (GUN), étape préalable à des élections « inclusives » qui devraient se tenir en décembre prochain.
Contrairement au précédent gouvernement (gouvernement d’accord national – GNA – mis en place en mars 2016), ce gouvernement de transition est non seulement reconnu par l’ensemble de la communauté internationale, mais semble contrôler davantage de territoires que le précédent. Composé de représentants des trois parties de la Libye (Tripolitaine à l’ouest, Cyrénaïque à l’est et Fezzan au sud), des différentes sensibilités (milices, Frères musulmans…) et ethnies de la scène politique libyenne (touaregs, toubous, arabes, Beni Fezzan, Libous…), ce gouvernement dirigé par le premier ministre Abdelhamid Dabaiba et présidé par Mohammed el-Menfi constitue un fragile espoir de sortie de crise.
Poutine et Erdogan maitres du jeu
On assiste malgré tout en Libye à la fin provisoire de la guerre civile larvée qu’avait provoqué le maréchal Haftar à la tète d’une coalition armée qui avait comme objectif de réunifier le pays sous sa férule. cette situation doit peu à un rapprochement entre les camps qui s’affrontent traditionnellement en Libye, les ais du maréchal Haftar à l’Est et les milices islamistes à l’Ouest.
L’accalmie constatée s’explique surtout par l’accord qu’a imposé le condominium formé par la Russie de Poutine et la Turquie d’Erdogan, les deux puissances étrangères dominantes. La première proche du maréchal Haftar et la seconde proche du gouvernement de Tripoli sont parvenues à imposer une trève à leurs alliés respectifsimposer une trêve
Aucune réunification réelle
Pour autant, la Libye est loin d’être réunifié et les élections prévues en décembre sont plus qu’hypothétiques. Le kidnapping reste un sport national et l’insécurité règne dans tout le pays. Le système bancaire s’effondre et aucune justice transitionnelle n’a pu se mettre en place pour cicatriser les blessures d’années d’affrontements. Le personnelpolitique de Tobrouk, sou sla coupe d’Haftar, reconnait à peine l’autorité du gouvernement de Tripoli.
Dans ce paysage fragmenté, le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah joue une forme de fuite en avant, au risque del’inflation, en distribuant augmentations de salaires et prébendes en tout genre. Ce qui lui vaut aujourd’hui une certaine popularité auprès d’une population fragmentée, humiliée et paupérisée.
Autant dire que personne ne croit vraiment à la tenue d’élections en décembre prochain malgré les efforts diplomatiques de la communauté internationale très largement hors sol sur le dossier libyen.
La France avait déja organisé en Mai 2018 un sommet sur la Libye pour organiser des élections générales avant le mois de décembre 2018. Autant de voeux pieux déja !
Libye, l’inutilité de la conférence de Paris