À moins de trois semaines de l’anniversaire du mouvement « Femme, Vie, Liberté » en Iran, le gouvernement iranien a cible l’une des scènes de protestation et de résistance les plus actives : les universités.
En plus de reporter l’année universitaire, de convoquer et d’arrêter des étudiants, le gouvernement a désormais recours au licenciement d’un nombre important de professeurs. En une seule journée, au moins 10 professeurs de trois universités de Téhéran ont été soit suspendus, soit licenciés – certains même sans préavis mais par simple appel téléphonique.
Sept professeurs du département de littérature de l’université de Téhéran, un membre de la faculté de bioinformatique et d’IA de l’université de technologie Sharif et deux professeurs de psychologie de l’université Allameh Tabatabei figuraient parmi les personnes licenciées. Un point commun : soutenir les étudiants du mouvement Femme, Vie, Liberté.
Comme l’ont indiqué les conseils des syndicats étudiants dans un rapport, ces suspensions et licenciements faisaient partie d’un « projet plus vaste de purge des universités à l’échelle nationale ».
Le professeur de psychologie Ameneh Allie a déclaré que la raison de son licenciement était la signature de déclarations et le soutien des étudiants dans leurs sit-in et leurs manifestations : « Nous, les enseignants, ne pouvons et ne devons pas être obéissants et soumis aux régimes ».
Ali Sharifi Zarchi, professeur d’informatique à l’université Sharif, qui a récemment reçu sa lettre de licenciement, avait vivement critiqué la répression contre les étudiants sur les réseaux sociaux.
Pendant ce temps, les responsables iraniens ont soutenu à l’unanimité la mesure répressive. Le représentant d’Ali Khamenei au quotidien Kayhan a déclaré que le licenciement de ces professeurs était la « punition la plus légère et la plus insignifiante » pour leur soutien aux manifestations. Hossein Shariatmadari a également reproché aux autorités universitaires de ne pas dénoncer ouvertement les « crimes » de ces professeurs.
Le ministère de l’Intérieur a lui aussi qualifié ces licenciements de « devoir révolutionnaire ». Dans une lettre privée divulguée sur les réseaux sociaux, le ministre de l’Intérieur Ahmad Vahidi a écrit au président Ebrahim Raisi que « les professeurs non alignés étaient la principale source de crise » lors des manifestations de 2022. De même, Raïssi a exprimé son soutien à l’attaque orchestrée contre les universités, affirmant que si un « nombre limité d’individus » voulait violer l’ordre dans les universités, l’université elle-même devrait les « affronter ».
L’Association des écrivains iraniens a toutefois averti dans un communiqué que si la société garde le silence sur ce qui se passe aujourd’hui dans les universités, « l’un des principaux centres potentiels de protestation et de persévérance pour parvenir à la liberté » sera réduit au silence.