La dernière édition de Mali-Mètre, l’enquête d’opinion politique conduite par la Friedrich Ebert Stiftung depuis la fin de l’année 2012, livre un sentiment en 2024 plutôt positif des citoyens maliens, en majorité satisfaits de leurs autorités et en particulier du Président de la transition Assimi Goita, bien que critiques sur le fonctionnement de certaines de leurs institutions.
Collectés du 5 au 17 janvier dernier auprès d’un échantillon de 2055 personnes de 18 ans et plus, réparties entre le District de Bamako et neuf capitales régionales – à l’exception de la région de Kidal inaccessible pour cause d’insécurité – les principaux résultats démontrent un soutien au régime, dont quatre Maliens sur cinq estiment qu’il a permis une amélioration de la situation générale du pays (81 %), un sur 10 qu’elle est restée au même niveau (11 %) et seulement 8 % des citoyens interrogés qu’elle s’est détériorée au cours des douze dernières années.
La restauration de la démocratie ne figure pas parmi les principaux défis relevés qui sont la lutte contre l’insécurité (60 %), la lutte contre l’insécurité alimentaire (52 %), la lutte contre le chômage des jeunes (42 %) et la lutte contre les délestages (39 %). Les actions prioritaires à mettre en œuvre par le gouvernement de transition sont, pour les personnes interrogées : la lutte contre l’insécurité (61 %), la création d’emploi (43 %), la lutte contre l’insécurité alimentaire (38 %), la lutte contre la pauvreté (24 %) et l’amélioration du système éducatif (21 %).
71% de satisfaits
Plus de neuf Malien(ne)s sur dix sont satisfait(e)s de la gestion de la transition (71 % très satisfaits et 25 % plutôt satisfaits) et des acteurs de la transition. Plus de quatre personnes sur cinq (83 % très satisfaits et 15% plutôt satisfaits) font confiance au président de la transition Assimi Goïta contre 59% très satisfaits et 33 % plutôt satisfaits du gouvernement.
La démocratie réapparaît dans la confiance en la capacité de la transition de conduire le pays vers une démocratie plus stable et un renforcement de la bonne gouvernance avec quatre Malien(ne)s sur cinq qui répondent positivement (62% beaucoup confiance et 21 % assez confiance).
Sur les questions de réconciliation nationale, l’enquête révèle le faible niveau de connaissance de l’Accord pour la paix et la réconciliation : trois Malien(ne)s sur cinq (61 %) n’ont aucune connaissance du contenu de l’Accord et 24 % en ont une faible connaissance. Sept Malien(ne)s sur dix (71 %) estiment que l’Accord pour la paix et la réconciliation ne revêt plus d’importance (47 %
pas du tout important et 24 % pas important) tandis que 23 % des Malien(ne)s le jugent toujours important et 7 % très important.
Insécurité en recul
Pour ce qui est du niveau d’insécurité dans les régions au cours des trois derniers mois (avant l’enquête), dans les régions de Tombouctou (92 %) et Gao (91 %), neuf personnes sur dix pensent que l’insécurité a diminué. Ce sentiment est partagé par plus de sept personnes sur dix dans les régions de Kayes (78 %), Koulikoro (78 %), Ségou (78 %), Sikasso (77 %) et Bamako (72 %). Pour neuf personnes sur 10, les conflits inter et intracommunautaires sont inexistants dans les régions de Tombouctou (97 %) et
de Taoudéni (91 %). Ce taux est respectivement de (75 %) et (73 %) pour les régions de Koulikoro et Gao.
Les trois principales attentes des citoyen(ne)s malien(ne)s à l’égard des partenaires internationaux sont : la lutte contre l’insécurité (80 %), la lutte contre l’insécurité alimentaire (61 %) et la lutte contre le chômage des jeunes (57 %).
Plus de neuf Malien(ne)s sur dix sont favorables au départ de la force internationale des Nations unies, la MINUSMA (81 % très favorable et 11 % plutôt favorable). Plus de deux tiers des personnes interrogées (68 %) pensent que le départ de la MINUSMA aura un impact positif contre 9 % qui pensent le contraire et 19 % qui estiment que le retrait de la MINUSMA n’aura aucun effet.
Anti-MINUSMA et pro-Russes
Les Malien(ne)s sont globalement satisfait(e)s de la coopération de leur pays avec la Russie. En effet, plus de neuf Malien(ne)s sur dix sont satisfait(e)s (83 % très satisfaits et 15 % plutôt satisfaits) de la coopération entre le Mali et la Russie.
La quasi-totalité des citoyens malien(ne)s (99 %) se dit satisfaite du travail des forces de sécurité, avec des tendances identiques dans l’ensemble des régions. Neuf Malien(ne)s sur dix estiment que la société civile peut contribuer à rapprocher les forces de défense et de sécurité (91 %) ou protéger les forces de défense et de sécurité (90 %) et plus de trois Malien(ne)s sur quatre estiment
que la société civile peut influencer les décisions politiques (79 %).
Les principaux acteurs en qui les personnes interrogées ont confiance pour sécuriser leur région sont : les militaires/l’armée malien(ne)ne (75 %), la police (74 %), la gendarmerie (61 %), la garde nationale (47 %).
Cependant, pour près de sept Malien(ne)s sur dix, le niveau de corruption reste élevé (très élevé pour 34 % et élevé pour 36 %), en particulier dans la police (46 %), la justice (39 %), la santé (34 %), les mairies (34 %), la douane (23 %).
Un(e) Malien(ne) sur deux pense que l’impunité est fréquente au Mali (très fréquente pour 19 % et fréquente pour 32 %) contre 44 % des qui pensent que l’impunité n’est pas fréquente (peu fréquente pour 26 % et pas très fréquente pour 18 %).
La première attente par rapport à la justice malienne est celle d’une justice équitable, mentionnée par 42 % des enquêté(e)s. Elle est suivie d’une justice transparente et équitable (39 %), d’une justice incorruptible (29 %) et d’une justice impartiale sans distinction sociale (20 %). Plus de trois quarts des Malien(ne)s pensent que la justice est corrompue (38 % tout à fait d’accord et 40 % d’accord). De plus, quatre Malien(ne)s sur cinq approuvent l’opinion selon laquelle les procédures de la justice malien(ne) sont méconnues des populations (54 % tout à fait d’accord et 35 % plutôt d’accord).
Enfin, près de neuf Malien(ne)s sur dix (87 %) approuvent la décision de reporter les élections contre 8 % qui estiment qu’il s’agit d’une mauvaise décision.
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