Benjamin Netanyahu, futur premier ministre, achève la formation de son gouvernement de coalition. Sitôt cette construction achevée, les difficultés pourront commencer : le Mont du Temple sera-t-il ouvert aux prières juives ? La Cisjordanie sera-t-elle annexée ? La Cour suprême sera-t-elle baillonée ?
Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, les deux figures de proue du sionisme religieux, feront partie du prochain gouvernement de Benjamin Netanyahu. Ils sont casés à la Sécurité nationale pour le premier et à l’économie pour le second. Bezalel Smotrich aurait voulu la Défense, mais les militaires qui sont plutôt à gauche en Israël n’auraient pas du tout apprécié. L’administration Biden non plus.
Au-delà des traditionnelles critiques sur le « virage à l’extrême droite » du gouvernement de Benjamin Netanyahu (personne ne parlait de « virage à droite » lorsque les Frères Musulmans faisaient partie de la précédente coalition de gauche), trois dossiers chauds sont sur la table :
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La Cisjordanie sera-t-elle annexée ?
A peine les Emirat Arabes Unis avaient-ils signé un traité de paix avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham en août 2020, qu’ils ont affirmé avoir agi pour « empêcher l’annexion » de la Cisjordanie. Une explication qui avait l’avantage de paraître sauvegarder l’intérêt des Palestiniens au moment où cet Emirat leur tournait précisément le dos. En effet, les Accords d’Abraham avaient l’avantage (ou l’inconvénient selon le point de vue ou l’on se place) de faire sauter le verrou politique et idéologique qui obligeait auparavant Israël à signer un accord de paix avec les Palestiniens avant de songer à normaliser ses relations avec les pays arabes.
Il est vrai qu’en 2020, Benjamin Netanyahu avait un plan d’extension de la souveraineté d’Israël aux grands blocs d’implantation situés en Cisjordanie. Ce projet a été remisé pour signer la paix avec les Emirats. Mais il n’a pas été abandonné et surtout, les Accords d’Abraham ne sont pas explicitement liés à là non-intégration, jamais, de ces implantations dans le territoire israélien.
L’annexion de la Judée-Samarie (Cisjordanie) est dans l’ADN des sionistes religieux avec lesquels Benjamin Netanyahu s’est associé. Et il ne serait pas surprenant que, tôt ou tard, un projet d’annexion soit ressorti des cartons. L’administration Biden qui a redonné la priorité à la question palestinienne et à un énième « plan de partage » en vue d’une énième tentative d’un « règlement pacifique » a fait savoir qu’elle considérerait toute tentative d’annexion des colonies à Israël comme un casus belli.
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Les juifs prieront-ils sur le Mont du Temple ?
Itamar Ben-Gvir a-t-il pour objectif de changer le statu quo sur le mont du Temple ? Le président d’Otzma Yehudit (Pouvoir Juif) sait que le sujet est explosif. Il n’entend pas provoquer la colère du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu et, surtout, il ne souhaite pas une escalade sécuritaire immédiate. Mais pendant la campagne électorale, il n’a pas caché son intention de permettre aux visiteurs juifs de prier sur le Mont du Temple.
Dans une interview récente accordée au radiodiffuseur public Kan, Ben-Gvir a déclaré qu’il ferait « tout ce qui est en son pouvoir » pour s’opposer à « la politique raciste sur le Mont du Temple. Sous-entendu, cet endroit n’est pas la propriété des seuls musulmans.
Actuellement, la police autorise quelques visites guidées mais interdit la prière juive sur le Mont du Temple (ou plutôt, elle insiste pour que les prières soient très discrètes). En 2020, Ben-Gvir a riposté au refus de Netanyahu d’approuver les prières juives sur le Mont du Temple par une présentation indépendante aux élections. Le Likoud a ce jour-là, perdu 20 000 voix.
Netanyahu a déclaré plus tard que « cela peut sembler raisonnable (d’autoriser les prières juives sur le Mont du Temple), mais je sais que cela embraserait le Moyen-Orient et susciterait la colère de milliards de musulmans contre nous. … J’ai dit qu’il y avait une limite ; Il y a des choses que je ne suis pas prêt à faire pour gagner l’élection. Je protégerai Israël. »
Mais le Netanyahou d’aujourd’hui n’est pas le Netanyahou d’hier qui jurait que Ben-Gvir ne serait jamais son ministre. Ben Gvir est non seulement ministre, mais il est ministre de la sécurité nationale avec pleins pouvoirs sr l’appareil sécuritaire qui organise les visites juives au Mont du Temple.
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Qui est juif ?
Ce dossier-là est moins immédiatement flamboyant àl’international que les deux premiers. Il n’implique pas de conflit avec les Etats Unis, mais il est au cœur des conflits entre Israéliens. Les partenaires de la coalition religieuse de Netanyahu veulent effacer la « clause petit-enfant » de la loi du retour (il suffit d’avoir un grand père juif pour prétendre à la nationalité israélienne) et rendre les conversions non orthodoxes inéligibles à l’alyah.
Les partis religieux qui doivent rejoindre le prochain gouvernement israélien veulent conserver leur pouvoir de dire qui est juif ou qui ne l’est pas. Et les sionistes religieux veulent éviter que la gauche fasse rentrer en Israël des millions de migrants faussements juifs (Ukrainiens, Russes… disposant d’un vague grand père juif) qui représenteraient une clientèle électorale possible.
Pour atteindre cet objectif, ils proposent de supprimer deux groupes clés qui sont actuellement éligibles: les petits-enfants de Juifs et les convertis non orthodoxes.
Signe que Benjamin Netanyahu les soutient, le Premier ministre désigné a remis cette semaine le contrôle de Nativ – l’agence responsable de l’alyah des pays de l’ancien bloc soviétique – au chef d’un parti religieux de droite.
En vertu de l’accord de coalition conclu avec Netanyahu, Avi Maoz, qui dirige Noam, le parti extrémiste et anti-LGBTQ, sera également nommé vice-ministre au bureau du Premier ministre, responsable de la promotion de « l’identité nationale-juive ». Des dizaines, voire des centaines de milliers d’Israéliens ont pris racine dans le pays grâce à la « clause petit-enfant » de la loi du retour. Des millions d’autres risquent de perdre ce droit si les partis religieux parviennent à leurs fins.
D’autres dossiers chauds – comme la réduction du pouvoir de la cour suprême – sont sur la table. Les Israéliens ne vont pas s’ennuyer au cours des quatre prochaines années.
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