Le bilan d’Ali Bongo qui vient d’être victime, vendredi 27 octobre, d’un grave AVC, est juste calamiteux. Une analyse de Jocksy Ondo- Louemba
Le premier tour des élections législatives, qui a lieu au Gabon le samedi 6 octobre, constitue la consécration d’Ali Bongo. Non pas, naturellement, comme dirigeant éclairé et grand bâtisseur, mais plutôt comme le maître d’un jeu politique qui puisse donner au régime l’apparence d’une démocratie.
L’organisation des élections gabonaises a pris deux ans de retard au regard des dispositions constitutionnelles du Gabon. Ce délai a été en effet nécessaire à Ali Bongo pour apaiser les esprits, comme le faisait Papa Omar, et acheter opposants et électeurs. Les principaux soutiens de Jean Ping, son principal adversaire lors de l’élection présidentielle de 2016, se sont ralliés au régime, qu’il s’agisse de Moukagni Iwangou, président d’Union et Solidarité, devenu ministre de l’enseignement Supérieur ou Michel Menga, membre fondateur pourtant du mouvement dissident du PDG, le parti au pouvoir
En attendant la banqueroute
Ceux là même qui avaient dénoncé, après les présidentielles, « le coup d’état électoral » et juré qu’ils ne « cautionneraient pas cette nouvelle imposture » de ce « régime aux abois », participent aujourd’hui à des élections législatives …perdues d’avance.
Les achats de vote
La manne financière est d’abord distribuée aux partis politiques. Le montant total du butin électoral est de 797.200.000 de Francs CFA (1.206.186 Euros), ce qui représente beaucoup d’argent dans un Gabon où l’on manque de tout. Les mouvements politiques sont les premiers servis. Le parti au pouvoir, le PDG, touche 96, 9 millions de Francs CFA (146.612 Euros), Les Démocrates de l’opposition) se contentent de 58,4 millions de Francs CFA (88.360 Euros).
De l’argent liquide
Sans parler des achats de carte d’électeurs pour 30 ou 20.000 Francs CFA ( 45 ou 30 euros) – parfois moins – dans le cadre d’un trafic de cartes d’électeurs en vue de « garantir » l’élection des candidats du parti au pouvoir et de la « majorité pour l’émergence ».
L’opposition forcément perdante
La victoire de l’opposition gabonaise qui a choisi de participer à ces élections couplés d’Octobre 2018 est mathématiquement impossible: des candidats pour la moitié des sièges, et des partis trop nombreux pour avoir la moindre chance de trouver les termes d’une alliance.. Enfin la dernière Réforme de la constitution du Gabon donne en cas de « cohabitation » les pleins pouvoirs à Ali Bongo, transformant de fait le premier Ministre en « simple collaborateur». Le système « démocratique » est cadenassé.
Dans son fauteuil de velours rouge chargé de dorures et frappé au armoiries du Gabon, Ali Bongo joue au Roi, fantasme enfantin d’un monarque de pacotille .