D’après un rapport du Trésor américain rendu public fin septembre, le Qatar finance les jihadistes de l’Etat Islamique (EI)
La parole de l’émir, « Nous ne finançons pas le terrorisme, d’ailleurs nous combattons contre l’État islamique en Irak et en Syrie » n’est donc que du vent aussi léger que son gaz. Le cheikh Tamim aurait pu ajouter que c’est depuis la base Al-Udai, à Doha, que s’envolent les avions américains qui s’en vont bombarder toute forme de barbus de l’Afghanistan à la Syrie. Une preuve que les Al-Thani ne sont pas des princes qui transigent avec la barbarie.
Le Trésor américain à l’offensive
Comme on n’est jamais aussi bien trahi que par ces amis, ce sont les américains qui sont venus contredire les serments du cheikh, en l’occurrence le Trésor américain (l’équivalent du ministère des finances) qui a lâché une bombe : oui l’argent du Qatar a bien abondé État Islamique ! Ainsi, et ces révélations ne sont pas exhaustives, un certain Tariq Al-Harzi, cheville ouvrière de l’accueil des djihadistes étrangers dans la zone frontalière turco-syrienne, a touché au moins deux millions de dollars d’un intermédiaire financier basé à Doha. C’est ce bienfaiteur qui, lui-même a recruté Al-Harzi avec une mission : que tout l’argent reçu soit réservé à un usage militaire.
Selon les agents des services spéciaux spécialistes des flux financiers du terrorisme, c’est en milliards de dollars que l’ont doit compter l’aide du Qatar et de l’Arabie Saoudite, l’un et l’autre lancés dans un vrai Téléthon pour le Djihad. Selon nos confrères du « Daily Telegraph », un diplomate occidental vient de révéler les chiffres qui tuent : « Entre huit et douze personnalités éminentes au Qatar ont récolté des millions de dollars pour les djihadistes. Et ils ne s’en cachaient guère ».
Un rapport du Département d’Etat américain sur le terrorisme précise que Doha ne « prête aucune vigilance » à cet argent mortifère. Même pris la main dans la bourse d’or, le prince Tamim n’aura pas à avouer son forfait, c’est toujours un ami, un cousin qui prête son concours à la dotation djihadiste. Et le cheikh et sa famille d’expliquer : « on ne peut empêcher nos proches, nos amis de pratiquer la Zakat… Parfois ils se font abuser… » . La zakat, la charité islamique qui fait que l’on va forcément au ciel si on sait se montrer généreux. Les enquêtes et sanctions se noient donc dans le labyrinthe de l’onction et de l’encens. Comment punir le Qatar qui, d’une autre main paye les rançons demandées par les guerriers du Califat -moyen commode de les fiancer- de l’autre paye aussi le prix des avions et des bombes lancés sur leurs poulains par l’Occident. Quand l’armée française est à cours d’argent, c’est-à-dire souvent, le bon samaritain Le Drian débarque à Doha et la machine guerrière tricolore repart, bien huilée.
Au départ du financement de ce qui va devenir « l’État Islamique », le souci de discrétion des donateurs n’était pas utile, on pouvait payer au grand jour. Il s’agissait d’aider une noble cause : le départ de Bachar Al-Assad. C’est sans vergogne que l’on arrosait en dollars Al-Nostra et Al Qaida devenus fréquentables pour la circonstance. Puis, d’avril 2013 à février 2014, le pactole s’est orienté vers les purs champions du djihad, l’État Islamique en Irak et en Syrie.
Dans ce relai de la charité, notons un certain Abd- Al-Rahman ben Umayr qui s’est fait remarquer par le Trésor US pour un versement de 600 000 dollars à Al Qaida. Ce saint homme était, l’an dernier encore, Conseiller auprès du gouvernement du Qatar et membre de la Fondation Al-Thani.
Depuis l’identification de Djihad John, un citoyen britannique comme bourreau du Califat, nos amis anglais se préoccupent soudain de ces fous du djihad. En peu tard les services spéciaux se sont plongés dans leurs dossiers pour découvrir, par exemple, que Mohamed Al-Arifi, recruteur de combattants en Grande Bretagne, était un familier des séjours à Doha. Expulsé Arifi garde son rond de serviette dans les palaces du Qatar où, cet été, il a participé à une aimable fête organisée en hommage à Ben Laden.