C’est un Kais Saied, nouveau président tunisien, très consensuel qui a prêté serment, le mercredi 23 octobre, devant le Parlement tunisien
Cet ancien universitaire de 61 ans spécialiste du droit constitutionnel et candidat sans parti, a été élu président le 13 octobre avec 72,71% des voix et 60% de votants. Soit le double de voix obtenu en 2014 par son prédécesseur, Beji Caïd Essebsi qui est aujourd’hui décédé. Or c’est tout sauf un discours triomphaliste qu’un Kais Daied plébiscité a prononcé, ce 23 octobre, en prêtant serment devant les députés et les représentants des Etats étrangers
Pour sa première intervention publique, le nouveau chef de l’état a tenu un discours consensuel prudent dans la forme. On a vu ce président atypique pour qui son seul parti est le peuple saluer, comme un vieux routier de la politique, les électeurs qui ont « voté librement » pour son adversaire, l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui.
Avec cet adepte de la litote, le diable est dans les détails. Les Tunisiens « ont besoin d’un nouveau rapport de confiance, a-t-il estimé, avec les politiciens et ceux qui gouvernent » ainsi que d’un Etat « à l’abri des calculs politiques ». Une façon de rappeler que la volonté de lutter contre la corruption aura été le premier levier de son élection triomphale.
Les droits des femmes, mais lesquels?
Promettant de « réunir tous » et d’être « au-dessus des conflits » internes, le nouveau président a précisé qu' »il n’est pas question de porter atteinte aux droits de la femme », sous les applaudissements des députés, des responsables du gouvernement et des invités diplomatiques. Mais ce fut pour mieux souligner le besoin « de renforcer les droits de la femme tunisienne, notamment socio-économiques », sans préciser la portée de cette précision.
Le positionnement du nouveau président tunisien ne répond pas aux stéréotypes. Le nouveau président tunisien s’était prononcé clairement, lors des interviews accordées à des médias locaux, contre l’égalité en matière d’héritage, en s’inspirant du Coran selon lequel une femme hérite le plus souvent moitié moins qu’un homme du même degré de parenté. Pour autant, son épouse, magistrate, ne porte pas le voile et est bien à l’image de ces femmes tunisiennes éduquées qui, depuis Bourguiba, ont investi la vie professionnelle.
La cause palestinienne, une priorité
Au niveau international, M. Saied a affirmé l’engagement de l’Etat tunisien « à respecter les différents accords internationaux, mais aussi à les réviser conformément à l’intérêt et à la volonté du peuple ».
Il a aussi insisté sur le soutien de la Tunisie à la cause palestinienne précisant que « notre position n’est pas du tout contre les Juifs mais contre la colonisation et le racisme ». « Il est temps que toute l’humanité mette fin à cette injustice qui se poursuit depuis plus d’un siècle », a ajouté Kais Saied.
Les partenaires traditionnels de la Tunisie furent rares, à l’exception du Maroc, à envoyer des délégations de haut niveau. Il est probable que le positionnement islamo-nationaliste du nouveau président tunisien n’est pas pour rien dans cette marque de désinvolture.