Dans le besoin urgent d’une nouvelle configuration politique, la présidence algérienne a ordonné au FLN d’élire rapidement leur nouveau secrétaire général, Al Fadl Baâdli, qui de façon surprenante a de fortes connections au Maroc.
Les meilleurs ragouts politique se font dans les vieilles casseroles. En Algérie, le FLN et le RND, deux mouvements créés par le pouvoir algérien, le premier dès l’indépendance et le second après l’instauration du multipartisme en 1989, servent toujours de béquilles à une démocratie de façade. Dans le vide politique actuel, il s’agit pour le pouvoir algérien de faire émerger des personnalités crédibles.
La terre brulée
En un temps record et sous la pression du pouvoir, les deux partis ont donc élu leurs secrétaires généraux. Il faut dire que leurs activités avaient été gelées depuis le 22 février 2019. Et les chefs du FLN, dont l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahya et le dernier secrétaire général du mouvement, Mohamed Djemai, lourdement condamnés par les tribunaux. Le régime algérien dévore ses propres enfants.
Or la surprise, la voici: le FLN renait de ses cendres et un nouveau chef du mouvement a été élu après une mascarade d’élection démocratique. Le choix d’Abou Al Fadj Baadi, qui passe pour un ami du Maroc, est un signal fort envoyé aux chancelleries occidentales qui souhaitent un apaisement des relations entre les deux frères ennemis maghrébins.
Du neuf avec de l’ancien
Si l’élection du nouveau secrétaire général du RND s’est effectuée dans un silence de cathédrale, celle du patron du FLN sa eu lieu avec des pratiques qui relèvent des bandes organisées. Deux candidats se dégageaient : le député de Bourdj Bouariridj Djamel Ben Hammouda et le député de Msila Abou Al Fadl Baâdji. Ce dernier qui fut l’un des premiers à soutenir le cinquième mandat de Bouteflika et demeure un fervent partisan des militaires, partait favori.
Tous les députés sont soumis à un contrôle anti Corona à la porte d’entrée du congrès. Le député de Bordj Bouariridj s’est vu refusé l’accès pour suspicion d’être porteur du virus. « Votre température est presque à 40° » lui a-t-on fait remarquer.
Il lui fallut se rendre au centre hospitalier El Hadi Flici pour obtenir un certificat médical dûment signé par un médecin assermenté? Seul ce sésame lui a permis d’accéder au congrès du FLN. Seulement entretemps son concurrent avait été élu après une recommandation venue de très haut. Ce subterfuge rappelle la fin du règne de Bouteflika lorsqu’un cadenas a été placé sur la porte du parlement pour empêcher son président, issu du FLN, d’accéder à l’intérieur.
L’ombre du « Makhzen »
Le nouveau secrétaire général du plus vieux parti algérien est un ami intime de Amar Saâdani, l’ancien patron du FLN qui lui aussi est connu pour sa proximité avec le Maroc où il a résidé récemment pendant six mois avant de gagner le Portugal. Ce parrain est un peu encombrant. Poursuivi pour malversations, il n’a pas répondu à deux convocations de la justice algérienne.
Notre ami Baâdi a fait ses études au Maroc et s’est marié à une marocaine dont le frère est un haut responsable au sein de la DGST, le contre espionnage marocain Il a servi pour le compte de l’ex DRS (services algériens) dans des contacts discrets entre les deux pays sur des dossiers sécuritaires.
Le comble de l’ironie
Le journal « Al Hayat » vient d’annoncer de sources sûres que le nouveau Secrétaire général du FLN est lui aussi atteint du Covid19 comme son concurrent malheureux et comme beaucoup des membres du parti présents lors de son élection. Autant l’épidémie a moins pris en Algérie et en Afrique que dans le reste de la planète, autant les élite politiques de ces pays sont touchés plus que les simples citoyens en raison de leurs voyages fréquents à l’étranger, notamment en Europe où ils se font soigner et placent leurs pauvres et modestes économies.
Un mandat qui débute par une mise en quarantaine, voici un symbole éclatant d’une classe politique usée qui tente de survivre dans la peur et le non dit.