Le top-départ de la 11ème législature ce vendredi scelle définitivement l’entrée du Royaume dans une nouvelle ère marquée par le Développement économique et social
En un mois, le Maroc a connu trois événements majeurs lors de cette rentrée politique. D’une part, le Royaume Chérifien a tourné la page d’une décennie de la domination des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) au terme d’un triple scrutin marqué par un fort taux de participation et d’une défaite historique du PJD.
D’autre part, le Maroc dispose depuis jeudi d’un exécutif composé de 19 ministres et cinq ministres délégués, et qui traduit une ouverture sur toutes les compétences, les nominations ayant été faites sur la base des critères de mérite avérée et reconnue. Car il ne s’agira plus de céder aux calculs politiciens, mais plutôt de mettre les bons profils aux bons postes.
Par ailleurs, le roi Mohammed VI a adressé vendredi un message sans équivoque aux membres du gouvernement, à la classe politique et aux membres des deux chambres composant le parlement. Avec les chantiers déjà entamés ou ceux appelés à être ouverts, l’agenda politique, économique et social est donc d’une densité inédite au Maroc.
Nouvelle législature, nouveau départ :
S’exprimant lors du traditionnel discours d’ouverture du parlement, le chef de l’Etat a notamment souligné que « l’actuelle législature devrait marquer le point de départ d’une « dynamique volontariste ambitieuse incarnant l’intelligence collective des Marocains », en relation avec l’opérationnalisation du Nouveau modèle du développement (NMD) et le lancement d’une nouvelle génération de projets et de réformes intégrés.
Pour le souverain, le modèle de développement n’est pas un plan de mesures figé au sens conventionnel du terme. Il constitue plutôt un cadre général propice à l’action et apte à instaurer de nouvelles règles, à ouvrir de larges perspectives devant chacun et tous, a indiqué le roi dans le discours adressé au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature.
Dans ce discours, il a fait observer que « le Pacte national pour le Développement » représente un levier essentiel pour la mise en œuvre de ce modèle, « en ce qu’il symbolise un engagement national souscrit envers Notre Majesté et à l’égard des Marocains ». Le modèle de développement offre de vastes champs d’action tant pour le gouvernement que pour le Parlement, avec toutes ses composantes, a-t-il poursuivi, relevant que, dans la perspective de sa mise en œuvre, le nouveau gouvernement doit définir les priorités et les projets à mettre en chantier au cours de son mandat et mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur financement.
« Il lui incombe (gouvernement) également de parachever les grands projets déjà lancés, au premier rang desquels le chantier de généralisation de la protection sociale auquel Nous accordons une sollicitude toute particulière », a dit Mohammed VI. Dans ce cadre, il a souligné que le défi majeur consiste à opérer une véritable mise à niveau du système de santé, conformément aux meilleurs standards et en synergie totale entre secteurs public et privé. Le Souverain a appelé, à cet égard, à ce que cette même logique guide la mise en œuvre de la réforme des entreprises et établissements publics et présider à la réforme fiscale, qu’il convient de conforter, avec la plus grande célérité, par une nouvelle charte compétitive de l’investissement.
Dans cette perspective, le roi a mis l’accent sur l’importance d’introduire plus de cohérence, de complémentarité et d’harmonie entre les politiques publiques et à en suivre la mise en œuvre, appelant dans ce cadre à une refonte substantielle du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cette refonte vise à faire du HCP un mécanisme d’aide à la coordination stratégique des politiques de développement et d’accompagnement de la mise en œuvre du modèle de développement, a souligné le souverain, relevant que l’action de cette Institution doit être adossée à des normes rigoureuses et à des outils modernes de suivi et d’évaluation.
Un gouvernement tourné vers l’excellence et les résultats :
Le nouveau chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch a promis une équipe efficace, car s’il est un point où le nouveau chef de l’exécutif et sa majorité ne se refont pas, c’est bien au chapitre des mots-slogans. S’agissant de méthode, elle passe, dit-il, par le dialogue et la mobilisation de tous pour la mise en œuvre concrète de ce sur quoi l’exécutif s’est engagé, avec l’impératif du résultat.
Plusieurs capitales étrangères, en Europe et dans le monde, ont salué la nomination de Akhannouch. S’il doit prendre la parole dans les prochains jours pour décrire son plan, le chef du gouvernement a laissé déjà filtrer quelques indices.
M.Akhannouch a affirmé que la nouvelle équipe regorge de compétences et s’emploiera à répondre aux aspirations des citoyens à travers la mise en œuvre du chantier royal du nouveau modèle de développement.
Il a indiqué que le nouveau cabinet sera, grâce à ses nouveaux profils, « un gouvernement d’actions et de résultats ». L’Exécutif, qui est conscient des grandes attentes des citoyens, œuvrera à traiter les questions majeures qui s’imposent, a-t-il souligné.
Des experts pour réussir la transformation de l’économie marocaine
L’ossature du nouveau gouvernement se veut inédite et se distingue par de solides profils économistes qui seront appelées à gérer la nouvelle génération de réformes structurelles engagées par le Maroc pour réussir la transformation de l’économie nationale.
L’exécutif, qui, en plus de faire la part belle aux juristes de formation, a en effet misé sur une pléthore de profils purement économistes, dotés de parcours riches et variés pour déclencher une véritable dynamique économique systémique, mobilisant l’ensemble des acteurs de la société.
Ainsi, le nouveau Chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a décroché en 1986 un MBA (Master of business administration) en marketing.
Cette discipline, vouée à l’économie de marché, va sans nul doute orienter M. Akhannouch à faire de la transformation de l’économie marocaine un véritable levier de développement, à un moment où tous les regards sont tournés vers la relance économique pour la période post-crise.
Pour sa part, Nadia Fettah Alaoui hérite du ministère de l’Économie et des finances, après avoir marqué de son empreinte le ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale et solidaire dans l’ancien gouvernement.
Un signe fort de la diversité voulue par le nouvel exécutif ! Pour la première fois dans l’histoire du Maroc, qu’une femme occupe le poste d’Argentière du Royaume.
Également économiste de formation, cette diplômée de HEC Paris en 1994 a fait ses débuts dans la société d’audit Arthur Andersen, avant de créer en 2000 à Casablanca sa société de capital-investissement baptisée Maroc Invest Finances Group et rejoindre en 2005, CNIA Assurance, rachetée alors par le Groupe Saham où elle occupera divers postes de responsabilité.
Éprise de politique, cette experte en assurance qui entend faire sa place plus que jamais au sein du gouvernement et dont le nom a traversé le continent africain dans le domaine de la finance, sera sans nul doute amenée à jongler entre la poursuite de la mise en place des chantiers structurants initiés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et la remise sur les rails d’une économie en convalescence fragilisée par la pandémie.
Place à Nizar Baraka qui occupe désormais le département de l’Équipement et de l’Eau dans la nouvelle composition du gouvernement. Titulaire d’un doctorat en Sciences économiques, il possède toutes les qualités requises pour réussir dans sa nouvelle fonction.
Ce vétéran en politique fait à nouveau son entrée au gouvernement après un peu moins de 3 ans après avoir quitté la présidence du Conseil économique social et environnemental (CESE) en décembre 2018.
Très à l’aise avec les sujets économiques et grand adepte du patriotisme économique, M. Baraka ne peut que contribuer de façon efficace à une relance responsable de l’économie marocaine à la lumière des objectifs ambitieux arrêtés dans le cadre du nouveau modèle de développement.
Pour sa part, le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, il est titulaire d’un doctorat en management stratégique de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE), d’un Executive doctorat de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées et d’un MBA de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
Chargé de mission au ministère de l’Intérieur et membre de la commission des Finances à la première Chambre, ce féru des stratégies veillera à la réalisation d’une inclusion économique efficace.
De même, Faouzi Lakjaa, dont le parcours académique ne relève pas forcément de l’économie, se veut un profil important dans ce domaine au regard de son expérience de longues années en la matière.
Avec un parcours sans faute, commencé, il y a plusieurs années, comme inspecteur au ministère des finances, M. Lakjaa a été directeur du Budget à l’âge de 40 ans à peine, soit une première dans l’histoire de l’institution.
En plus de gérer les budgets de la défense nationale, de l’Intérieur et des Affaires étrangères ce patron du football marocain a également été membre de l’équipe de négociation de l’accord de libre-échange avec les USA, acteur des négociations sur l’accord agricole avec l’Union européenne et interface entre les Finances et l’Agriculture pour la mise en œuvre du Plan Maroc vert.
Cette forte présence d’économistes à la tête de départements clés après la longue parenthèse des islamistes, résume à elle seule, toute l’essence du gouvernement Akhannouch : une équipe guidée par l’action et l’efficacité dans cette conjoncture post-covid délicate.