Depuis la Révolution tunisienne du 14 Janvier 2011, le mois de janvier est devenu rituellement une période de contestation. Avec, dans le viseur, la grève générale maintenue par l’UGTT pour le 17 janvier.
Malgré les appels au calme des acteurs politiques tunisiens au pouvoir, l’UGTT maintient sa position et considère que les propositions du gouvernement ne répondent toujours pas aux revendications des fonctionnaires publics.
3,65 dinars l’euro au marché noir
De son côté, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, lors d’une interview télévisée diffusée sur la chaîne Al Attessia a expliqué la situation financière critique de l’état tunisien : chute du cours du dinar (actuellement échangé à 3,45 dinars pour un 1 euro et 3,65 au marché noir), recul de la réserve de change à 60 jours. Youssef Chahed considère qu’aucune augmentation salariale n’est possible dans ces conditions.
Quant à BCE et Rached Ghannouchi, la fin de leur alliance ne les a pas empêchés d’adopter une position commune face à la grève générale. Fin 2018, BCE, lors d’une réunion au palais de Carthage avec les deux autres présidences, l’UGTT, l’UTICA et les partis de la coalition au pouvoir, a relancé les négociations sociales entre l’UGTT et le gouvernement.
Ghannouchi, quant à lui, lors de ses vœux prononcés lundi dernier pour 2019 et faisant allusion à la grève du 17 janvier, a lancé l’appel au travail comme seule solution possible au développement du pays.
Cependant, l’UGTT confère à la grève une dimension bien plus large. Taboubi, Secrétaire général de l’UGTT, s’est exprimé ce jeudi en ces termes lors d’une réunion des ouvriers à Gabès : « La bataille de l’UGTT n’est pas une simple bataille pour l’augmentation des salaires, mais une bataille pour la souveraineté nationale et l’indépendance de la décision nationale, une bataille d’un Etat national, démocratique et social au sein duquel les charges sont partagées par tous ».
« Basta » le pouvoir !
À l’instar des mouvements “ Manich msamah” ou “Fech testanaw”, “BASTA” surgit pour réagir à la situation difficile que vit la majorité des Tunisiens. Dans un communiqué de presse ils considèrent que “La situation économique et sociale qui prévaut en Tunisie ne sert que les intérêts d’une minorité qui bénéficie de l’État et en contrôle les bases.”
Les leaders de “BASTA” justifient la création de leur mouvement comme une conséquence logique du travail médiocre du gouvernement. Ils expliquent que le gouvernement est responsable de la situation actuelle du pays: le pouvoir d’achat des Tunisiens s’effondre, le taux de chômage augmente tandis que la dette extérieure explose.
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Hamza Nasri Jridi, un des leaders de “BASTA”, déclare sur Al Jazeera.net qu’ils réfléchissent depuis longtemps à la manière de lancer une campagne pour le changement. Le décès du journaliste Abdel Razzaq al-Zarki brûlé dans la province de Kasserine, dans l’ouest de la Tunisie, avait accéléré le processus et les avait précipités dans les rues avant même de prendre le temps de réfléchir aux objectifs. De son côté le gouvernement se montre peu tolérant face au mouvement. Quelques jours après la création du mouvement, les unités de sécurité de la province de Kairouan, dans le centre de la Tunisie, ont arrêté quatre jeunes pour leurs actions dans le cadre du mouvement. Jetés en prison, ils ont été accusés d’avoir attenté aux biens d’autrui en maculant certains murs de la ville de slogans anti-régime. Ils ont finalement été relâchés