La guerre des deux « héritiers » du président tunisien, son fils Hafedh Caïd Essebsi, et le premier ministre, Youssef Chahed, plombe l’avenir politique de la Tunisie. Un article de nos confères de Maghreb Intelligence
Pas encore remis d’une cuisante défaite électorale, voilà que Hafedh Caïd Essebsi, fils du Président de la République tunisienne, et accessoirement directeur exécutif de Nidae Tounes, repart en guerre contre le Premier ministre Youssef Chahed. Depuis plus d’une semaine, Hafedh Caïd Essebssi et ses « pistoleros » Borhen Bsaies, chargé des affaires politiques de Nidae Tounes, et Mongi Harbaoui son porte-parole, tirent à bout portant sur le Premier ministre, demandant purement et simplement son limogeage.
Le fils du Président ainsi que le groupe qui l’entoure savent qu’il ne pourra succéder à son père au Palais de Carthage si le populaire Youssef Chahed restait en position de se présenter. Il fallait par ailleurs que le clan qui dirige Nidae Tounes fasse oublier à l’opinion publique et au Président « la déconvenue électorale » dont ils sont en grande partie responsables. Mais ce stratagème mis en place, d’après des sources bien informées à Tunis, avec la bénédiction de la première dame Chadlia Saïda Caïd Essebssi, s’est heurté à l’opposition ferme des islamistes d’Ennahda, de l’union patronale UTICA et de la confédération des agriculteurs UTAP. Aussi bien les islamistes que les patrons ont fait savoir au président Béji Caïd Essebssi qu’un changement de gouvernement à un an des élections pourrait être un facteur de grande déstabilisation.
Malgré cette opposition, Hafedh Caïd Essebssi ne s’est pas laissé décanter. Il a réuni les députés de son parti et se livre à des pressions sur son père. La femme du président lui serait d’un grand secours. D’après un membre éminent de Nidae Tounes, Chadlia Caïd Essebssi voudrait coûte que coûte écarter Youssef Chahed de la Kasbah. « Elle est convaincue que si son mari ne se représente pas en raison de son âge avancé, c’est son premier ministre qui le fera à sa place au détriment de son fils », explique à Maghreb Intelligence un habitué du Palais de Carthage. Une perspective qui est loin de l’enchanter, ainsi que la ribambelle de courtisans qui tournent autour.