Alors que début 2023 la Tunisie s’enfonce dans une crise économique profonde, le président tunisien Kais Saied mettait en avant un hypothétique projet d’assassinat contre sa personne et ordonne, les 16 et 17 février 2023, l’arrestation d’au moins neuf personnalités de l’opposition, qu’ils soient islamistes ou anti islamistes. Dans un discours déstructuré et violent prononcé mardi, le président tunisien a blâmé les « traîtres » pour les hausses de prix et les pénuries alimentaires, et pour avoir alimenté une crise sociale. Les Nations unies ont appelé à leur libération, le département d’état américain s’est inquiété de la situation des droits de l’homme.
Politiciens, juges, hommes d’affaires ainsi que le chef du principal média indépendant du pays sont en détention au nom du risque qu’ils représenteraient pour la sécurité de l’État, selon Human Rights Watch. Le département d’Etat américain s’est déclaré profondément préoccupé par ces arrestations et a souhaité un système judiciaire indépendant et transparent en Tunisie.
La Tunisie est le pays qui a été à l’origine du printemps arabe il y a dix ans. M. Saied a été élu démocratiquement en 2019. Mais au cours de la dernière année et demie, il a démantelé le parlement , sapé l’indépendance judiciaire et installé sa propre constitution.
Des élections législatives virtuelles
En décembre et janvier, M. Saied a organisé des élections législatives qui ont enregistré un taux de participation de 11 %, ce qui a incité la principale alliance d’opposition du pays à demander la démission du président.
Au cours du week-end, les autorités ont arrêté Noureddine Bhiri , un haut dirigeant du parti politique Ennahda qui fut ministre de la Justice et qui aura été, pendant les années de la dictature du président Ben Ali, l’intermédiaire discret entre le régime et les opposants en exil;, l’ancien haut responsable d’Ennahda Abdelhamid Jelassi. Tous deux sont accusés de complot contre l’État, selon un avocat du parti d’opposition islamiste et la famille de M. Jelassi.
Le mouvement Ennhada n’est pas la seule cible de Ka_s Saied. L’homme d’affaires tunisien Kamel Eltaïef, violemment hostile aux islamistes, et le militant politique Khayam Turki ont également été arrêtés. Ce dernier dirigeait auparavant un parti social-démocrate et s’efforçait de rassembler les gens pour s’opposer à M. Saied, selon des militants des droits. Sur le plan politique, le président tunisien est plus isolé que jamais. Ses seuls souiens véritables se trouvent au sein de l’appareil sécuritaire où il tend la main aux anciens soutiens de l’ex président Ben Ali dans une spirale répressive désormais avérée.
Les magistrats mis en cause
Le Président tunisien a également accusé le procureur général de Tunisie d’avoir agi trop lentement pour arrêter les personnes qui, selon lui, conspiraient contre l’État, notamment en préparant son assassinat.
L’économie tunisienne s’est engagée dans une spirale descendante, avec une flambée de l’inflation et une montagne de dettes arrivant à échéance au second semestre. Le Fonds monétaire international n’a pas encore donné son feu vert au prêt de 1,9 milliard de dollars à la Tunisie, qui a obtenu l’approbation préliminaire l’année dernière.
L’économie tunisienne a également souffert de la flambée des prix des denrées alimentaires et du gaz à la suite de la guerre en Ukraine. Un nombre record de Tunisiens quittent le pays dans l’espoir de trouver de meilleures opportunités d’emploi à l’étranger.
L’UGTT vent debout
Le puissant syndicat des travailleurs tunisiens UGTT qui même sous les régimes autoritaires de Bourguiba et de Ben Ali maintenait certaines passerelles avec le pouvoir rentre dans une opposition frontale au Président tunisien, sans appeler pour l’instant à la démission. Dans un communiqué jeudi, l’UGTT a qualifié les récentes arrestations d’arbitraires et a accusé le gouvernement d’essayer de détourner l’attention des vrais problèmes de l’économie du pays
L’objectif de l’UGTT est de s’oppose aux efforts de M. Saied pour réduire les salaires. Sur ce plan là, lil faut bien voir que e gouvernement n’a plus beaucoup de marges de manoeuvre et espère ainsi amadouer les créanciers internationaux de la Tunisie.
.