Jean Louis Borloo soutient Macron, faute d’électrifier l’Afrique

Brillant élève du grand Edgar Faure, l’ancien président du conseil de la IV eme République et ministre des Universités de la Veme République, pour qui ce n’était pas les girouettes qui tournaient mais le vent, Jean Louis Borloo attendait son heure pour prendre une nouvelle direction avec le talent et l’enthousiasme qu’on lui connaît.

Certes, Jean-Louis l’Africain, malgré ses qualités de propagandiste, n’aura guère fait avancer la cause de l’électrification de l’Afrique. Exit le mauvais numéro de bateleur qu’il nous jouait ces dernières années avec la bénédiction de Hollande. La collaboration de Dupont-Aignan avec le Front national a fourni l’occasion à Jean-Louis Borloo d’un retour à la politique « pour deux à trois ans », aux cotés d’Emmanuel Macron, vainqueur probable de la Présidentielle. Ce qu’il vient d’annoncer dans le Journal du Dimanche (JDD).

Adios l’Afrique !
Ce vrai républicain, toujours très inventif dans le débat d’idées et constant dans son attachement aux territoires et aux banlieues, conserve une place particulière et utile sur la scène politique française.
L’ancien ministre de Chirac et de Sarkozy aura été l’un des mieux placés pour connaître le narcissisme aigu et l’obstination inébranlable de François Fillon qui l’avait dénigré, en 2010, alors qu’il était pressenti pour le remplacer au poste de Premier ministre.
Boules puantes.
Comme Juppé, pour la primaire, Jean Louis Borloo  avait alors subi les « boules puantes » des fillonnistes les plus radicalisés. Pour la présidentielle de 2017, Jean-Louis Borloo a donc naturellement refusé de prendre publiquement partie pour Fillon, tout en ne ménageant pas ses critiques comme la fameuse réflexion qu’on lui a prêtée  » Fillon va finir à Fleury », mollement démentie par ses proches.
Borloo le rassembleur
On se souvient qu’ en 1985, Jean-Louis Borloo, avocat d’affaires prospère avait fait irruption à Valenciennes, ville en détresse, afin de redresser une entreprise en règlement judiciaire, puis sauver le Club de football local. Sans étiquette politique mais en rassembleur des socialistes, des communistes, des centristes et des gaullistes, « Jean-Louis » devint très vite le catalyseur du renouveau du Valenciennois, au grand dam des partis politiques traditionnels, balayés par le « transgressif » visionnaire, alors peu soucieux d’une carrière politique.
Le renouvellement, déja
Elu maire de Valenciennes, en 1989 alors qu’il n’avait que 38 ans et que la droite détenait la ville depuis la Libération, Jean-Louis Borloo a expérimenté, au niveau local, les principes de gouvernance qu’il retrouve chez Emmanuel Macron. Les mots « transgressif »,  » déterminé »,  » rassembleur »,  » modernité », « forces vives », renouvellement politique », « rajeunissement », « courageux » leur sont communs.
L’aide que Borloo souhaite apporter à Macron ne ressemble pas au ralliement de certaines figures de la gauche, du centre ou de la droite, qui est proche d’un sauve-qui-peu. L’aide de Borloo s’apparente plutôt à celle de Gérard Colomb, le maire de Lyon, qui se fonde sur le rassemblement des Français pour réduire les fractures politiques, économiques et sociales. La restructuration du jeu politique est bien leur principal objectif, ce qui pourrait mettre à mal les espoirs de revanche, pour les législatives, des anciens et nouveaux responsables de la droite et du centre.
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)