Israël en état de quasi guerre civile 

Après des semaines de manifestations, des manifestants ont harcelé les députés de droite à la porte de leur domicile pour les empêcher d’aller voter la réforme judiciaire au Parlement (Knesset).

 Des manifestants de gauche ont harcelé plusieurs députés de la majorité parlementaire israélienne devant leur domicile lundi 20 février pour les empêcher de rejoindre la Knesset (Parlement), où était inscrit le vote du premier volet du projet de loi de réforme de la justice et notamment de la Cour Suprême.

Des militants de gauche d’Ahim L’Neshek (« Frères d’armes ») ont bloqué la voiture du président du Comité de la Constitution, des lois et de la justice, le député Simcha Rothman (Parti sioniste religieux) à Pnei Kedem, ville située dans le Gush Etzion, juste au sud de Jérusalem.

D’autres contestataires de « Block the Revolution » ont encerclé l’appartement de la députée Tally Gotliv (Likud) à Givat Shmuel, pour l’empêcher de sortir de son domicile.

« Les manifestants qui prêchent sur la démocratie sont ceux-là mêmes qui empêchent les élus d’exercer leur droit fondamental – voter », a tweeté Benjamin Netanyahu.

Depuis huit semaines, des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent à l’appel de la gauche et de certains partis de droite, à Tel Aviv, à Jérusalem, à Haïfa contre la réforme du système judiciaire soutenue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Pour les opposants à la réforme, c’est la démocratie qui est en péril.

Lundi 20, la tension était d’autant plus vive en Israël et à Jérusalem, que devait être débattu en première lecture, en séance plénière, un amendement à la Loi fondamentale sur le pouvoir judiciaire qui donnera au gouvernement le contrôle du Comité de sélection des juges de la Cour Suprême. Le politique aurait un pouvoir de nomination sur les juges de la Cour Suprême en disposant de cinq sièges sur les neuf membres du panel. Actuellement, c’est une brochette de magistrats et d’avocats et trois politiques dont un membre de l’opposition qui nomme les Juges de la Cour Suprême.

D’autres volets de la réforme sont à venir. Au cours d’un vote ultérieur non encore programmé, la Knesset devrait adopter une loi qui donnera aux législateurs le pouvoir d’annuler ou de « passer outre », une décision de la Cour suprême par un vote à la majorité simple. Le projet de loi entend abolir aussi l’un des arguments préférés de la Cour Suprême, comme le « caractère raisonnable » d’une décision qui fonde la Cour Suprême à annuler une loi ou la nomination d’un ministre. Le projet de réforme libèrerait également les ministres de l’obligation d’avoir dans leur équipe des « conseillers juridiques » qu’ils n’ont pas choisi et qui proviennent du corps des magistrats.

Une gauche judiciaire

Le conflit entre la gauche et la droite sur la réforme de la justice est simple : la gauche est aujourd’hui minoritaire au plan électoral, mais elle est majoritaire à la Cour Suprême et dans la magistrature. En d’autres termes, la gauche peut continuer de gouverner, d’annuler des lois, d’encadrer le comportement des ministres même quand la droite est au pouvoir.

C’est ce déséquilibre auquel le gouvernement de droite qui dirige aujourd’hui Israël entend remédier. Et c’est parce que la gauche va perdre un de ses bastions, la justice et la Cour Suprême, qu’elle manifeste avec la dernière énergie et en appelle au grand frère américain pour qu’il intervienne dans la vie politique israélienne.

Pour donner une idée de la toute-puissance du système judiciaire en Israël, il faut savoir que le Procureur Général, qui est l’équivalent du chef d’un Parquet National en France et donc un co-ministre de la justice, a interdit à Benjamen Netanyahu de porter la réforme du système judiciaire devant la Knesset et il lui a même interdit d’évoquer la réforme dans les médias en raison « du conflit d’intérêt » qui est le sien. Ce conflit d’intérêt serait que Benjamin Netanyahou, sous le coup de plusieurs mises en examen pour fraude et corruption, ne saurait être autorisé à s’exprimer sur des questions touchant à la justice. Yariv Levin, actuel ministre de la justice qui porte le projet de réforme que Benjamin Netanyahou ne peut incarner lui-même, s’est étonné que le procureur Général ne se sente « nullement en conflit d’intérêt quand il intervient dans une réforme qui concerne sa fonction au premier chef ».

Les accusations de corruption

Non seulement la gauche jette toutes ses forces dans la bataille pour bloquer la réforme judiciaire, mais elle utilise un vocabulaire incendiaire. La semaine dernière devant le parlement, le chef de l’opposition Yair Lapid du parti Yesh Atid a qualifié le gouvernement israélien de « corrompu » et d’« extrémiste ». « Nous nous battrons dans les rues, nous nous battrons jusqu’à ce que nous gagnions », a déclaré Lapid.

Le même jour, le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, a déclaré : « C’est l’histoire du monde. Les pays deviennent des dictatures grâce à l’utilisation d’outils démocratiques. Les pays ne redeviennent démocratiques qu’avec des effusions de sang. » L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a appelé le mouvement de protestation contre le gouvernement à passer à l’étape suivante, c’est-à-dire à la confrontation violente. « Ce qu’il faut, c’est passer à l’étape suivante, l’étape de la guerre, et la guerre n’est pas menée avec des discours. La guerre est menée dans une bataille face à face, face à face et au corps à corps, et c’est ce qui se passera ici », a-t-il déclaré dans une interview accordée à DemocraTV.

Le ministre de la Justice Yariv Levin et le député Rothman ont appelé la semaine dernière les  dirigeants de l’opposition à une rencontre à la résidence du président à Jérusalem pour discuter du programme de réforme judiciaire. Lapid a rejeté l’ouverture, affirmant qu’il n’accepterait que si la législation proposée était suspendue.

Le premier volet de la réforme judiciaire a été voté en première instance lundi 20 février à la Knesset.

Caroline Bright

ENCADRÉ L’argumentaire de Netanyahu

Dimanche soir, Netanyahu a déclaré qu’il n’était pas autorisé à parler en profondeur des réformes judiciaires en raison d’une directive du procureur général d’Israël.

« J’aimerais vous en parler longuement. Et vous dire pourquoi vous ne devriez pas vous inquiéter. Mais pour le moment, on m’empêche de le faire », a déclaré le Premier ministre.

Qualifiant cette interdiction de « bâillon » « manifestement ridicule », il a déclaré qu’il réserverait néanmoins ses commentaires sur le sujet à trois points :

1) Israël restera une démocratie avec « la règle de la majorité et des garanties appropriées pour les libertés civiles » ;

2) « Toutes les démocraties devraient respecter la volonté des autres peuples libres, tout comme nous respectons leurs décisions démocratiques » – une référence aux déclarations des responsables de l’administration américaine, y compris le président Joe Biden, qui s’ingèrent dans le débat sur la réforme judiciaire en Israël ;

3) La rhétorique de l’opposition contre la réforme judiciaire a été « franchement imprudente et dangereuse, y compris des appels à l’effusion de sang dans les rues et des appels à la guerre civile » a ajouté Netanyahou. Cela a encouragé les ennemis d’Israël tels que le Hezbollah à croire qu’Israël est sur le point de s’effondrer.

« Je vais décevoir les ennemis d’Israël. Si vous attendez une guerre civile, cela n’arrivera pas… Il n’y aura pas d’effusion de sang, je l’espère, pas du tout. Oui, nous avons des débats houleux en Israël. Il y en a toujours eu. Oui, Israël est une démocratie turbulente. Il en a toujours été ainsi. Mais nous sommes un peuple avec un seul destin avec un pays avec une seule foi », a déclaré Netanyahu

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