Après avoir subi une cinglante défaire lors de l’élection en début de semaine du président de la Chambre des représentants, les islamistes marocains ont décidé de faire profil bas. Bien qu’ils soient les plus nombreux au sein du parlement marocain en termes de sièges, les dirigeants du PJD ont vu leur échapper le perchoir en faveur des socialistes de l’USFP. Or ces derniers n’ont récolté lors des dernières élections législatives du 7 octobre 2016 que 20 députés.
Aziz Akhannouch, le joker
Le candidat socialiste, Lahbib El Malki, élu à la présidence du Parlement, a bénéficié du soutien très actif du nouveau joker de la politique marocaine, Aziz Akhannouch, un homme d’affaires influent, proche du roi et patron du Rassemblement National Indépendant. Ls votes du PAM, le grand rival du PJD lors du scrutin législatif, ont penché également en faveur des socialistes. Cette vaste coalition compte désormais 208 sièges. Une majorité possible pour le prochain chef de gouvernement? La question est posée après trois mois d’impuissance où le patron du PJD Benkirane n’est pas parvenu à trouver des alliés et à former une coalition viable.
Après l’élection donc président du parlement, certains cadors du PJD ne cachaient pas leur déception. Certains ont laissé entendre que leur parti allait opérer un repli tactique en s’inspirant de l’expérience d’Ennahda, le mouvement islamiste tunisien, qu’on a vu renoncer au gouvernement à la fin de 2013 pour laisser place à un gouvernement de technocrates moins marqué politiquement. Et ceci au nom de l’intérèt supérieur d’un pays menacé d’une spirale de violence entre pro et anti Frères Musulmans.
En réserve du Royaume
Autrement dit, le PJD serait prêts à renoncer à la présidence du gouvernement qu’il détenaient depuis 2011 au profit d’une alliance de partis politiques dits « de l’administration ». Selon des proches de Benkirane l’idée fait doucement son chemin, puisque les islamistes marocains ne veulent pas aller au clash avec certains cercles du Palais et préfèrent capitaliser sur les gains engrangés pour le moment. «Le régime va avoir besoin de nous très rapidement. Pour les défis économiques et géostratégiques auxquels Maroc doit faire face, l’Etat aura besoin d’une force politique bien enracinée dans la société et crédible. Ce n’est qu’une question de temps », explique serein un ministre sortant du PJD.