Ainsi donc l’homme fort de Guinée Conakry, le colonel Mamadou Doumbouya a dissous le FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), le principal parti d’opposition à la dictature d’Alpha Condé .
Mais où a-t-il été pêcher cette idée ? Outre qu’elle donne une image épouvantable d’autoritarisme et de fossoyeur des libertés à la transition qu’il dirige, elle est absurde à plus d’un titre. En effet, le FNDC n’est pas un parti politique avec une existence légale, c’est un mouvement qui s’est créé en octobre 2019, à majorité peule (voir l’article ci dessous), pour protester contre la modification de la Constitution qui a permis à Alpha Condé de se représenter à un troisième mandat présidentiel.
Une dissolution virtuelle
Il n’y a donc rien à dissoudre, le FNDC n’a pas d’agrément officiel. En prime, cette coalition de partis et d’associations de la société civile a organisé les plus grandes manifestations que Conakry ait connu. Même si elle n’a pas réussi à empêcher la réélection de l’ancien président, elle lui a donné sérieusement du fil à retordre sur le plan national, mais également sur la scène internationale.
Les défilés géants, violemment réprimés à l’époque, ont contribué à affaiblir les soutiens d’Alpha Condé à l’extérieur et ont donc participé à ce que le coup d’Etat de Mamadou Doumbouya ne soit pas durement condamné par la Communauté internationale. Après cette dissolution, le FNDC s’est immédiatement renommer Front National pour le Départ du Colonel !
Comment se tirer une balle dans le pied ?
Guinée : Le gouvernement dissout la coalition de l’opposition
Un coup dur est porté à la démocratie et aux droits de la personne
(Nairobi, le 10 août 2022) – Le 8 août 2022, la Guinée a dissous le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une importante coalition d’organisations de la société civile et de partis d’opposition guinéens, pour des motifs politiques, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.
La décision du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a sérieusement remis en cause le retour du pays à un véritable processus démocratique. La coalition n’a pas été en mesure de contester efficacement la décision, qui reposait sur des allégations vagues et générales, devant un organe judiciaire indépendant ayant le pouvoir d’annuler l’arrêté.
« Le gouvernement de transition guinéen contrôle déjà étroitement l’espace politique », a constaté Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Cette mesure visant le FNDC ne fera qu’affaiblir davantage la démocratie en décourageant toute opposition significative. »
L’arrêté accuse la coalition d’organiser des manifestations publiques armées, de recourir à la violence, d’inciter à la haine et de se comporter comme des « milices privées ». Cette décision est intervenue quelques heures après que la coalition a annoncé de nouvelles manifestations à travers la Guinée et à l’étranger pour réclamer un dialogue crédible entre les autorités militaires de transition et les partis d’opposition et la société civile.
Le 5 septembre 2021, des officiers militaires du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) autoproclamé ont renversé le gouvernement d’Alpha Condé. En mai, le colonel Mamady Doumbouya, qui dirige depuis septembre 2021 la junte militaire, s’est engagé à transférer le pouvoir aux civils dans un délai de trois ans. Mais des acteurs nationaux, dont la coalition du FNDC, et des organismes régionaux – en particulier la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – ont rejeté ce délai, jugé trop long.
La coalition a été fondée en avril 2019 pour protester contre le projet de révision constitutionnelle de Condé et sa volonté de briguer un troisième mandat. Elle s’est heurtée à des tentatives d’intimidation et d’abus de la part des gouvernements de Condé et de Doumbouya. Les 30 et 31 juillet, les forces de sécurité ont arrêté trois éminents dirigeants de la coalition à Conakry, la capitale de la Guinée, et les ont accusés de manifestations illégales, de destructions de biens publics et privés, et de coups et blessures. En mai, la junte militaire a interdit toute manifestation publique pouvant être considérée comme une menace à l’ordre public, s’attirant les critiques du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
La décision du gouvernement de dissoudre la coalition du FNDC viole la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de participation démocratique, a souligné Human Rights Watch. Ces droits sont garantis par le droit international des droits humains, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que la Guinée a ratifié en 1978, et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Dans une déclaration en date du 10 août, la coalition a indiqué que la décision du gouvernement était « illégale, sans fondement et arbitraire », appelant à des manifestations à travers tout le pays le 14 août.
Alseny Sall, un éminent militant des droits humains à Conakry, a déclaré à Human Rights Watch : « Il s’agit d’un grand pas en arrière dans les efforts de la Guinée pour rétablir un régime démocratique après la prise de pouvoir par les militaires et d’une autre façon de museler la dissidence. »
Les autorités militaires guinéennes devraient immédiatement revenir sur leur décision et permettre au processus d’élections libres et équitables de se poursuivre dans le plein respect des droits et libertés fondamentaux, a recommandé Human Rights Watch. Les partenaires internationaux de la Guinée devraient dénoncer ce revers et appeler à un retour au pluralisme politique et à un régime démocratique.
« Cette attaque contre tout opposant au régime militaire n’est pas de bon augure pour la transition et les prochaines élections », a conclu Ilaria Allegrozzi. « Le gouvernement guinéen devrait annuler la dissolution du FNDC et mettre fin à l’ingérence dans les partis d’opposition et la société civile. »
Pour consulter d’autres communiqués de Human Rights Watch sur la Guinée, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/ afrique/guinee
Guinée, Alpha Condé « encerclé » par les Peuls
Pour le colonel guinéen Doumbouya, « les Français se croient plus intelligents »
vvv
« Front National pour la Défense de la Constitution), le principal parti d’opposition, à majorité peule, à la dictature d’Alpha Condé ». Ce que vous dites-là est très grave surtout si ces propos viennent d’un site comme le vôtre. Le FNDC n’est pas un parti politique. C’est comme le mouvement Y en a marre au sénégalais ou Balai citoyen au BF. Peut-être, vous parlez de l’UFDG, le parti dirigé par Cellou Dalein Diallo?
Merci à vous