Le chef de la junte guinéenne, Mamadi Doumbouya, suscite des doutes après la phase d’euphorie qui avait suivi le renversement, le 5 septembre dernier, du président (et dictateur) Alpha Condé. Place aux doutes suscités par certaines décisions du nouvel homme fort de Conakry.
Les derniers visiteurs du président du Comité national pour le redressement pour le développement (CNRD) le colonel Mamadi Doumbouya en sont revenus habités par le doute et l’inquiétude. Tous décrivent un homme certes de bonne foi, mais dépassé par la tâche et handicapé par l’inexpérience.
Coups de tête
L’ancien caporal de la Légion étrangère a pris plusieurs décisions sur un simple coup de tête, en raison de cette inexpérience dans la gestion des affaires étatiques. Selon plusieurs sources, le gouvernement de transition n’a pas été associé à la décision de baptiser le 16 décembre dernier l’aéroport de Conakry du nom d’Ahmed Sékou Touré, premier président de la république de la Guinée indépendante.
La décision fait toujours débat en Guinée en raison de la double image de l’ancien président. Le dirigeant progressiste, « héros du non » au général De Gaulle en septembre 1958 (voir l’article ci dessous) , était devenu le bourreau de son peuple à l’épreuve du pouvoir. Sur fond de 50.000 disparus, d’après le décompte des ONG de défense des droits de l’homme.
D’autres mesures ont été prises à l’emporte-pièce par le colonel Doumbouya, suscitant la contestation jusque dans les rangs de la junte. Ce management des affaires de l’Etat suscite une grande inquiétude chez de nombreux guinéens pour qui certains gestes de Doumbouya renvoient à la sombre époque de la transition militaire dirigée entre 2008-2009 par le capitaine Moussa Dadis Camara. Après plus d’une décennie d’exil au Burkina Faso, l’ancien président de la transition était rentré le 22 décembre à Conakry où il a été reçu à déjeuner trois jours plus tard par le colonel Doumbouya en compagnie du général Sekouba Konaté, autre ancien président guinéen de retour lui aussi dans le pays après près de dix années passées entre la France, le Maroc et l’Ethiopie.
Toujours et encore le clientélisme
Pour les Guinéens, le plus inquiétant n’est pas tant les mesures unilatérales et précipitées de Doumbouya que le maintien du système clientéliste à la tête de l’Etat. Comme sous Alpha Condé, et avant sous lui Lansana Conté, il vaut mieux, pour obtenir un poste important, connaître le colonel Doumbouya lui-même, le ministre de la Défense Sidiki Camara dit « Idi Amine », le secrétaire général Amara Camara ou un autre membre du CNRD. Les compétences et le diplôme passent après
Signe que les hommes ont changé mais pas le système, les cabinets ministériels du gouvernement du Premier ministre Mohamed Béavogui sont remplis de parents, amis et connaissances.
La junte guinéenne au pied du mur
À quand la fin de la transition?
Les doutes et interrogations sur la gouvernance de la junte se doublent d’absence de calendrier de la transition. En dépit des pressions exercées par la CEDEAO, les militaires guinéens vont terminer l’année 2021 sans agenda précis sur la durée de la transition, ni date pour la tenue des élections. L’argument de la junte est de laisser aux forces vives du pays la décision finale. À condition de mettre en place un Conseil national de transition (CNT) qui devrait assurer le rôle de parlement de transition. Si le nombre de ces « députés » est désormais connu, la composition nominative cette assemblée ne l’est pas.
Ce vide risque-t-il de donner l’appétit du pouvoir au colonel Doumbouya. Certains le redoutent dans les rangs des partis politiques. Leurs inquiétudes se fondent sur certaines mesures prises par le chef de la junte qui vont, selon eux, bien au-delà du mandat d’un régime de transition. « Il se prend pour le De Gaulle guinéen, pour l’homme qui a sauvé la Guinée », s’inquiète un chef de parti politique guinéen qui plaide pour que la transition se concentre en priorité sur la rédaction d’une nouvelle constitution, la mise à plat de nouveaux textes électoraux et l’organisation des prochaines élections générales.
Visiblement, ce n’est pas l’avis du colonel Doumbouya et ses camarades de la junte qui ont engagé de grands chantiers dont l’audit des permis miniers et l’inspection de tous les comptes publics avant la fin de la transition.
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Article cliché, rempli de faussetés à celle but : dénigrer.
L’ancien caporal devenu Colonel par le bon vouloir du président déchu n’inspire plus confiance. Il commence à prendre trop goût au pourvoir et se voit en messie. Il y’a trop de décrets. Son inexpérience et la moralité douteuse de certains parmi son entourage risquent de saper la transition. Personne ne connait les membres du CNRD. Le chef de la junte ne pourra rein faire de bon pour la Guinée et les guinéens commencent à déchanter. Triste, Pauvre Guinée!