Après la mise en examen pour corruption, mercredi 21 mars, de l’ancien Chef d’Etat, Nicolas Sarkozy, on s’interroge sur les nouveaux éléments du dossier qui ont précipité une telle décision de part de la justice française.
Les chaînes d’information en continu tournent en boucle depuis la contre attaque de Nicolas Sarkozy sur TF1, les JT ouvrent sur l’événement judiciaire hors normes qu’est la mise en examen d’un ancien Président pour corruption et des centaines d’articles sont consacrés à ce sujet inédit dans l’histoire de la cinquième République. Partout on recherche les témoignages nouveaux qui auraient précipité la mise en examen de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy. Apparemment ils ne sont guère nombreux, ce qui fragilise le dossier du juge Tournaire.
Seule piste sérieuse vérifiée pour l’instant par Mondafrique, l’ancien chef du renseignement militaire de Kadhafi, Abdallah Senoussi, actuellement en prison en Libye, aurait livré un témoignage important transmis aux enquêteurs français.
Un possible pacte de corruption.
En échange de l’argent reçu pour sa campagne de 2017, Nicolas Sarkozy aurait donné ou promis une contrepartie : en l’occurrence, un pacte de corruption, conclu en 2005 dans un hôtel de Tripoli où il aurait rencontré, selon Ziad Takieddine,le chef des services secrets libyens. Il aurait alors conclu un accord pour que cet homme, condamné à la perpétuité par contumace par la justice française dans l’affaire de l’attentat du DC10 d’UTA au Niger en 1989, qui avait fait 170 morts, ne fasse plus l’objet d’un mandat d’arrêt international. Si Nicolas Sarkozy a bel et bien effectué un voyage officiel à Tripoli en 2005, il récuse en bloc de telles accusations
Les enquêteurs, semble-t-il, ont pu avoir accès à un interrogatoire de l’ancien chef des services libyens dans la prison de Tripoli où il est détenu. Reste à connaitre le degré de précision de ce témoignage et d’évaluer sa crédibilité venant d’un proche de Kadhafi renversé à la suite d’une opération militaire décidée par Nicolas Sarkozy, à l’époque chef de l’Etat.
Bechir Saleh, « suspect » numéro un;
Ces jours ci, la rumeur pointe du doigt notamment un dignitaire libyen de l’ancien régime du colonel Kadhafi qui aurait balancé voir même fourni des documents à la justice française. Et la rumeur de pointer du doigt Béchir Saleh, l’ancien argentier du Guide libyen au courant de biens des secrets qui réside en Afrique du Sud.
Le 23 février dernier, alors qu’il rentrait du Zimbabwe, Béchir Saleh qui se trouvait dans sa voiture avec son chauffeur armé, est pris pour cible par des tireurs. Dans les heures qui suivent l’attaque, les premiers témoignages font état d’assaillants ayant délibérément ciblé et tiré sur Béchir Saleh mais que rien n’a été volé dans la voiture alors même que l’attaché case de l’ancien argentier de Kadhafi se trouvait en évidence sur une banquette. Béchir Saleh est très grièvement blessé même si ces jours ne sont plus un danger. Il souffre d’un poumon perforé par une balle et d’une seconde balle qui l’a touché à l’abdomen.
L’affaire a été prise très au sérieux par le gouvernement sud-africain qui a aussitôt diligenté une enquête policière et promis que tous les moyens nécessaires seront mis sur ce dossier. Si pour le moment l’enquête ne permet pas d’établir si l’attaque relève d’une tentative d’assassinat, d’un vol à main armée qui a mal tourné ou d’une règlement de compte interne à l’Afrique du Sud, pour les proches de Béchir Saleh, la messe est dite : il s’agit d’une tentative d’assassinat liée au dossier du financement libyen de Nicolas Sarkozy. Ils en tiennent pour preuve que Saleh se sentait extrêmement menacé avant l’attaque et après plusieurs alertes sérieuses concernant sa sécurité et celle de sa famille aurait décidé de sérieusement relever le niveau de sa protection. Un miracle donc qu’il soit encore en vie.
La rumeur toujours et encore
Béchir Saleh a pour l’instant coupé tous les ponts et tous ses téléphones sud-africains sont débranchés ainsi que ceux de sa famille. Mais cela n’empêche pas des informations non vérifiées de circuler : il aurait été exfiltré dans le Golfe persique pour sa sécurité et plus précisément à Abu Dhabi.
Tout aussi mystérieuse cette rumeur étayée par des articles parus dans la presse arabe d’un frère de Béchir Saleh qui serait basé à Tunis et qui, apprenant la tentative d’assassinat, se serait écrié que l’ancien argentier de Kadhafi s’apprêtait à collaborer avec les juges français. Problème là encore : Béchir Saleh n’a pas de frère basé à Tunis ni vivant à Tunis. Et ledit frère n’a d’ailleurs pas pu être identifié.
Au passage, on relèvera que depuis que la Tunisie du Président Moncef Marzouki a livré à Tripoli l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi qui avait fait des révélations fracassantes sur Nicolas Sarkozy devant la justice tunisienne, tous les hauts responsables libyens qui avaient trouvé asile au pays du Jasmin ont préféré s’envoler vers d’autres cieux où ils ne risquaient pas d’être vendus pour une poignée de dollars.
Seif el Islam soupçonné
Un autre dignitaire de l’ancien régime est, lui aussi, soupçonné de s’être mis à table : Seïf el Islam, le fils du colonel Kadhafi qui est aujourd’hui libre de ses mouvements et vient d’annoncer sa candidature à la prochaine élection présidentielle en Libye. Tous les experts s’accordent sur un point : si de vraies élections transparentes et démocratiques étaient organisée dans l’ancien pays de Kadhafi, Seïf el Islam aurait ses chances.
C’est dans ce contexte qu’une mystérieuse interview exclusive de Seïf el Islam réalisée par une journaliste basée à Tunis a fait surface sur le site web d’Africa News et essaime depuis sur le Net. On y apprend que le fils Kadhafi aurait déclaré : « Elle (la garde à vue de Nicolas Sarkozy, NDLR) vient en retard et après 7 ans de guerre. Je dis dommage parce que j’avais moi-même donné les preuves sur cette affaire dans une interview accordée à Euronews en 2011, à Tripoli, mais la justice, que ce soit en France ou à l’international, n’a pas bougé à l’époque ». Faux et doublement faux. En 2011, Seïf el Islam a bien accordé une interview à Euronews mais n’a pas communiqué la moindre preuve d’un financement de Nicolas Sarkozy par son père. Il est par ailleurs de notoriété publique que la justice française, tout comme de nombreux journalistes d’innombrables médias, ont tenté à maintes reprises d’entrer en contact avec Seïf el Islam pour l’entendre sur le sujet sans jamais y parvenir. Alors même que des intermédiaires, notamment tunisiens, se revendiquant de lui promettaient des preuves qui ne sont jamais venues.
Au petit jeu des dignitaires de l’ancien régime libyen encore en vie et susceptibles d’avoir apporté des éléments décisifs se trouvent Moussa Koussa, l’ancien et redoutable patron du renseignement extérieur de Kadhafi. Réfugié au Qatar qui, sous le règne de l’ancien Emir, est responsable avec la France de l’intervention en Libye, on imagine volontiers qu’il préferera ne pas froisser ses hôtes qui ont effectivement exigé de lui un silence total.
Restent enfin deux personnages clés en vie et qui connaissant le fin mot de l’histoire : l’ancien Premier ministre Baghdadi et surtout l’ancien chef du renseignement militaire Abdallah Senoussi. Tous deux sont détenus en Libye et certainement très désireux à l’idée de pouvoir apporter leur part de vérité.