Sur le papier, le Gabon est une république qui a des lois qui garantissent les droits de l’homme. Dans les faits, le dispositif ultra répressif d’Ali Bongo s’impose en toute discrétion
Grâce à une communication efficace facilitée par une presse complice à tout le moins passive, le régime au pouvoir à Libreville a réussi à ne pas apparaître sous sa vraie nature : celle d’un régime peu soucieux des droits de l’homme et ayant mis en place un système répressif cruel, discret et il faut bien l’admettre efficace.
La torture encore et toujours
Bien que la constitution du Gabon mentionne clairement que « nul ne peut être humilié, maltraité, ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement » la torture est pratiquée au Gabon en toute impunité. Parmi les victimes de la torture, on peut citer : Bonca Issouf à Franceville e
A ceux-là, il faut ajouter d’autres cas : Sylvana Oyasseko, enseignante et journaliste, torturée plusieurs heures en 2016 par des policiers – dont l’un au surnommé « torture » – dans les locaux de la Direction Générale des Contres Ingérences, de la Documentation de l’Emi-Immigration (DGDI) ;
Mais le cas de torture le plus emblématique est celui du Lieutenant Kelly Ondo Obiang et de ses compagnons qui ont été torturés en 2019 au sein même du Palais Rénovation, la présidence de la République du Gabon !
Escadrons de la mort
Lors de la répression postélectorale en 2016, des hommes dans des pickup blancs sèment la mort dans la capitale gabonaise en abattant par balles au moins sept personnes. Lors de la protestation pacifique dénommée « concert des casseroles » en février 2021, Gildas Iloko, est abattu dans la banlieue de Libreville par un commando filmé, mais non identifié circulant dans un 4X4 semblable à ceux dont la seule vue terrorise les Librevillois. Le même jour, à Ntoum, Djinki Emane est abattu d’une balle dans la tête. En décembre 2014, Bruno Mboulou Beka est abattu d’une balle dans la tête lors d’une marche de contestation à Libreville, balle tirée par un tireur de précision de l’armée…
Ces escadrons de la mort sont composés de policiers, de militaires, mais aussi de civils. Leur mission : tuer assez pour terroriser, mais pas suffisamment pour qu’il y ait « de quoi salir l’image du patron », c’est-à-dire Ali Bongo. Armel Mouendou, Alain Mbela et Jocelyn Obame ont été enlevés par des hommes non identifiés sous le commandement d’un officier supérieur bien connu.
Ayant échappé à un enlèvement, Armel Mouendou ira porter plainte à la police, un officier de police lui dira : « Nous savons qu’il y a des enlèvements tous les jours, ces enlèvements sont perpétrés par le gouvernement ». Mathurin Ovono Ebè, Syndicaliste et universitaire est enlevé pour la deuxième fois en juin 2021 à Libreville par des hommes armés et cagoulés circulant dans un minibus blanc….
Lieux de détentions extrajudiciaires
Souvent, les personnes enlevées ne sont pas conduites dans un commissariat, ni dans une brigade de gendarmerie. Plusieurs personnes ont été conduites dans un complexe militaro
Mais les personnes enlevées sont parfois conduites dans de simples « villas » pour y être torturées et interrogées
Alain Mbela Obame, Armel Mouendou Mbina et Jocelyn Obame passeront quant à eux 10 mois dans une « prison parallèle » …
Efficacité redoutable
La plus grande « réussite » du régime d’Ali Bongo – comme de son père avant lui – est d’avoir réussi à faire passer sous silence toutes ces pratiques tout veillant soigneusement à ce que chaque gabonais puisse les connaître pour en avoir peur. Une peur d’autant plus légitime, car les perpétrateurs dénoncés et connus bénéficient d’une impunité totale garantie par le régime dont ils sont les nervis
Pour information, le Gabon siège au conseil des droits de l’homme à l’ONU.
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