Emprisonné depuis un an à la prison centrale de Libreville pour une nébuleuse affaire de « complicité d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat », l’opposant Ballack Obame a été placé à l’isolement depuis le 9 Février 2020.
Par Jocksy Ondo-Louemba
L’ancien syndicaliste étudiant de l’université Omar Bongo de Libreville et membre des jeunesses du parti de l’opposition Union Nationale emprisonné depuis un an pour complicité d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat » a été placé en isolement « jusqu’à nouvel ordre » ce dimanche 09 Février 2020.
Arrêté en compagnie d’anciens syndicalistes étudiants et membres de l’Union Nationale parmi lesquels Firmin Ollo’o Obiang le 21 Janvier 2019, Ballack Obame avait été conduit au siège de la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM – communément appelé B2) où il a été interrogé avant d’être transféré à la Prison centrale de Libreville le 8 février 2019 à 3heures du matin.
L’ombre du lieutenant Kelly Ondo Obiang
Ballack Obame est accusé d’avoir pris part à la tentative « Coup d’Etat du 07 Janvier » 2019 au cours de laquelle le Lt. Kelly Ondo Obiang a lancé un appel à l’insurrection.
Parmi les « preuves » de la participation de Ballack Obame au « coup d’état du 7 janvier 2019 » présentées par les agents du B2 il y a l’amitié entre Ballack Obame et Kelly Ondo Obiang… sur Facebook. On reproche également à Ballack Obame d’avoir reçu un « appel » du Lieutenant Kelly Ondo Obiang le jour du « coup d’état ». En réalité, Kelly Ondo Obiang avait tenté le 7 Janvier 2019, de rallier l’ancien syndicaliste étudiant à sa cause sans succès.
Lors d’un interrogatoire à la Direction Générales des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire, le B2, le Lieutenant Kelly Ondo Obiang a d’ailleurs formellement démenti avoir Ballack Obame pour complice ce qui n’a pas convaincu « les enquêteurs » qui ont décidé de le garder pendant une dizaine de jours dans une cellule située au sous-sol du B2.
« Adjudant Ballack Obame »
Ballack Obame qui n’a jamais été militaire de sa vie est pourtant incarcéré en tant que militaire ! Et comme les autorités gabonaises ne font jamais les choses absurdes à moitié, on lui a meme donné le grade d’adjudant, lui qui n’a que 27ans !
En réalité, ce statut n’est pas si absurde que cela. En effet, le « statut militaire » de l’ancien syndicaliste étudiant lui permet de « bénéficier » d’un « traitement particulier », autrement dit plus sévère dans une « prison-bidonville » où les conditions de détentions « normales » sont déjà terriblement inhumaines.
Persécutions incessantes
A son arrivée Ballack Obame est placé à l’isolement dans un quartier de la prison centrale de Libreville nommé « quartier disciplinaire ». Ce quartier disciplinaire situé à l’abri des regards des visiteurs de la Prison centrale de Libreville est « interdit à toutes personne étrangère au service ». Construits dans les années 60 et destiné aux prisonniers politiques, le quartier disciplinaire est composé d’une quinzaine de cellules en béton de 2msur2. Ces cellules sont plongées dans l’obscurité, sans eau, ni latrines, les prisonniers privés de leurs vêtements, très souvent enchaînés sont contraints de faire leurs besoins dans des sachets en plastiques quand ils en ont et dorment à même le sol.
Dernière cruauté, leur alimentation dépend exclusivement de la générosité des autres prisonniers et du bon vouloir des gardiens de prison sachant que les prisonniers ne sont nourris que cinq jours sur sept et doivent eux-mêmes préparer leur maigre pitance.
Dans ces cellules, la santé des détenus se dégrade très rapidement et que même lorsqu’ils ont libéré les anciens détenus qui y on « séjourné » souffrent souvent de séquelles à vie.
En danger de mort
Placé en nouveau en quartier disciplinaire sans motif – mais avec une volonté manifeste de se débarrasser d’un opposant jeune et incorruptible – on peut affirmer que les jours de l’ancien syndicaliste étudiant gabonais et opposant au régime d’Ali Bongo sont gravement en danger. Si Ballack Obame a pu survivre à son premier placement en quartier disciplinaire grâce à sa très grande résilience, on affirmer qu’un nouveau placement en isolement aura dans le meilleur des cas, des effets désastreux et irréversibles sur sa santé et dans le pire des cas pourrait lui couter la vie.
C’est donc un crime qui est orchestré et mis en œuvre contre ce jeune opposant Gabonais. Un crime qu’est déjà prêt à assumer fièrement le régime d’Ali Bongo qui l’a déjà tellement persécuté et torturé.