Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo, opposant gabonais a été enlevé à Libreville la capitale du Gabon le 12 Août dernier par des hommes armés et cagoulés.
Une Enquête de Jocksy Ondo Louemba
Face à la ténacité de sa famille notamment de sa mère qui a publiquement dénoncé l’enlèvement de son fils, l’opposant Consty Mezui Ondo a refait surface dans les locaux de la sinistre Direction Générale des Recherches (DGR- Gendarmerie) placée sous l’autorité directe du chef de l’exécutif du Gabon, Ali Bongo.
Libreville, le mardi 11 Août 2020 aux environs de 22h30, Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo communément appelé Consty Mezui Ondo et sa mère rentrent chez eux à bord d’un taxi informel appelé par les Librevillois « clando ». Très vite, le chauffeur du « clando » remarque un véhicule immatriculé HM 656 AA qui, très rapidement, lui fait une queue de poisson. Des hommes cagoulés et armés en sortent, braquent leurs armes. Un des hommes cagoulés s’écrie en désignant Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo : « C’est lui ! C’est lui ! ». Aussitôt, l’opposantl est enlevé par les assaillants, sa mère a le courage de demander aux assaillants de se présenter et surtout ce qu’ils reprochent à son fils. Un d’entre eux lui dit simplement qu’ils appartiennent à l’ « Unité Spéciale ». Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo a la présence d’esprit de demander à sa mère de noter le numéro d’immatriculation du véhicule de ses ravisseurs, ce qu’elle fait. L’un des témoins filme les pleurs de sa mère.
Electricien, 24 ans et opposant
L’homme a été enlevé sous les yeux de sa mère et des passagers de ce taxi clandestin au quartier Nzeng Ayong Dragages de Libreville est Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo. Il est Gabonais, originaire du nord du Gabon (plus précisément de l’ethnie Fang), âgé de 24 ans, électricien en bâtiment et surtout membre d’un Mouvement Politique dénommé Coordination Patriotique (COP10) qui dénonce le régime d’Ali Bongo et qui persiste à qualifier – à juste titre – son « élection » de 2016 « d’usurpation ».
Très actif dans la lutte pour l’instauration réelle des libertés au Gabon, Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo fait partie des rares jeunes ayant systématiquement refusé d’être corrompu par le régime à être encore en liberté. Les menaces et la surveillance étroite des « Services » d’Ali Bongo n’étaient pas parvenues à entamer sa volonté de mener à bien son engagement citoyen en faveur de son pays. De plus en plus gênant, l’ordre de la présidence de la République du Gabon de le « mettre hors d’état de nuire » est donné aux gendarmes d’élite qui traquent aussi les opposants politiques.
Les Gendarmes d’élite à la manoeuvre
Lorsque Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo est enlevé dans la nuit du 11 août 2020, il ne s’agit pas d’une arrestation, mais bien d’un enlèvement. Faisant le tour des commissariats et des postes de gendarmeries de la capitale gabonaise sa famille ne le trouve nulle part. Continuant la recherche de leur enfant, la famille de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo se rend au Camp Roux siège de la Direction Générale des Recherches (DGR-Gendarmerie) située à quelques encablures du « Palais Rénovation » la Présidence du Gabon dont elle dépend directement. Lorsqu’ils se présentent à l’accueil, les parents de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo apprennent que leur fils ne se trouve pas au Camp Roux et pour montrer sa bonne foi le gendarme de l’accueil leur présente le registre des personnes interpellées dans lequel le nom de leur fils est absent.
En quittant la Direction des Recherches, un véhicule s’arrète auprès de la mère de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo. Elle reconnaît le véhicule et surtout la plaque d’immatriculation et se met à hurler. Face aux protestations de la famille qui refuse de céder aux intimidations un des officiers présents finit par admettre que Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo se trouve bien dans les locaux de la Direction Générale des Recherches en espérant calmer sa famille. Les parents de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo demandent à le voir pour etre sur qu’il est en vie et qu’ils se trouvent bien à la Direction Générale des Recherches, une fin de non-recevoir leur est opposée. Après insistance, ils obtiennent de parler à leur enfant au téléphone…
Des accusations fallacieuses
L’enlèvement de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo par des agents de la Direction Générale des Recherches (DGR) ayant été éventé, il est décidé qu’il soit mis en « état d’arrestation » pour « participation aux violences post-électorales de 2016 » ! Le père de Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo été autorisé à voir son fils, mais il a eu droit à une visite encadrée par deux « enquêteurs » qui ont bien pris soin d’empêcher « le gardé à vue » de s’exprimer sur les conditions de son « arrestation » et de sa « garde à vue ».
En attendant qu’il soit présenté à un « juge » qui statuera sur son sort, Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo qui est apparu physiquement affaibli et amaigri, est toujours gardé à vue au Camp Roux siège de la Direction Générale des Recherches. S’il a échappé à un enlèvement dans le pur style des dictatures les plus brutales que le monde ait connu, ceux qui veulent « faire taire, le petit emmerdeur » Consty Parice « Mezui » Meyong Ondo disposent d’un autre atout qu’ils sont en train de déployer : une justice corvéable et entièrement soumise à Ali Bongo.
Un enlèvement qui se transforme en arrestation, vous n’êtes pas au Chili de Pinochet, mais bien au Gabon d’Ali Bongo, « le pays le plus progressiste d’Afrique en 2020 » selon certains…