- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 27 Apr 2025 19:00:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Burkina, cette nouvelle tentative de putsch qui fait diversion https://mondafrique.com/politique/burkina-cette-nouvelle-tentative-de-putsch-qui-fait-diversion/ https://mondafrique.com/politique/burkina-cette-nouvelle-tentative-de-putsch-qui-fait-diversion/#respond Wed, 23 Apr 2025 18:56:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=132275 Une nouvelle fois, le gouvernement burkinabè a annoncé le démantèlement d’un réseau qui complotait contre l’État depuis la Côte d’Ivoire. Assertion réelle ou diversion pour masquer les échecs sécuritaires ? Dans les deux cas, cela prouve la fragilité du pouvoir d’Ibrahim Traoré. Le lundi 21 avril, le ministre de la Sécurité burkinabè, Mahamadou Sana, a […]

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Une nouvelle fois, le gouvernement burkinabè a annoncé le démantèlement d’un réseau qui complotait contre l’État depuis la Côte d’Ivoire. Assertion réelle ou diversion pour masquer les échecs sécuritaires ? Dans les deux cas, cela prouve la fragilité du pouvoir d’Ibrahim Traoré.

Le lundi 21 avril, le ministre de la Sécurité burkinabè, Mahamadou Sana, a déclaré à la télévision nationale que les services de renseignement avaient réussi à stopper net un vaste complot qui s’apprêtait à prendre d’assaut le palais présidentiel. Cette attaque aurait dû avoir lieu le 16 avril, mais grâce à la sagacité des autorités, les militaires conspirateurs ont été démasqués avant de pouvoir passer à l’acte. Mieux, ces officiers et sous-officiers auraient ourdi leur projet avec la complicité de groupes armés djihadistes…

Les épouses aux arrêts

Difficile de comptabiliser toutes les tentatives de coups d’État manqués depuis l’arrivée d’Ibrahim Traoré au pouvoir, tant elles ont été nombreuses. Mais désormais, le mode opératoire de la junte au pouvoir est connu : après chaque annonce de déstabilisation, des officiers, des sous-officiers et des soldats du rang sont mis aux arrêts ou poursuivis s’ils sont en fuite. Mais ce 21 avril, le pouvoir burkinabè a innové en emprisonnant les épouses des militaires incriminés : dix-sept femmes dorment donc en prison. Une manière peu élégante de mettre la pression sur leurs maris…

Colère dans l’armée et panique du Président

Loin de calmer la grogne qui atteint des sommets au sein de l’armée, ces arrestations de femmes ravivent les tensions. En effet, les soldats sont déjà éprouvés par les nombreuses pertes de leurs frères d’armes sur le champ de bataille, et ils doivent en prime faire face à la désorganisation des troupes avec les emprisonnements de leurs officiers. Si ce nouveau complot s’avère réel et s’il a bien été fomenté par des militaires, cela signifie que, malgré tous les efforts d’Ibrahim Traoré pour cajoler ses troupes — paiement de fortes primes, donations de matériel —, ceux-ci sont vains. Le Président paraît avoir conscience de sa fragilité, puisque la capitale Ouagadougou et tous les sites sensibles sont devenus des forteresses.

Manœuvre dilatoire ?

Le jour même de la déclaration du ministre de la Sécurité, le JNIM, groupe djihadiste dirigé par Iyad Ag Ghali, a revendiqué la prise de contrôle d’une base militaire à Lanfiéra, près de la ville de Dédougou. Ces accusations de complot sont-elles destinées à masquer ce nouvel échec sécuritaire ? Depuis l’arrivée d’Ibrahim Traoré au pouvoir, ces accusations de complot contre l’État sont courantes. Elles surgissent toujours après de graves échecs militaires, sauf que désormais, les attaques des groupes armés djihadistes sont presque quotidiennes, marquant ainsi une situation sécuritaire extrêmement dangereuse, qui fragilise le pouvoir burkinabè.

Dans ce climat de suspicion permanente, entre menaces internes et revers militaires, le régime d’Ibrahim Traoré semble pris dans une spirale où chaque annonce de complot nourrit davantage la défiance que la stabilité. Reste à savoir combien de temps encore la diversion pourra masquer la réalité d’un pouvoir de plus en plus assiégé, autant par ses ennemis que par ses propres faiblesses.

 

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Tunisie, le dossier du «complot contre l’État» signe le naufrage de Kaïs Saïed https://mondafrique.com/a-la-une/tunisie-le-dossier-du-complot-signe-le-naufrage-de-kais-saied/ https://mondafrique.com/a-la-une/tunisie-le-dossier-du-complot-signe-le-naufrage-de-kais-saied/#respond Tue, 22 Apr 2025 08:28:20 +0000 https://mondafrique.com/?p=132195 Le verdict d’une sévérité implacable rendu samedi dans « l’affaire du complot » au terme d’un procès expéditif et sur la base d’une non enquète , condense tous les travers de la présidence de Kaïs Saïed. Selim Jaziri Tunisie, Bernard Henri Lévy condamné à 33 ans de prison dans un procès stalinien Des exécutions judiciaires […]

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Le verdict d’une sévérité implacable rendu samedi dans « l’affaire du complot » au terme d’un procès expéditif et sur la base d’une non enquète , condense tous les travers de la présidence de Kaïs Saïed.

Selim Jaziri

Tunisie, Bernard Henri Lévy condamné à 33 ans de prison dans un procès stalinien

Des exécutions judiciaires au terme d’un procès expéditif. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le verdict rendu samedi avant l’aube, dans l’affaire dite « du complot ». Les peines prononcées s’abattent en effet comme un couperet sur les quarante accusés de ce qui a été décrit au terme de l’instruction, comme une « un complot contre l’État tunisien et le régime actuel en le faisant chuter par la force avec l’aide d’États étrangers ».

Une machine à broyer

Cette conjuration, selon l’accusation, aurait associé deux composantes : l’une, « terroriste », cherchant à mobiliser des armes et des mercenaires en vue d’une action violente, dirigée par l’homme d’affaires Kamel El Taïef, l’autre « complotiste », consistant à coaliser les opposants à Kaïs Saïed et à obtenir des appuis étrangers, dirigée par Khayam Turki. La cohorte des accusés est un assemblage hétéroclite, mêlant des opposants avérés à des personnalités sans relation avec les autres, comme Nadia Akacha, ancienne directrice de cabinet de Kaïs Saïed jusqu’à sa disgrâce en janvier 2022, ou Bernard Henry Levy, ajouté à la liste pour accentuer le caractère complotiste de l’affaire.

Kamel El Taïef écope de 66 ans de prison et Khayam Turki, de 48 ans. Noureddine Bhiri, ancien cadre du parti Ennahdha, accusé d’avoir été chargé d’activer les « cellules dormantes » islamistes au profit du « complot », en prend, lui, pour 43 ans. Les personnalités mises en cause dans l’aspect politique de l’affaire, sont condamnées à des peines allant de 8 à 18 ans de prison. Les accusés réfugiés à l’étranger, dont la militante féministe  Bochra Belhaj Hmida, ou le militant des droits de l’homme Kamel Jendoubi, se sont vus appliquer une peine automatique de 33 ans.

Enfin, Slama Hattab, vendeur de voitures d’occasion dont l’un des véhicules s’est trouvé stationné à proximité du domicile de Khayam Turki au mauvais moment, a été condamné à quatre ans, alors même qu’aucun lien n’a été établi avec les autres accusés. Après deux ans de détention préventive, il pourra peut être obtenir une remise de peine, mais son cas illustre ce qui aura caractérisé ce procès : des accusations sans fondement, des détentions abusives, un refus de se dédire, à l’image de la rigidité de Kaïs Saïed, incapable de reconnaître ses erreurs, ni de tolérer la critique, et au final une machine à broyer des destins.

Un festival d’irrégularités

Les régimes d’Habib Bourguiba (1956-1987) et de Zine el Abiddine Ben Ali (1987-2011) n’ont pas été avares de procès politiques, mais au moins avaient-ils le souci du formalisme juridique. Le juridisme étant une ressource de légitimité centrale des régimes destouriens. Mais dans cette affaire, signe que le Droit n’a plus qu’une valeur instrumentale, la Justice ne s’est pas encombrée de ces scrupules. La liste des irrégularités et des incohérences de procédures serait trop longue à dresser ici, mais on peut en résumer les principales étapes.

Au point de départ, l’accusation a précédé l’enquête, puisque l’existence d’un prétendu complot a été signalée, en dehors de toute procédure légale, par un courrier du directeur de la police judiciaire (destitué depuis pour son implication dans une affaire de trafic d’influence) à la ministre de la Justice, le 10 février 2023, suivie, dès le 13 février, du début d’une vague d’arrestations. Le 14 février, Kaïs Saïed avait déjà scellé le sort des accusés, qualifiés de « terroristes » : « L’histoire a prouvé qu’ils étaient des criminels bien avant que les tribunaux ne le fassent », et d’ajouter quelques jours plus tard « quiconque oserait les disculper se ferait leur complice ». A quoi bon, dès lors, s’embarrasser d’une enquête et d’un procès ?

Le 4 mars 2023, l’Association des Magistrats tunisiens a d’ailleurs dénoncé les menaces et les intimidations exercées sur les juges, par le président de la république Kaïs Saïed et par ses partisans sur les réseaux sociaux.

Les témoignages « spontanés » venant étayer l’accusation ont été recueillis après coup, auprès de témoins officiellement anonymes, mais identifiés depuis, et dont la bonne foi et les motivations sont pour le moins douteuses. L’instruction s’est contentée de les intégrer sans chercher à les vérifier. Pour l’essentiel, l’enquête s’est limitée à explorer le contenu des ordinateurs et les téléphones des suspects pour tisser une trame en reliant une série de points dans une interprétation discutable. Durant leur détention préventive, prolongée au-delà du délai légal de quatorze moi, les accusés n’ont jamais eu la possibilité de s’expliquer devant le juge d’instruction.

Une fois sa tâche accomplie, celui-ci a préféré chercher une meilleure opportunité professionnelle au Qatar. Ce qui lui vaut d’être à son tour accusé de « complot la sûreté de l’État ».

Les trois audiences du procès, le 4 mars, les 11 et 18 avril, se sont tenues en l’absence des accusés. Ils ont refusé de comparaître en visio-conférence et de cautionner ainsi une décision qui détourne une procédure adoptée pendant la crise du Covid, permettant sous condition de juger en son absence en son absence. Six accusés avaient mené une grève de la faim avant l’audience du 11 avril, pour exiger d’être présents à l’audience. En vain. Dans ces conditions, leurs avocats ont décidé de ne pas plaider sur le fond mais de soulever les défauts de procédures.

La composition de la chambre criminelle en charge du dossier a été attaquée puisqu’elle a été constituée par simple note administrative émise par la ministre de la Justice, alors que les juges doivent être désignés selon des mécanismes indépendants garantissant l’impartialité de la justice.  Ce recours a été ignoré. Ridha Belhaj, ancien conseiller politique de Béji Caïd Essebsi, a même accusé lors de l’audience du 18 avril, par l’intermédiaire de son avocat, le président de la cour d’avoir touché un pot-de-vin de 1,2 million de dinars en 2017 pour faire libérer un terroriste.

Le pourvoi en Cassation de Kamel Jendoubi, Noureddine Ben Ticha et Ridha Chaïbi qui contestaient l’ensemble de l’acte d’accusation, qui devrait avoir un effe suspensif, n’a pas été pris en compte. La demande de Kamel Jendoubi et de Ridha Driss, actuellement en France, d’être entendus en visio-conférence, n’a pas été acceptée.

Enfin, le public autorisé à assister au procès qui se tenait dans une salle bien trop étriquée pour une affaire de cette ampleur, a été de plus en plus restreint, pour exclure finalement tous les observateurs extérieurs.

Au terme de trois audiences consacrées aux questions de procédures écartées par les juges, la cour s’est retirée après la lecture de l’ordonnance de renvoi interrompue après 30 secondes pour délibérer, sans audition des inculpés, sans réquisitoire, ni plaidoiries. Elle a fait connaître par la voie d’une dépêche d’agence à 5 heures du matin, un verdict probablement dicté par le Chef de l’État, pressé d’en finir avec ce procès qui porte sa marque de bout en bout.

 

Un acte de pouvoir

Kaïs Saïed n’a même pas cherché à donner au procès de ce « complot », pourtant central dans son récit d’une Tunisie sapée de l’intérieur par des corrompus et des agents des ingérences étrangères, la théâtralité d’un procès stalinien, censé conforter le pouvoir en montrant sa capacité à amener l’accusé aux aveux ou au contraire à mettre en scène sa déchéance afin d’impressionner les masses dans un geste purificateur.

Le style Kaïs Saïed, au contraire, est tout d’obscurité. C’est au cœur de la nuit qu’il annonce régulièrement les décisions qui façonnent le régime qu’il veut instituer : la proclamation des pouvoirs exceptionnels le 25 juillet 2021, le décret du 22 septembre suivant, par lesquels il s’accordait les pleins pouvoirs, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (le 6 février 2022), l’annonce du texte de la nouvelle Constitution (le 30 juin 2022) ou de la loi organisant l’élection des nouvelles institutions locales (le 8 mars 2023), le limogeage des ministres ou le changement de Premier ministre… Même lorsqu’il s’est rendu le 18 avril à Mezzouna, éprouvé par la mort de trois lycéens dans l’éboulement d’un mur quatre jours plus tôt, et dont la population réclamait sa présence, c’est à 4 heures 30 du matin qu’il est allé à la rencontre des habitants qu’il a fallu tirer de leur sommeil (il devait le même jour célébrer les cérémonies d’anniversaire des forces de sécurité nationale).

Loin d’être anecdotique, on peut voir dans cette prédilection pour la nuit la marque d’un pouvoir solitaire effrayé par la confrontation avec le réel, qui brutalise les institutions depuis l’opacité d’un palais présidentiel devenu illisible aux yeux de l’extérieur.

Ce procès clos à la hâte et en catimini, par un verdict nocturne est à l’image du saïedisme : un acte de pouvoir plutôt que de justice, animé par des passions négatives.

 

Un agencement délétère

C’est la tragédie de ce nouveau moment de la trajectoire politique tunisienne : alors que la prise de pouvoir par Kaïs Saïed, lors de son élection en 2019 et plus encore en juillet 2021, a été accueillie dans l’espoir d’un second souffle (mais aussi par certains, il est vrai, avec la joie mauvaise de voir Ennahdha évincé du pouvoir), cette nouvelle phase ne met en mouvement aucune énergie constructive. Les attentes de renouveau étaient pourtant majoritaires après dix ans d’une transition qui n’avait pas tenu ses promesses. Même si elle apparaît a posteriori comme un âge d’or pour les libertés, elle s’est enlisée et coupée des préoccupations populaires.

Les « combinazione » parlementaires, la réforme des institutions clé du régime (justice et police) paralysée par le corporatisme, la transformation impensée des structures de l’injustice et de l’exclusion sociale, la persistance des mécanismes de l’économie de rente, la démultiplication des réseaux de corruption, l’inefficacité croissante de l’État, l’intervention voyante des pays étrangers dans la vie politique et les débats de société, pendant que la situation sociale de la majorité de la population se dégradait, ont fini par réduire la base sociale et politique de la jeune démocratie, tombée d’un souffle le 25 juillet 2021.

Mais au lieu de « rapprocher le peuple du pouvoir », comme il l’avait promis, de réactiver la puissance d’agir populaire qu’avait libérée la révolution, d’être le catalyseur de toutes les idées créatrices délaissées par les partis politiques, et en particulier de mobiliser une compréhension des racines historiques des fractures territoriales et politiques de la Tunisie, Kaïs Saïed n’a servi qu’un seul et même récit depuis son élection : tout le malheur des Tunisiens, toute l’impuissance de l’État, toutes les difficultés qu’il rencontre viendraient de comploteurs, de traîtres, de spéculateurs, de politiciens corrompus, de fonctionnaires non patriotes, d’agents de l’étranger… Seule variation dans ce motif répétitif, les migrants subsahariens, agents ou instruments d’un complot contre l’identité tunisienne.

Il n’a institué qu’une seule incarnation du pouvoir, de l’État et du Peuple : lui même. Les seules passions qu’il sollicite de la part des Tunisiens, avec un certain succès, sont le ressentiment contre les « profiteurs de la transition » — la classe politique, la société civile… – et un patriotisme identitariste et revanchard. Le procès du complot, son contenu et son déroulement, est un condensé de cet agencement délétère.

 

Un nouveau cycle répressif

On aurait pu penser qu’une fois la scène politique expurgée des « complotistes » avec le verdict (encore susceptible de recours) et ainsi close la séquence judiciaire, l’attention pourrait se tourner vers des réalisations positives. Mais à peine le procès terminé, une nouvelle affaire s’est amorcée mardi.

Ahmed Souab, ancien juge administratif, très impliqué dans la dénonciation de la corruption, devenu avocat et figure importante du comité de défense des accusés, a été arrêté mardi chez lui par une dizaine de policiers. A l’origine de cette arrestation, sa déclaration, le jour du procès, selon laquelle « les couteaux ne sont pas sous la gorge des accusés mais sous celle du président de la cour », en joignant le geste à la parole. Cette allusion pourtant claire aux pressions exercée sur les magistrats a été décrite par les soutiens de Kaïs Saïed, contre toute logique, comme une menace adressée au juge. Après trois jours de campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, la police a donné crédit à cette interprétation et arrêté l’avocat, perquisitionné son domicile pour confisquer les téléphones portables et interrogé son fils durant trois heures. Il a été déféré devant le pôle anti-terroriste pour « menace de crime terroriste » et « entente terroriste », une accusation lourde de conséquence qui pourrait enclencher un nouveau cycle d’arrestations et un nouvel épisode judiciaire.

La présidence de Habib Bourguiba avait dégradé les promesses de l’indépendance en une autocratie despotique et policière, et s’était achevée dans les intrigues de palais. Celle de Ben Ali avait trahi les discours de renouveau et de démocratie, et ajouté à la systématisation de la répression, la prédation de l’économie tunisienne par le clan Trabelsi. L’élan de la révolution a tourné court. La signification de ce procès et de son verdict, c’est que le saïedisme, sous couvert de rétablissement de la souveraineté de l’État et du peuple et de justice sociale, est à son tour en train de sombrer dans la dérive liberticide d’un pouvoir autocratique et paranoïaque, discréditant encore un peu plus la politique aux yeux d’une société tunisienne fatiguée.

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Algérie, Salah Goujil (94 ans) s’accroche à la Présidence du Sénat https://mondafrique.com/a-la-une/salah-goujil-94-ans-ce-dinosaure-algerien-qui-saccroche-a-la-presidence-du-senat/ https://mondafrique.com/a-la-une/salah-goujil-94-ans-ce-dinosaure-algerien-qui-saccroche-a-la-presidence-du-senat/#respond Sun, 20 Apr 2025 08:00:35 +0000 https://mondafrique.com/?p=132122 Après avoir fêté ses 94 ans en janvier passé, le président du sénat algérien, Salah Goujil, compte se maintenir  à la présidence du conseil de la nation, l’équivalent du Sénat en Algérie, sans respecter la loi fondamentale constitutionnelle. En dépit de l’expiration de son mandat en février dernier, Salah Goujil demande au président de la République […]

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Après avoir fêté ses 94 ans en janvier passé, le président du sénat algérien, Salah Goujil, compte se maintenir  à la présidence du conseil de la nation, l’équivalent du Sénat en Algérie, sans respecter la loi fondamentale constitutionnelle. En dépit de l’expiration de son mandat en février dernier, Salah Goujil demande au président de la République algérienne un renouvellement de son mandat. Histoire de devenir centenaire dans ses fonctions actuelles et d’inscrire ainsi son nom dans le Guinness World record.
À moins d’assurer pendant 90 jours l’intérim du chef de l’état soudain empêché en raison de son état de santé ou après une démission brutale. 

La chambre haute est un levier important dans l’architecture législative. Aucun projet de loi énoncé par le parlement ne peut passer sans son aval. Le tiers de ses membres nommés par la Présidence fait la pluie et le beau temps comme si leur role n’était pas d’amender les projets législatifs mais de bloquer tout initiative contrevenante à la politique du président.

Il n’est pas innocent de constater que le président du sénat fasse une requête au chef de l’État pour un prolongement de son mandat et non pas aux membres de sa chambre. Une situation est ubuesque dans un pays qui regorge d’une jeunesse dynamique, qui a montré son civisme et un niveau de conscience politique lors du Hirak, pour finalement assister avec une passivité déconcertante à un scénario de voir transformer le sénat à un club de Gérontocrate.

Le président du Sénat n’est pas le seul exemple de cete gérontocratie qui accapare le pouvoir. L’ancien Wali de Mostaghanem en 1963, puis ministre de l’intérieur de Bouteflika en 2010, Dahou Ouled Kablia a été lui aussi nommé par le tiers présidentiel en 2022. L’ambition de l’ancien membre du MALG, n’a pas de limite, il est nommé, en octobre 2024, président de la commission chargée de la révision des lois relatives à la commune et à la wilaya (département).

L’homme qui a fait presque tout son parcours au sein des collectivités territoriales vient finaliser en apothéose sa carrière par un dernier coup verrouillage administratif présenté comme une réforme. Avant Goujil et Ouled Kablia, il y avait Mohammed Cherif Messaadia, ancien patron de du parti unique le FLN au temps de Chadli, qui a été rappelé par Bouteflika au conseil de la nation pour y mourir quelque temps après.

Nombreux sont les exemples, mais ce qui se tient comme constante, c’est la culture politique de compter que sur l’entre soi, les anciens du même clan. Cette pratique, illustrée par les hommes du pouvoir, est un frein au renouvellement des élites politiques. Elle génère au sein de la jeunesse, une frustration qui ne trouve d’espoir que de traverser la méditerranée. La migration devient ainsi le seul échappatoire pour vie meilleure.

Les complots des colonels

On dit que le passé est souvent un écho du présent. Le président de l’actuel sénat algérien (conseil de la nation) est un contemporain de la guerre de libération. Son nom est évoqué dans l’affaire dite du « complot des colonels ». Son rôle et son degré d’implication n’a jamais été définie. Il n’en demeure pas moins que le groupe dont il faisait parti a payé le prix fort de l’exécution.

En effet, l’affaire a coulé beaucoup d’encre que les historiens n’ont pas encore cerné les contours d’un « dit complot » qui demeure encore non clarifiée. Le CCE (Comité de coordination et d’exécution dirigé par le trio Krim Belkacem, Bentobal, Boussouf) a chargé un jeune Colonel, dénommé Mohammed Boukharouba alias Houari Boumédienne futur chef de l’État à l’indépendance, de régler la crise survenue à Tunis durant la fin de l’année 1957 après la liquidation de Abbas Laghrour et ses hommes ainsi celle de Abane Ramdane.

Pour faire court, le président du tribunal Le colonel Boumedienne condamna à mort les quatre colonels impliqués dans le pseudo complot. Il s’agit des colonels Laâmouri mohamed, Ahmed Nouaoura, Aouachria, et Moustapha Lakhal qui furent liquidés par un Daf (déserteur de l’armée française) homme de main du colonel Boumedienne. Or, lors de ce procès stalinien, des hommes ont été épargnés, comme Abdellah Belhouchet, Cherif Messadia, et Salah Goujil.

Les trois hommes ont eu un rôle dans le futur État indépendant sous la présidence de Chadli Bendjedid. Abdellah Belhouchet devenu chef d’état major de l’armée, Cherif Messadia patron du parti unique le FLN, et enfin Salah Goujil ministre des transports. On peut faire du passé une gloire comme on peut remonter de ce même passé des cadavres encombrants.

Ce court rappel d’histoire explique bien que le fonctionnement des appareils de l’État et du rôle des hommes, qui en dépit de leur âge avancé, se maintiennent et en maintenant au même titre un système en léthargie. Le refus des réformes structurelles des appareils de l’État, comme l’ajournement du passage du flambeau de la relève à une jeunesse avide de prendre son destin en main, projette le pays dans un futur incertain,

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Tanzanie : le chef de l’opposition menacé de la peine de mort  https://mondafrique.com/confidentiels/tanzanie-le-chef-de-lopposition-menace-de-la-peine-de-mort/ https://mondafrique.com/confidentiels/tanzanie-le-chef-de-lopposition-menace-de-la-peine-de-mort/#respond Sat, 19 Apr 2025 08:37:52 +0000 https://mondafrique.com/?p=132086   L’avocat Tundu Lissu, 57 ans, a la peau dure. En 2017, il s’est pris 16 balles dans le corps et il en a réchappé par miracle. Chef de l’opposition en Tanzanie, Tundu Lissu a été arrêté le 9 avril, accusé de trahison sans possibilité de libération, il est passible de la peine de mort. […]

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L’avocat Tundu Lissu, 57 ans, a la peau dure. En 2017, il s’est pris 16 balles dans le corps et il en a réchappé par miracle. Chef de l’opposition en Tanzanie, Tundu Lissu a été arrêté le 9 avril, accusé de trahison sans possibilité de libération, il est passible de la peine de mort. On l’accuse également d’« incitations à bloquer les élections » qui auront lieu dans six mois.    

Par Ian Hamel         

Les élections dans ce grand pays d’Afrique de l’Est (presque deux fois la superficie de la France) manquent terriblement de suspens. Depuis l’indépendance, survenue en 1962, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), ce qui signifie « parti de la Révolution » en swahili, n’a jamais lâché le pouvoir.  En 2024, lors des élection municipales, il a enlevé 99 % des sièges.

Dans ce pays de 67 millions d’habitants, qui n’intéresse guère l’opinion internationale, il existe pourtant des politiciens qui continuent à dénoncer la corruption endémique et la fraude électorale systématique. C’est le cas de l’avocat Tundu Lissu, né en 1968, sorti de l’université de Warwick au Royaume Uni avec un Maser of Laws en 1996. Ancien député de la région de Singida. 

L’opposant principal accusé de trahison

Président du Cadema, le principal parti d’opposition, Tundu Lissu vient d’être arrêté à six mois des élections présidentielles. Si les accusations de « publication de fausses informations » ou d’« incitations à bloquer les élections » ne devraient lui coûter que quelques semaines ou quelques mois de prison – il en a l’habitude – en revanche, celle de « trahison » est beaucoup plus grave car elle est passible de la peine de mort en Tanzanie.

L’avocat sait  ce que cela coûte de s’opposer au tout puissant CCM. Rien que pour l’année 2017, l’avocat a été arrêté six fois. En prime, il a réchappé à un attentat fomenté, selon l’opposition, par le gouvernement. Pas moins de 16 balles, certaines dans l’estomac… Soigné à Nairobi, au Kenya, il est resté hospitalité quatre mois. 

La cohabitation des chrétiens et des musulmans 

Le pouvoir va même le démettre de ses fonctions de député en raison de son absence prolongée. Il faut savoir que les mœurs politiques tanzaniennes sont particulièrement exotiques. L’ancien président John Magufuli, fervent catholique, niait l’existence du coronavirus, affirmant que le pays en était libéré grâce aux prières… Il en est finalement mort en mars 2021, officiellement d’une pneumonie, le coronavirus n’ayant pas touché le pays. John Magufuli a été remplacé par sa vice-présidente, Samia Suhulu Hassan, originaire de Zanzibar, et musulmane. La Tanzanie étant née d’une fusion entre l’immense Tanganyika (972 000 km2), et le minuscule archipel de Zanzibar (1700 km2). 

Les deux entités continuent de cohabiter depuis 1962 apparemment sans trop de difficultés. Zanzibar Town, à 99 % musulmane, envahie par les touristes, n’a pourtant pas grand-chose à voir avec Dar es Salam, le centre économique de la Tanzanie qui apparait sur l’image ci dessus, 4,5 millions d’habitants, majoritairement chrétiens.

C’est la section suisse des Médecins pour la responsabilité sociale et des Médecins internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire (PSR/IPPNW) qui a alerté Mondafrique sur l’arrestation de Tundu Lissu, précisant que ce dernier entretient des liens personnels avec cette structure helvétique. Et qu’« il a été intervenant lors de nos congrès internationaux ». « Tundu Lissu partage nos positions sur le nucléaire et notamment sur les dangers du radon, un gaz radioactif qui provoque des cancers des os », précise le professeur Andreas Nidecker, membre du comité directeur de la section suisse des PSR/IPPNW. Si le Niger est le principal producteur d’uranium en Afrique, la Tanzanie possède une grande mine à ciel ouvert, à Mkuju River, située dans le sud du pays. Avec des réserves estimées à 182 millions de tonnes de minerai titrant à 0,025 % d’uranium. La mine, est exploitée par le groupe Uranium One, détenu par le russe Rosatom. 

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Brice Oligui Nguema, l’ex putschiste honorablement élu … avec 90% des voix https://mondafrique.com/politique/brice-oligui-nguema-lex-putschiste-devenu-president-avec-90-des-voix/ Tue, 15 Apr 2025 16:37:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=131950 Après dix-neuf mois à la tête d’une transition qui a mis un terme à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo, Brice Oligui Nguema a été élu pour un mandat de sept ans dimanche 13 avril. Favori du scrutin et très populaire auprès de la jeunesse, il a été plébiscité par 90,35 % des votants, selon des résultats provisoires […]

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Après dix-neuf mois à la tête d’une transition qui a mis un terme à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo, Brice Oligui Nguema a été élu pour un mandat de sept ans dimanche 13 avril. Favori du scrutin et très populaire auprès de la jeunesse, il a été plébiscité par 90,35 % des votants, selon des résultats provisoires officiels annoncés par le ministère de l’intérieur.

Venance Konan

Ainsi donc Brice de Libreville ne fait plus partie des putschistes. Il vient d’être élu démocratiquement président de la république du Gabon. Très, très démocratiquement même, puisqu’il a élu à plus de 90%. Qui dit mieux ? N’est-ce pas qu’il a un destin, Brice de Libreville ! Il y a une image qui circule sur les réseaux sociaux où on le voit, marchant derrière feu Omar Bongo, portant le sac de ce dernier. Et la légende de la photo dit : « le porteur de sac peut aussi devenir président. »

Eh oui ! Il avait porté le sac du père, marché caché dans l’ombre du fils, et par la grâce du Saint-Esprit, en cette veille de la fête de Pâques, il est sorti, non pas du tombeau, mais disons, du statut infâmant de putschiste. Il est désormais un président élu, au même titre que Macron ou Trump. Plus rien à voir avec les chefs des juntes du Sahel ou de la Guinée. Eux, sont toujours des putschistes. Lui, il est président élu. Avec plus de 90% des voix, s’il vous plait ! Certaines mauvaises langues de jaloux saboteurs aux yeux de crocodiles parlent de score à la soviétique. Rectification. Au temps des partis uniques, tous nos chefs étaient toujours élus à 99,99%. Donc, score africain.

La démocratie sur les rails!

Brice de Libreville est devenu président à son corps défendant. Au départ, lorsqu’il renversait le fils Bongo, c’était pour remettre la démocratie sur les rails. Il faut dire qu’elle avait salement déraillé au Gabon avec l’annonce de l’élection de Bongo fils qui pouvait à peine se mouvoir après l’accident vasculaire cérébral dont il avait été victime, et les rumeurs selon lesquelles c’était en réalité son épouse qui portait désormais la culotte, aussi bien pour gérer sa maison que le pays. Assisté de son fils.

Brice avait dit, après son coup d’Etat, salvateur naturellement, qu’il remettrait le pays à un président civil démocratiquement élu. Lui était militaire. Et en plus le pouvoir ne l’intéressait pas. Tout le monde au Gabon connaissait le désintérêt de Brice pour l’argent et le pouvoir. Mais qu’est-ce qu’un militaire ? C’est un civil qui a porté une tenue militaire et tient une arme à la main. Que devient-il lorsqu’il dépose son arme et enlève sa tenue militaire ? Un civil, pardi.

Au départ Brice de Libreville ne voulait pas être président, on vous l’a dit. D’ailleurs aucun faiseur de putsch ne veut être président. Ceux de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Côte d’Ivoire en son temps, aucun ne veut être président. Au départ. Non, non, non ! Ils l’ont juré. Ils ne voulaient pas devenir présidents. Woualaï ! Dieu est leur témoin. Mais vous connaissez les peuples africains. Ils sont toujours reconnaissants envers celui qui les délivre du mal, ils comprennent instinctivement que celui-là a les compétences pour les diriger, et il suffit qu’on leur donne quelques billets de banque, un bout de pain accompagné quelques sardines, et qu’on les transporte dans des stades après avoir pris le soin d’embastiller tous ceux qui osent contester le nouveau messie, pour qu’ils exigent qu’il soit leur candidat. Surtout s’il danse bien le hip hop et plein d’autres danses. Devant l’insistance des peuples, il faut être sans cœur pour refuser de leur donner ce qu’ils demandent.

Le Gabon chancelant

Brice de Libreville a donc cédé et a accepté de faire don de sa personne à son bon peuple du Gabon. Il a donc enlevé sa tenue de général parée de toutes ses médailles et décorations, a mis des baskets, des jeans, des chemises en pagne, et s’est mis en campagne. Et le peuple qui ne doute aucunement de ses qualités, qui a surtout constaté qu’il est un excellent danseur, l’a plébiscité.

Brice de Libreville a un mandat de sept ans, renouvelable une fois. Bon, ça, c’est ce que la constitution dit. Heureusement, les constitutions africaines ne sont pas gravées dans le marbre. En quatorze ans, Brice de Libreville, pardon, le peuple gabonais a le temps de corriger sa constitution. Ou de la changer pour remettre le compteur à zéro. Brice de Libreville est encore jeune, et quatorze ans peuvent se révéler trop courts pour redresser un pays aussi penché que le Gabon qui n’aura bientôt plus de pétrole.

 

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Présidentielle, la victoire programmée de Brice Oligui Nguema https://mondafrique.com/politique/presidentielle-la-victoire-programmee-de-brice-oligui-nguema/ Sun, 13 Apr 2025 06:56:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=131613 Le 12 avril 2025, les Gabonais sont à nouveau appelés aux urnes, officiellement pour mettre fin à la transition née du coup d’État ayant renversé Ali Bongo le 30 août 2023.  Le «président-candidat» Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo qui a quitté l’uniforme pour briguer un mandat de sept ans, […]

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Le 12 avril 2025, les Gabonais sont à nouveau appelés aux urnes, officiellement pour mettre fin à la transition née du coup d’État ayant renversé Ali Bongo le 30 août 2023. 

Le «président-candidat» Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo qui a quitté l’uniforme pour briguer un mandat de sept ans, caracole en tête de la première élection présidentielle depuis le coup d’État d’août 2023 au Gabon, selon des premiers résultats partiels diffusés par des médias officiels. 

Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba

C’est comme une impression de déjà-vu. Depuis deux semaines, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a pris le pouvoir le 30 août 2023 après avoir renversé Ali Bongo dont il assurait la protection à la t!ète de la Garde présidentielle— est en campagne électorale. L’ancien commandant en chef de la Garde républicaine entend bien se faire élire à la tête du Gabon le 12 avril 2025, pour devenir un chef d’État « normal », du moins en apparence.

Une junte en costume cravate

Le 4 septembre 2023, lors de sa prestation de serment en tant que « président de la Transition », Brice Oligui Nguema avait promis qu’à l’issue de cette période transitoire, il rendrait le pouvoir aux civils, au terme d’une « élection libre et transparente ».

Au final, après avoir confié à nouveau l’organisation de l’élection au ministère de l’Intérieur, restreint les conditions de transparence du scrutin (notamment par la suppression des procès-verbaux opposables distribués aux candidats) et durci les critères d’éligibilité (limite d’âge, durée de séjour au Gabon, nationalité, filiation, situation matrimoniale), Brice Oligui Nguema s’est présenté à sa propre succession… sans avoir quitté l’armée.

Recyclage général des opposants

Pour sa campagne, Brice Oligui Nguema — qui bénéficie du soutien du Parti démocratique gabonais — a recyclé les soutiens et plusieurs opposants d’Ali Bongo. Sa campagne électorale reprend le même style graphique que celle de son prédécesseur, sans parler de l’usage d’une des anciennes chansons de campagne d’Ali Bongo !

La campagne de Brice Oligui Nguema, qui paralyse l’administration, s’accompagne également d’un déploiement impressionnant, pour ne pas dire d’une débauche de moyens et d’argent. Le public, payé en moyenne 5 000 francs CFA (soit près de 8 euros), est transporté pour participer aux différents meetings.

À cela s’ajoutent de nombreux gadgets de campagne, allant jusqu’à des congélateurs ornés de la photo du général-président…

La ruse plus que l’intelligence

« Je ne suis pas un bon orateur », a déclaré à plusieurs reprises Brice Oligui Nguema, qui se décrit lui-même comme un homme préférant « la ruse » à « l’intelligence », et se revendique comme un pragmatique, mieux encore : un bâtisseur, ayant « mis le pays en chantier ».

Brice Oligui Nguema se montre proche du peuple — et aime à le montrer. À un jeune en claquettes admirant ses baskets, il surprend tout le monde en se déchaussant pour offrir sa paire de baskets de marque au partisan extatique.

À Port-Gentil, le 10 avril 2025 — ville où il a longtemps vécu et étudié — Brice Oligui Nguema lance à un groupe de partisans euphoriques : « Je sais combien certains ici ont braqué pour une Jordan. Vous n’allez plus braquer. Je vais vous offrir des Jordan ! » Ces paires de baskets très tendance coûtent, en moyenne, plus que le salaire mensuel au Gabon…

Dubaï, le modèle

Brice Clotaire Oligui Nguema se voit déjà élu, et ses soutiens lui promettent une « victoire cash ». « Je n’ai pas d’adversaires. Mon adversaire, c’est la pauvreté, c’est le chômage », lance-t-il lors d’un rassemblement où il promet de faire du Gabon un émirat pétrolier et minier, et de doter la capitale du pays d’infrastructures « comme à Dubaï ».

Sûr de lui, Brice Oligui Nguema annonce déjà ce qu’il fera une fois devenu un chef d’État à part entière, et ne se voit pas perdre dans les urnes : « En sept ans, on a le temps de tout résoudre. Après sept ans, si rien n’est fait, chassez-moi », a-t-il déclaré lors d’un autre rassemblement.

Reste à savoir si tout se passera comme prévu…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Notre portrait de Sani Yalo, le grand argentier du président Touadera https://mondafrique.com/a-la-une/notre-portrait-de-sani-yalo-le-grand-argentier-du-president-touadera/ Wed, 09 Apr 2025 21:42:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131418 Alors que Faustin-Archange Touadéra prépare sa réélection, une séquence jouée d’avance dans un pays devenu une dictature médiocre, les militants de son parti, en majorité des commis de l’État, ont récolté 300 000 euros pour célébrer ses neuf ans au pouvoir, c’après « Africa Intelligence ». Le ministre d’État à la présidence, Sani Yalo, qui a beaucoup […]

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Alors que Faustin-Archange Touadéra prépare sa réélection, une séquence jouée d’avance dans un pays devenu une dictature médiocre, les militants de son parti, en majorité des commis de l’État, ont récolté 300 000 euros pour célébrer ses neuf ans au pouvoir, c’après « Africa Intelligence ». Le ministre d’État à la présidence, Sani Yalo, qui a beaucoup contribué au rapprochement du Tchad et de la Centrafrique l’année dernière, aurait donné à lui seul près d’un quart de cette somme

Sani Yalo aux cotés du Président Touadera

Sani Yalo est né en 1963. Il est le frère ainé de Danzoumi Amadou Yalo qui lui est mécanicien automobile de profession comme le papa Mahamat Yalo, qui fut notamment mécanicien de Bokassa dans le temps. Sani Yalo a fait son école primaire à Bangui, puis poursuit le collège et le secondaire à Bangassou avant de retourner à Bangui en 1978, pour fréquenter le lycée des Martyrs.  

Sous Kolingba, il se signale en épousant la petite sœur de Jonathan Koué (neveu du Président Kolingba). Il a profité de cette juteuse relation (beau-fils de la grande sœur président Kolingba, beau-frère à la direction de PETROCA) pour contracter plusieurs crédits à Bangui (UBAC). Ces crédits ne seront jamais remboursés. Au final, Sani Yalo s’appropriera le patrimoine de son épouse jusqu’à la rendre folle et malade. La pauvre arpente aujourd’hui les églises en France en quête de guérison et de salut divin, complètement brisée par son éphémère « époux »… 

Paris, Le Cap, Bangui à nouveau

Par la suite, l’ami Sani part en France puis en Afrique du Sud. Il rentre à Bangui fin 1995. Bozizé connaissait très bien les familles du Km5 et le frère Danzoumi Yalo « Daz’ » réparait parfois ses véhicules de Bozizé bien avant que celui-ci ne soit nommé chef d’Etat-major sous Patassé.  Il fut ensuite Directeur Général de la société de transport Sicotrans et un temps du club Tempête MOCAF. Il fut impliqué dans l’affaire Zongo Oil qui a coûté plusieurs milliards de FCFA au Trésor Public Centrafricain. En septembre 2000, une procédure judiciaire et lancée contre cette société et un mandat d’arrêt international est lancé contre Sani Yalo et ses biens sont saisis par la justice avant qu’il ne réussisse à prendre la fuite au après une tentative d’arrestation.

Il sera ensuite arrêté au Cameroun en 2002 suite au mandat d’arrêt international émis contre lui puis relâché quelques temps après.  Sani Yalo est revenu à Bangui en mars 2003 avec son éphémère mouvement. Son frère Danzoumi Yalo surnommé colonel « Daz », fut un bras droit de Bozizé dans la rébellion, devenu ensuite « chargé de missions » au Ministère de la Défense et responsable de la sécurité rapprochée de Bozizé.

Les deux frères seront emprisonnés de décembre 2003 à mars 2004, accusés de préparer un coup d’Etat. Ces arrestations interviennent suite à la rétrogradation de Karim Meckassoua, passé des Affaires étrangères à l’Education nationale à l’issue du remaniement ministériel du 14 décembre 2003 et que des « libérateurs » sont regroupés dans le nord de Bangui réclamant des compensations financières suite à leur participation au coup d’Etat de mars 2003.  Emprisonné à la Section d’enquête et de documentation (SERD),

Sani Yalo fut relâché en mars 2004 et quitta alors le pays. Il est retourné en RCA le 24 Juin 2006 où il a été condamné à huit ans de prison le 4 Août 2006 par le tribunal correctionnel de Bangui pour escroquerie, faux et corruption de fonctionnaires dans l’affaire « Zongo Oil ». Sani est également privé de tous ses droits civiques et condamné à verser 4 millions de FCFA de dommages et intérêts à l’Etat centrafricain.  Sani Yalo fera les yeux doux à la Seleka et Dazoumi rejoindra lui la Seleka.

Le retournement de Sani Yalo

Mais en avril 2013, les chefs Seleka soupçonneux arrêtent les frères Yalo. Le parquet du Tribunal de grande instance de Bangui lance début août 2013, un mandat d’arrêt contre Danzoumi pour des faits de pillages sur les sites des entreprises Orange Centrafrique, CFAO Motors et du domicile de M. Marboua « à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA » le 24 mars, date de la prise du pouvoir par la Séléka.

Suite à ce rejet, Sani Yalo combattra la Séléka médiatiquement à travers un éphémère parti politique le Front pour la Restauration de l’unité et de la démocratie en Centrafrique.  Après son accession au pouvoir, le Président Touadéra nomme Sani Yalo Président du Conseil d’Administration du Bureau d’affrètement Routier Centrafricain (BARC) en Août 2016. Le BARC est une société d’économie mixte dont l’Etat est actionnaire minoritaire (33%), qui détient le monopole du trafic routier sous-régional et gère notamment la gare terminale routière de Bangui. Les fonds du BARC, véritable manne financière issue des flux routiers intérieurs et sous régionaux sont évidemment extrêmement importants pour le régime en place. 

Lors d’un papier précédent sur les réseaux troubles des frères Diallo en Guinée Équatoriale, nous avions pubié le droit de réponse de Sani Yalo. Le voici

Centrafrique, le droit de réponse de Sani Yalo à Mondafrique

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Une mobilisation des écoles marocaines en faveur de Gaza https://mondafrique.com/politique/une-mobilisation-des-ecoles-marocaines-en-faveur-de-gaza/ Wed, 09 Apr 2025 02:16:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=131366 Des millions de personnes à travers le monde ont répondu aux appels à une grève mondiale le lundi 7 avril, pour protester contre l’agression israélienne en cours sur la bande de Gaza depuis octobre 2023, et pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien face à la machine de guerre qui a fait des milliers de victimes […]

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Des millions de personnes à travers le monde ont répondu aux appels à une grève mondiale le lundi 7 avril, pour protester contre l’agression israélienne en cours sur la bande de Gaza depuis octobre 2023, et pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien face à la machine de guerre qui a fait des milliers de victimes et des destructions généralisées dans la bande.

Le mouvement mondial appelé par les organisations et initiatives de la société civile et des droits de l’homme a trouvé un écho au Maroc, où les syndicats de l’éducation et les groupes d’étudiants ont annoncé leur participation à cette manifestation, exprimant leur position sur la « guerre d’extermination » menée contre les Palestiniens.

A cet égard, le Syndicat national des employés de l’éducation, affilié à l’Union nationale du travail marocain, a appelé à participer à la grève nationale « en loyauté au précieux sang des Palestiniens et en soutien à la résistance du peuple palestinien pour libérer sa terre », selon un communiqué.

Le syndicat a souligné que cette initiative intervient dans un contexte de « silence de la communauté internationale et islamique face à la guerre systématique de génocide », notant que la position « s’élève au-dessus de toutes considérations politiques et syndicales, reflète un parti pris en faveur des droits de l’homme et un rejet des crimes de l’occupation sioniste, qui violent tous les droits de l’homme et les conventions internationales ».

De son côté, la Coordination nationale des enseignants du supérieur du ministère de l’Éducation nationale a annoncé sa participation à la grève mondiale, affirmant que « le silence est une trahison et le sang palestinien n’est pas bon marché ». Dans un communiqué, elle a affirmé que « Gaza nous appelle et le devoir de solidarité humaine transcende toutes les considérations ».

 En réponse aux appels des syndicats de l’éducation en solidarité avec les Palestiniens, de nombreux établissements d’enseignement à travers le royaume ont connu une suspension totale ou partielle du travail en réponse aux appels à la grève. Pendant ce temps, certains enseignants ont préféré continuer à exercer leurs fonctions dans leurs salles de classe, ce qui reflète les réponses variées des travailleurs de l’éducation à ces appels.

A Tanger, plusieurs étudiants, parents et enseignants ont manifesté devant la direction régionale de l’éducation. Lors de la manifestation, ils ont scandé des slogans condamnant l’agression israélienne et appelant à la fin des massacres de civils palestiniens. Ils ont également exprimé leur soutien à la résistance et à la détermination des habitants de la bande de Gaza.

Ce mouvement populaire et syndical au Maroc s’inscrit dans le contexte d’une large solidarité mondiale avec le peuple palestinien et d’une condamnation continue des graves violations commises par l’occupation israélienne depuis des mois, dans un contexte de crise humanitaire sans précédent qui ravage Gaza. Des dizaines de milliers de Marocains ont participé hier, dimanche, à une marche massive de solidarité nationale avec Gaza, qui a débuté sur la place Bab al-Ahad à Rabat et s’est poursuivie jusqu’au bâtiment du Parlement.

 

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Sénégal : le mouvement de l’ex président Macky Sall est décimé https://mondafrique.com/politique/senegal-le-mouvement-de-lex-president-macky-sall-est-decime/ Tue, 08 Apr 2025 16:28:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=131334  Au Sénégal, l’après Macky Sall s’avère compliqué pour son parti l’Alliance pour la République (APR). Entre dissensions, départs de plusieurs cadres influents, absence du chef et arrestation d’hommes à forte base politique, le parti perd du terrain. Après avoir perdu la présidentielle de mars 2024 et les législatives de novembre dernier, les perspectives sont sombres. […]

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 Au Sénégal, l’après Macky Sall s’avère compliqué pour son parti l’Alliance pour la République (APR). Entre dissensions, départs de plusieurs cadres influents, absence du chef et arrestation d’hommes à forte base politique, le parti perd du terrain. Après avoir perdu la présidentielle de mars 2024 et les législatives de novembre dernier, les perspectives sont sombres. Le malaise de l’après pouvoir qui a décimé le parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade guette dangereusement le parti de Macky Sall.

Demba Dieng (correspondance)

Amadou Ba, qui s’est présenté à la Présidentielle comme l’héritier de Macky Saall, a été battu avant de fonder son propre mouvement

Au Sénégal, la perte du pouvoir par l’ancien président de la République Macky Sall s’est avéré fatal. Près d’un an après la chute, cette formation politique créée en 2018 peine à se relever de l’ascension fulgurante du tandem Ousmane Sonko Bassirou Diomaye Faye. Déjà on sentait venir la crise même en pleine campagne pour la présidentielle. Car les militants et ténors étaient divisés concernant le choix du candidat.

«  Il est des moments où le destin nous appelle à faire un choix décisif, à poser un acte fondateur. Aujourd’hui nous sommes à un tel tournant. Après mûres réflexions j’ai décidé de répondre à cet appel ». Amadou Bâ 

 

La désignation d’Amadou Bâ, alors Premier ministre, était perçue comme une défaite avant l’heure. Des hommes qui lui étaient proches se doutaient ensuite du réel soutien de Macky Sall envers Amadou Bâ. Ces interrogations se sont accentuées au lendemain du revers. En septembre cet ancien premier ministre et pilier de l’Alliance pour la République choisit de tracer sa propre voie créant ainsi un nouveau parti appelé « Nouvelle responsabilité ». Un départ qui constitue un coup de massue pour l’APR car délesté de plusieurs de ses cadres. Car des figures de l’ancien régime -Cheikh Oumar Anne, Abdoulatif Coulibaly- et même le petit frère de Macky Sall, Aliou Sall, rallient la nouvelle entité politique. 

La double défaite

 

Entre 2012 et 2024, l’Alliance pour la République (APR) sous le leadership de Macky Sall n’avait pratiquement perdu aucune élection. Hélas, le mythe est tombé au soir du 24 mars 2024. Son candidat, Amadou Bâ est arrivé deuxième à la présidentielle avec 35% des voix. Quelques mois plus tard en novembre 2024, ce parti subit un nouveau revers lors des élections législatives malgré une alliance avec le parti Rewmi d’Idrissa Seck et le parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, entre 2000 et 2012. La grande coalition Takku Wallu n’a obtenu que 15 députés contre 145 lors législatives de 2021. Cette défaite est surtout causée par un leader absent du terrain politique qui se contentait des appels vidéo WhatsApp lors des réunions pour doper les troupes. Macky Sall avait finalement choisi de rester à Marrakech et de battre campagne à distance. En effet il a même été battu dans son propre bureau politique. La stratégie de campagne via WhatsApp n’avait pas marché de l’avis de l’analyste politique, Babacar Ndiaye. « Beaucoup l’ont moqué de battre campagne par procuration via WhatsApp », a-t-il souligné. Et pourtant à quelques semaines des élections, Macky Sall avait décidé de démissionner de son poste d’Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, afin d’une meilleure participation aux joutes électorales. « Comme vous le savez probablement, les circonstances de la vie politique sénégalaise, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, m’ont amené à être investi tête de liste de la coalition Takku Wallu Senegal pour les élections législatives prévues le 17 novembre 2024 », avait il écrit dans une lettre adressée au président français Emmanuel Macron. Sa décision de s’impliquer physiquement dans la campagne électorale a sans doute été étouffée par les menaces d’arrestations proférées à l’époque contre ses anciens ministres et directeurs généraux. 

 

Des perspectives sombres 

 

Avec l’absence de Macky Sall, qui a également gelé ses activités à la tête du parti, des leaders tels que Farba Ngom et Mansour Faye devaient émergents. Cependant ces derniers n’ont pas actuellement l’heure destin en main. Le maire d’Agnam Civol, Farba Ngom doté d’une véritable force de mobilisation dans le Fouta est actuel en prison dans le cadre de la traque des biens mals acquis. Il est poursuivi pour blanchiment d’argent portant sur 125 milliards FCFA. L’autre, Mansour Faye, très respecté au sein de l’Alliance pour la République semble être sur la sellette actuellement puisqu’il a été interdit de sortie du territoire national dimanche dernier. « Je voudrais informer l’opinion nationale et internationale, que j’ai été injustement interdit d’embarquer dans le vol d’Air France, ce jour lundi 10 mars 2025, à destination de Djeddah via Paris, pour aller faire le « petit pèlerinage » à la Mecque. A ma question sur le refus de ma sortie du territoire, l’agent de police me répondit: que c’est sur instruction de l’Autorité supérieure. J’informe encore, qu’à ma connaissance, je ne fais l’objet d’aucune procédure, ni d’aucune enquête, encore moins d’une quelconque accusation, en quoi et sur quoi, que ce soit!!. Alors si c’est pour des questions politiques, cette Autorité va continuer à souffrir », a pesté Mansour Faye. Grand frère de l’ex première Dame, Marème Faye Sall, il a été ministre durant tout le règne de Macky Sall. Il fut Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, puis Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. En dehors de Mansour Faye, l’ancien ministre des Industries qui dispose d’une bonne cote politique, est également sous la menace. Cité dans le cadre du détournement de 700 millions FCFA par l’inspectrice du Trésor, Tabaski Ngom, l’Assemblée nationale travaille également sur la levée de son immunité parlementaire. 

 

Le combat de la survie

 

En dehors de l’arrestation de ces membres, l’Alliance pour la République est également miné par des dissensions depuis le départ de Macky Sall. Cette semaine, l’ancienne ministre de la Microfinance, Zahra Iyane Thiam a décrit une situation marquée par l’animosité. « J’ai plus d’ennemis d’en l’Apr actuel », a-t-elle dit dans une émission d’une radio privée. Face à la situation du parti et de ses leaders, une conférence de presse a été organisée le mardi 11 mars 2025 à Dakar. Pour l’APR, le régime actuel semble vouloir « gouverner par la peur », en réprimant les libertés démocratiques et les mobilisations sociales. « Ce régime semble vouloir gouverner par la peur, en réprimant les libertés démocratiques et les mobilisations sociales », ont-déclaré les cadres de la formation politique. Ainsi, ils ont appelé les organisations de la société civile, les partis politiques et l’opinion publique, tant au niveau national qu’international, à se mobiliser contre « cette dérive autoritaire ». « Nous n’allons laisser passer ces tentatives d’affaiblir l’opposition notamment l’Apr. Nous engageons le combat au nom de la démocratie », a dit le 2 avril dernier, à l’Assemblée nationale, le député et proche de Macky Sall, Abdou Mbow.

 

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Ibrahim Maïga, activiste burkinabè et âme damnée du Président https://mondafrique.com/politique/ibrahim-maiga-activiste-burkinabe-et-ame-damnee-du-president/ Tue, 08 Apr 2025 03:13:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=119318 Bien que peu populaire, ses posts sur le réseau social X ne dépasse que rarement les 600 « j’aime », l’activiste burkinabè, Ibrahim Maïga, tient une place toute particulière sous le règne d’Ibrahim Traoré. A la fois fou du roi et âme damnée du Président, notre agitateur a dernièrement poussé les bouchons trop loin et […]

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Bien que peu populaire, ses posts sur le réseau social X ne dépasse que rarement les 600 « j’aime », l’activiste burkinabè, Ibrahim Maïga, tient une place toute particulière sous le règne d’Ibrahim Traoré. A la fois fou du roi et âme damnée du Président, notre agitateur a dernièrement poussé les bouchons trop loin et risque fort d’avoir compromis son exil américain. 

Ce quadragénaire au visage joufflu est apparu dans le paysage médiatique sous le premier mandat de Roch Marc Christian Kaboré. Alors opposant, Ibrahim Maïga s’est permis tous les coups en diffusant des documents militaires sensibles et en proférant des injures contre le procureur du Faso.

D’opposant à griot

Recherché par la justice, il prend alors la fuite et s’exile au Texas. Il ne rentrera au pays qu’à la faveur du coup d’Etat de Paul-Henri Damiba en janvier 2022. Mais très vite les choses se gâtent entre le  nouvel homme fort du Faso et l’activiste qui se serait, selon certaines sources burkinabè, montré beaucoup trop gourmant. Il retourne donc aux Etats-Unis et y reste malgré l’arrivée de son ami Ibrahim Traoré au pouvoir en septembre 2022. C’est donc depuis sa résidence américaine, bien loin des affres de la guerre, qu’il adoube, tance, distribue malédictions ou bénédictions, c’est selon. « Mon président se nomme IB et celui qui pense que comploter contre lui sera une promenade de santé doit comprendre que le plus difficile ce n’est pas d’atteindre IB, mais c’est ce qui viendra ensuite si nous autres sommes vivants. » écrit-il par exemple sur X.

Car, il y a une constante chez les activistes de n’importe quel pays ou de n’importe quel bord, ils sont condescendants, sûr d’eux, sans nuance. Pour eux, la vérité des faits ne tenant qu’un rôle aléatoire, le monde est divisé en deux : les bons, les méchants, en dehors de ce partage, point de salut.  Bien que prêchant dans le royaume virtuel de X et de Tik Tok, ils n’en sont pas moins néfastes dans le monde réel. Ibrahim Maïga est de ceux là, sauf qu’à la différence des autres qui ne sont souvent que des petits télégraphistes aux ordres de ceux qui les paient, lui peut se prévaloir d’avoir un véritable ascendant sur le président du Burkina Faso.

Maïga parle, Traoré s’exécute

Lorsqu’Ibrahim Maïga s’exprime dans ces vidéos, s’agissant de l’Etat burkinabè, il dit « nous », tant il sait que ses paroles seront suivies d’actes. C’est lui qui dès le 17 septembre indexe Wassim Nasr et demande des sanctions. Moins de dix jours plus tard une enquête sera ouverte contre le journaliste de FR24 dans tous les pays de l’Alliance des Etats du Sahel. C’est encore lui qui appelle la junte à s’en prendre aux  proches des opposants, dans une vidéo postée sur X, il  conseille avec un ton et un sourire affable : «  Il faut forcer leurs familles à les pousser à entrer dans le rang.  La chose que nous traversons est beaucoup plus importante que leurs misérables vies et que les misérables vies de toutes leurs familles réunies ».

Quelques heures plus tard, la femme de l’ex député de Dori était enlevée, puis suivaient les quatre enfants de Djibrill Bassolé. Sauf que cette fois, Ibrahim Maïga a poussé le bouchon trop loin et n’a pas mesuré les conséquences de sa fatwa.  La fille de l’ancien ministre des Affaires étrangères, toujours détenue par la junte dans un endroit tenu secret est maman de deux enfants qui ont la nationalité américaine. Or, et c’est bien connu, les Etats-Unis n’abandonnent pas leurs ressortissants. Selon une source diplomatique aux Nations Unies, cela a donc conduit le Département d’Etat à s’intéresser de près à cette affaire.

D’autant qu’il devient de plus en plus délicat d’héberger sur leur territoire, un activiste qui bien qu’il s’en défende à longueur de vidéo ne prône pas la concorde entre les communautés. Ses cibles préférées sont les personnalités peules, à l’instar du journaliste Newton Ahmed Barry qu’il menace ouvertement « Rien n’a encore commencé mais retiens que la récréation est terminée ». A suivre…

 

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