- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 13 Oct 2025 06:53:09 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Présidentielle ivoirienne, le président Ouattara remporte la première manche https://mondafrique.com/a-la-une/presidentielle-ivoirienne-le-president-ouattara-remporte-la-premiere-manche/ https://mondafrique.com/a-la-une/presidentielle-ivoirienne-le-president-ouattara-remporte-la-premiere-manche/#respond Sun, 12 Oct 2025 07:16:34 +0000 https://mondafrique.com/?p=140468 L’opposition ivoirienne vient de perdre la première manche de sa tentative d’empêcher le scrutin présidentiel du 25 octobre d’où ses figures de proue se retrouvent exclues. Pour l’instant, le pouvoir qui n’a pas faibli dans sa volonté de réprimer  toute violence de la rue, n’a pas rencontré pas de résistance à la hauteur du défi. […]

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L’opposition ivoirienne vient de perdre la première manche de sa tentative d’empêcher le scrutin présidentiel du 25 octobre d’où ses figures de proue se retrouvent exclues. Pour l’instant, le pouvoir qui n’a pas faibli dans sa volonté de réprimer  toute violence de la rue, n’a pas rencontré pas de résistance à la hauteur du défi. Aucune source ne rapporte de décès dû à d’éventuels dérapages, ni de destructions de biens. 

La veille du 11 octobre, la Préfecture d’Abidjan annonçait l’interdiction des marches sur l’étendue du territoire, comme lors de la précédente tentative, une semaine avant. Pendant la nuit, la police prenait possession artères urbaines et plantait, ainsi, le décor de sa dissuasion. Le lendemain, à l’exception de brèves échauffourées aux divers points de rassemblement, le reste de la capitale économique n’a pas suivi les appels à manifester contre le 4ème mandat du Président sortant, Alassane Ouattara, que ses partisans nomment affectueusement, « papa Ado ».

De l’intérieur du pays, ne montait que l’écho plat d’un jour sans relief.

Un rapport de puissance inégal

Au quartier Blokchauss, en bord de la lagune de Cocody, dès le lever du soleil, des dizaines de jeunes défiaient les unités de maintien de l’ordre, malgré les trombes de pluie. Les policiers coiffés de casques et armés de matraques les inondaient de grenades lacrymogènes puis en interpellaient quelques-uns, à la hussarde. Au bout d’une heure de temps, se dissipait l’entêtante odeur de gaz, respirable jusqu’autour du mythique Hôtel Ivoire mais le dispositif anti-émeute restait en place, exhibant sa visibilité. Les scènes de course-poursuite se répétaient aux abords de l’église Saint-Jean, l’un des lieux de convergence des volontaires du Front commun.

En début d’après-midi, des cargos remplis d’hommes en uniformes patrouillaient encore au centre de la commune dont le maire participe à la direction du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et compte parmi les soutiens du candidat exclu, Tidjane Thiam, leader de la formation. Blockhauss est le centre historique de l’autochtonie Atchan, le peuplement Ebrié, propriétaire originel des villages d’Abidjan. Le Premier ministre, Robert Beugré Mambé est issu de même groupe. Or, à l’image d’autres composantes de la mosaïque des Akans, majoritairement chrétiens et catholiques, le cœur de siens penche plutôt en faveur de l’oppositionA Yopougon, fief historique de Laurent Gbagbo et de Charles Blé-Goudé, deux personnalités hors course de la future compétition, les heurts du jour s’étalèrent au-delà de la matinée. Les marcheurs pour la démocratie se comptaient par centaines.

Pourtant, à la mi-journée, le calme revenait. La casse n’a pas épargné la circulation automobile, d’ailleurs paralysée le long de certains axes. La population semblait assez acquise aux protestataires, néanmoins sans trop de conviction. Il régnait, là, une résignation empreinte d’amertume et la conviction que le pouvoir allait réprimer et dur, s’il le fallait. Par un paradoxe local, Yopougon est également la circonscription parlementaire de Adama Bictogo, Président de l’Assemblée nationale et l’un des artisans de la prochaine réélection de Ouattara. Or, l’élu et homme d’affaires influent peine à y mobiliser.

Un début modeste

Le 11 octobre représente aussi le début de la réclame officielle. Ouattara inaugurait la sienne, à Daloa, capitale du district du Sassandra-Marahoué, une région plutôt favorable à Laurent Gbagbo. Grâce à l’argent de la machine Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP-Majorité), la démonstration de popularité n’a surpris personne. « Les moyens sont là, Ivoirien aime la réussite et Ado nous l’apporte », commente, à Abidjan, un jeune militant, résident de la commune d’Adjamé, qui nous montre fièrement, le direct de l’évènement, sur son téléphone portable. Cependant, dans l’ensemble, l’enthousiasme s’avère rare. A proximité immédiate des QG de campagne de Simone Ehivet, Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, les principaux concurrents de Ouattara, l’affluence et l’entrain festif manquent. Partout, l’indifférence au vote domine.

Le mécontentement, lui, est réel mais l’effroi, non exagéré, de subir les représailles en inhibe les effets. Les récentes détentions et inculpations de meneurs du PDCI, du Parti des Peuples Africains (PPA-CI) et de Génération des Peuples Solidaires (GPS) prouvent la détermination, des autorités, à étouffer, dans l’œuf, le projet de désobéissance civile. Il n’est pas question de laisser, à la contestation de la rue, la moindre chance de prospérer, sous peine de favoriser l’incontrôlable contagion d’un scénario à la GenZ, voire une convergence entre l’armée et les manifestants, à l’exemple de Madagascar.

Sur les réseaux sociaux, non plus, l’opposition ne parvient à maintenir la pression. En vertu des signalements et des procès à lui intentés en Europe, aux motifs de diffamation et d’appels à la haine, Christ Yvon Koukougnon alias Johnny Patcheko, réfugié en Finlande, ne peut plus se faire entendre, la majorité des plateformes vidéo l’ayant provisoirement suspendu. Les avocats du pouvoir le traquent et, lui-même, en réaction, redouble de surenchère, non sans recourir à mille astuces afin de reprendre la main. Au début du mois, un avis exceptionnel de la Direction générale de la Police nationale (DGPN) offrait 1 millions de francs Cfa en contrepartie d’indications susceptibles d’identifier et de capturer 2 jeunes cyberactivistes, coupables d’injures au Président de la République. Selon l’article 173 du code pénal, la sanction atteint 5 années d’emprisonnement. Le 24 septembre, au terme de sa comparution devant le tribunal de première instance d’Abidjan, Enock Koffi Bini, 22 ans, écopait du maximum de la peine et d’une amende de 500 000 francs. Il venait d’insulter le Chef de l’Etat, à la faveur d’une brève séquence TikTok. Tourefois, la Côte d’Ivoire échoue à endiguer le flot de désinformation en provenance des bataillons électroniques de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), des panafricanistes et des trolls russes.

L’épreuve se poursuit

Côté société civile, le message de Pulchérie Gbalet, habituée des interrogatoires et autres procès d’opinion, reste suspendu dans le vide. Le 10 septembre, par message vidéo, peu après la suspension du droit à manifester, elle exhortait, ses compatriotes, à outrepasser l’ordre du préfet d’Abidjan, au nom de la légalité démocratique.  

A la tombée de la nuit du 11 octobre, les barricades en travers de la chaussée ont disparu depuis l’après-midi. Le ministre de l’Intérieur, le Général Vagondo Diomandé, reconnaîtra 237 arrestations. Déjouant la coalition de ses détracteurs, Ouattara pressentait la menace et leur collusion à venir. Envers et contre la résolution de ses adversaires, il avait pris les devants. La police, la gendarmerie et l’armée de terre bénéficient d’équipements neufs, de véhicules à profusion et de primes incitatives. Au sein des forces de défense et de sécurité, il existe un devoir de servir, avec zèle, une gouvernance qui sait reconnaitre la loyauté de ses partisans.

« Il est fort, ce Ouattara », s’exclamait, un brin admiratif, Souleymane D, chauffeur d’un modèle Suziki Yango, l’Uber local. Souriant, il commentait les incidents. Il précise sa nationalité guinéenne et voici pourquoi, il n’entend pas se mêler des affaires du pays d’accueil. «Ca va aller », conclut-t-il, avant d’augmenter le volume de sa chanson fétiche, un son de Didi B, la coqueluche de la jeunesse citadine, auteur d’un mélange de rap de la réussite et de mélodies de carpe-diem, loin des mirages de la citoyenneté et des passions de la politique.

 

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Présidentielle ivoirienne, la marche de l’opposition de ce 11 octobre est interdite https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-la-marche-de-lopposition-de-ce-11-octobre-interdite/ https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-la-marche-de-lopposition-de-ce-11-octobre-interdite/#respond Sat, 11 Oct 2025 04:49:58 +0000 https://mondafrique.com/?p=140363 Ce vendredi 10 octobre s’ouvre officiellement la campagne pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. La nouvelle est tombée comme un couperet: le préfet d’Abidjan interdisait la marche prévue par l’opposition ce 11 octobre! L’activiste Pulchérie Gbalet dénonçait une mesure «  anticonstitutionnelle et illégale. » et en chœur l’opposition maintenait sa mobilisation.  Entre incertitudes, stratégies d’appareil, […]

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Ce vendredi 10 octobre s’ouvre officiellement la campagne pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. La nouvelle est tombée comme un couperet: le préfet d’Abidjan interdisait la marche prévue par l’opposition ce 11 octobre! L’activiste Pulchérie Gbalet dénonçait une mesure «  anticonstitutionnelle et illégale. » et en chœur l’opposition maintenait sa mobilisation. 

Entre incertitudes, stratégies d’appareil, tensions et inquiétudes au sein de la population, ce scrutin s’annonce comme une équation à multiples inconnues.

Correspondance Abidjan

Dès le samedi 11, le ton sera donné : le président sortant Alassane Ouattara tiendra son premier meeting à Daloa. Le choix de cette ville située dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire n’est pas innocent, elle se trouve en plein cœur du pays bété, un fief de l’ex-président Laurent Gbagbo. Le même jour, le Front commun, alliance des deux plus grands partis d’opposition, PDCI et PPACI, organise une marche à Abidjan et dans toutes les grandes agglomérations du pays. Deux événements, deux mondes, et un premier test grandeur nature.

Le 11 octobre, une journée décisive ?

Pour Alassane Ouattara et ses équipes, ce premier grand événement ne représente pas un véritable défi. La logistique est bien rodée : casquettes et chemises orange aux couleurs du parti au pouvoir (RHDP) seront distribuées afin d’avoir de belles images d’une foule à l’unisson, dans laquelle se mêleront de vrais partisans et des figurants qui recevront sandwiches, boissons et un petit billet de 5000 francs, équivalant à 7,50 euros. En revanche, la sécurisation de ce meeting a nécessité de gros moyens. Selon certaines sources sécuritaires, dès le jeudi soir, Daloa était déjà sous cloche et toutes les routes menant à la ville étaient coupées. Cela dénote la tension qui règne et montre les craintes des autorités. Un cadre du RHDP relativise : « nous ne sommes ni très sereins, ni très tendus. »

Du côté de l’opposition, on s’est préparé à toutes les éventualités. La grande marche allait-elle être interdite comme le fut celle du 4 octobre ? Cette fois, tous les états-majors juraient que, quoi qu’il arrive, ils ne reculeraient pas. Malgré cela, les fausses informations ont pullulé sur le net, annonçant ici que la manifestation est annulée, là circulait un faux article de RFI dans lequel l’épouse de Laurent Gbagbo assurait que son mari n’a pas appelé à marcher ! Pour mettre un terme à cette avalanche de fake news, le Front Commun s’est fendu d’un communiqué. Un document sommaire, titré « La marche du 11 octobre aura bel et bien lieu ».

D’autres rumeurs circulaient sur les intentions du pouvoir. La commune de Yopougon, bastion des pro-Gbagbo, sera-t-elle encerclée par les forces de l’ordre afin que les habitants ne puissent sortir pour se rendre à la marche ? D’autres questions se posaient : comment faire si toutes les voies d’accès sont bloquées pour se rendre au point de rendez-vous dans la commune de Cocody ? Comme le dit d’une manière imagée un militant : « Pour manifester en Côte d’Ivoire, il faut avoir le cardio ! » Et puis finalement en début d’après-midi, 

Préparatifs et tensions sur le terrain

A la veille de cet événement, Abidjan reste calme, mais dans la capitale comme dans les villes de l’intérieur du pays, notamment à Dabou, Gagnoa et Yamoussoukro les autorités ont d’ores et déjà déployé en masse les Forces de Défense et de Sécurité.  

Face à ce climat de tensions et de crispations, beaucoup de familles ont préféré anticiper les risques. De nombreux habitants ont pris le chemin du village, le temps que le soufflé de l’élection retombe : « si tout est bloqué, au village on aura toujours à manger », et tant pis pour l’école des enfants, ils reprendront les cours après les vacances de la Toussaint, si tout va bien…

À ce climat de crispation s’ajoutent des décisions qui prêtent à sourire. Le parquet général a récemment adressé une directive interdisant d’utiliser le deuxième prénom du président, « Dramane ». Une injonction justifiée par la volonté de « respect de la fonction », mais jugée par beaucoup comme un excès de zèle dérisoire. Résultat : le diminutif « ADO », omniprésent depuis des années, devrait désormais s’écrire « AO ». Une consigne difficile à appliquer, tant elle paraît déconnectée du langage courant.

Ainsi va la Côte d’Ivoire…. Le pays avance sur le fil du rasoir, prêt à sauter dans l’inconnu. Le pouvoir veut afficher sa maîtrise, l’opposition veut montrer sa force et ses capacités de rassemblement, la population, elle, participe ou observe, partagée entre espoir et crainte.

La campagne lancée et les dés jetés, l’équation ivoirienne complexe et incertaine reste entière. Nul ne peut prédire son dénouement…

Le pouvoir ivoirien tord la démocratie au nom de la stabilité

La Côte d’ivoire en plein essor économique face à l’échéance de la Présidentielle

L’ivoirien Noël Akossi Bendjo: on ne peut interdire la voix du peuple

Pour le camp de Gbagbo, le 4eme mandat du président Ouattara « n’aura pas lieu »

 

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Le niet du camp de Gbagbo à un 4eme mandat du président Ouattara https://mondafrique.com/politique/pour-le-camp-de-gbagbo-le-4eme-mandat-du-president-ouattara-naura-pas-lieu/ https://mondafrique.com/politique/pour-le-camp-de-gbagbo-le-4eme-mandat-du-president-ouattara-naura-pas-lieu/#respond Fri, 10 Oct 2025 08:34:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=140328  Mondafrique propose en effet une série d’entretiens avec les principaux acteurs politiques. Ce quatrième volet est consacré à Maître Habiba Touré, qui s’exprime dans cette interview en tant que porte-parole du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), un parti fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo en octobre 2021. Lequel a été empêché de se […]

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 Mondafrique propose en effet une série d’entretiens avec les principaux acteurs politiques. Ce quatrième volet est consacré à Maître Habiba Touré, qui s’exprime dans cette interview en tant que porte-parole du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), un parti fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo en octobre 2021. Lequel a été empêché de se présenter à la Présidentielle qui devrait avoir lieu le 25 octobre

« La marche de l’opposition du 11 octobre aura lieu. Nous ne laisserons pas le régime confisquer la démocratie», déclare à Mondafrique Habiba Touré après l’interdiction de la manifestation du 4 octobre par les autorités ivoiriennes. Et d’ajouter que lee 4ᵉ mandat du président Ouattara n’aura pas lieu en raison de « la détermination du peuple ». Depuis qu’il a été écarté de la compétition présidentielle, le mouvement de Laurent Gbagbo a tendu la main à ses adversaires d’hier: l’ancien allié du Président Ouattara, Guillaume Soro, réfugié à l’étranger, et Tidjane Thiam, le chef du PDCI, un des principaux partis de l’opposition. 

Les déclarations tranchées de Maître Habiba Touré  n’ouvrent guère la voie à un compromis et annoncent sans doute une forte zone de turbulence, voire un embrasement populaire, dans les heures et les jours qui viennent. À moins qu’une médiation soit tentée entre le pouvoir, dont le bilan en termes de stabilité, de développement économique et de leadership régional mérite d’être reconnu, et les principales personnalités de l’opposition qui ont été écartées du scrutin présidentiel sans ménagement et sans aucune tentative de négociation.

                                                                                                  Nicolas Beau, directeur de la rédaction de Mondafrique

                                   « L’alternance n’est pas une menace. C’est un droit ».

Mondafrique (correspondance): L’opposition avait appelé à une marche pour le 4 octobre ; cependant, deux jours avant, les autorités ont interdit toutes les manifestations et les rassemblements sur la voie publique, et ce jusqu’à nouvel ordre. Le PPA-CI a décidé de la reporter au 11 octobre. Pourquoi la reporter à une date ultérieure puisque, de toute façon, celle du 11 sera aussi interdite ?

Habiba Touré : Marcher est un droit garanti par la Constitution ivoirienne et par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce droit, aucun pouvoir, aussi fort soit-il, ne peut l’effacer. Le PPA-CI ne rentrera pas dans une logique d’arbitraire, et ne se soumettra pas non plus à un quelconque arbitraire. Nous respectons le droit, et nous demandons que le droit soit respecté. La marche du 11 octobre aura lieu.uCe combat est juste. Il est pacifique. Il est pour la démocratie.

Compte tenu du climat tendu, des arrestations de cadres de votre parti et des interdictions de rassemblements, comment le PPA-CI compte-t-il faire avancer ses revendications ?

H.B : Le PPA-CI poursuivra ses revendications par tous les moyens démocratiques que nous offre la Constitution. Nous allons marcher, nous allons manifester. Tout ne fait que commencer. Ce n’est pas l’opposition qui radicalise le climat, c’est le régime qui réprime à tout va : interdictions abusives, arrestations arbitraires, menaces.

À plusieurs reprises, Laurent Gbagbo a clairement dit « qu’il n’y aura pas de 4ᵉ mandat ». À vingt jours des élections, qu’est-ce qui permet de dire que la prédiction de Laurent Gbagbo pourrait se réaliser ?

H.B : Ce qui nous permet de dire que le 4ᵉ mandat n’aura pas lieu, c’est la détermination du peuple, parce que ce peuple ne l’acceptera pas. Et il l’a déjà prouvé le 9 août dernier. Il le prouvera encore le 11 octobre. Face à cela, que fait le régime ? Il tente d’instaurer un climat de peur, il multiplie les arrestations, il piétine la Constitution. Pour eux, « maintien de l’ordre » signifie soumission à leur forfaiture. Mais ce temps est révolu. Nous ne laisserons pas une minorité confisquer l’avenir de tout un pays. L’alternance n’est pas une menace. C’est un droit. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à perdre. Si ce n’est la Côte d’Ivoire et précisément c’est pour elle que nous ne lâcherons rien.

Est-ce que vous pensez que l’opposition est suffisamment unie, solide, pour obtenir un report de l’élection ?

H.B :  Ce qui nous rassemble tous aujourd’hui, c’est la même détermination à faire barrage au 4ᵉ mandat. Ce combat n’est plus seulement idéologique. Il est républicain, citoyen, vital. Nous refusons qu’un régime se maintienne non pas par le vote du peuple, mais par la soumission des institutions et le contrôle de la force. Ce n’est pas cela gouverner. Ce n’est pas cela la démocratie. C’est précisément ce refus-là qui nous unit, au-delà des étiquettes et des parcours.

Toute l’attention médiatique est focalisée sur Abidjan, cependant que savez-vous des mobilisations à l’intérieur du pays ? Qu’attendez-vous de la marche du 11 octobre ?


H.B : Nous savons, parce que nous sillonnons le pays, que la soif de liberté est partout. Les populations veulent pouvoir s’exprimer. Elles veulent pouvoir choisir. Elles veulent que la Constitution soit respectée. Elles veulent l’alternance démocratique, pas l’alternance de la peur. Le 11 octobre, ce sera cela : l’expression d’un peuple qui refuse que sa voix soit confisquée. 
Que la sagesse l’emporte. Et que la démocratie soit enfin respectée.

Présidentielle, le pouvoir ivoirien tord la démocratie au nom de la stabilité

 

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Le pouvoir ivoirien tord la démocratie au nom de la stabilité https://mondafrique.com/politique/le-pouvoir-ivoirien-tord-le-droit-au-secours-du-statu-quo/ https://mondafrique.com/politique/le-pouvoir-ivoirien-tord-le-droit-au-secours-du-statu-quo/#respond Tue, 07 Oct 2025 16:32:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=140116 "Le Conseil National de Sécurité constate, cependant, que depuis la publication, le 8 septembre 2025, par le Conseil Constitutionnel, de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle d’octobre prochain, plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif, et diffusent de fausses informations de nature à troubler l’ordre public (….)"

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Le 2 octobre, le Conseil National de Sécurité (CNS), réuni sous l’égide du Président, a publié un communiqué d’une fermeté inhabituelle où l’observateur avisé pressent de singulières alarmes, qui pourraient se concrétiser lors de la marche du 11 octobre à laquelle appelle l’opposition pour dénoncer la mise à l’écart du scrutin présidentiel de cinq personnalités représentatives, en l’occurrence Laurent Gbagbo, ancien Président et chef du Parti des Peuples Africains (PPA-CI), Guillaume Soro, ex Premier ministre et fondateur de Génération des Peuples Solidaires (GPS, non -autorisé), Tidjane Thiam, cet ami d’Emmanuel Macron et l’homme fort du principal parti d’ooposition, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Charles Blé-Goudé du Congrès panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples (COJEP) et Pascal Affi Nguessan du Front Populaire Ivoirien (FPI), sans parler des candidats indépendants.. 

La rédaction de Mondafrique (Paris)

Le président incarne une forme de stabilité et de réussite économiqie mais au prix d’atteintes au processus démcratique

En Côte d’Ivoire, l’alternance pacifique au sommet de l’Etat est un vœu jamais atteint. D’ailleurs, chaque échéance, même d’échelon municipal, charrie les ferments de fracture sociale et leur lot de tuerie, parmi les civils. Depuis la disparition du père fondateur Félix Houphouët Boigny, le 7 décembre 1993, le pays ne cesse d’éprouver des crises politico-militaires à répétition. En toile de fond constante, la communauté de destin se dissout dans le double enjeu de l’identité et de l’immigration en provenance du Sahel. D’après les données produites en 2021 par l’Agence nationale de la statistique (Ansat), 22% de la population est d’origine étrangère.

Au regard des conséquences du changement climatique, de la démographie hors contrôle et des vulnérabilités alentour, il appert que le pourcentage est sous-estimé. Maliens, Burkinabé et Nigériens constituent le lot dominant de ce que la propagande xénophobe nomme « invasion ». Ils partagent, avec les natifs du nord, l’islam et l’usage du Dioula, un dialecte de marchands, dérivé du Bambara. Aux yeux d’autres autochtones Chrétiens et animistes du centre, du sud et de l’ouest, les locuteurs de cette langue sont assimilés à la collectivité indifférenciée des musulmans, vecteur de surnatalité, de délinquance juvénile et de déshérence scolaire.

Ces divisions ethniques et géographiques qui minent la nation ivoirienne aiguisent les conflits politiques, enflamment les débats et rendent le processus démocratique en vue de la désignation d’un Président particulièrement fragile. 

Un climat de peur

Le communiqué du Conseil National de la Sécurité rendu public le 2 octobre permet de prendre la mesure des tensions en cours: « Le Conseil National de Sécurité constate, cependant, que depuis la publication, le 8 septembre 2025, par le Conseil Constitutionnel, de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle d’octobre prochain, plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif, et diffusent de fausses informations de nature à troubler l’ordre public (….) »

Ce n’est pas tout: « Le Conseil National de Sécurité, tout en condamnant fermement ces propos et comportements, qui vont à l’encontre de l’esprit de paix et de responsabilité qui doit prévaloir particulièrement en période électorale, tient à rappeler que, conformément à l’article 138 de la Constitution : « Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale (…) Par conséquent, toute contestation des décisions du Conseil Constitutionnel, de quelque nature qu’elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi.

 Et d’ajouter:  » À cet égard, les Ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l’ordre et la sécurité, y compris l’interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil Constitutionnel. »

Or, les membres du Conseil Constitutionnel, arbitre en dernier ressort de la loi fondamentale, sont désignés par l’Exécutif. En vertu de l’article 45 de la Constitution, le Chef de l’Etat dirige le Conseil supérieur de la magistrature. Les juges obéissent à un fidèle de Ouattara, l’inamovible Sansan Kambilé, ministre de la Justice et des droits de l’homme, depuis 2016 et notable du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti de la Majorité. L’ensemble de l’appareil de justice ne bénéficie de la neutralité prétendue.

L’impartialité affichée de cette instance de controle ne fait pas illusion, comme un peu partout en Afrique. Le meneur de la Commission électorale indépendante (Cei), Ibrahime Koulibaly-Kuibier doit sa fonction, à l’aval de la coalition au pouvoir dont les délégués l’ont choisi, en 2019.  la suite des contestations de son autorité et du manque de transparence à l’inscription des nouveaux électeurs, les représentants de l’opposition se sont retirés de l’organe, le privant, dès lors, de sa crédibilité. A cause de la rupture de la confiance entre les animateurs de la compétition, la Côte va aborder le vote le plus périlleux de son histoire. 

L’Eglise catholique se contente d’une posture de magistère moral, mais sur la pointe de pieds.

Le 29 juillet, la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, dans sa lettre pastorale, dresse un tableau critique des conditions du scrutin à venir et réclame le dialogue. Les prêtres n’osent braver la puissance du moment alors que leurs cœurs penchent vers l’opposition. Inversement, les mosquées et les officiels du culte sunnite ne cachent leur préférence pour Ouattara, l’artisan d’une laïcité égalitaire, après des décennies de marginalisation des musulmans.

Le réveil de la discorde

L’explication se passera entre nationaux, en principe à l’abri d’une immixtion physique de l’extérieur. A la différence de 2010-2011, les protagonistes ne peuvent espérer ou ne sauraient craindre une intervention d’acteurs exogènes. Le 20 février 2025, en présence de Sébastien Lecornu, alors ministre français des armées et de son homologue Téné Birahima Ouattara, frère du Président, les derniers éléments de la base emblématique de Port-Bouët près de l’aéroport international d’Abidjan, ont remis les clés de l’emprise au pays hôte. Une page se tourne, définitivement.

https://www.france24.com/fr/afrique/20250220-la-france-r%C3%A9troc%C3%A8de-sa-base-militaire-de-port-bou%C3%ABt-%C3%A0-la-c%C3%B4te-d-ivoire

En sens inverse et à contrario de 2020, l’année sanglante qui a débuté le 3ème mandat de Ouattara, la contestation gagne au-delà des frontières. Portée par le capitaine Ibrahim Traoré (IB) du Burkina Faso, les putschistes de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), avec le soutien tacite de la Russie et l’apport de milliers de trolls de désinformation, s’en prennent à un régime qui incarne, à leurs yeux, l’un des derniers bastions du néocolonialisme français.

Plus grave encore, la junte du Burkina Faso procède à des enlèvements, sur sa frontière sud, d’Ivoiriens et d’opposants, auxquels elle attribue des menées d’espionnage. IB va même jusqu’à soupçonner, la Côte d’Ivoire, de servir de base-arrière au jihadisme.

Guillaume Soro
Ancien Premier ministre de Côte d'Ivoire
Guillaume Soro Ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire

Enfin, la figure de l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, l’ennemi public numéro 1 hante, plus que jamais, le sommeil des pro-Ouattara. Soro séjournerait alternativement, à Ouagadougou, Bamako ou Niamey. Peut-être, au titre d’une tentative d’anticipation de sa nuisance, la Côte d’Ivoire vient de recevoir, le 16 septembre 2025, les lettres de créance de l’ambassadrice du Niger. Il est loin le temps où Ouattara agitait la menace d’une expédition de la Cédéao, en vue de libérer et restaurer le Président élu, Mohamed Bazoum.

Ib Côte d’Ivoire : https://www.youtube.com/watch?v=vbEtob1Vc58

« Tout sauf Ouattara »

La justice a disqualifié quatre symboles vivants de l’opposition, en l’occurrence Laurent Gbagbo du Parti des Peuples Africains (PPA-CI), Guillaume Soro de Génération des Peuples Solidaires (GPS, non -autorisé), Tidjane Thiam du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Charles Blé-Goudé du Congrès panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples (COJEP) et Pascal Affi Nguessan du Front Populaire Ivoirien (FPI), en sus de candidats indépendants.

Les recalés sonnent l’appel à la revanche. Quasiment sans programme hormis le slogan « tout sauf Ouattara », ils s’apprêtent à la désobéissance civile, sous formes de structures de proximité, en charge de rameuter la foule et d’y exciter la soif du renversement. Leur résolution s’avère inversement proportionnelle au rapport de forces. Le pouvoir aligne 44 000 hommes en uniforme, les coalisés du Front commun n’ont, eux, plus rien à perdre face au dispositif de sécurité dit « Espérance ».

Au-delà des divergences idéologiques – de la gauche nationaliste, à la droite conservatrice – ils rêvent, éveillés, d’un soulèvement du grand soir et appellent à la neutralité des soldats. Certains, non sans malice, soulignent l’imprudence à garder l’armée en situation d’alerte, trente jours durant. D’aucuns, l’eau à la bouche, évoquent un scénario à la gabonaise. Tous s’accordent à le prédire, « il n’y aura pas d’élection », le 26 octobre 2025 !

Le 11 octobre, journée test!

Aussi, conformément aux directives du CNS, la manifestation éclatée des protestataires, initialement prévue le 4 octobre, n’a pas obtenu l’autorisation. De potentiels agitateurs ou commanditaires de troubles ont été arrêtés, assez vite. Les organisateurs se rabattent sur le 11 et espèrent relever le degré de la mobilisation du< 9 août 2025 qui causa de la sidération dans les rangs du RHDP.

Certes, en termes de résultats, la formation de Ouattara dispose d’une nette avance au sein de la totalité des assemblées électives, municipalité, conseil de région et Parlement. Néanmoins, l’initiative de la rue lui fait relativement défaut. Par-delà le clivage de l’ethnicité et des confessions religieuses, la jeunesse des villes, victime du chômage, de l’inflation, des rafles nocturnes, du racket policier et de la propagande sur les réseaux sociaux, aspire au coup de balai, mais se détourne de la politique. Beaucoup d’Ivoiriens de moins de 30 ans n’iront pas voter.

Le désenchantement et le souvenir des atrocités de la guerre fratricide nourrissent la tentation de l’apolitisme. En octobre 2025, les citadins ont peur et s’empressent de faire provision de nourriture. Les écoles et universités tournent au ralenti. L’attente de la grande explication suscite la rumeur, à cause du festival ininterrompu des fake-news. L’angoisse du lendemain rappelle les heures sombres de 2002 à 2012.

Le fil de la concertation paraît rompu. Fort des candidatures de Madame Simone Ehivet Gbagbo en rupture maritale avec son ex-époux, de Jean-Louis Billon transfuge du PDCI, de Ahoua Don Mello dissident du PPA-CI et d’une poignée de figurants d’envergure anecdotique, Alassane Ouattara est assuré de gagner cette élection encadrée.  De surcroît, la notoriété de ses principaux concurrents confère au scrutin, une caution, certes a minima.

https://www.youtube.com/watch?v=OB8zdgqhfZ0

Les bons chiffres de l’économie

Le bilan de la gestion de 15 ans conforte la posture du Président sortant, en dépit d’une avalanche de bémols. Le niveau d’endettement frôle les 55 % du PIB et une corruption vertigineuse prévaut que l’indice mondial 2024 classe au 69ème rang sur 180. Le narcotrafic, le blanchiment et le financement du terrorisme valent, au pays, le statut de « haut risque », comme le précise un constat de l’Union européenne, en date du 10 juin 2025. La croissance reste stable à plus de 6% et devrait augmenter d’un point en 2027. La revalorisation des tarifs du cacao à l’international se répercute sur les paysans, au surlendemain d’une longue phase de vaches maigres. Avec 2 millions de tonnes par an, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves, en tire 14% de son PIB. Le secteur profite à 1 quart de la population.

Confiant, le RHDP escompte la gratitude des planteurs. La modernisation de l’orpaillage et le démarrage de l’extraction off-shore de pétrole et de gaz naturel, dénommé Baleine, relève le montant des recettes nettes du trésor. La Petroci Holding, entreprise publique et l’italien Eni se félicitent d’un partenariat prompt. Ils privilégient la perspective de la mise en valeur graduelle des gisements, afin d’éviter l’imprudence d’un concours d’investissement aléatoire.

La Côte d’ivoire en plein essor économique face à l’échéance de la Présidentielle

Pourtant, les bons chiffres de l’économie aggravent la convoitise autour de la direction du pays. Ils exacerbent les appétits partisans. Toute proportion gardée, la Côte d’Ivoire est riche, à l’exemple de la Guinée voisine et de la République démocratique du Congo. La détermination des deux camps en conflit pour la diriger résulte d’un choc d’ambitions sans règles du jeu mutuellement acceptées.  Il suffit d’une série de sabotages, d’une répression excessive, d’une bavure…Le discours de la haine est déjà audible, son vacarme envahit l’espace public.

Chacun fourbit ses armes.

Le tourisme en Côte d’Ivoire(4/4): le carnet de route de l’écrivain Venance Konan

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Présidentielle ivoirienne, un climat politique sous haute tension https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-un-climat-politique-sous-haute-tension/ https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-un-climat-politique-sous-haute-tension/#respond Tue, 07 Oct 2025 04:27:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=139958 Les autorités ivoiriennes ont interdit toute manifestation publique, mais l’opposition n’a pas renoncé. Elle a simplement repoussé la marche initialement prévue le 4 octobre au 11. La campagne officielle, qui s’ouvrira le 10 octobre, s’annonce chaotique dans un contexte de fortes restrictions, avec une opposition décidée à maintenir la pression pour empêcher un nouveau mandat […]

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Les autorités ivoiriennes ont interdit toute manifestation publique, mais l’opposition n’a pas renoncé. Elle a simplement repoussé la marche initialement prévue le 4 octobre au 11. La campagne officielle, qui s’ouvrira le 10 octobre, s’annonce chaotique dans un contexte de fortes restrictions, avec une opposition décidée à maintenir la pression pour empêcher un nouveau mandat du Président Ouattara.

Correspondance Abidjan

La manifestation du 4 octobre 2025, lancée par le Front commun, devait marquer le coup d’envoi d’une série de mobilisations à l’échelle nationale. Mais deux jours avant l’échéance, alors que tout le monde se préparait à entrer de plain-pied dans la crise préélectorale, le Conseil national de sécurité, présidé par Alassane Ouattara, a interdit tous les meetings et rassemblements publics contestant les décisions du Conseil constitutionnel. Cette interdiction visait directement la mobilisation des partis d’opposition, qui dénoncent à la fois le quatrième mandat du président, jugé anticonstitutionnel, et l’invalidation de plusieurs candidatures, dont celles de Tidjane Thiam et de Laurent Gbagbo.

Consternation et confusion 

L’annonce, bien que prévisible, a pris tout le monde de court et semé la confusion. Entre soulagement pour ceux qui craignaient des affrontements, frustration des militants mobilisés et incompréhension générale, le pays s’est retrouvé dans l’expectative : la marche serait-elle maintenue malgré l’interdiction ? En privé, des militants du PPA-CI affirmaient avoir anticipé une telle décision et ne prévoyaient aucun changement. Mais, après quelques heures de flottement, le Front commun a finalement annoncé le report de la manifestation au 11 octobre.

Dans les états-majors du PPA-CI comme au PDCI, on assure que cette fois la marche du 11 sera bien maintenue et que la détermination est plus forte que jamais. Tous les interlocuteurs insistent : « nous ne reculerons pas ». Dans son entretien à Mondafrique, Noël Akossi Bendjo tient lui aussi à rappeler que « ces obstacles n’entament en rien la détermination des militants, qui s’apprêtent à répondre présents sur tout le territoire ».

Reste à savoir quelle forme prendra cette mobilisation pour qu’elle se déroule dans le calme, sans violence. S’agira-t-il de marches, de regroupements dans les quartiers ? Pour l’instant, mystère : soit les décisions ne sont pas encore prises, soit le secret est bien gardé… Cette prudence se justifie car depuis quelques mois, le pouvoir enchaîne les arrestations des militants du PPA-CI comme du PDCI. Ces mesures compliquent et restreignent la capacité de l’opposition à s’organiser et à mobiliser ses troupes, tout en envoyant un message clair sur le contrôle de l’espace politique.

Une semaine déterminante

Cependant les autorités risquent fort de se retrouver prises à leur propre piège. Alors que la campagne officielle s’ouvre le 10 octobre, quid des meetings et rassemblements du parti au pouvoir ? Par exemple, le samedi 4 octobre, Amadou Coulibaly, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a parrainé, dans la ville de Korhogo,une mobilisation citoyenne qui s’est terminée par un meeting à la place ADO. Cette manifestation était organisée pour «  lancer un appel solennel à la paix, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble, conditions essentielles pour garantir des élections apaisées et démocratiques dans notre pays. »

Certes, il ne s’agissait pas de contester les décisions du Conseil constitutionnel, mais cette mobilisation a mis en lumière l’absurdité de l’interdiction édictée par le Conseil national de sécurité. Les autorités interdisent strictement les meetings et marches de l’opposition contre le 4ème mandat mais tolèrent, voire encadrent, des rassemblements pour « la paix et la cohésion sociale ». Dans ce contexte, l’opposition peut parfaitement s’emparer de cette logique et annoncer qu’elle manifeste… pour la paix, la réconciliation et le dialogue citoyen. Une contradiction qui transforme chaque communiqué officiel et chaque déclaration politique en véritable casse-tête rhétorique. Au verrouillage, à la répression s’ajoutent les doubles standards qui alimentent frustrations et colère.

Une nouvelle fois, la semaine qui commence s’annonce cruciale. L’opposition reste sur le qui-vive. Les stratégies se mettent en place et chaque camp avance ses pions.

 

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Madagascar, les coupures d’eau provoquent la colère populaire https://mondafrique.com/politique/madagascar-les-coupures-deau-provoquent-une-colere-populaire/ https://mondafrique.com/politique/madagascar-les-coupures-deau-provoquent-une-colere-populaire/#respond Mon, 06 Oct 2025 08:37:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=139991 Contesté depuis sa réélection en 2023, le président malgache est actuellement confronté à un vaste mouvement de fronde, porté par la jeunesse très connectée du pays, et déclenché par des coupures d’eau et d’électricité dues à une gouvernance défaillante. Un article du site « The conversation » Fabrice Lollia Docteur en sciences de l’information et de la […]

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Contesté depuis sa réélection en 2023, le président malgache est actuellement confronté à un vaste mouvement de fronde, porté par la jeunesse très connectée du pays, et déclenché par des coupures d’eau et d’électricité dues à une gouvernance défaillante. Un article du site « The conversation »


Le 25 septembre 2025, Antananarivo a basculé dans la violence. Ce qui avait commencé comme une manifestation de la « Génération Z » contre les coupures répétées d’eau et d’électricité s’est rapidement transformé en émeutes qui se sont soldées par des pillages de supermarchés, des incendies de résidences parlementaires et l’instauration d’un couvre-feu dans la capitale.

Le bilan, contesté entre l’ONU et la présidence malgache, est lourd. On compte au moins cinq morts et une dizaine de blessés. Les répercussions politiques immédiates sont également frappantes puisqu’on assiste dans un premier temps au limogeage du ministre de l’énergie puis quelques jours après à la démission du gouvernement.

Ces événements révèlent un phénomène majeur : à l’ère numérique, une panne d’infrastructure vitale n’est plus seulement technique. Elle devient le catalyseur d’un mécontentement social amplifié par les réseaux sociaux qui accélèrent la diffusion de la colère, lui donnent une dimension émotionnelle et en étendent la portée.

La crise malgache offre ainsi un cas d’école pour analyser ce que l’on peut appeler des vulnérabilités communicationnelles à l’intersection de la sûreté, des infrastructures et de la gouvernance.

 

L’électricité et l’eau sont les piliers de la sécurité humaine telle que définie par les Nations unies. Leur absence ne se traduit pas seulement par un inconfort mais par une mise en péril de la dignité et de la survie quotidienne. À Madagascar, où la pauvreté rend la population particulièrement vulnérable, les délestages répétés affectent la conservation des denrées, la sécurité des foyers et la continuité des activités économiques.jLa colère qui s’exprime dépasse donc la simple question technique mais traduit plutôt un déficit de confiance dans la capacité de l’État à remplir sa mission fondamentale. Ce phénomène n’est pas unique. En Afrique du Sud, les coupures d’électricité appelées « loadshedding » ont fragilisé le gouvernement et provoqué de multiples protestations. Au Nigéria, ce sont les pénuries de carburant qui déclenchent régulièrement des flambées sociales. Dans bien des cas, les carences des infrastructures vitales deviennent des points de bascule politique.

Les réseaux sociaux, caisses de résonance

Les mobilisations contemporaines se jouent désormais dans l’espace numérique. Comme l’a montré Manuel Castells, « la communication est le mouvement ». À Antanarivo comme dans d’autres régions touchées par les manifestations, Facebook, WhatsApp et TikTok ont servi de vecteur de mobilisation rapide. Des hashtags comme #LéoDélestage se sont imposés comme slogans partagés permettant à une génération connectée de donner une forme à son indignation.

Les réseaux sociaux ont rempli trois fonctions majeures :

Tout d’abord, ils sont permis de rassembler en quelques heures des milliers de personnes au centre-ville.

Ensuite, les images d’Antanarivo ont circulé dans des régions comme Antsirabe et Toasina, déclenchant un effet d’entraînement.

Enfin, les vidéos de pillages et d’incendies ont produit un effet ambivalent. Leur diffusion massive a, d’une part, suscité peur et indignation en renforçant la perception d’une perte de contrôle étatique ; d’autre part, leur viralité a donné une visibilité inédite au mouvement, tout en reconfigurant son image publique. Ces scènes ont simultanément servi de catalyseur de mobilisation pour certains et de facteur de dissuasion pour d’autres, façonnant la narration collective de la crise bien au-delà des événements factuels.

Cette logique de viralité, décrite par Dominique Cardon, repose sur la visibilité des émotions plus que sur la véracité des faits. Les réseaux sociaux transforment donc une revendication sociale en phénomène national, avec une rapidité et une intensité inédite.

La crise a mis en évidence ce que Louise Merzeau nomme la « mémoire – trace ». Chaque vidéo, chaque image partagée devient une archive immédiate inscrivant l’événement dans une temporalité irréversible. Mais cette mémoire est instable et extraite de son contexte, elle se recompose au fil des partages, nourrissant parfois la rumeur.

 

On identifie trois formes de vulnérabilités communicationnelles :

La première s’inscrit dans le registre de la confusion informationnelle.

Les contenus, qu’ils soient vérifiés, manipulés ou « étrangers » (c’est-à-dire produits en dehors du contexte local, par des acteurs internationaux ou par des comptes sans lien direct avec les événements), circulent simultanément, créant un bruit informationnel qui brouille la compréhension globale de la situation.

La seconde s’inscrit dans le silence institutionnel dans la mesure où l’État a tardé à communiquer, laissant les réseaux sociaux imposer leur propre récit. Comme le rappelle Yves Jeanneret, l’information est un dispositif social et l’absence de discours officiel crée un vide qui se comble ailleurs.

Enfin, les citoyens investissent massivement les plates-formes numériques comme un nouvel espace public de délibération et de mobilisation, réduisant encore la portée et la légitimité de la parole institutionnelle. La communication verticale de l’État se retrouve ainsi concurrencée par une horizontalité participative et émotionnelle.

La réponse par le couvre-feu illustre ce que Didier Bigo appelle la banalisation de l’exception sécuritaire. Ainsi, l’urgence justifie la restriction des libertés mais ne résout pas la cause structurelle, le déficit d’infrastructure et de confiance.

De la panne technique à la crise politique 

Ces événements ne surgissent pas dans un vide politique. Depuis sa réélection en 2023, contestée, le président Andry Rajoelina fait face à une opposition qui dénonce à la fois la fragilité des infrastructures et la mauvaise gouvernance. La population malgache reste marquée par un cycle de crises politiques récurrentes où chaque dysfonctionnement devient un terrain d’affrontement entre pouvoir et opposition.

La crise des délestages a rapidement pris une dimension politique. Certains médias rapportent que des représentants de l’opposition ont pointé leur présence dans les manifestations, conférant au mouvement une coloration politique. Le sénat, de son côté, a dénoncé une « tentative de coup d’État ». Une rhétorique qui témoigne de la forte polarisation de la vie politique malgache.

Ce contexte accentue la défiance dans la mesure où les citoyens perçoivent moins les délestages comme des accidents techniques que comme le signe d’une incapacité structurelle de l’État. L’absence de réponse rapide et transparente a amplifié le déficit de confiance et a donné à la colère sociale une dimension directement politique.

À court terme, plusieurs scénarios demeurent ouverts :

La reprise des violences nocturnes à Antanarivo notamment dans les zones commerciales et périphériques.

L’extension régionale de la crise avec des mouvement qui ont déjà été signalés à Antsirabe et à Tamatave (mobilisation étudiante). Les grandes villes secondaires sont exposées par contagion.

La politisation accrue car la présence visible de députés d’opposition lors des manifestations montre une récupération progressive du mouvement.

Ces scénarios combinent un risque de désordre public, de perturbation économique et de crise politique.

La crise malgache illustre un nouveau paradigme. La sûreté à l’ère numérique ne se limite pas à la prévention de la violence physique mais implique la gestion d’un système plus complexe articulant trois types de vulnérabilités :

Les vulnérabilités matérielles caractérisées par les infrastructures vitales (énergie, eau, transport), les vulnérabilités symboliques caractérisées par la communication numérique (réseaux sociaux, viralité) et les vulnérabilités institutionnelles c’est-à-dire la gouvernance (légitimité, capacité de médiation)

C’est dans l’interaction de ces trois dimensions que naissent les crises. Comme l’écrivait Castells « le pouvoir est désormais dans le code et le flux ». Celui qui contrôle les infrastructures et les récits contrôle la stabilité sociale.

Un simple épisode de colère populaire ?

Les événements du 25 septembre à Madagascar ne sont pas un simple épisode de colère populaire. Ils constituent un cas paradigmatique de la façon dont, à l’ère numérique, une panne technique, bien qu’elle soit façonnée par un cadre culturel spécifique, peut devenir une crise sécuritaire amplifiée par les réseaux sociaux et révélatrice des fragilités de la gouvernance.

La sûreté contemporaine se joue autant dans la robustesse des infrastructures que dans la capacité à communiquer et à maintenir la confiance. En ce sens, Madagascar est un avertissement. La prochaine crise sécuritaire pourrait naître non pas d’un attentat ou d’un conflit, mais d’une coupure d’électricité partagée en direct sur les réseaux sociaux.

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 Jean-Louis Billon: « la Côte d’Ivoire doit vivre une transition démocratique » https://mondafrique.com/politique/j-l-billon-la-cote-divoire-doit-vivre-une-transition-democratique/ https://mondafrique.com/politique/j-l-billon-la-cote-divoire-doit-vivre-une-transition-democratique/#respond Sun, 05 Oct 2025 15:01:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=139487 Héritier d’une grande famille d’entrepreneurs et ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie, il a été ministre du Commerce de 2012 à 2017, bâtissant une réputation de gestionnaire attaché à la bonne gouvernance.

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Dans le cadre de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire, Mondafrique propose une série d’entretiens avec les principaux candidats. Ce premier volet est consacré à Jean-Louis Billon, cet ancien ministre qui pourrait créer la surprise.

Correspondance Abidjan

Homme d’affaires devenu figure politique, Jean-Louis Billon s’impose comme une voix singulière dans un paysage encore marqué par le poids des deux figures historiques : Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Héritier d’une grande famille d’entrepreneurs et ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie, il a été ministre du Commerce de 2012 à 2017, bâtissant une réputation de gestionnaire attaché à la bonne gouvernance.

Une posture dissidente

S’il demeure officiellement membre du PDCI, Jean-Louis Billon n’a pas hésité à franchir le Rubicon en présentant sa propre candidature, en dehors de l’appareil, estimant que son parti n’avait pas su défendre une alternative solide. Cette posture dissidente, assumée, lui permet de se démarquer tout en gardant l’autorité d’un héritier du vieux parti d’Houphouët-Boigny. Il se lance donc dans la course présidentielle avec l’appui du Congrès démocratique (CODE), une plateforme politique créée en un temps record et regroupant dix-huit partis et mouvements. Il fait partie des cinq personnalités politiques dont la candidature a été retenue par le Conseil constitutionnel.

Avec cette candidature, il entend offrir une perspective nouvelle : dépasser les clivages hérités du passé, restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et conduire la Côte d’Ivoire vers une alternance apaisée.

Mondafrique : Votre candidature a été validée par le Conseil constitutionnel. Est-ce une grande victoire pour vous ? Avez-vous été surpris ?

Jean-Louis Billon : Surpris, non. J’ai travaillé pour cela. Le système de parrainage est complexe et difficile à obtenir, mais j’ai anticipé : j’ai parcouru le pays, mobilisé des équipes d’informaticiens et de collecteurs dans vingt régions. C’est le fruit d’un travail considérable, en temps, en argent et en énergie.

Pourtant, certains candidats ont obtenu leurs parrainages sans un tel déploiement…

JLB: Chacun a sa méthode. Certains disposaient sans doute déjà de bases électorales ou d’appareils politiques structurés. Pour ma part, j’ai visé bien au-delà du seuil requis afin d’éviter les doublons.

Dans votre première déclaration, vous avez appelé les forces vives de la nation à rejoindre votre plateforme politique. Pouvez-vous préciser ?

JLB : Nous avons rassemblé dix-huit mouvements et candidatures dans ce que nous appelons le Congrès démocratique. C’est une véritable coalition, qui s’est constituée en un mois à peine et qui devient aujourd’hui une force crédible.

Comment situez-vous votre candidature dans le paysage politique ivoirien ?

JLB : Je suis issu du PDCI, dont je reste cadre. Malheureusement, le parti est affaibli par une gestion approximative du processus électoral, ce qui a conduit à l’élimination de son candidat Tidjane Thiam. J’avais d’ailleurs averti qu’il ne remplirait pas les conditions.

La liste électorale est critiquée par les partis d’opposition. Elle ne vous pose pas de problème ?

JLB : Beaucoup critiquent sans regarder la réalité démographique. La Côte d’Ivoire compte environ 30 millions d’habitants, dont 25 % d’étrangers qui ne votent pas, et plus de la moitié a moins de 18 ans. Arriver à 8,5 ou 9 millions d’électeurs est donc logique. Ceux qui contestent la liste s’en accommodent souvent lorsqu’ils gagnent.

Faites-vous le même constat pour la Commission Electorale Indépendante (CEI) ?

JLB : C’est une institution issue d’un compromis ancien entre partis politiques. J’aurais préféré une commission électorale réellement indépendante, composée de personnalités neutres. Mais aujourd’hui, il faut faire avec les règles en vigueur et les changer ensuite par les urnes.

Le climat politique est tendu. Comment l’appréhendez-vous ?

JLB : La tension est entretenue par les acteurs politiques. La population, elle, aspire au changement et à la paix. Les Ivoiriens sont fatigués des crises. Je refuse d’appeler à la violence : la seule arme légitime, c’est le vote.

Craignez-vous une nouvelle crise comme en 2010 ?

JLB: La Côte d’Ivoire n’a jamais connu de véritable transition démocratique. Nous sommes une nouvelle génération, et il est temps de tourner la page des duels entre anciens présidents qui cumulent déjà vingt-cinq ans au pouvoir. Nous voulons vivre une alternance apaisée.

Que répondez-vous à ceux qui appellent au boycott ?

JLB : C’est irresponsable. Envoyer des jeunes se faire tuer dans la rue, parfois depuis l’étranger, est criminel. Boycotter revient à maintenir le pouvoir en place. La seule voie de l’alternance, ce sont les urnes.

La Côte d’Ivoire est entourée de pays qui connaissent des situations sécuritaires et/ou politiques délicates, Mali, Burkina Faso, Guinée et même Libéria, ce contexte vous inquiète t-il à la veille d’une élection présidentielle possiblement agitée ?

JLB : La Côte d’Ivoire demeure un îlot de stabilité et de prospérité dans une région fragilisée. Nous devons préserver cela et redevenir une locomotive économique. Mais pour y parvenir, il faut changer de gouvernance et engager enfin une vraie transition démocratique.

Quel bilan faites-vous des trois mandats d’Alassane Ouattara ?

JLB : Des choses ont été faites, des infrastructures ont été construites, mais tout cela reste tiré par l’investissement public. Nous devons désormais miser sur le secteur privé, sur l’agriculture, les PME, l’artisanat, afin d’assurer une vraie souveraineté économique. En revanche, des secteurs ont été délaissés, la politique agricole, l’industrie, l’artisanat, par exemple.

Pour conclure cet entretien, quelles seraient vos premières mesures si vous étiez élu président ?

JLB : J’ai cinq piliers d’action : La souveraineté économique, en donnant plus de place au secteur privé ; le capital humain, avec une éducation et une santé de qualité ; la gouvernance et le développement durable, qui incluent une lutte résolue contre la corruption. Sur ce point, je veux engager une réforme en profondeur des régulateurs sociaux : justice, police, institutions souveraines. Ce sont eux qui sont aujourd’hui défaillants et qui ont fait perdre confiance aux citoyens. Les Ivoiriens doivent pouvoir se réconcilier avec leur système judiciaire et institutionnel. La sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation nationale doivent constituer le socle garantissant une paix durable. Cela par une réforme des institutions, mais aussi par le règlement de toutes les questions sensibles et conflictuelles : le foncier, la justice et la réconciliation.

Côte d’Ivoire, un climat pesant à un mois de la présidentielle

L’ex ministre Jean-Louis Billon dénonce le cout du port d’Abidjan

Présidentielle, Jean-Louis Billon pense « mieux faire » que le Président Ouattara

 

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Présidentielle ivoirienne, l’opposant Pascal Affi Nguessan tire la sonnette d’alarme https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-loppposant-pascal-affi-nguessan-tire-la-sonnette-dalarme/ https://mondafrique.com/politique/presidentielle-ivoirienne-loppposant-pascal-affi-nguessan-tire-la-sonnette-dalarme/#respond Sun, 05 Oct 2025 06:18:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=139564 Depuis plus de trois décennies, Pascal Affi Nguessan est l’une des figures majeures de la vie politique ivoirienne

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Dans le cadre de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire, Mondafrique propose une série d’entretiens avec les principaux candidats et leaders politiques. Ce deuxième volet est consacré à Pascal Affi Nguessan, président du Front populaire ivoirien (FPI)

Correspondance Abidjan

Depuis plus de trois décennies, Pascal Affi Nguessan est l’une des figures majeures de la vie politique ivoirienne. Ingénieur de formation, il milite très tôt au sein du Front populaire ivoirien (FPI), le parti fondé par Laurent Gbagbo. Lorsque celui-ci accède à la présidence en 2000, Pascal Affi Nguessan devient Premier ministre, fonction qu’il occupera jusqu’en mars 2003. Il s’impose alors comme un technocrate fidèle du président Gbagbo. Après la chute de Gbagbo en 2011, il conserve les rênes d’un Front populaire ivoirien (FPI), profondément affaibli par la crise postélectorale. Son choix de participer au jeu électoral provoque une fracture durable : il s’aliène l’aile restée fidèle à l’ancien président alors emprisonné à la Haye. Pour en terminer avec ce contentieux, en 2021, Laurent Gbagbo  décide de créer sa propre formation, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPACI).

Dans l’intervalle, au nom du FPI, Pascal Affi Nguessan s’est présenté à la présidentielle de 2015, où il a recueilli 9,3 % des voix face à Alassane Ouattara, puis a boycotté celle de 2020 au nom de l’opposition.

À 72 ans, celui qui se définit comme un « combattant de la démocratie » refuse de se résigner. S’il revendique un ancrage social et républicain, il continue surtout de se poser en gardien d’un principe : sans élections inclusives et transparentes, il n’y a pas d’avenir démocratique pour la Côte d’Ivoire.

Mondafrique : Votre candidature à l’élection présidentielle du 25 octobre a été invalidée par le Conseil constitutionnel. Comment avez-vous accueilli cette décision ?

Pascal Affi Nguessan : J’ai été à la fois surpris et choqué. Mon dossier respectait toutes les conditions prévues par la loi. J’avais déposé 44.382 parrainages citoyens, provenant de 20 régions du pays, alors que la loi exige 1% du corps électoral répartis sur la moitié des régions et districts, soit 17.

Or, dans son arrêt, le Conseil constitutionnel m’attribue 46.546 parrainages … Il me crédite d’un nombre supérieur à celui que j’avais effectivement déposé, puis conclut que ces parrainages ne sont pas conformes. C’est une aberration juridique, une incohérence flagrante. On voit bien qu’il ne s’agit pas de droit, mais d’arbitraire.

Face à cela, j’ai déposé une plainte contre X. Non pas parce que je chercherais une revanche personnelle, mais parce qu’il en va de la crédibilité même de nos institutions. Il est nécessaire de comprendre l’origine de ce décalage. Ce qui est certain, c’est que le dossier sur lequel le Conseil constitutionnel s’est prononcé n’est pas le nôtre. Ce n’est pas celui que j’ai déposé devant la Commission électorale indépendante. La démocratie ne peut pas être confisquée par des décisions aussi injustifiables.

 

Qu’attendez-vous de cette procédure ?

P.A.N : Nous voulons que les responsabilités soient établies et que je sois rétabli dans mes droits. L’opinion publique ivoirienne, mais aussi la communauté internationale, doivent comprendre ce qui est en jeu : le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur la base de chiffres falsifiés et a rendu une décision qui me prive de mes droits élémentaires d’être candidat. Un tel précédent est extrêmement dangereux. Aujourd’hui, il s’agit d’une candidature présidentielle. Mais demain, ce pourrait être l’Assemblée nationale, les municipales, n’importe quelle élection. C’est la crédibilité de tout le processus démocratique qui est en cause.

Pourquoi, selon vous, le Conseil constitutionnel a-t-il agi ainsi ?

P.A.N : La justice tranchera sur l’origine de la substitution de dossiers de parrainages. Ce que je sais, c’est que le pouvoir voulait verrouiller le jeu politique. Le RHDP est obsédé par l’idée d’une réélection sans risque, sans débat, sans véritable concurrence. Pour atteindre cet objectif, il fallait écarter toutes les candidatures jugées gênantes. Ils ont donc choisi de m’éliminer en trafiquant les chiffres, en prétendant que mes parrainages n’étaient pas conformes, alors même qu’ils m’en attribuaient plus que ce que j’avais déposé. Tout cela montre que nous ne sommes plus dans un État de droit, mais dans un système où l’institution chargée de garantir la transparence devient un instrument de confiscation démocratique. Ce combat dépasse ma personne. Aujourd’hui, c’est Affi Nguessan, demain ce sera un autre. Tant que les institutions resteront instrumentalisées, aucun candidat d’opposition ne sera à l’abri. Ce que je défends, c’est le droit de chaque citoyen à choisir librement ses dirigeants et celui de chaque candidat éligible à se présenter.

Vous avez récemment rencontré l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel (UNOWAS). Qu’attendez-vous de l’ONU ?

P.A.N : L’ONU a été très présente dans les crises en Côte d’Ivoire, notamment pendant la crise de 2010-2011, j’ai tenu à lui rappeler la gravité de la situation. La Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une élection cruciale, mais le processus est déjà faussé par l’exclusion arbitraire de candidats. J’ai insisté sur le fait que si les Ivoiriens ne peuvent pas s’exprimer librement dans les urnes, nous allons droit vers des tensions, voire des violences. L’envoyé spécial m’a écouté attentivement. Je crois qu’il a bien perçu le danger. Mais il faut que cela se traduise en actes : la communauté internationale doit exercer de véritables pressions pour que l’élection soit ouverte et transparente. Sinon, on va vers une crise qui aurait parfaitement pu être évitée. Nous nous sommes déjà entrés, selon moi, dans la crise préélectorale.

Vos relations avec Laurent Gbagbo ont été marquées par des divisions et des tensions, quels sont vos rapports aujourd’hui ?  Vous l’avez rencontré récemment. Comment s’est déroulé l’échange ? 

P.A.N : C’est vrai, la scission a profondément marqué l’opposition. Mais aujourd’hui, l’heure n’est plus aux querelles internes. Je continue d’assumer la légitimité de mon engagement au FPI, mais je considère que l’essentiel est ailleurs : sauver la démocratie ivoirienne. Nos divergences de parcours ne doivent pas faire oublier que nous partageons le même objectif : empêcher la confiscation du pouvoir par un seul camp. Ce fut d’ailleurs une rencontre cordiale. Nous avons évoqué la situation politique et la nécessité d’une opposition unie pour défendre la démocratie. Malgré nos différends passés, notamment sur la direction du FPI, il y a une reconnaissance mutuelle de l’urgence : face à un pouvoir qui instrumentalise les institutions, nous devons trouver des terrains d’entente. J’ai senti chez lui la même inquiétude que moi quant à l’avenir du pays.

Vous avez rejoint la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP-CI). Quel rôle y jouez-vous ?

P.A.N – J’ai adhéré à la CAP-CI parce que je crois à la force de l’unité. Aucun parti d’opposition, isolément, ne peut faire face au RHDP. Ensemble, nous pouvons peser, construire une alternative crédible et surtout redonner confiance aux électeurs. La CAP-CI est un espace de dialogue et d’action collective, où chaque leader apporte sa légitimité et son expérience. C’est un outil pour porter la voix de tous ceux qui refusent l’exclusion et l’arbitraire.

Certains estiment que l’opposition reste trop éclatée pour constituer une véritable menace pour un pouvoir qui a réussi à stabiliser et à développer la Côte d’Ivoire pendant 15 ans. Que leur répondez-vous ?

P.A.N – C’est un constat que je ne nie pas. Mais la dynamique de l’opposition est en cours. Les Ivoiriens attendent que nous nous élevions au-dessus de nos égos et de nos rancunes. L’invalidation de plusieurs candidatures, dont la mienne, a créé une prise de conscience : seule une opposition rassemblée peut défendre le suffrage universel. Je suis convaincu que la CAP-CI peut être le catalyseur de cette union.

Le pouvoir présente le pays comme une « success story africaine », il se targue d’une croissance forte, mais c’est image est une illusion. Les chiffres macroéconomiques ne reflètent pas la réalité vécue par les Ivoiriens. La pauvreté reste endémique, les inégalités s’aggravent, le chômage des jeunes atteint des niveaux inquiétants. L’économie est concentrée entre les mains d’une minorité proche du régime, tandis que les classes moyennes s’effritent et que les plus pauvres survivent à peine.

Au-delà des chiffres, il y a une question de justice sociale. Comment comprendre que l’accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi reste si limité pour la majorité ? Ce décalage alimente frustrations et tensions.

Vous semblez craindre que la crise politique actuelle ne débouche sur des violences…

P.A.N : Malheureusement, le risque est réel. L’histoire de notre pays le montre : chaque fois que le jeu démocratique est verrouillé, la frustration s’exprime dans la rue. Je ne souhaite pas que la Côte d’Ivoire revive les traumatismes de 2000 ou 2010. Mais si le pouvoir persiste à exclure arbitrairement des candidats, il portera la responsabilité d’une éventuelle déflagration.

Ma démarche, c’est précisément de prévenir ce scénario. En dénonçant ces abus, je veux alerter, tirer la sonnette d’alarme, pour que les Ivoiriens et la communauté internationale comprennent l’urgence d’agir.

Quel est votre message aux Ivoiriens à quelques semaines de l’élection ?

P.A.N : Je leur dis de ne pas céder au découragement. Notre pays vaut mieux que la confiscation démocratique. Chaque citoyen a un rôle à jouer : par sa vigilance, par son engagement, par son refus de l’injustice.

L’histoire montre que les peuples finissent toujours par obtenir la liberté et la justice. Ce combat n’est pas seulement celui d’Affi Nguessan, c’est celui de tous les Ivoiriens. Ensemble, nous devons défendre notre droit à choisir librement nos dirigeants et à construire une Côte d’Ivoire réconciliée, juste et prospère.

 

 

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Enlèvements et embuscades se multiplient au Mali https://mondafrique.com/politique/les-enlevements-se-multiplient-au-mali/ https://mondafrique.com/politique/les-enlevements-se-multiplient-au-mali/#respond Sun, 05 Oct 2025 03:58:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=139932 Le 3 octobre, une équipe de 8 humanitaires et ses 2 chauffeurs, tous de nationalité malienne, ont été interceptés et détenus, durant quelques heures, par une patrouille du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), de Ségou à Fana, non loin de Konobougou, un point névralgique de l’insécurité, comme le démontre une série […]

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Le 3 octobre, une équipe de 8 humanitaires et ses 2 chauffeurs, tous de nationalité malienne, ont été interceptés et détenus, durant quelques heures, par une patrouille du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), de Ségou à Fana, non loin de Konobougou, un point névralgique de l’insécurité, comme le démontre une série d’incidents récents (https://t.me/veillesah/286 et https://t.me/veillesah/278 ). Le même jour, Siaka Dembélé, président du Conseil régional de Ségou (voir sa photo ci dessus) , ainsi que son chauffeur, ont été enlevés le long de l’axe reliant son siège, à la capitale. Le rapt, probablement l’œuvre du Gsim, n’a pas été revendiqué

Un article de « Veille sahélienne », un site partenaire de Mondafrique

https://t.me/veillesah/298

En raison des assassinats ciblés, des embuscades, des engins explosifs improvisés (eei) et du rançonnement des voyageurs, emprunter les routes du Mali relève, désormais, de l’intrépidité, voire de « l’inconscience suicidaire », précisent certains correspondants de Veille sahélienne. Le régime militaire n’a plus de choix autre que la négociation avec ces détracteurs en armes. D’un jour au suivant, sa marge de manœuvre se rétrécit.

1. Le 3 octobre, entre Sikasso et la frontière de la Côte d’Ivoire, un engin explosif improvisé (eei) sautait au passage d’une unité des Fama. Aucune des 5 soldats du véhicule, de tête, n’a survécu. Le reste du convoi a rebroussé chemin. Le Gsim a assumé l’attaque.
 
 
 
2. Le 4 octobre 2025, un drone TB2 de fabrication turque, sans doute actionné par les Forces armées maliennes (Fama), opérait deux frappes, contre des voitures 4X4, qui stationnaient à Inagozmi (voir la carte ci dessus). Les images montrent l’une des cibles, un instant après l’impact. Les habitants décrivent une bavure contre des civils Touarègues, au cœur de l’aire de rayonnement du Front de libération de l’Azawad (Fla) qui recourt, lui, à des vecteurs aériens soit kamikazes (Fpv), soit de largage. Le bilan du jour, en pertes humaines, n’est pas connu.

3. Mondafrique a publié, le 4 octobre, une relation détaillée du kidnapping, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), de 2 Emiratis et d’1 iranien (https://t.me/veillesah/256 ). L’un des trois est un général à la retraite, membre de la famille princière de Dubaï. Fermier, amateur de chasse et bienfaiteur des populations alentour, il ne serait pas mêlé aux contradictions politiques du Sahel. Le document de Mondafrique suggère que l’opération implique des intermédiaires liés aux services de sécurité du Mali et des chefs jihadistes de la zone, pour extorquer une grosse rançon: https://mondafrique.com/a-la-une/lenlevement-dun-general-emirati-au-mali-tourne-a-une-farce-dramatique/

4. Face à la pénurie qu’occasionne le blocus de carburant à l’intérieur du pays, les autorités de « transition » veulent sévir, notamment aux dépens du Syndicat national malien des acteurs du pétrole et des stations-service (Synapess), accusé d’encourager la fermeture des points de vente agréés. A la faveur d’une communication (non daté) disponible sur les réseaux sociaux dès le 2 octobre, la principale corporation des convoyeurs et distributeurs d’hydrocarbures constate l’échec de l’Etat à briser l’encerclement des villes.
L’effet médiatique de l’annonce a fortement indisposé le gouvernement d’où un contre-communiqué, du Maire de Ségou, publié le 3 octobre. L’élu tente de juguler la spéculation. Les grossistes du secteur reçoivent, de lui, injonction de regagner les lieux de stockage en vue de procéder, sous la supervision de la force publique, au recensement des réserves disponibles. Les propriétaires des stations, fermées au moment de l’inspection, s’exposent à la menace de sanctions. Or, l’ultimatum semble bien moins respecté que celui du Gsim-Alqaïda.
 
5. Le bras de fer se poursuit entre le pouvoir central et diverses corporations des produits pétroliers. Le premier veut maintenir, à tout prix, la filière d’approvisionnement afin de satisfaire, en priorité, aux besoins de défense, de sécurité et du trafic aérien. Les secondes ne font plus confiance aux escortes militaires et dénient, aux Fama, la capacité de dissuader les assauts jihadistes. De surcroît, plusieurs compagnies qui transgressent l’embargo du Gsim ont vu leurs citernes brûlées et le personnel de transport -chauffeurs, apprentis – massacré.
 
Malgré des primes de risque de plus en plus élevées, dont le coût se répercute sur le tarif du litre de gas-oil et d’essence, conduire des camions et bus devient une aventure. Peu de volontaires se pressent à braver le danger.


Références
 
Carte 1 Inagozmi :

image.png  
Vidéos et photo 04 octobre, Inagozmi :

 
Carte 2 Konobougou:
 
 
Communiqué Gsim 03 octobre : https://t.me/veillesah/306

Communiqué maire Ségou, 03 octobre : https://t.me/veillesah/307

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La crise de représentation des partis politiques marocains https://mondafrique.com/politique/la-crise-de-representation-des-partis-politiques-marocains/ https://mondafrique.com/politique/la-crise-de-representation-des-partis-politiques-marocains/#respond Sat, 04 Oct 2025 08:53:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=130414 le multipartisme marocain ne fonctionne plus de façon satisfaisante face aux exigences de l'opinion publique, sur le plan social et économique notamment

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Face aux manifestations dans les grandes villes marocaines, l’organisme qui comprend les principaux mouvements marocains- le parti du Rassemblement national des indépendants, qui dirige la coalition gouvernementale, ainsi que l’ Istiqlal et les islamistes d’Authenticité et Modernité- a rendu public un communiqué qui va dans le sens de l’apaisement. « Une approche fondée sur le dialogue et la discussion, affirment ces dirigeants marocains,  est la seule voie à suivre pour répondre aux différents problèmes auxquels notre pays est confronté ».  

Reste que les faibles performance des partis au Maroc, la crise de la représentation qu’ils ont connu comme dans tant d’autres pays et la médiocrité d’une gouvernance sans projet ni imagination sont pour beaucoup dans la violente colère populaire qui s’exprime dans les rues.  Une certitude, le multipartisme marocain ne fonctionne plus de façon satisfaisante face aux exigences de l’opinion publique sur le plan social et économique notamment. 

Un article de Mohammed Al-Takanti, du site Cap Info, dont le lien apparait ci dessous

https://capinfo.ma/

Le Maroc connaît depuis l’indépendance un pluralisme partisan généralisé, qui a même porté à la tète du gouvernement, un mouvement islamiste contraint de se plier à la loi du pluralisme et du suffrage universel. Le nombre de partis dépase aujourd’hui la trentaine, ce qui est sans doute trop pour initier des mécanismes d’alternace identifiés..
Cependant, cette multiplicité n’a pas eu d’impact positif sur la performance politique ou la qualité de la vie publique. Au lieu d’être des moteurs de développement, les partis politiques sont souvent devenus de simples outils électoraux dont l’activité n’apparaît qu’à l’approche des élections. Cela aggrave la crise de confiance entre les citoyens et les politiciens et ouvre la porte à une apathie politique croissante. Le problème de la faible performance des partis. 

Les partis sont absents de la scène publique, sauf pendant les périodes de campagne électorale, créant un fossé entre eux et le citoyen. Les partis ne proposent pas de programmes pratiques qui répondent aux besoins de la société et se contentent de discours généraux et de promesses irréalistes.
 
La domination des intérêts personnels 
Les partis sont contrôlés par des élites restreintes et les décisions sont souvent centralisées, ce qui empêche le renouvellement des dirigeants et l’émergence de nouvelles élites capables d’innovation et de changement. Certains partis sont devenus des outils au service des intérêts personnels et économiques de leurs dirigeants, plutôt que des institutions qui défendent les causes du peuple.
 
Le déclin de l’idéologie cède la place à la compétition pour les positions plutôt que pour les idées. La plupart des partis ont perdu leurs fondements idéologiques et leurs programmes politiques sont devenus si similaires que les citoyens sont incapables de les distinguer. Se concentrer sur les élections comme objectif principal, plutôt que de travailler à la formulation de politiques publiques efficaces à long terme.
 
Les politiques publiques sans contrôle
Bien que les partis politiques participent au gouvernement et au parlement, leur influence sur les politiques publiques reste limitée, car les décisions majeures restent entre les mains d’institutions non partisanes. L’absence d’une culture d’opposition véritable, les partis d’opposition devenant des outils d’attente plutôt que des forces de proposition et de pression. Propositions de réforme de l’espace politique marocain. Pour restaurer le prestige du travail des partis au Maroc, une série de mesures et de réformes profondes doivent être mises en œuvre :
 
Imposer des mécanismes qui garantissent la transparence dans la prise de décision au sein des partis et renforcent la compétitivité dans la sélection des candidats et des dirigeants. Encourager les jeunes à participer activement au sein des partis politiques et leur donner l’opportunité d’occuper des postes de direction.
 
Reconstruire la relation avec le citoyen
Les solutions, les voici:
-Fixer des critères stricts pour le financement des partis à partir de fonds publics, en le conditionnant aux résultats obtenus en termes d’encadrement politique et d’influence législative. Évaluer périodiquement les performances du parti et publier des rapports sur ses activités afin d’améliorer la transparence et la responsabilité.
 
-Parvenir à l’indépendance des décisions des partis
Réduire l’ingérence extérieure dans les décisions des partis et garantir leur indépendance dans la détermination de leurs programmes et le choix de leurs dirigeants. Favoriser une culture d’opposition forte et constructive et proposer de véritables alternatives aux politiques existantes, plutôt que de simplement critiquer sans proposer de solutions.
 
-Encourager l’émergence de nouvelles élites politiques
-Ouvrir la voie aux jeunes talents et aux femmes pour jouer des rôles de leadership et briser la domination des mêmes visages sur la scène politique. Encourager les partis à présenter de nouveaux visages lors des élections au lieu de recycler les mêmes candidats à chaque élection.
L’arène politique marocaine est confrontée à des défis importants, notamment la crise de confiance entre les partis politiques et les citoyens. Cette crise ne peut être surmontée que par de véritables réformes qui rétablissent la crédibilité et la force de l’action des partis. Sans partis forts et indépendants, dotés d’un programme sociétal clair, la politique au Maroc restera un jeu électoral saisonnier, loin des préoccupations et des attentes des citoyens.

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