- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 20 Sep 2025 06:58:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Le Mali s’effondre lentement, mais Bamako résiste encore https://mondafrique.com/a-la-une/le-mali-seffondre-lentement-mais-bamako-resiste-encore/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-mali-seffondre-lentement-mais-bamako-resiste-encore/#respond Sat, 20 Sep 2025 06:58:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=138985 Le 19 septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) revendique une embuscade contre des éléments des Forces armées maliennes (Fama), en travers d’un tronçon de la route bitumée RN24, reliant Soribougou et Neguela, région de Koulikouro au centre-ouest du pays.   Les vidéos du 19 septembre, source Gsim : https://t.me/veillesah/195 https://t.me/veillesah/194 […]

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Le 19 septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) revendique une embuscade contre des éléments des Forces armées maliennes (Fama), en travers d’un tronçon de la route bitumée RN24, reliant Soribougou et Neguela, région de Koulikouro au centre-ouest du pays.
 
Les vidéos du 19 septembre, source Gsim :
 
Une chronique de « Veille sahélienne »
 
Les brèves séquences de film, ponctuée d’une explication sommaire en Pulaar du Macina, montrent une file de camions citernes, feux de détresse allumés, qui stationne sur une chaussée manifestement sous le contrôle des jihadistes. Les chauffeurs se sont enfuis. Quelques véhicules de stockage de carburant brûlent. Leur fumée s’élève, visible de loin, au-dessus de la forêt. L’emprise du Gsim à l’intérieur des espaces boisés du Mali se confirme, autant que la rupture de la chaîne d’approvisionnement en produits pétroliers. Les démentis du pouvoir central et ses envolées relatives à la « monte en puissance » et aux « ratissages se poursuivent » perdent de leur vraisemblance. Les illusions de l’autosatisfecit s’évaporent, à l’épreuve du réel.
 

Il y a lieu de le rappeler ici, lors de son audience du 16 septembre, accordée aux corporations des importateurs et transporteurs, le chef du gouvernement, le Général de division Abdoulaye Maïga, affirmait : « le travail continue. Même si nous devons aller chercher notre carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire ».  
Lire notre dépêche du 18 septembre : https://t.me/veillesah/187

Le GSIM multiplie les assauts

Mahmoud Barry, le porte-parole de la katiba Macina, lors d’une cérémonie de fin de formation des forces d’élite, en novembre 2024
Or, la pénurie et la spéculation subséquente commencent à marquer Bamako, sans épargner d’autres villes; mais le gouvernement malin dit de « transition » tient en façade et rassure, en dépit des prodromes évidents de la déliquescence. Le Gsim se garde, pour l’instant, d’administrer une localité. En infériorité d’artillerie, de cavalerie, de couverture dans les airs, il privilégie la guerre d’attrition, jalonnée d’une incessante alternance d’assauts et de replis tactiques. Néanmoins, a contrario de la vox populi, la capitale n’est pas encerclée.  Bamako dispose d’une défense solide, d’une aviation et de centaines de drones.
 
Malgré leur handicap comparé en nombre de fantassins, les Fama détiennent toujours l’avantage théorique de de l’organisation, de l’unité de commandement et de la qualité nettement supérieure des équipements. En revanche, l’ennemi ne cesse d’amasser d’impressionnants butins à l’issue des combats. Pire, le moral de la troupe s’effondre et la ferveur des civils, parmi les partisans de la junte, ne s’exprime plus que par la virulence de l’insulte et la dénégation sur les réseaux.
 

Le 22 Septembre, le jour de tous les dangers

Quant à l’Etat islamique au Sahel (Eis), sa présence se restreint au nord-est, vers Menaka et ses confins. Contrairement à ses franchises sur la frontière entre le Burkina et le Niger, il ne parvient pas à investir le reste du Mali. Le Gsim et l’Eis se vouent, depuis 5 ans, une animosité fratricide qui tourne à l’avantage du premier mais l’Afghanistan et la Syrie rappellent combien la surenchère de la tuerie est consubstantielle à l’islamisme. Le Sahel n’échappera à la règle.
 
La plupart des observateurs s’attendent à une intensification des attaques, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le 22 septembre courant.
 

Communiqué Gsim : https://t.me/veillesah/193
 
 
L’ampleur des incendies au début de l’embargo :
 
La déclaration du premier Ministre :
 

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La création d’un Califat au Mali est désormais un scénario possible https://mondafrique.com/a-la-une/la-creation-dun-califat-au-mali-est-desormais-un-scenario-possible/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-creation-dun-califat-au-mali-est-desormais-un-scenario-possible/#respond Fri, 19 Sep 2025 06:32:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=138890 Depuis quelques semaines, les délégués traditionnels d’une partie de la population, toutes ethnies confondues, commencent à douter de l’issue de la guerre et parachèvent des accords de paix localisés sous la dictée de l’insurrection du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda). Un article de « Veille sahélienne » https://t.me/veillesah/187    Le mardi 16 septembre […]

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Depuis quelques semaines, les délégués traditionnels d’une partie de la population, toutes ethnies confondues, commencent à douter de l’issue de la guerre et parachèvent des accords de paix localisés sous la dictée de l’insurrection du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda).

Un article de « Veille sahélienne »

 
 Le mardi 16 septembre 2025 à l’intérieur de l’emprise militaire de Sévaré, cercle de Mopti, une rencontre à huis-clos réunissait, outre plusieurs officiers du commandement des Forces armées maliennes (Fama), des volontaires russes d’Africa Corps, des représentants de milices d’autodéfense Donzos agissant en supplétifs et une poignée de chefs de villages de la zone dont le soutien à la junte tient toujours malgré des récentes défections sur le terrain. 

A la faveur des échanges, empreints de ferveur patriotique pour la défense de Maliba (mère patrie) contre la menace de débordement par les terroristes, les Donzos encore acquis au centre de pouvoir se sont vu confier un surcroît de responsabilités, au titre de la résistance à l’ennemi. Parmi les résolutions prises afin de mieux sécuriser et stabiliser les espaces soumis à la pression jihadiste, il a été décidé de confier, aux Donzos, un meilleur arsenal, assez de munitions et de coordonner leur action avec le duo Fama-Africa Corps.

De l’évolution en cours découlent 6 constats   

1. Le rééquipement des Donzos accentuerait les risques d’extension de la violence civile, notamment l’exacerbation des inimitiés aux dépens des Peulhs, réputés principal vivier de recrutement du Gsim. Cependant, l’assertion, certes vérifiable il y en encore un an, ne reflète plus la réalité. Les ralliements à la franchise sahélienne d’Alqaïda au Mali couvrent, désormais, les peuplements Bambara, Songhai, Maure et Tamachek.

2. Les ultimes tentatives de sauvetage du pays arrivent à contretemps. La savane boisée autour de la capitale Bamako et d’autres villes est à présent infiltrées par les combattants du jihad, comme le confirme la quasi-totalité des sources de Veille sahélienne. Le Gsim dispose, là, d’une aire de repli, et d’une base arrière de ravitaillement et d’entrainement tactique. La plus proche de la capitale, s’en trouve éloignée de 60 km, le long de la route de Ségou. Suivent, selon un mouvement d’ondes concentriques, les périmètres de la Boucle du Baoulé (120km), reliant Kati et Kita et la végétation touffue des Monts mandingues, de Kangaba à la frontière de la Guinée. Plus au sud, le Gsim s’est durablement installé, près de Koulikoro et Sikasso, dans les forêts denses du Sounsan.

3. En profondeur de l’ensemble des sites précités, les blessés du Gsim côtoient les prisonniers et les otages étrangers. Les lieux de refuge assurent le rôle de quartier général d’où partent les attaques et les missions de reconnaissance. Les butins y convergent, également.  

4. Le rôle et l’envergure des cellules dormantes demeure moins aisé à quantifier au sein des agglomérations urbaines. Aucune indication factuelle ne permet, pour le moment, d’en mesurer l’incidence éventuelle sur la suite du conflit.

5. Au travers des réseaux sociaux, certains spéculateurs, qu’ils soient adversaires ou partisans de la junte, évoquent de possibles négociations d’échange de prisonniers et la conclusion de trêves ponctuelles, entre les deux protagonistes. Or, au train où va la configuration du champ mouvant de la belligérance, l’hypothèse de la somalisation se précise davantage.

6. Alors que la République du Mali fête, le 22 septembre courant, sa liberté en sursis, les promoteurs zélés de la solution martiale, rivalisent au partage de la vidéo non datée d’une livraison de blindés neufs, à Bamako. Néanmoins, l’impact stimulant sur le moral du peuple semble de peu d’effet auprès de soldats certes surarmés mais en mal de motivation devant la férocité du camp adverse.  L’insubordination et la désertion poignent, déjà, à l’horizon de la défaite.
 
 

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Guinée, la contestation ne s’exprime plus qu’au sein de l’armée https://mondafrique.com/a-la-une/guinee-la-contestation-ne-sexprime-plus-quau-sein-de-larmee/ https://mondafrique.com/a-la-une/guinee-la-contestation-ne-sexprime-plus-quau-sein-de-larmee/#respond Tue, 16 Sep 2025 23:36:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138746 La suspension de trois partis majeurs, le 22 août 2025, marque une nouvelle étape dans la fermeture du jeu politique en Guinée. Le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain pourrait ouvrir la voie à la candidature du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya. Le chercheur Vincent Foucher, auteur de plusieurs articles sur la politique guinéenne, explique, face à ce […]

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La suspension de trois partis majeurs, le 22 août 2025, marque une nouvelle étape dans la fermeture du jeu politique en Guinée. Le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain pourrait ouvrir la voie à la candidature du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya. Le chercheur Vincent Foucher, auteur de plusieurs articles sur la politique guinéenne, explique, face à ce verrouillage, la contestation risque de ne trouver d’issue qu’au sein même de l’armée. Il répond aux questions de The Conversation Africa.


La suspension de trois principaux partis d’opposition 

Il s’agit là d’une étape de plus dans la fermeture du champ politique entamée dès le coup d’État de septembre 2021 qui a vu la junte du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) renverser le président Alpha Condé. Le CNRD a prolongé depuis la période de « transition », et semble préparer l’élection du chef de la junte, le (récent) général d’armée Mamadi Doumbouya.

Ceci se produit alors même que la junte s’était engagée à rendre le pouvoir aux civils, et à le faire rapidement.

Depuis 2021, le CNRD a joué la montre, retardant les évolutions institutionnelles promises juste après le coup d’Etat, et notamment la rédaction d’une nouvelle Constitution et la réforme du dispositif électoral.

Le temps ainsi gagné a permis une fermeture de plus en plus stricte du champ politique, plus étroite encore que celle opérée par le régime du président Condé (2010-2021) que la junte avait renversé. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise. La junte est composée d’un petit groupe de militaires issus du régime Condé, qui n’ont fait qu’intensifier les méthodes de leur ancien chef.

La junte avait ainsi commencé par utiliser la justice pour neutraliser certaines figures influentes du parti de Condé. Elle s’inquiétait sans doute que ces personnages disposent encore de ressources matérielles et de réseaux leur permettant de préparer un contre-coup.

Avec les partis d’opposition et avec le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de la société civile qui avait mené la lutte contre le tournant autoritaire de Condé, la junte avait d’abord eu une attitude ouverte. Elle avait même obtenu un temps leur soutien, utile face à une communauté internationale prudente. Mais la rupture était survenue assez rapidement, quand il était apparu que la junte comptait gouverner avec ses hommes à elle, en ne faisant que peu de place aux partis politiques ou au FNDC.


À lire aussi : Guinée : un « assainissement » très politique de la scène partisane


Quand le FNDC et les partis (y compris le Rassemblement du peuple de Guinée, le parti d’Alpha Condé, maintenant dans l’opposition) ont commencé à mobiliser contre le CNRD, les militaires se sont employés à les neutraliser. Ils ont combiné répression des manifestations et poursuites judiciaires contre les principaux leaders d’opposition, qui ont préféré s’exiler.

Deux animateurs du FNDC ont disparu depuis leur arrestation non officielle en juillet 2024, et beaucoup d’observateurs les pensent morts en détention, peut-être sous la torture.

Mais l’arsenal employé est varié et inclut des outils moins brutaux. Ainsi, en 2024, le CNRD avait suscité une « mission d’évaluation des partis politiques » visant à « assainir l’échiquier politique », au terme de laquelle des dizaines de petits partis politiques avaient été dissous. C’était une autre manière, au nom de la loi et de la bonne organisation de l’espace politique, de décourager les velléités d’opposition.

C’est au nom de cette même logique que trois partis d’opposition (deux des trois sont des partis majeurs, à savoir le RPG et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) ont été suspendus pour trois mois, juste avant le référendum. Relevons cette combinaison savante entre brutalité spectaculaire occasionnelle et manipulation de la rhétorique et des formes de la « réforme ».

Les risques politiques du référendum annoncé 

À dire vrai, le niveau de verrouillage semble tel qu’on a du mal à imaginer que le CNRD puisse ne pas parvenir à ses fins pour le moment. Il s’agit pour lui de faire approuver, par un référendum prévu le 21 septembre prochain, la nouvelle constitution, qui autorisera le général Doumbouya à se porter candidat à la prochaine élection présidentielle (encore non fixée).

Rappelons qu’Alpha Condé avait fait la même chose, en faisant passer par référendum une nouvelle Constitution (il souhaitait alors s’autoriser un troisième mandat), et qu’il avait réussi à organiser une élection qu’il avait remportée. Aujourd’hui, Doumbouya est dans une situation plus favorable, il exerce une pression plus forte que Condé dans la sphère publique et la plupart des principaux opposants sont en exil. Il est donc bien placé pour s’imposer, au moins à court terme.

Il bénéficie en effet d’un véritable alignement des planètes : l’État guinéen dispose de ressources plus importantes grâce à la mise en œuvre récente d’un immense projet minier, et les pouvoirs militaires ont retrouvé une certaine légitimité en Afrique. Les régulations politiques internationales et sous-régionales sont affaiblies, tandis que la France, qui ne veut pas se fâcher avec un régime ouest-africain de plus, se fait particulièrement discrète.


À lire aussi : Coup d’État en Guinée: Comment faire marche-arrière

Les issues de sortie de crise 

En Guinée, depuis l’indépendance jusqu’à maintenant, les alternances n’ont été possibles que par la mort naturelle du président ou par la violence – les deux premiers présidents, Sékou Touré (1958-1984) puis Lansana Conté (1984-2008), sont restés au pouvoir un quart de siècle chacun, jusqu’à leur mort (de maladie). Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui avait succédé à Conté fin 2008, n’a quitté le pouvoir que parce qu’il a été gravement blessé par un de ses subordonnés fin 2009. Et Alpha Condé, on l’a vu, a été renversé par un coup d’Etat en 2021.

Le pouvoir ne semble donc pas se transmettre volontairement et pacifiquement en Guinée… Il y a des raisons à cela : une fois qu’un chef d’Etat est en place, il bénéficie d’un Etat assez résilient, arc-bouté sur ses ressources minières, et qui joue de la carotte et du bâton sans hésiter. Face à lui, une population appauvrie, dépendante, et aussi divisée par des clivages ethnorégionaux utilisés par certains acteurs politiques.

Il est très difficile de mobiliser largement contre le régime en place – le FNDC avait su le faire avec brio contre Condé, mais sans vraiment l’emporter : c’est bien le coup d’Etat de Doumbouya qui avait finalement fait tomber Condé.

À regarder l’histoire de la Guinée et malgré le courage des Forces vives de Guinée, une nouvelle itération du FNDC qui tente de mobiliser contre la junte, il est à craindre que le changement, s’il se produit, ne puisse venir que du sein même du régime, et plus précisément des forces armées elles-mêmes.

Certains incidents, ces dernières années, témoignent de l’inquiétude de Doumbouya sur ce point. Mais il a pris des dispositions pour se protéger, purgeant certains chefs militaires soupçonnés de manque de loyauté et renforçant considérablement les capacités de son corps d’origine, les forces spéciales, ainsi que de la gendarmerie, tout en prenant soin des conditions de vie de l’ensemble des militaires. Là encore, la carotte et le bâton.


À lire aussi : Guinée, un positionnement singulier au sein de la Francophonie


Le rôle des pays de la région 

À partir de la prise de pouvoir de Moussa Dadis Camara en 2008, et notamment à la suite du massacre d’opposants perpétré par ses hommes le 28 septembre 2009, il y avait eu une grosse implication internationale en Guinée : la Communauté économique des États ouest-africains (Cedeao) bien sûr, mais aussi les Nations-unies, l’Union européenne, la Francophonie, les Etats-unis, la France, tous s’étaient impliqués pour faciliter le retour à un régime civil…

Le problème est que cet effort international a abouti à la mise en place du régime peu convaincant d’Alpha Condé. La crédibilité et le levier des acteurs internationaux sont donc faibles en Guinée aujourd’hui, même si l’opposition et les Forces vives de Guinée n’ont guère d’autre choix que de leur faire appel, encore maintenant.

De plus, au-delà des logiques purement guinéennes, avec les différents coups d’Etat qui ont secoué l’Afrique subsaharienne ces dernières années et la rhétorique souverainiste proliférante qui les a accompagnés, l’Occident et les organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales ont vu leur influence s’affaiblir.

Par ailleurs, pour ce qui concerne les autres chefs d’Etat de la région ouest-africaine, certains n’ont pas été mécontents de voir tomber Alpha Condé, un partenaire compliqué. Et puis, beaucoup de régimes ouest-africains ont une légitimité démocratique également discutable (certains s’apprêtent d’ailleurs eux-mêmes à des manipulations constitutionnelles diverses). Donc ils sont mal placés pour faire la leçon.

Quant au Nigeria, la super-puissance de la région, et qui a par le passé joué un rôle important à travers l’Afrique de l’Ouest, il semble tourné vers ses graves problèmes internes.

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Mali : Le syndrome syro-afghan https://mondafrique.com/a-la-une/mali-le-syndrome-syro-afghan/ https://mondafrique.com/a-la-une/mali-le-syndrome-syro-afghan/#respond Tue, 16 Sep 2025 04:30:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138722 Devant la difficulté pratique de suivre la cadence multiquotidienne des incidents, presque tous à l’initiative du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), Veille Sahélienne s’en tiendra, désormais, à des synthèses sans délai prédéfini. Les correspondants bénévoles et autres informateurs de terrain ont à peine le temps d’élaguer la matière brute d’une dépêche, […]

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Devant la difficulté pratique de suivre la cadence multiquotidienne des incidents, presque tous à l’initiative du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), Veille Sahélienne s’en tiendra, désormais, à des synthèses sans délai prédéfini. Les correspondants bénévoles et autres informateurs de terrain ont à peine le temps d’élaguer la matière brute d’une dépêche, qu’un évènement d’importance bouscule la relation du précédent.

Un article de « Veille Sahélienne »

Au cours des journées du 14 et 15 septembre 2025, le Mali a été le théâtre d’affrontements et de sabotages qui témoignent d’une tension prolongée autour de trois objectifs parallèles : La désorganisation de la chaine de ravitaillement du pays en carburant, l’intensification des offensives contre les forces régulières et l’agressivité de la communication de guerre participent, du côté du Gsim, d’un calcul d’usure bien rodé, comme prélude à un bond qualitatif vers la capitale, Bamako, sans doute déjà infiltrée. Les jihadistes visent désormais à épuiser, simultanément, l’appareil de défense et l’économie. Ils évitent d’occuper une ville, mènent des raids brefs, brisent la résistance, pillent les arsenaux, se filment, paradent et s’évanouissent dans la savane, avant de sévir ailleurs, dès le lendemain. L’hybridation du modus operandi mêle guérilla des campagnes, assauts asymétriques et combat frontal, de jour et de nuit.

 

Le pari de l’asphyxie

 

A la faveur d’un nouvel enregistrement vidéo daté du 14 septembre Abou Houdayfa Albambari (l’orthographe varie) porte-voix du Gsim en langue Bambara – la plus parlée dans son pays – jure de cibler la totalité des camions-citernes et des bus de la société de transports « Diarra » qui circulent sous escorte des Forces armées maliennes (Fama). Il qualifie, leurs chauffeurs, de «traîtres ». Selon lui, l’ennemi « fuit les champs de bataille malgré ses drones et équipements sophistiqués ». Il promet une « punition sévère » aux personnes convaincues de collaboration avec le pouvoir central.

 

La réitération de l’ultimatum fait écho à la vulnérabilité structurelle du secteur de l’énergie domestique au Mali : 63 % de ses importations de carburant proviennent du Sénégal et 21 % de la Côte d’Ivoire. Les deux corridors, longs de centaines de km impossibles à sécuriser se trouvent exposés au risque immédiat de la rupture. Les dysfonctionnements prévisibles ne concernent pas seulement l’intérieur du Mali. Ils impliquent la ruine de centaines de commerçants de la diaspora et de beaucoup de leurs associés et fournisseurs.

 

Coup audacieux près de Sévaré

Le 15 septembre, le Gsim revendique la prise, à l’aube, de la position « Carrefour Djenné », au sein de la région de Mopti. Il affirme avoir tué au moins 1 soldat et s’être emparé d’un butin, exposé en photos.

 

L’action marque une inflexion de la tactique adoptée jusqu’ici. Des embuscades dispersées, le Gsim passe à des engagements directs aux dépens des centres de commandement. L’évolution révèle la concomitance de deux enseignements :  La capacité de renseignement élevée des jihadistes leur permet d’identifier puis de frapper des cibles sensibles, en même temps qu’elle dévoile l’affaiblissement opérationnel des Fama quant à l’anticipation des menaces.

 

Récidive sanglante à Niono

 

Toujours le 15 septembre, une embuscade a visé un convoi des Fama et de leurs supplétifs russes de l’Africa Corps, sur l’axe Markala–Niono, dans le cercle de Ségou. Selon plusieurs sources locales, le raid a occasionné la mort de 10 militaires. Niono est l’un des espaces les plus éprouvés depuis le début de l’année.

 

Observations

 

  1. En dépit de leurs efforts de communication de crise, de l’aide substantielle de la Russie, de la solidarité des deux autres membres de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) et de sa supériorité dans les airs, le Mali ne se bat plus pour gagner. A présent, il cherche, bien seul, à préserver sa propre survie, comme culture, mémoire et diversité.

 

  1. L’empressement des milices rurales d’autodéfense à conclure des accords de non-agression avec le Gsim, ententes dénoncées par la junte, corrobore l’impression générale de la résignation face à la probabilité de la débâcle. L’avenir d’Africa Corps découle du même constat.

Vidéo leader Gsimhttps://t.me/veillesah/170

Vidéo Gsim, prise Carrefour Djennéhttps://t.me/veillesah/171

Communiqué Gsimhttps://t.me/veillesah/172

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La rentrée difficile du pouvoir sénégalais https://mondafrique.com/politique/la-rentree-difficile-du-pouvoir-senegalais/ https://mondafrique.com/politique/la-rentree-difficile-du-pouvoir-senegalais/#respond Sun, 14 Sep 2025 04:43:09 +0000 https://mondafrique.com/?p=138656 Au Sénégal, le Gouvernement est en tenaille entre la crise économique, la pression sociale et la perte d’influence diplomatique qui le conduit à s’ouvrir vers la Chine et le monde arabe.  Ibrahima Dieng Ces derniers mois, les gouvernants sénégalais n’ont pas du tout connu de répit. Confrontés à une situation économique délicate, ils sont également […]

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Au Sénégal, le Gouvernement est en tenaille entre la crise économique, la pression sociale et la perte d’influence diplomatique qui le conduit à s’ouvrir vers la Chine et le monde arabe. 

Ibrahima Dieng

Ces derniers mois, les gouvernants sénégalais n’ont pas du tout connu de répit. Confrontés à une situation économique délicate, ils sont également tenus de gérer des pressions politiques et sociales et une diplomatie en perte de vitesse. Plusieurs facteurs qui ont causé un remaniement ministériel le samedi 6 août 2025, avec notamment le départ de deux ministres stratégiques, en charge respectivement de la Justice et de l’Intérieur. 

Des difficultés économiques 

Au Sénégal, les choses ne s’arrangent pas pour le nouveau régime incarné par le président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko. Au contraire, elles se corsent notamment au plan économique. Le pays fait face à un endettement inédit désormais révisé à 118% du PIB contre 99% en 2023.  À cela s’ajoute des sociétés nationales en difficultés. La Poste et la Société nationale des oléagineux du Sénégal, jadis fleurons du pays sont en grande crise, favorisant des plans de réduction des emplois et de relance. Devant cette situation, un Plan de redressement économique et social est en vigueur depuis le 1er août 2025. 

Le premier chantier du plan est la réduction maîtrisée de la dépense publique. À ce niveau, les politiques fixées sont : l’amélioration de la planification stratégique, des cadres de dépenses à moyen terme, des indicateurs de performance, l’élargissement du scoring matriciel des projets, la digitalisation et l’optimisation de la commande publique, ainsi que la rénovation des procédures d’exécution budgétaire. Sans oublier la réduction de la taille de l’État. 

À ce niveau, il est attendu une réduction de 100 milliards FCFA sur le train de vie de l’État. Le deuxième chantier concerne la mobilisation des ressources domestiques. Les mesures annoncées sont : l’identification de nouvelles ressources fiscales dans le secteur du numérique, l’optimisation des revenus du foncier, l’intensification des amendes et redevances au besoin. 

Deux ministres écartés

Le ministre de la Justice OUSMANE DIAGN relevé de ses fonctions

 À côté de la diète économique et financière, le Gouvernement du Sénégal fait face à une forte pression de certaines franges de la population. Ladite pression est liée au fonctionnement de la justice. Pour beaucoup de militants et responsables du parti au pouvoir, les choses sont lentes voire inertes concernant l’arrestation des responsables des morts lors de la période préélectorale entre 2021 et 2024. Les appels à la révolte et à la contestation se multipliaient ainsi sur les réseaux sociaux et l’espace médiatique. 

Des autorités haut placé y compris le premier ministre Ousmane Sonko ont dénoncé une impunité des cas de répression. Et la réponse du ministre de la Justice, Ousmane Diagne n’a pas tardé. Devant les députés à l’Assemblée nationale, il s’est défendu, en mettant en avant les exigences d’une gestion responsable de son portefeuille ministériel imposée par l’intégrité requise par sa profession de magistrat. 

« Avec toute mon expérience dans la magistrature, je n’ai jamais accepté qu’on fasse pression sur moi. Qu’on ne compte pas sur moi pour faire pression sur les magistrats du siège. Le temps de la Justice exige de la rigueur et non de la précipitation.   Nous exercerons notre mission avec professionnalisme et en toute indépendance », avait il répondu. 

Quelques mois après, il est emporté par la pression populaire. Car lors du remaniement ministériel, il a été remplacé par l’ex ministre des Affaires étrangères Yassine Fall, compagnon de première heure du leader de Pastef Ousmane Sonko. En même temps, son avocat Mouhamadou Bamba Cissé a été nommé ministre de l’Intérieur, remplaçant Jean Baptiste Tine. Des changements stratégiques qui soulèvent des interrogations « sur une possible Ambition de l’exécutif de mettre la main sur la Justice » 

Une diplomatie en difficulté

Le ministre des affaires étrangères CHEIKH NIANG

Ces derniers mois, la diplomatie sénégalaise n’a pas connu que des éclaircies. Par moment, les tractations se sont montrées improductives. C’est par exemple le cas lors de l’élection du président de la Banque africaine de développement (BAD). Le Sénégal a perdu plusieurs voix qu’il pensait conquises. Et au final son candidat, Amadou Hott a été battu par Sidi Ould Tah, porté le président de la Mauritanie Mohamed Gazhouani. 

Le candidat du Senegal à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Ibrahima Socè Fall a également essuyé un revers. Aujourd’hui, le pays veut donner plus d’éclat à sa diplomatie. C’est pour cette raison qu’un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé le 6 août 2025. Cheikh Niang a remplacé Yassine Fall, avec comme mission de repositionner le Sénégal sur l’échiquier international. 

Cheikh Niang a été ambassadeur du Sénégal au Japon de novembre 2014 à juillet 2018, avec accréditation en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Indonésie, au Vietnam et à Singapour. Entre juillet 2012 et novembre 2014, il représentait le Sénégal à Washington, avec compétence étendue sur le Costa Rica, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay et l’Uruguay. 

De 2010 à 2012, il a exercé comme ambassadeur en Afrique du Sud, accrédité auprès de dix autres pays de la région australe. Son parcours diplomatique avait déjà été marqué par d’importantes fonctions à New York : Consul général du Sénégal de 2006 à 2010, puis ministre conseiller à la Mission permanente du Sénégal auprès des Nations Unies de 2001 à 2006. Plus tôt, il fut conseiller diplomatique du Président de la République de 1995 à 2001, après avoir dirigé la Division Afrique au ministère des Affaires étrangères.

Une ouverture vers l’Asie 

Jadis, c’est la France qui était le partenaire stratégique et privilégié du Sénégal tant au niveau économique, diplomatique. Aujourd’hui la donne semble changer. La Chine avance lentement mais sûrement ses pions au point de voler la vedette à l’ancien pays colonisateur. 

Aujourd’hui, ce pays asiatique est présent dans beaucoup de domaines. Que ce soit les infrastructures terrestres, portuaires, sanitaires, ariens etc. Déjà en 2024, selon les données de l’Agence nationale des Statistiques et de la Démographie (Ansd), les achats en provenance de Chine ont bondi de 8,3 % sur la même période, atteignant 848,242 milliards FCFA, soit 1,3 milliard d’euros. Cette progression a permis à la Chine de devenir le premier fournisseur du Sénégal en 2024, devant la France.

Le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, fraîchement rentré de la Chine a retracé la nouvelle carte de coopération économique. « Rien qu’un province de la Chine peut régler nos problèmes. C’est un partenaire avec qui nous allons travailler davantage », a-t-il dit lors de son discours prononcé le mardi 1er juillet 2025, juste après le départ des troupes françaises des bases de Dakar. 

Le Sénégal s’oriente également au plan diplomatique vers les pays arabes. En l’espace d’un mois, le président de la République et le premier ministre ont séjourné aux Émirats arabes unis. Dans ce cadre, les autorités sénégalaises ont multiplié les audiences avec d’autres hauts responsables de structures stratégiques dans le but de renforcer la coopération entre le Sénégal et les Emirats Arabes Unis.

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Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Sun, 14 Sep 2025 02:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 REJOIGNEZ LA CHAINE WHATTSAPP DE MONDAFRIQUE Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen […]

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Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen Orient (notamment le Liban).

Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain. Depuis le début des guerres en Ukraine et au Moyen Orient, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux qui ne peuvent pas manquer de se répercuter sur le mode africain et maghrébin. 

Notre positionnement critique vis à vis des pouvoirs en place, la diversité des contributeurs du site -journalistes, diplomates, universitaires ou simples citoyens-, la volonté enfin d’apporter des informations et des analyses qui tranchent avec la reste de la presse ont été nos seules lignes de conduite.  

Notre indépendance est totale.

Nous revendiquons une totale transparence. Deux hommes d’affaires et actionnaires du site, l’un mauritanien et l’autre libanais,  nous permettent de disposer de ressources pour faire vivre le site. Qu’ils en soient remerciés.

Le fondateur de Mondafrique, Nicolas Beau, contrôle l’actionnariat, ce qui place notre media à l’abri de toutes les pressions.

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France, Sebastien Lecornu remplace François Bayrou https://mondafrique.com/politique/france-sebastien-lecornu-remplace-francois-bayrou/ https://mondafrique.com/politique/france-sebastien-lecornu-remplace-francois-bayrou/#respond Sat, 13 Sep 2025 04:49:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138451 Voici les extraits d’un excellent papier paru sur le site « The Conversation », qui nous autorise à reprendre ce texte signé par Nicolas Rousselier ,professeur d’histoire politique, Sciences Po (…) Par contraste avec cette « période heureuse » de la Ve République, la situation actuelle est donc très simple : ne disposant pas d’un fait majoritaire à l’Assemblée, […]

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Voici les extraits d’un excellent papier paru sur le site « The Conversation », qui nous autorise à reprendre ce texte signé par ,professeur d’histoire politique, Sciences Po

(…) Par contraste avec cette « période heureuse » de la Ve République, la situation actuelle est donc très simple : ne disposant pas d’un fait majoritaire à l’Assemblée, l’exécutif se retrouve paralysé dans son pouvoir d’agir. Chaque premier ministre qui passe (Attal, Borne, Barnier, Bayrou, maintenant Lecornu) se retrouve encore un peu plus éloigné de toute légitimité électorale. Aussi la facilité avec laquelle le dispositif de la Ve République s’est démantelé sous nos yeux apparaît spectaculaire. Certes, en toute logique, l’ancien dispositif pourrait se reconstituer aussi vite qu’il a été brisé. Rien n’interdit de penser qu’une nouvelle élection présidentielle suivie de nouvelles élections législatives ne pourrait pas redonner au chef de l’État une assurance majoritaire. Rien n’interdit de penser, non plus, que de simples élections législatives intervenant après une dissolution pourraient conduire à un fait majoritaire au profit d’un seul parti ou d’un parti dominant qui rallierait à lui de petits partis satellitaires.

Tout ceci est possible et occupe visiblement l’esprit et l’espoir des acteurs politiques. Se replacer ainsi dans l’hypothèse du confort majoritaire sous-estime toutefois le caractère beaucoup plus profond des changements intervenus dans la période récente. La force de gouverner sous la Ve République reposait en effet sur un écosystème complexe dont il faut rappeler les deux principaux éléments.

Une domination de l’exécutif fondée sur l’expertise et sur le règne des partis

Tout d’abord, la domination de l’exécutif s’est jouée sur le terrain de l’expertise. Des organes de planification, de prospective et d’aides à la décision ont fleuri autour du gouvernement classique, surtout après 1945. Par comparaison, les assemblées parlementaires ont bénéficié d’une modernisation beaucoup plus limitée en termes de moyens. Elles ont développé la capacité d’évaluation des politiques publiques, mais ne disposent pas d’un organe public indépendant (ou suffisant) pour l’expertise du budget tel qu’il existe auprès du Congrès américain avec le Congressional Budget Office (CBO).

D’autre part, la force de l’exécutif a été historiquement dépendante du rôle de partis politiques modernes. Depuis les années 1960 et 1970, des partis politiques comme le Parti socialiste ou les différents partis gaullistes ont eu les moyens de jouer leur rôle de producteurs doctrinaux et de fidélisation de leur électorat. Ils étaient des « machines » capables d’exercer « une pression collective su la pensée de chacun » pour reprendre Simone Weil. Dans les assemblées, ils ont pu construire d’une main de fer la pratique de discipline de vote, des consignes de groupes et de contrôle des déclarations à la presse. Le parti majoritaire, parfois associé à de petits partis satellites ou alliés, était à même d’assurer au gouvernement une majorité connue d’avance, prête à faire voter en temps voulu le budget de l’exécutif ou les projets de loi sans modification importante. Les partis privilégiaient la cohésion collective et la verticalité de l’obéissance plutôt que le rôle d’espace de discussion. La répétition des élections présidentielles comme la fréquence du dispositif majoritaire avaient ancré les partis dans le rôle d’entrepreneurs de programmes. L’ambition de leurs plates-formes électorales était en proportion de la « force de gouverner » attendue : ce fut longtemps un atout indéniable pour que l’offre politique rencontre de fortes aspirations sociales.

Ces deux piliers de la force de l’exécutif sont aujourd’hui remis en cause. L’État planificateur de tradition jacobine s’est fortement transformé depuis les années 1990 avec la multiplication des agences et les réformes successives de décentralisation. L’âge d’or des grands serviteurs de l’État, qui offraient à l’exécutif une aide homogène à la décision, est passé. Aujourd’hui, un gouvernement est confronté à la diversité et parfois la contradiction des avis que lui fournissent les organes experts. L’expertise n’est donc plus enfermée dans le seul silo de la haute administration classique. Elle est devenue un secteur concurrentiel où des entrepreneurs d’expertise multiplient les avis et les alertes au risque d’ajouter à la confusion plutôt que d’aider à la prise de décision. La question concerne aussi bien les think tanks que des forums internationaux, tels que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

La « forme-parti » pour reprendre l’expression du politiste italien, Paol  Pombeni, a, elle aussi, profondément changé. L’appareil central a diminué en termes de moyens. Il n’est plus en mesure d’exercer le même contrôle sur les troupes et sur la mise en cohérence de l’ensemble. Au sein d’un même groupe parlementaire, certains membres jouent leur communication personnelle. L’affiliation par le haut étant en crise, il n’est pas étonnant de retrouver la même crise par le bas : les partis n’assurent plus de stabilité dans le lien entre leur offre politique et la demande sociale – leurs résultats d’un type d’élection à un autre sont devenus erratiques. Il est, par exemple, devenu impossible de savoir ce que représente réellement, à la fois politiquement et socialement, le Parti socialiste si l’on confronte le résultat de la dernière présidentielle (1,7 %) avec le score obtenu aux élections européennes (13 %). Comme le montrent les travaux de Rémi Lefebvre, les partis politiques ne réussissent plus à être des entrepreneurs stables d’identités qui fidélisent des sections de la société : une majorité politique est devenue introuvable parce qu’une majorité sociale est elle-même devenue impossible.

Au total, c’est toute la chaîne qui faisait la force de l’exécutif qui est démantelée, maillon par maillon. Un président n’est plus assuré de nommer un premier ministre qui sera à même de faire voter son programme électoral grâce à une majorité solide dans les assemblées.

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Elections en Côte d’Ivoire : le compte à rebours a commencé https://mondafrique.com/a-la-une/elections-en-cote-divoire-le-compte-a-rebours-a-commence/ https://mondafrique.com/a-la-une/elections-en-cote-divoire-le-compte-a-rebours-a-commence/#respond Wed, 10 Sep 2025 16:41:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=138440 Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé ou rejeté les candidatures des prétendants à l’élection présidentielle du 25 octobre. Sans surprise, les deux poids lourds, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, ont été recalés. Dès lors, la Côte d’Ivoire entre de plain-pied dans une zone d’incertitude… La rédaction de Mondafrique (correspondance) Le 8 septembre, avec […]

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Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé ou rejeté les candidatures des prétendants à l’élection présidentielle du 25 octobre. Sans surprise, les deux poids lourds, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, ont été recalés. Dès lors, la Côte d’Ivoire entre de plain-pied dans une zone d’incertitude…

La rédaction de Mondafrique (correspondance)

Le 8 septembre, avec deux jours d’avance sur la date initialement prévue, le Conseil constitutionnel ivoirien a donc rendu son verdict. Sur les 60 candidatures déposées seules cinq ont obtenu la bénédiction de ce Conseil :

  • Henriette Lagou, présidente d’un micro-parti qui avait obtenu 0,89% à l’élection présidentielle de 2015 ;
  • Jean-Louis Billon, un homme d’affaire, qui n’ayant pas pu être investit par son parti, le PDCI, s’est présenté sous la bannière d’une nouvelle plateforme politique (CODE) créée par ses soins ;
  • Ahoua Don Mello dissident du PPACI le parti de Laurent Gbagbo ;
  • Simone Ehivet, ex-épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo et présidente du parti MGC
  • Alassane Ouattara, actuel chef de l’Etat qui espère se succéder à lui-même pour réaliser un quatrième mandat.

Tous les autres ont été recalés. Si le rejet des candidatures des dirigeants des deux plus grands partis politiques de Côte d’Ivoire — Laurent Gbagbo pour le PPACI et Tidjane Thiam pour le PDCI — paraissait inéluctable, l’éviction d’Affi Nguessan a, elle, représentée une surprise. Selon le Conseil constitutionnel, les parrainages nécessaires à la validation de sa candidature comportaient « des numéros de cartes d’identité et de cartes d’électeurs faux ou en double ». Il en a été de même pour Laurent Gbagbo, qui lui bénéficie d’une double peine. Non seulement il n’aurait pas atteint le seuil requis de parrainages mais sa candidature est invalidée en raison d’une condamnation passée.

Dans la foulée de la décision du Conseil constitutionnel, Tidjane Thiam a publié un communiqué dénonçant un « vandalisme démocratique ». Habiba Touré, l’avocate de Laurent Gbagbo, a donné une conférence de presse dans laquelle elle a détaillé méticuleusement les atteintes au droit faites par le Conseil constitutionnel : violations des droits fondamentaux et constitutionnels, dénis des obligations internationales. Concernant les parrainages elle a accusé l’institution d’avoir « travesti les textes pour écarté volontairement son candidat. »

Cette affaire de parrainages prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire, chacun y va de son analyse. Cependant, dans un pays où la liste électorale est truffée d’irrégularités –   comme celle d’une mère qui aurait accouchée de plus de 700 enfants, ou des centaines d’électeurs de plus de 100 ans (Voir ITW Mondafrique Danielle Boni) – ce débat n’a que peu d’intérêt. A quoi bon, en effet, s’attarder sur quelques doublons de cartes d’électeurs ?  Il apparaît assez clairement que  la décision du Conseil n’est pas technique mais politique ce qui n’est pas de nature à calmer les esprits à la veille d’un vote d’une telle importance.

Une longue période d’incertitude s’annonce…

Une élection présidentielle est toujours une séquence redoutée par les Ivoiriens. Depuis la fin du parti unique dans les années 1990, seuls deux scrutins se sont déroulés sans trouble grave. En 1995, face au PDCI d’Henri Konan Bédié, le parti de Laurent Gbagbo et celui d’Alassane Ouattara avaient seulement appelé au boycott. En 2015, les électeurs, encore sous le choc de la crise postélectorale de 2010-2011, avaient majoritairement fait le choix de s’abstenir dans le calme.

A 45 jours du scrutin, tout le monde s’interroge donc sur ce qui pourrait advenir avant le jour fatidique. Quelle pourrait être la stratégie des deux leaders de l’opposition ? Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo sont réunis au sein d’une alliance appelée le Front commun. Depuis le début de la campagne, ils ont pris une position ferme : pas de plan B. Il est hors de question de reporter leurs voix sur une des personnalités validées par le Conseil constitutionnel. On voit mal comment, en effet, ils pourraient appeler à voter pour des dissidents de leur parti respectif. Que leur reste-t-il comme option ? Le boycott n’a pas prouvé son efficacité ni en 1995, ni en 2020. Lors de ce dernier scrutin, l’opposition avait opté pour ce choix dans le but de dénoncer à la fois le troisième mandat d’Alassane Ouattara  et un  Conseil constitutionnel considéré comme partial. Si cette stratégie a eu pour résultat une participation très faible dans certaines régions, elle n’a pas changé le cours des événements. Alassane Ouattara a été réélu au premier tour. Elle n’a surtout pas évité les fortes tensions et la violence. Pendant les crises pré- et postélectorales de 2020, le Conseil national des droits de l’homme avait dénombré 55 morts et 282 blessés. Que reste-t-il comme moyens de contestation à l’opposition ?  Appeler à la désobéissance civile, à manifester pacifiquement, comporte aussi des risques…

Un pouvoir confiant

Du côté du parti présidentiel, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), les cadres affichent sérénité et confiance. Ils récitent les éléments de langage qui se résument en deux phrases : «  Y’aura rien, tout va bien se passer » déclarent-ils à l’envi. En coulisses, en revanche, les autorités se préparent à traverser une période de gros temps. Le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, surnommé « Photocopie » pour sa ressemblance avec son frère Alassane Ouattara, a annoncé la couleur le 9 septembre : « L’Etat de Côte d’Ivoire ne reculera devant aucune tentative de déstabilisation. Nous serons là pour mettre fin à toute tentative de désordre. » Entre affichage de certitude et préparation en coulisses, la situation reste imprévisible. L’histoire est en cours d’écriture, et personne ne peut prédire la suite.

 

 

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Le suicide en direct de François Bayrou https://mondafrique.com/a-la-une/le-suicide-en-direct-de-francois-bayrou/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-suicide-en-direct-de-francois-bayrou/#respond Tue, 09 Sep 2025 09:55:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138387 Le premier ministre François Bayrou n’a pas obtenu la confiance des députés (194 voix pour, 364 voix contre) et va remettre sa démission au président de la République Emmanuel Macron. Ce dernier devra choisir un nouveau chef de gouvernement ou avoir recours à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Comment interpréter la chute du gouvernement […]

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Le premier ministre François Bayrou n’a pas obtenu la confiance des députés (194 voix pour, 364 voix contre) et va remettre sa démission au président de la République Emmanuel Macron. Ce dernier devra choisir un nouveau chef de gouvernement ou avoir recours à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Comment interpréter la chute du gouvernement Bayrou ? Quels scénarios pour une sortie de crise ? Entretien sur le site « The Conversatin » avec le politiste Frédéric Sawicki.

professeur de science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne


The Conversation : François Bayrou vient de démissionner. Quel bilan tirez-vous de son action et de sa méthode ?

Frédéric Sawicki : Comment comprendre un tel fiasco ? Comment comprendre ce suicide politique qu’est ce vote de confiance choisi par le premier ministre alors qu’il ne dispose pas de majorité ?

En refusant de s’engager depuis sa nomination dans une négociation ayant pu déboucher sur une espèce de contrat de gouvernement, notamment avec le Parti socialiste, François Bayrou s’est privé de toute possibilité de survie politique. C’est là un paradoxe pour ce démocrate-chrétien qui, tout au long de sa carrière politique, n’a cessé d’appeler au dépassement du clivage droite-gauche (rappelons qu’il avait à ce titre refusé de rejoindre l’UMP en 2002 et appelé à voter François Hollande en 2012) et à la recherche de compromis.

Sa gouvernance a en outre été marquée par une succession d’échecs et de maladresses qui n’ont pu que creuser la distance avec la gauche, à commencer par la désastreuse gestion des révélations concernant Bétharram, épisode au cours duquel François Bayrou a peiné à clarifier son rôle mais surtout guère montré de compassion pour les victimes, apparaissant comme un homme d’un autre temps. Auparavant, en janvier, il y a eu l’impasse totale faite sur les enjeux climatiques et environnementaux dans sa déclaration de politique générale suivie par l’utilisation de l’expression « submersion migratoire », deux lourds signaux envoyés à la droite et à l’extrême droite. Si celles-ci pouvaient applaudir des deux mains à l’unisson de la FNSEA l’adoption de la loi Duplomb, le PS et la CFDT ne pouvaient que constater de l’autre côté s’être fait rouler dans la farine après l’échec du « conclave » sur les retraites en juin dernier.

Enfin, après avoir ainsi humilié la gauche, le premier ministre a porté le coup de grâce en annonçant un plan d’économies de 44 milliards supporté pour l’essentiel par les salariés et les retraités, avec cette mesure ubuesque concernant la suppression deux jours fériés qui lui a définitivement aliéné le Rassemblement national.

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Au-delà de la personne de François Bayrou, quelles sont les causes structurelles de cet échec ?

F. S. : Il faut relativiser la responsabilité individuelle de François Bayrou, malgré ses bévues.

La première raison de cet échec réside dans le choix du président de la République de ne pas tenir compte du nouveau rapport de forces au sein de l’Assemblée nationale élue en juillet 2024. Celui-ci, rappelons le, aurait dû conduire à la nomination d’un premier ministre du Nouveau front populaire (NFP) quitte à ce que ce gouvernement échoue et que le président nomme alors un autre premier ministre. Au lieu de cela, Emmanuel Macron a choisi de s’appuyer sur le groupe LR et ses 48 députés, jusqu’ici dans l’opposition, en nommant Michel Barnier. En décembre il n’a même plus fait semblant de prendre acte de sa défaite en nommant François Bayrou qui, avec le groupe MoDem (36 députés), fait partie de sa majorité depuis 2017.

Pour réussir, Bayrou ou Barnier étaient condamnés à élargir leurs soutiens au-delà de leurs partis et du bloc central. Si la France était dans une démocratie parlementaire « classique », on en serait sûrement passé par une grande négociation entre les partis prêts à participer au gouvernement. Cette négociation aurait sans doute pris plusieurs semaines mais elle aurait permis une certaine stabilité autour de quelques mesures de compromis. En nommant un premier ministre à sa guise, en interférant dans la composition du gouvernement et en leur laissant le soin de bricoler une stratégie de balancier (un coup à gauche, deux ou trois coups à droite et à l’extrême droite) Emmanuel Macron a condamné celui-ci à l’échec.

On a beaucoup critiqué l’absence de culture du compromis des partis politiques. Est-ce également une raison de cet échec ?

F. S. : En effet, mais c’est moins la culture que nos institutions qui ne poussent pas les acteurs à se montrer responsables. L’élection présidentielle est toujours pensée comme le moment décisif permettant d’engager une nouvelle orientation pour cinq ans. Du coup, accepter de passer des compromis, revenait à risquer de se « griller » pour l’élection présidentielle suivante. C’est ce qui explique par exemple l’attitude de LR en 2022 qui refuse de rejoindre la majorité alors même que le programme d’Emmanuel Macron est largement convergent avec le sien.

L’hyper-présidentialisation empêche le compromis. La liberté laissée au président de nommer le premier ministre sans tenir pleinement compte du résultat du vote et son intrusion dans la politique du gouvernement même désavoué par les urnes illustrent la perversion de nos institutions. Elles garantissent l’irresponsabilité totale d’Emmanuel Macron. Même si des voix commencent à se faire entendre pour appeler à sa démission ou sa destitution, rien ne l’y oblige. Le revers de la médaille de cette irresponsabilité est qu’elle crée des partis tout aussi irresponsables : ces derniers renvoient la balle au président – à lui de se débrouiller pour trouver des réponses et rendez-vous à la prochaine élection présidentielle !

Enfin, le mode d’élection des députés au scrutin majoritaire à deux tours n’incite pas non plus les partis à trouver des compromis. D’un côté la gauche modérée doit s’associer à la gauche radicale pour avoir des députés, de l’autre la droite est concurrencée de plus en plus par l’extrême droite dans de nombreuses circonscriptions.

Quelles solutions permettraient de sortir de cette impasse ?

F. S. : Je plaide pour un scrutin proportionnel qui permettrait de rendre les partis politiques et les parlementaires plus responsables. Notre régime excessivement présidentialisé et le scrutin majoritaire à deux tours non seulement ne permettent pas une bonne représentation de la diversité des idées politiques et des intérêts sociaux mais ils ne permettent plus aujourd’hui de déboucher sur des majorités claires. Il existe des divisions sociologiques, politiques et idéologiques qui fracturent le pays bien au-delà de l’ancien clivage droite-gauche. La bipolarisation n’est pas près de se reproduire, c’est d’ailleurs un constat qui vaut pour de très nombreux pays aujourd’hui.

Aujourd’hui, ces divisions ne sont pas correctement reflétées au sein de l’Assemblée car les Français sont souvent contraints de voter pour éliminer tel ou tel parti. Le scrutin proportionnel incite au contraire à voter pour le programme dont on est le plus proche. Elle empêche qu’un seul parti ne gouverne et amène plus facilement les responsables politiques à négocier des orientations programmatiques.


À lire aussi : Notre démocratie est-elle minée par l’élection du président de la République au suffrage universel ?


Mais une réforme du scrutin législatif sera-t-elle suffisante ? L’un des enjeux n’est-il pas également de réduire le pouvoir du président de la République ?

F. S. : Effectivement, il existe sans doute d’autres chantiers à entreprendre. Certains considèrent qu’il faut revenir à un mandat unique de sept ans pour le président, d’autres qu’il faudrait lui retirer le pouvoir de nomination du premier ministre en rendant obligatoire le vote de confiance de l’Assemblée nationale, comme c’était le cas pour la troisième et la IVe République. D’autres souhaitent développer les référendums d’initiative partagée ou les référendums d’initiative citoyenne. Tout cela devra être discuté lors de la prochaine élection présidentielle, mais dans l’immédiat, pour remettre la Ve République sur des rails plus démocratiques et sortir de l’impasse actuelle, la proportionnelle me semble être la première réforme à envisager. Le politiste Bastien François propose un référendum sur la proportionnelle puis une dissolution qui permettrait d’élire une nouvelle assemblée. On peut aussi envisager cette réforme comme un élément de négociation pour construire un futur gouvernement entre le centre et la gauche.

Quelles solutions s’offrent à Emmanuel Macron aujourd’hui ?

F. S. : Emmanuel Macron peut désormais dissoudre l’assemblée mais ce choix serait risqué : il ferait perdre des voix à son camp. Par ailleurs, dans un contexte social inflammable – avec le mouvement Bloquons tout – une dissolution peut amplifier le vote de rejet du président.

Seconde hypothèse : Emmanuel Macron poursuit dans la même logique en espérant qu’un premier ministre de son camp fasse passer le budget au 49.3. quitte à dissoudre ensuite. Mais le Rassemblement national ne semble plus prêt à jouer le jeu de la neutralité et les socialistes ne devraient pas être plus cléments. Ce choix reviendrait donc à reculer pour mieux sauter et l’on arriverait très probablement à une nouvelle censure dans quelques semaines et à priver la France de budget.

Troisième hypothèse : Emmanuel Macron donne sa chance à Olivier Faure ou à un premier ministre de gauche. Il peut ainsi penser réussir à lever l’hypothèque socialiste comme on disait sous la Troisième. Il me semble qu’il s’agirait de la seule décision rationnelle pour éviter une dissolution. Les socialistes pourraient faire passer quelques réformes de gauche comme la taxe Zucman, des mesures prenant en compte la pénibilité en matière de retraite, voire des mesures en faveur de l’hôpital et l’éducation, qui sont largement soutenues par les Français. Ce serait sans doute difficile à avaler pour Macron mais ce dernier peut toujours espérer que le Conseil constitutionnel censure la taxe Zucman ou que LFI torpille le PS. Il peut aussi essayer de diviser les socialistes en proposant un ancien du PS comme Bernard Cazeneuve, mais les socialistes semblent aujourd’hui plus unis qu’en décembre dernier et risquent de refuser cette manœuvre.

Si dissolution il y a, le Rassemblement national est-il de plus en plus proche du pouvoir ?

F. S. : On peut penser que les principales victimes d’une dissolution seront les députés du camp présidentiel. La gauche, pour l’instant, semble se maintenir dans les sondages. Le RN également, autour d’un tiers des votes. La question, c’est que vont faire les partis ? Est-ce que LR va définitivement basculer vers une alliance avec le RN ? La gauche partira-t-elle unie (comme en 2022 et en 2024) à ces élections ou divisée ? Est-ce qu’une partie des électeurs, déçus du macronisme, vont se tourner vers les socialistes, finalement jugés plus responsables et raisonnables ? Il est difficile de prédire les rapports de forces actuels, tels que les mesurent les sondages, dans un contexte d’élection majoritaire à deux tours et avec autant d’incertitudes.


Propos recueillis par David Bornstein.

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La population sénégalaise s’inquète de la progression du terrorisme https://mondafrique.com/politique/la-population-senegalaise-inquete-de-la-progression-du-terrorisme/ https://mondafrique.com/politique/la-population-senegalaise-inquete-de-la-progression-du-terrorisme/#respond Mon, 08 Sep 2025 06:42:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=135629 Arrestation d’un individu devant une mosquée avec un pistolet, alerte alarmante d’un haut gradé de l’Armée, rapport préoccupant de Timbuktu Institute. Ces dernières semaines, les mises en garde contre l’avancée de la menace terroriste vers le Sénégal se multiplient. Une situation qui inquiète les populations de Bakel et Saraya, deux localités frontalières du Mali et […]

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Arrestation d’un individu devant une mosquée avec un pistolet, alerte alarmante d’un haut gradé de l’Armée, rapport préoccupant de Timbuktu Institute. Ces dernières semaines, les mises en garde contre l’avancée de la menace terroriste vers le Sénégal se multiplient. Une situation qui inquiète les populations de Bakel et Saraya, deux localités frontalières du Mali et de la Mauritanie. Riches de leurs mines aurifères qui attirent d’autres nationalités, ces deux départements vivent pourtant dans une précarité alarmante. 

Ibrahima Dieng

La menace terroriste hante le sommeil des populations et des autorités au Sénégal. Le dernier événement en date n’arrange point les choses. Une situation grave et inconfortable s’est produite dans le Sud du pays, dans la région de Kolda. Le samedi 7 juin, au moment où des fidèles effectuaient la prière l’Aid, les gendarmes ont arrêté un homme en possession d’un pistolet automatique , cinq munitions et un chargeur. Une interpellation dans un timing assez particulier. 

Elhadji Amadou Mballo a été intercepté devant une mosquée située à Médina Gounass. Interrogé sommairement par les enquêteurs, le suspect a déclaré qu’il détenait son pistolet en cas de conflit dans la mosquée. Il n’a pas présenté un permis de port d’arme. Par la suite, le Tribunal de Grande Instance de Kolda a ordonné son placement en garde à vue pour une enquête approfondie.

Cette affaire qui défraie la chronique intervient dans un contexte particulier dans une zone frontalière du Mali. Car au  lendemain d’une attaque jihadiste mortelle contre une base militaire du centre du pays une attaque terroriste coordonnée a visé, lundi 2 juin, un camp de l’armée malienne dans le centre de Tombouctou et l’aéroport de la ville. Quelques semaines plus tard, Kayes, assez proche du Sénégal a enregistré une attaque terroriste.  

Le cri alarmant d’un haut gradé 

La menace n’est pas loin. C’est la position de l’ancien aide de camp du président Macky Sall, Meïssa Sellé Ndiaye. Dans une cérémonie publique dans le Nord du pays, il a lancé un appel à la vigilance samedi, face à la menace djihadiste, car il considère que « personne n’est à l’abri », dans un contexte où le phénomène gagne du terrain notamment dans les pays frontaliers. 

Le Général d’armée  Sellé Meïssa Ndiaye s’est dit préoccupé par l’émergence d’un islam « importé », promu par de nouveaux prédicateurs formés à l’étranger et dont les pratiques contrastent avec l’islam confrérique traditionnel du Sénégal. Le Haut gradé de l’armée met également en garde contre ce qu’il appelle les signes « visibles de rupture ». Pour lui, aujourd’hui certains prêcheurs refusent  les rites sociaux comme les funérailles ou les baptêmes et ne participant pas à la solidarité communautaire.

Plus grave encore, l’autorité militaire considère que « des groupes seraient soutenus par des réseaux criminels liés au trafic de drogue et aux prises d’otages ». À cela s’ajoutent selon lui, des cellules terroristes dormantes. 

Son alerte intervient quelques semaines après le rapport de Timbuktu Institute. faisant état de possibles menaces du JNIM. Selon le rapport, il existe des facteurs de risque qui pourraient le rendre vulnérable à la stratégie d’expansion du JNIM. L’un d’eux est la porosité des frontières. Pour le rapport, la  porosité des frontières nationales permet l’infiltration économique actuelle du JNIM, ce qui constitue l’un des problèmes les plus urgents à résoudre pour la Mauritanie et le Sénégal.

Les populations inquiètes 

Au Sénégal, il y a des zones particulièrement exposées au terrorisme, à cause de la situation économique exécrable et la proximité avec des localités maliennes visées par des menaces terroristes. Saraya en fait partie. Il s’agit d’une zone aurifère à 800 Km de Dakar.  Et Fily Cissokho, habitant et responsable dans  la zone, décrit un contexte tendu marqué par l’arrivée massive de populations venues du Mali. « Le département a accueilli de nombreuses personnes, certaines en fuite, d’autres à la recherche de terres ou d’or. Beaucoup ne sont pas identifiées, et l’orpaillage devient un facteur d’insécurité », explique-t-il.

Pour lui, aujourd’hui avec la porosité des frontières, ces derniers   viennent, commettent leurs actes et se replient au Mali, surtout lorsque le fleuve est asséché. Dans cette situation, témoigne-t-il, les interventions des éléments  du Groupe d’Action Rapide de Surveillance et d’Intervention (GARSI) sont compliquées car la zone est très enclavée et dépourvue d’infrastructures de base. 

Bakel est frontalière à la Mauritanie et au Mali. Ce qui l’expose selon Alhousseyni Cissokho, membre du Forum civil. À ses yeux, la pauvreté est le premier facteur. Ensuite, l’influence de certains migrants porteurs d’idées extrémistes. « Les femmes et les enfants sont souvent ciblés pour faire passer des messages. L’isolement des villages fragilise encore davantage le tissu social », soutient l’acteur de la société civile sénégalaise.  À l’en croire, dans  des zones comme Yafféra ou Ballou, des groupes non identifiés campent à proximité des villages.

Aujourd’hui face à l’ampleur de la menace, il considère qu’il est crucial de renforcer l’approche collaborative en matière de sécurité. « La méconnaissance des mécanismes de sécurité communautaire nuit à la prévention. Il faut former des observateurs discrets, capables de détecter les comportements suspects», préconise Alphouseyni Cissokho. 

 

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