- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 13 Dec 2025 07:25:14 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Sat, 13 Dec 2025 03:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain

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La guerre de leadership entre les Églises et « la Gen Z » pour piloter la transition à Madagascar https://mondafrique.com/a-la-une/la-guerre-de-leadership-entre-les-eglises-et-la-gen-z-pour-piloter-la-transition/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-guerre-de-leadership-entre-les-eglises-et-la-gen-z-pour-piloter-la-transition/#respond Fri, 12 Dec 2025 09:40:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=144124 Le processus de "concertation nationale" qui a débuté mercredi et qui devrait déboucher sur la rédaction d'une nouvelle Constitution est piloté par le Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM)

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Le processus de « concertation nationale » qui a débuté mercredi pour six mois et qui devrait déboucher sur la rédaction d’une nouvelle Constitution est piloté par le Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Lequel est suspecté de faire le jeu de l’ancien régime par les militants de terrain qui ont été décisifs dans la chute du Président Andry Rajoelina et qui viennent de rédiger une « Charte de la Génération Z Madagascar »

Lors d’un discret voyage aux Émirats où est réfugié l’aancin chef d’État et sa famille, une information révélée par l’excellente lettre « Africa Intelligence », le Président de la refondation de Madagascar, Michaël Randrianirina, aurait rencontré des diplomates israéliens, américains et émiratis ainsi que le milliardaire Erik Prince, particulièrement actif au Congo. Dans quel but l’homme fort de Madagascar a-t-il accompli ce déplacement.  Pour demander l’aide financière des EAU lors d’une rencontre avec le secrétaire d’État émirati à la coopération internationale? Ou avec l’idée de sonder les autorités des Émirats sur  ube possible extradition d’Andry Rajoelina qui doit répondre à Madagascar d’accusations très graves? Sans doute les deux ! N Be

 

Madagascar, la confiscation de la Révolution au bénéfice des militaires

LES ÉGLISES CHRÉTIENNES MISES EN CAUSE PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE DE MADAGASCAR

Une chronique de Daniel Sainte-Roche

Des représentants de la Gen Z ont lancé les débats à ce sujet à l’issue d’une rencontre avec le Président de la Refondation la semaine dernière comme nous l’avions expliqué dans « Mondafrique » (voir l’article di dessus). Des membres de la société civile ont suivi le pas, en spécifiant que toutes les confessions ne sont pas représentées au sein de la FFKM, et en dénonçant une velléité d’exclusion de la part des tenants du pouvoir.  Sur les réseaux sociaux, des publications enflammées fustigent les Eglises qu’on accuse de vouloir remettre en selle le Président déchu Andry Rajoelina par le biais du dialogue national.

Le FFKM, une machine bien huilée

Le FFKM réunit les principales confessions chrétiennes « traditionnelles », l’Église catholique romaine (EKAR), l’Église luthérienne (FLM), l’Église réformée (FJKM) et l’Église anglicane (EEM). Créé en 1980, il est devenu au fil des ans une force morale incontournable et constitue l’élément le plus influent de la société civile. Depuis la 2ème République, et surtout au début des années 90, le FFKM a joué un rôle crucial en matière de dialogue politique. Intervenant dans le domaine de l’éducation civique (lutte contre la corruption, droits de l’homme, surveillance des élections), il dispose de larges réseaux dans tout le pays et jouit d’une grande crédibilité aux yeux de la population.

Les diverses contestations dont il fait l’objet aujourd’hui mettent en évidence le climat de méfiance qui s’installe entre les différentes entités en ce début de période transitoire. Pourtant, le mémorandum d’entente et le « projet de concertation nationale pour la refondation de Madagascar » signés entre le gouvernement et le FFKM, laissent apparaître que l’inclusivité, la neutralité et la transparence doivent présider à la conduite du dialogue national. Et bien que le FFKM soit pleinement indépendant dans la prise de décision et la définition des procédures, il est tenu de convier toutes les forces vives de la nation, y inclus les représentants des églises chrétiennes nouvellement créées et les organisations musulmanes.

Le FFKM préconise ainsi un processus comportant trois volets. D’une part, l’adoption d’une « charte de la transition » lors d’une phase préparatoire permettant de s’assurer que le processus de refondation nationale se déroule dans des conditions de stabilité socio-politique. Le FFKM prévoit de veiller à ce que les priorités nationales durant la transition tiennent compte des principales revendications durant les manifestations, et que le cadre de la concertation nationale soit bien défini. D’autre part, la mise en œuvre de la concertation nationale, ce qui devrait aboutir à la réconciliation nationale et à la définition d’un nouveau projet de société pour Madagascar avec le système étatique inhérent.

Ces deux premiers volets mettront en place la feuille de route, l’organigramme institutionnel et les termes de référence du Premier ministre de transition. Un rapport de dialogue national pour la refondation de Madagascar sera produit, et définira les valeurs communes, les principes directeurs du nouvel État, et les grandes orientations politiques, économiques et sociales du pays. Les structures adaptées à ces grandes orientations seront définies, ainsi que les lignes directeurs pour l’élaboration de projets de constitution de la République.

Le dialogue multipartite sur la charte de la transition impliquera la participation de 75 personnes issues de la Présidence de la Refondation de la Républiques, des Partis politiques, de laPlateforme « Gen-Z », du Groupement des OSC nationales, des Représentant des groupements des grands syndicats d’Etat et du Secteur privé.

Le volet « concertation » se déroulera au niveau local (dans les 17.000 Fokontany/groupements de quartiers, et 1695 Communes), au niveau des 25 régions, et au niveau national (Forum national de la refondation).  Les concertations à chaque niveau verront le concours des représentants des conseils municipaux, des leader religieux, des Leaders traditionnels, des Groupements des jeunes, des Opérateurs économiques, des Groupements des fonctionnaires, et des Organisations de la société civile. Au niveau national, des représentants de la diaspora seront invités.  

Lors de ces assises, le FFKM pose des critères stricts d’inclusivité se rapportant à la parité géographique (présence de toutes les régions), a la représentation féminine (minimum 40%), des jeunes de 18 à 35 ans (minimum 30%), des personnes en situation de handicap, et des sensibilités politiques.

Guerre de leadership

Les représentants des Gen Z contestent cette démarche, et font circuler une pétition en ligne dénommée « Charte de la Génération Z Madagascar ». C’est ainsi que trois célèbres écrivains, Rakotoson Michele, Raharimanana et Johary Ravaloson militent pour une signature en masse de cette Charte qui pourrait selon eux devenir le « contrat social liant la refondation de Madagascar ». Dans leur appel, ces trois écrivains notent que la Charte de la Gen Z Madagascar est « éthique », « faite sans nomination ni distribution de places, de façon plus simple et plus économique » et serait autrement plus efficace que l’organisation de « réunions qui coûteront plus cher » et qui « n’assureront pas l’inclusivité ».

Sous le slogan « people’s power » « demokrasia mainty » (« pouvoir du peuple » « démocratie noire ») la Gen Z revendique une « refondation populaire, souveraine et participative de la Nation ». Elle s’engage pour la mise en place d’un nouveau système, bâti sur des fondations « entièrement différentes » : la souveraineté nationale, la transparence, la participation du peuple et la dignité collective.  

Force est cependant de constater que dans l’atteinte de ses objectifs, la Charte de la Gen Z se contente d’énoncer des mécanismes classiques : refonte institutionnelle, responsabilisation citoyenne et éveil national, respect des droits fondamentaux, implication active de la jeunesse sans distinction, transparence et bonne gouvernance… Les « lignes rouges » évoquées ne laissentpas non plus transparaitre un caractère entièrement innovant. La Charte se limite à mentionnerune série de posture : le refus de toutes formes de violence et d’abus, le refus de toute violation des droits et libertés fondamentaux incluant la liberté d’expression et le droit à la sécurité, le refus de l’usage des institutions à des fins contraires à l’intérêt général, l’intolérance à la corruption et à toutes formes d’injustice et refus de toutes élections, scrutin, mode de nomination et prise de responsabilités publiques qui ne sont pas justes, libres, équitables et transparentes.

La Force de pénétration des Églises

Trois semaines après sa publication, la Charte de la Gen Z Madagascar a recueilli 2564 signatures vérifiées (à la date du 11 décembre 2025). C’est dire que le critère d’inclusivité est loin d’être rempli, et organiser la refondation sur Facebook risquerait d’exclure beaucoup de monde, dans une société ou la connectivité n’est pas encore élargie à toutes les catégories de la population. En face, le FFKM a une force de pénétration considérable dans la mesure ou l’on peut trouver au moins une des quatre églises même dans les coins les plus reculés de Madagascar.

Cet avantage du FFKM sur le terrain est néanmoins contrebalancé par les campagnes de dénigrement relayées sur les réseaux sociaux.  Dès sa création, les pouvoirs politiques ont très mal vu le succès du Conseil des églises auprès de la population.  Respecté grâce à son engagement pour le dialogue, la paix et la justice sociale, le FFKM a fait l’objet de différentes manœuvres tendant à diminuer son influence. Ainsi, à partir de 1996, le Président Didier Ratsiraka a favorisé l’émergence des sectes. Cette politique a été poursuivi par Andry Rajoelinaaprès le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir en 2009. Il en résulte que les sectes évangéliques ont connu un succès retentissant, atteignant le nombre de 200 églises en 2019, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.  

La défiance envers les églises en général est aussi décelable sur les réseaux sociaux, alimentant encore plus la méfiance envers le FFKM. Cette défiance est causée en partie par l’implication personnelle de certains religieux dans les joutes politiques. Lors de la crise post-électorale de 2002 opposant Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, l’appartenance de ce dernier au FFKM fait perdre l’image de neutralité à certains pasteurs protestants. Lors du coup d’Etat de 2009, Monseigneur Odon Marie Arsène Razanakolona, Archevêque d’Antananarivo a soutenu ouvertement Andry Rajoelina, décrédibilisant en conséquence l’ensemble de l’Eglise catholique à Madagascar. Lors du dernier mandat de Andry Rajoelina, le parti présidentiel TGV a « entretenu » des pasteurs luthériens, a charge pour ces derniers d’assurer une propagande pour le pouvoir en place… 

Ces différents faits provoquent une fracture entre les structures ecclésiales et les nouveaux acteurs politiques que sont les membres de la Gen Z. Il apparait que Madagascar a cruellement besoin d’un nouveau pacte pour résoudre les blocages politiques et d’un renouvellement de la classe politique qui révèle de nouveaux acteurs capables de faire apparaître une solution crédible.

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Centrafrique : l’échec sécuritaire du Haut-Mbomou https://mondafrique.com/a-la-une/centrafrique-lechec-securitaire-du-haut-mbomou/ https://mondafrique.com/a-la-une/centrafrique-lechec-securitaire-du-haut-mbomou/#respond Sat, 06 Dec 2025 10:39:39 +0000 https://mondafrique.com/?p=143879 Le dernier rapport de Crisis Group sur la République centrafricaine (RCA) dresse un constat implacable : l’intégration précipitée de la milice zandé Azandé Ani Kpi Gbé (AAKG) dans l’armée nationale a non seulement aggravé l’instabilité du Haut-Mbomou, mais a aussi mis en lumière les failles profondes du dispositif sécuritaire du pays.   La rédaction de […]

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Le dernier rapport de Crisis Group sur la République centrafricaine (RCA) dresse un constat implacable : l’intégration précipitée de la milice zandé Azandé Ani Kpi Gbé (AAKG) dans l’armée nationale a non seulement aggravé l’instabilité du Haut-Mbomou, mais a aussi mis en lumière les failles profondes du dispositif sécuritaire du pays.
 
La rédaction de Mondafrique 
 
Voici la dernière ne stratégie improvisée par le pouvoir centrafricain face aux groupes armés et dont les conséquences devraient être meurtrières. Créée en 2023 par des jeunes zandé pour contrer les rebelles peul de l’UPC, la milice AAKG a rapidement été courtisée par Bangui et ses alliés russes du groupe Wagner. En mai 2024, deux cents de ses combattants ont été intégrés dans l’armée nationale, opérant sous commandement russe.
 
Ce choix, censé renforcer la lutte contre l’UPC, s’est transformé en bombe à retardement : indiscipline, insubordination, violences contre civils peul et affrontements directs avec les forces régulières et les paramilitaires russes. Résultat : près de 200 morts et des milliers de déplacés en deux ans.
 
Les limites du partenariat avec Moscou
 
Le rapport souligne que cette crise illustre les limites du partenariat sécuritaire noué par le président Faustin-Archange Touadéra avec la Russie depuis 2018. Wagner, censé stabiliser le sud-est, a au contraire alimenté les tensions, multipliant exécutions sommaires, bombardements et représailles contre les populations locales.
L’armée centrafricaine, déjà fragilisée par des logiques identitaires et un manque de moyens, s’est retrouvée piégée dans une spirale de violences où ses propres alliés sont devenus des adversaires.
 
Douze ans après le coup d’État de 2013, la composition de l’armée reste marquée par des clivages communautaires. L’intégration de milices d’autodéfense, loin de renforcer la cohésion nationale, a accentué la fragmentation et sapé les principes de la Politique nationale de défense adoptée fin 2024, qui visait à bâtir une armée neutre et représentative.
 
Des risques majeurs à l’approche des élections
 
Si la sécurité s’est globalement améliorée dans certaines provinces grâce au redéploiement de l’État et à l’affaiblissement des groupes armés, le Haut-Mbomou demeure un foyer de tensions. Les crises régionales, notamment au Soudan du Sud, et les élections générales de décembre 2025 pourraient rallumer l’incendie.
 
Le rapport ne se contente pas d’appeler à des réformes techniques : il met en lumière la responsabilité directe du régime de Bangui dans l’aggravation des violences. Loin de bâtir une armée nationale, le pouvoir a choisi de jouer sur les divisions ethniques pour mieux régner, instrumentalisant les rancunes communautaires et intégrant des milices d’autodéfense selon ses besoins du moment.
 
En s’alliant tour à tour avec les combattants zandé, les paramilitaires russes de Wagner ou certains groupes armés, les autorités centrafricaines cautionnent de fait les exactions, massacres et atteintes aux droits humains commis contre les civils. Cette stratégie cynique, qui tolère les crimes pour briser toute contestation, transforme l’armée en un outil de domination identitaire plutôt qu’en une force protectrice.
 
Le rapport souligne que la RCA ne peut pas continuer à bâtir sa sécurité sur des alliances opportunistes et criminelles. La militarisation identitaire est une impasse qui fragmente davantage le pays et alimente la spirale de violences. À l’approche des élections, Bangui se trouve face à un choix clair : persister dans une politique de manipulation ethnique et de dépendance aux mercenaires étrangers, ou enfin investir dans une armée véritablement nationale, professionnelle et représentative de la diversité du peuple centrafricain.

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Madagascar, la confiscation de la Révolution au bénéfice des militaires https://mondafrique.com/a-la-une/la-confiscation-de-la-revolution-au-benefice-des-militaires/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-confiscation-de-la-revolution-au-benefice-des-militaires/#respond Fri, 05 Dec 2025 07:11:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=143820 L'appareil sécuritaire où les partisans de l'ancien régime n'ont rien appris, rien oublié depuis le départ de l'ex Président

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 De l’eau a coulé sous le pont depuis la prestation de serment en tant que chef de l’Etat du colonel Michael Randrianirina (17 Octobre 2025). L’appareil sécuritaire où les partisans de l’ancien régime n’ont rien appris, rien oublié depuis le départ de l’ex Président tente de sauver les meubles et de faire pression sur le nouveau pouvoir dans le sens de ses intérèts.

Daniel Sainte-Roche

Le colonel Randrianirina, chef du CAPSAT, une unité de l'armée qui s'est mutinée et s'est jointe aux manifestants antigouvernementaux le week-end dernier, a lu le serment présidentiel lors d'une cérémonie à la Haute cour constitutionnelle à Antananarivo
Le colonel Randrianirina, chef du CAPSAT, une unité de l’armée qui s’est mutinée et s’est jointe aux manifestants antigouvernementaux le week-end dernier, a lu le serment présidentiel lors d’une cérémonie à la Haute cour constitutionnelle à Antananarivo

Présentée dans un premier temps par certains analystes comme un « coup d’État enveloppé dans une révolution », la prise de pouvoir semble désormais entérinée par les principaux partenaires de la Grande ile. Cette reconnaissance internationale devrait a priori réjouir le citoyen, qui garde encore le mauvais souvenir des sanctions infligées au pays lors des précédentes crises politiques.

Mais au-delà de l’espoir de stabilité que procure la poursuite de la coopération avec les bailleurs de fonds, des inquiétudes subsistent au regard de la persistance de signaux négatifs tendant à conforter la pérennisation de l’ancien système sous une nouvelle forme. La Génération Z et la société civile s’alarment ainsi devant la confiscation de la révolution qui se profile au bénéfice des militaires et des élites.

Des lobbies encore tenaces

La place prépondérante accordée aux civils dans les différentes institutions de l’Etat ne dissipe pas la méfiance en ce début de l’ère post-Rajoelina. Des voix s’élèvent pour contester la nomination aux hauts emplois de l’Etat des personnalités qui se sont affichées avec l’ancien régime, ou pire ont été impliquées ces dernières années dans des affaires controversées.  La légendaire apathie des fonctionnaires, premiers bénéficiaires de la corruption et de la gabegie, a contribué à maintenir la pérennité du système de prédation institué par Rajoelina et consort.

Aujourd’hui, l’Etat profond reste encore entre les mains de ces lobbies, a l’instar de l’association des grands corps de l’Etat et des syndicats corporatistes qui existent dans chaque ministère. Ces associations se distinguent par leurs déclarations tonitruantes quand il s’agit de briguer des postes politiques, mais se révèlent d’une singulière inefficacité pour endiguer les mécanismes de corruption au sein de la fonction publique. Ainsi, les membres des différentes institutions de contrôle sont issus de l’association des grands corps de l’Etat, mais ils ne semblent pas très impliqués dans l’exercice de leur mission.

Siteny Andrianasoloniaiko,  le président de l’Assemblée nationale

Les réseaux politiques établis sous l’ancien régime parviennent d’ores et déjà à noyauter le cercle de pouvoir.   Les anciens compagnons de route de Andry Rajoelina comme Siteny Andrianasoloniaiko- devenu actuellement président de l’Assemblée nationale-et Hajo Andrianainarivelo-plusieurs fois nommé ministre depuis le coup d’Etat de 2009-ont l’oreille du colonel Randrianirina. La refondation risque de devenir un terrain d’affrontement pour les formations politiques qui espèrent utiliser les rouages du nouveau pouvoir pour se présenter en position de force aux prochaines élections.

Un autre fait qui alimente les doutes est la perception qu’a le public de la capacite du gouvernement actuel à faire face aux préoccupations immédiates de la population, à savoir d’une part le rétablissement de l’eau, de l’électricité, et de la sécurité, et d’autre part `le combat contre la corruption et l’impunité. La réunion du 27 novembre 2025 entre les députés et les responsables du secteur énergétique (Ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, JIRAMA, fournisseurs d’électricité) n’a pas permis de briser la chaine de dépendance dans laquelle sont impétrés l’Etat et la société nationale d’eau et d’électricité.  L’Etat semble aussi rencontrer de grandes difficultés dans la prise en main des secteurs sensibles comme les mines, les douanes et les télécommunications. Il est vrai que dans son nouveau PGE (programme général de l’État), le gouvernement promet de mettre fin aux magouilles, de casser les monopoles et les privilèges. Mais aucune stratégie dans ce sens n’est pour le moment présentée, alors que ces domaines très juteux sont entre les mains de réseaux d’intérêts tentaculaires et bien organisés. 

Le colonel Michael Randrianirina sous influence

L’une des grandes préoccupations du public résulte aussi de l’opacité entretenue autour du calendrier et de la nature même de la transition. Dans un interview à la Télévision nationale malgache le 17 novembre 2025, le colonel Michaël Randrianirina a affirmé vouloir réaliser la restructuration totale de la Constitution et des institutions dans une période de deux ans, au bout de laquelle un referendum constitutionnel et le scrutin présidentiel seront organisés. Cette affirmation fut cependant fortement nuancée trois jours après dans un entretien accordé à Russia Today , durant lequel le Chef de l’Etat laisse entendre que la réalisation de la refondation nécessitera dix-huit à vingt-et-quatre mois, et « c’est seulement après cette période que Madagascar entrera dans la transition ».

Envisagé sous cet aspect, on dénote une velléité de s’écarter de la décision n°10-HCC/D3 du 14 octobre 2025 de la Haute Cour Constitutionnelle qui se réfère à l’article 53 de la Constitution ainsi libellé : « Après la constatation de la vacance de la Présidence de la République, il est procédé à l’élection d’un nouveau Président de la République dans un délai de 30 jours au moins et 60 jours au plus (…) ». Autrement dit, la Constitution limite le rôle de l’armée a la préservation de la continuité de l’État en cas de vacances, et a la garantie du fonctionnement des institutions. En l’absence d’un cadre légal, il ne  revient pas au gouvernement provisoire de prolonger son mandat, ni de s’arroger des compétences pour redéfinir un modèle politique et institutionnel.

La démarche empruntée par la Présidence de la Refondation de la République de Madagascar est d’autant plus inquiétante qu’elle rappelle le malheureux précédent survenu à la suite de la révolte du 13 mai 1972.  Après des mois d’âpres luttes menées par la jeunesse, l’armée a pris le pouvoir et au bout de trois ans de tumulte, a facilité en 1975 l’accession à la magistrature suprême d’un officier de marine du rang de capitaine de corvette. Ce dernier s’est installé plus d’une vingtaine d’années à la tête de Madagascar, amenant avec lui un désastre économique et des atteintes aux droits humains qui laissent encore des séquelles aujourd’hui.

L’appétit vient en mangeant écrivit   Rabelais dans son roman Gargantua (1534) ; la soif s’en va en buvant, semble répondre en échos le Colonel Randrianiriana qui n’exclut plus sa candidature a la présidentielle dans deux ans « si le peuple le demande », comme il l’a spécifié lors de son entretien à la télévision. L’installation durable d’un militaire au pouvoir n’est donc pas à écarter et ce d’autant plus que l’opinion publique n’est pas forcement contre ce schéma. Une enquête d’Afrobaromètre effectuée en décembre 2024 établit que 60 % de Malgaches considèrent qu’il est « légitime que les forces armées prennent le contrôle du gouvernement lorsque les dirigeants élus abusent du pouvoir à leurs propres fins ». Le Président de la Refondation de la République pourrait bien surfer sur ce vent favorable…

Pour la Gen Z et la société civile, il y a donc bien lieu de s’inquiéter. La seule opportunité pour eux de reprendre la main se trouve dans l’organisation des assises nationales que le pouvoir a promis d’organiser incessamment. Ces assises (ou conférence nationale) seront chargées d’examiner les bases de la refondation nationale.

La souveraineté populaire menacée

Conscient des risques de marginalisation dont elle est l’objet, la Gen Z encore incapable de s’organiser formellement dans l’immédiat, veut se positionner comme une force de proposition. A l’issue d’une rencontre avec le Président de la Refondation, les représentants de la Gen Z ont souligné l’importance de la tenue des assises nationales, qui selon eux est « un moment clé pour redéfinir l’avenir du pays et traiter les causes profondes de la crise ». Rejetant l’idée de confier exclusivement au Conseil des Eglises (FFKM) l’organisation de ces réunions, la Gen Z propose un cadre plus large, plus démocratique, et plus fidèle a la diversité du pays et préconise une « co-organisation impliquant l’ensemble des forces sociales, citoyennes et intellectuelles du pays ».  Elle réclame en outre une place réelle et structurée pour la jeunesse engagée et les mouvements populaires. Les assises nationales, estime-t-elle, doivent être un processus transparent, documenté, orienté vers des solutions durables, capable d’ouvrir un nouveau chapitre pour Madagascar et servir l’intérêt général et la souveraineté populaire.

Ces recommandations de la Gen Z risquent cependant de demeurer des vœux pieux si elle n’arrive pas à maintenir la pression et la mobilisation citoyenne. Or, la jeunesse malgache, longtemps cantonnée dans la phobie de la chose publique, ne dispose pas du précieux « praxis » qui lui permettrait de structurer le mouvement vers l’action politique.

« La charte GenZ »

Pour l’heure, Gen Z Madagascar annonce le lancement de sa « charte GenZ » axée sur l’éducation et la participation citoyennes. Une chaine « GenZ TV » a été aussi créée dans la foulée, en vue de permettre à la jeunesse de renforcer sa compréhension des enjeux publics et de favoriser une participation plus active à la vie démocratique.

Concernant la société civile, sa réussite dépendra de sa capacité à structurer ses revendications. Mais cette entité a aussi ses propres faiblesses et nécessite plus que toute autre une refondation. La relative longévité du système implanté par Andry Rajoelina et consort depuis 2009 peut être attribuée en partie à l’inefficacité des organisations de la société civile. En effet, la société civile à Madagascar est souvent décrite comme une simple antichambre de la société politique : l’une et l’autre forment un tout lié par un système de vase communicante. La société civile constitue souvent de parachute pour le militant déchu du monde politique.  Elle est aussi utilisée comme tremplin pour l’activiste voulant accéder   aux fonctions politiques. Et pire il existe des cas ou des ‘ONG’ ou autres associations   sont en réalité des sociétés commerciales déguisées.

Par ailleurs, de nombreuses associations de la société civile sont devenues des esclaves du financement des PTF (partenaires techniques et financiers). Des jeunes au lieu de verser dans des activités productives, préfèrent s’occuper dans le mouvement associatif pour profiter de la manne du financement étranger. Ce qui explique en partie le prétendu ‘apolitisme’ revendiqué par certains jeunes et moins jeunes, l’apolitisme étant supposé leur donner un peu plus de crédibilité aux yeux des bailleurs de fonds. La « représentativité » que l’on réclame dans la participation aux assises nationales risque ainsi de devenir illusoire

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Le Cameroun sous le choc après la mort de l’opposant Anicet Ekane https://mondafrique.com/a-la-une/le-cameroun-sous-le-choc-apres-la-mort-de-lopposant-anicet-ekane/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-cameroun-sous-le-choc-apres-la-mort-de-lopposant-anicet-ekane/#respond Fri, 05 Dec 2025 01:54:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=143778 La mort de l’opposant Anicet Ekane, survenue le 1er décembre 2025 dans les geôles de Yaoundé, a non seulement ému les Camerounais, mais elle a ravivé les inquiétudes

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La mort de l’opposant Anicet Ekane, survenue en prison le 1er décembre 2025, a bouleversé les Camerounais. Du cinéaste Jean‑Pierre Bekolo à l’écrivain Eugène Ebodé, des voix s’élèvent pour dénoncer le marasme politique et l’enlisement d’une crise postélectorale qui n’en finit pas. Dans ce contexte, les propos de Nathalie Yamb, cherchant à exonérer le pouvoir de toute responsabilité, ont suscité un tollé.

Malgré le départ en exil en Gambie de Bakary Tchiroma, arrivé devant Paul Biya lors de la présidentielle d’octobre, le Cameroun reste plongé dans une crise politique profonde. La mort de l’opposant Anicet Ekane, survenue le 1er décembre 2025 dans les geôles de Yaoundé, a non seulement ému les Camerounais, mais elle a ravivé les inquiétudes quant à la répression qui s’abat sur les contestataires.  Dans un texte poignant, le cinéaste Jean-Pierre Bekolo, raconte l’angoisse de ses compatriotes qui vivent dans une retenue permanente.  Il décrit un peuple qui baisse la tête par peur et par fatigue, conscient des injustices commises contre divers groupes : anglophones, Bamiléké, Nordistes, et désormais les Douala après la mort d’Anicet Ekane. Pour le cinéaste, cette disparition révèle un pays où chacun détourne le regard, persuadé que relever la tête pourrait signer son propre tour.

Pour exprimer sa colère, L’écrivain Eugène Ebodé, a, lui, choisi de rendre sa médaille de Chevalier dans l’Ordre de la Valeur obtenue en 2016. Il accompagne ce geste symbolique fort d’un texte incisif  dans lequel il dénonce un État qui « ruse avec ses propres principes », une justice dévoyée, la confiscation du bien public par une clique et le risque croissant de repli tribal. Pour lui, seule la restauration intégrale du droit peut permettre de « penser, panser et reconstruire » le Cameroun.

Dans le concert de ces voix belles, sobres et justes, la sortie de Nathalie Yamb après le décès d’Anicet Ekane détonait.  Dans un post sur les réseaux sociaux, la militante panafricaniste a écrit : « La mort n’est pas le fruit du hasard, elle survient quand elle doit survenir. Anicet était souffrant depuis quelques années. Covid lui avait laissé les poumons en lambeaux. Être en détention n’a clairement pas arrangé les choses. Que la transition lui soit légère. » L’inélégance de ces propos a heurté la famille du défunt, sa sœur Mariana Ekane, a repris la militante de volée en lui demandant de se taire et en lui reprochant d’être une « pseudo panafricaniste »… 

Ci-dessous, le texte intégral d’Eugène Ebodé, qui dresse un réquisitoire sévère contre un État en déliquescence.

Un État qui ruse avec ses propres principes est un État moribond. Un État qui emprisonne pour museler sa population et qui piétine le Droit est un État condamné à disparaître, car privé de valeurs. C’est précisément pour ces raisons que je renvoie à cet État la médaille de Chevalier dans l’Ordre de la Valeur qui m’a été décernée en 2016. Il faut savoir tourner le dos au désastre et rendre une médaille indigne. Depuis la crise dite « anglophone » – qui est en réalité le symptôme éclatant de la défaite de l’État central et de son obsolescence programmée par la cupidité – la question de la justice a surgi avec force dans le débat public camerounais. Or elle n’a trouvé ni mode de régulation approprié ni réponse acceptable, parce que l’État s’est réduit à une clique que la dévoration du bien public a rendue incapable de gouverner, mais uniquement apte à rapiner.

La dernière élection présidentielle a montré l’état des ravages causés à l’État de droit et les irresponsabilités qui ont rendu irrecevables, car proprement ubuesques, les résultats proclamés. Ce détournement de la fonction publique au profit d’intérêts privés a rendu caduque toute démarche assimilable à la protection des personnes, à la gestion du bien commun, à la sauvegarde des institutions et au respect de la souveraineté. Ce sont pourtant ces mécanismes-là qui, dans tout État digne de ce nom, fondent l’exercice légitime du pouvoir. Les Founding Fathers des États-Unis l’avaient compris.

Une République ne tient debout que si la justice est son axe cardinal. La Déclaration d’indépendance et la Constitution, dans leur architecture même, affirment que l’autorité politique doit être continuellement accountable devant le peuple, et que tout abus de pouvoir constitue une rupture du pacte national de confiance. Abraham Lincoln, à la veille de la guerre de Sécession, rappelait avec une remarquable force morale que l’Union ne pourrait être sauvée qu’en restant fidèle au principe de justice qui fait de tous les citoyens des égaux en droit. Pour lui, comme pour les pères fondateurs, la justice n’était pas un simple ornement institutionnel : elle était l’essence même de la nation. Or, au Cameroun, la justice n’est plus ni la boussole politique ni l’instrument par lequel une nation renouvelle chaque jour son adhésion à son gouvernement. Dès lors, le dérèglement politique accélère la dégradation de la paix sociale. Le pire est alors à redouter : le règne de la tribu lorsque l’effacement de la nation s’est installé et que l’État s’est écroulé.

Cette situation conduira fatalement au choc des appartenances primaires. Ce que nous voyons déjà à l’œuvre est dramatique et lourd de menaces. La disparition de l’État, de son autorité légitime et de sa fonction arbitrale, feront surgir des milices se réclamant de la tribu ou d’un régionalisme de façade. Ce chaos annoncé est une calamité qui avance un peu plus chaque jour. C’est contre cette dérive systémique que je m’élève. Je restitue donc à l’État défaillant et moribond une distinction honorifique qui a perdu sa signification, car elle n’est plus en adéquation avec les exigences de cohésion, de juste valorisation, d’intégrité institutionnelle et d’idéal de justice qui devraient être les piliers de tout État honorable. Je formule pour le Cameroun le vœu d’un redressement profond. Le pays est durement éprouvé. Peut-il encore être « pansé », pensé et reconstruit ? Oui, à condition de rétablir la Justice dans sa centralité : c’est-à-dire de restaurer intégralement le Droit partout où il a été altéré.

Eugène Ebodé, écrivain

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La justice politique tunisienne sombre dans un arbitraire total https://mondafrique.com/a-la-une/la-justice-politique-tunisienne-sombre-dans-un-arbitraire-total/ Sun, 30 Nov 2025 07:11:05 +0000 https://mondafrique.com/?p=143566 Le 27 novembre 2025 restera comme l’une des dates les plus sombres de l’histoire judiciaire tunisienne. Au terme d’une procédure disloquée, marquée par les violations les plus graves des garanties constitutionnelles et internationales, la cour d’appel de Tunis a prononcé des peines allant de 2 à 45 ans de prison, contre journalistes, avocats, opposants politiques, […]

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La Guinée-Bissau à l’épreuve des coups d’État https://mondafrique.com/politique/la-guinee-bissau-a-lepreuve-des-coups-detat/ Fri, 28 Nov 2025 07:01:47 +0000 https://mondafrique.com/?p=143400 Dans la longue série de coups d’État qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis les indépendances, celui survenu en Guinée-Bissau le 26 novembre est sans doute le plus cocasse. Dans la même journée, le président Embaló a affirmé être détenu pendant que  le chef de l’opposition était, lui aussi, était arrêté et pour finir un proche […]

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Dans la longue série de coups d’État qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis les indépendances, celui survenu en Guinée-Bissau le 26 novembre est sans doute le plus cocasse. Dans la même journée, le président Embaló a affirmé être détenu pendant que  le chef de l’opposition était, lui aussi, était arrêté et pour finir un proche du chef de l’État s’est propulsé à la tête d’une transition d’un an.

Au total, des militaires ont pris le «contrôle total» de la Guinée-Bissau mercredi et suspendu les élections. Le président Umaro Sissoco Embalo, destitué, est arrivé «sain et sauf» au Sénégal jeudi. Le général Horta N’Tam a été investi président d’une transition censée durer un an

Récit d’une journée où le réel l’a disputé à l’absurde.

Leslie Varenne

Il est environ 12 heures ce jeudi lorsque les premiers coups de feu sont signalés autour du palais présidentiel. Comme lors de chaque coup d’Etat, très vite, la rumeur enfle, les messageries privées s’emballent et les supputations vont bon train. Dans la foulée, Jeune Afrique annonce avoir eu le président Umaro Sissoco Embaló au téléphone : « Je suis détenu à l’Etat-major », assure-t-il. Premier élément intriguant : comment un chef d’État prisonnier peut-il garder son portable et accorder des interviews internationales ? Sur le terrain, d’autres éléments ne collent pas. Le palais est réputé imprenable. Il est protégé non seulement par la garde présidentielle, mais aussi, selon un diplomate d’Afrique de l’Ouest par la Sadat, une société militaire privée turque. De plus, le chef d’état-major général, le général Tchamy Canha, est l’un des plus sûrs soutiens d’Embaló.

Comment imaginer un commando renversant cette forteresse ? Les doutes s’accumulent sur la réalité de ce coup d’Etat, d’autant que ce n’est pas la première fois que le président bissau-guinéen utilise ce stratagème pour sortir d’une impasse politique. Pendant son mandat, il y en a eu cinq, une par an,  et chaque fois, ses tentatives avortées l’ont sorti d’un mauvais pas. Les réseaux sociaux commencent à ironiser lorsque surgit une nouvelle information du quotidien le Monde, qui a eu le président « je suis bien prisonnier mais je ne peux pas vous parler longtemps », puis à France 24 « J’ai été renversé ». Des déclarations maladroites qui renchérissent les suspicions et les moqueries.

L’opposition rit jaune

Pendant ce temps, Domingos Simões Pereira, figure majeure de l’opposition et ancien Premier ministre, dirigeant du parti historique PAIGC a été arrêté. Le Frente Popular, plateforme citoyenne devenue la principale force de contestation, dénonce un « coup d’État simulé » orchestré par le président lui-même pour empêcher la proclamation des résultats des élections présidentielle et législatives qui se sont tenues le 23 et dont les résultats étaient attendus le 27, soit le lendemain du putsch. Selon le Frente Popular : Embaló, donné perdant face au candidat Fernando Dias da Costa, aurait voulu créer une situation d’exception, écarter la Commission électorale et installer provisoirement un proche à la tête du pays. Des résultats non-officiels, qui circulent, donnent 43,65% des voix au président sortant, largement derrière son challenger Fernando Dias Da Costa.

Le coup d’Etat consommé

En fin d’après-midi, se déroule une scène désormais banale en Afrique de l’Ouest.  Des officiers de l’armée, se regroupant sous le Haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public, lisent maladroitement un communiqué, ils « annoncent le contrôle total du pays » «  la fermeture des frontières » et bien entendu la « suspension du processus électoral ». Ils justifient leur intervention  pour préserver la stabilité et la sécurité postélectorale (sic). Ils ont également justifié le putsch par la nécessité de lutter contre la corruption et le trafic de drogue, affirmant que certains acteurs du processus électoral étaient impliqués. En bref, ils sont venus nettoyer la maison, un air bien connu en Afrique de l’Ouest…

Le lendemain, le théâtre politique se poursuit. Un proche du président, le général Horta N’Tam, jusqu’ici chef d’état-major de l’armée de terre, est investi « président de la transition » pour un an. Un homme du sérail, propulsé par les mêmes militaires qui affirmaient la veille avoir neutralisé le chef de l’État. L’histoire tourne à la caricature et semble donner raison à l’opposition.

Chapeau l’artiste

Pendant 24 heures, la CEDEAO est restée silencieuse, puis elle a fini par publier un communiqué condamnant le putsch et demandant la libération immédiate et inconditionnelle du président Embaló. Sitôt dit, sitôt fait : jamais dans son histoire l’organisation sous-régionale n’avait obtenu un succès aussi rapide. Dans la foulée, le désormais ex-président guinéen était libéré et prenait place dans un avion affrété par la CEDEAO : direction Dakar. Les dés sont jetés : ses amis militaires restent au pouvoir. Le très probable gagnant des élections, Fernando Dias da Costa, devra attendre que la junte organise une élection « crédible, sincère et transparente », selon l’expression consacrée — dans un an ou dans deux pour pouvoir se représenter.

« Ne rien cacher aux masses de notre peuple… » disait Amílcar Cabral, le héros de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. Soixante ans plus tard, que reste-t-il ? Un coup d’État téléphoné, une transition arrangée… Après la présidentielle d’octobre en Côte d’Ivoire, celle de novembre à Bissau montre que toutes les règles ont sauté, toutes les lignes rouges ont été franchies, il n’existe plus aucun garde-fou. Et que dire de celle à venir en décembre en Guinée Conakry ? Les Africains de l’Ouest assistent médusés et impuissants au spectacle tragique de l’effondrement de leur démocratie. 

 

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Ces arrivistes sans états d’âme devenus l’ossature du régime centrafricain https://mondafrique.com/politique/ces-militaires-pervertis-devenus-lossature-du-regime-centrafricain/ Wed, 26 Nov 2025 15:48:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=139530 Des hauts gradés peu formés aux trajectoires remarquables, des juristes pervertis, des hommes d’affaires corrompus ou des conseillers de l’ombre constituent le coeur du régime centrafricain en symbiose avec le pouvoir exécutif. Soit un système informel où les hauts responsables « de confiance » sont promus pour garantir leur loyauté à l’égard du  président Touadera. […]

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Des hauts gradés peu formés aux trajectoires remarquables, des juristes pervertis, des hommes d’affaires corrompus ou des conseillers de l’ombre constituent le coeur du régime centrafricain en symbiose avec le pouvoir exécutif. Soit un système informel où les hauts responsables « de confiance » sont promus pour garantir leur loyauté à l’égard du  président Touadera.
 
L’influence croissante de ces réseaux internes ont créé un terreau propice à ces promotions « hors-cadre », au détriment de la crédibilité de l’institution militaire, de la stabilité des rouages du système politique centrafricain et de l’indépendance de la Présidence face aux miliciens étrangers (Russie, Rwanda…).
 

Le Colonel Jules Wananga, l’homme des basses oeuvres

 
Ce haut gradé est un élément tapi dans l’ombre d’un appareil sécuritaire où la garde présidentielle joue le rôle du verrou ultime d’un régime sans autre ossature que celle de forces répressives incontrolées
 
 
Peu de Centrafricains connaissent son visage, mais dans les cercles sécuritaires de la capitale, son nom inspire méfiance et crainte. Le colonel Jules Wananga est l’un des piliers de la garde présidentielle, un officier dont l’ascension est intimement liée à celle du président Faustin-Archange Touadéra, qui l’a promu lorsqu’il était Premier Ministre de Bozizé
 
À l’origine, Wananga était gendarme. Il a intégré assez tôt les rangs du Groupement spécial chargé de la protection républicaine (GSPR), l’unité d’élite chargée de la sécurité du chef de l’État. D’abord simple garde rapproché, il s’est imposé par sa loyauté et sa capacité à naviguer dans les arcanes du pouvoir. 
 
Le colonel Wananga dirige l’unité de la garde présidentielle affectée spécifiquement à la résidence privée de M. Touadéra. Cette unité est chargée de la sécurité spéciale et de la protection rapprochée du président et de sa résidence. Elle opère principalement à Bangui et dans ses environs, y compris à Damara, ville natale de Touadéra, mais peut être déployée pour des opérations spéciales en dehors de la capitale. Elle joue le rôle de police privée du président, qualifiée par certains témoins de « Gestapo du régime ».

Une force tribale

 
Cette unité est considérée comme la plus tribalisée des unités de la garde présidentielle, composée majoritairement de membres Ngbaka-Mandja. Plus largement, Wananga joue un rôle clé dans le recrutement ciblé de jeunes Ngbaka-Mandja dans l’armée, afin de constituer une force privée fidèle au président. Initialement, cette unité de Wananga relevait du général Alfred Service, dit Lapadjo. Mais la relation entre les deux hommes était mauvaise et Wananga après avoir contribué à l’évincer ne reçoit rapidement plus que ses ordres de Touadéra lui-même et de Dmitri Perfilev, représentant du groupe Wagner en RCA. Deux autres figures du régime en place, Piri et Bireau — tous deux parents de Touadéra Ngbaka-Mandja — exercent eux-mêmes une influence sur son unité.
 
Wananga a joué un rôle central dans des missions de ratissage visant à cibler et éliminer des membres de la communauté Gbaya à Bangui, dans le cadre de la contre-offensive contre la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Il a également supervisé la distribution d’armes à des milices locales, vues opérant aux côtés de la garde présidentielle.
 
Parmi ces groupes, figuraient des milices anti-balaka (1) dirigées par Thierry Lébéné, dit « Douze Puissance », Marius Dimba, dit « Chef de Terre », Alias Ozaguin ou encore Yarkopa. Ce mélange d’éléments du GSPR et de miliciens — parfois vêtus d’uniformes officiels — était communément appelé « les Requins ».
 
Bien que Igor Sérégaza soit aujourd’hui directeur général du GSPR, Wananga reste le véritable chef opérationnel. Toujours en poste, Wananga conserve une influence intacte dans le premier cercle sécuritaire du régime en place…
 
(1) Après le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par la coalition rebelle appelée Séléka, qui était largement à dominante musulmane, des tensions fortes sont apparues entre communautés chrétiennes/animistes et musulmanes. Les Anti-Balaka se sont formés pour riposter aux exactions attribuées à la Séléka.

Rodolphe Héritier Bonheur Doneng Wanzoumon, le fondateur de la milice « les Requins »

Rodolphe Héritier Bonheur Doneng Wanzoumon, né à Bangui en décembre 1989, incarne l’une des dérives les plus inquiétantes du régime Touadéra : l’ascension fulgurante d’un chef milicien devenu ministre, protégé par les plus hautes sphères du pouvoir.

Issu d’une famille de l’Ouham, formé dans plusieurs universités africaines et russes, il a d’abord fait carrière au ministère de la Jeunesse et des Sports avant d’accéder à des fonctions ministérielles. Mais derrière ce parcours officiel se cache une réalité autrement plus sombre : Doneng est le fondateur de la milice « Les Requins », tristement célèbre pour ses méthodes de terreur (2). Cette formation paramilitaire, financée et couverte par le régime, a systématiquement réprimé l’opposition démocratique, empêché des manifestations pacifiques et instauré un climat de peur dans la capitale.

Crimes et exactions : un dossier accablant

Les accusations qui pèsent sur Doneng sont d’une gravité extrême :

  • Meurtres et exécutions extrajudiciaires : incendie criminel ayant coûté la vie à la présidente des femmes juristes centrafricaines et à ses deux enfants ; actes de torture et de séquestration à Bangui.
  • Violences politiques : intimidations, agressions physiques, entraves à la liberté de réunion et usage de la force contre des rassemblements pacifiques.
  • Manipulation institutionnelle : recours abusif devant la Cour constitutionnelle en 2022, dénoncé comme une tentative de manipulation juridique pour prolonger le pouvoir présidentiel.
  • Abus de pouvoir et corruption : détournements massifs de fonds publics au ministère de la Jeunesse, usurpation de fonctions et usage illégal de la force.

Ces faits malgré leur extrême gravité restent aujourd’hui impunis.

Gouvernance et intimidation

Malgré la gravité des accusations, Doneng a bénéficié d’une protection politique et diplomatique sans faille. Ses liens étroits avec le régime Touadéra et ses relais internationaux, notamment russes, lui ont permis d’échapper à toute poursuite nationale. Pire encore, il a été récompensé par des postes ministériels et des privilèges diplomatiques, envoyant un signal glaçant : dans la Centrafrique actuelle, la violence milicienne peut mener aux plus hautes fonctions de l’État. Cette impunité organisée mine les institutions, décrédibilise la justice nationale et alimente un cycle de terreur.

(2) Depuis le début des hostilités entre forces gouvernementales et groupes armés, ces « requins », qui s’affirment pro-Touadéra, effectuent des « patrouilles » nocturnes dans les rues de la capitale centrafricaine. Lourdement armés, visages encagoulés, ces miliciens sillonnent la ville à bord de véhicules sans plaque d’immatriculation ni sigle distinctif.

Le général Freddy Johnson Sakama, le bras droit du chef des armées

 
Général de division et sous-chef d’état-major chargé « des opérations », un terme vague qui désigne un poste clé, Freddy Johnson Sakama, sous-chef d’état-major chargé des opérations des forces armées (FACA), reçoit ses ordres du général Zéphirin Mamadou, le patron des FACA
 
 
Ancien enfant de troupe à l’École Militaire Préparatoire Technique (EMPT) de Bingerville, Sakama a commencé sa carrière comme simple soldat, sans passer par les écoles militaires traditionnelles. Selon plusieurs rapports internes, il n’a jamais achevé les cursus de formation à Bangui ni à l’École de guerre. Sakama a été propulsé pourtant colonel en 2018, général en 2020, puis général de division en août 2021, sans véritable fait d’armes ou expérience de commandement sur le terrain. Malgré les critiques, Freddy Johnson Sakama joue un rôle clé dans la restructuration des FACA.
 
Freddy Johnson Sakama, Zéphirin Mamadou, chef d’état-major des armées et Eugène Omokozoyen, le chef du renseignement militaire des FACA sont les trois officiers des plus influents au sein de la chaîne de commandement militaire des FACA. Sakama est l’un des principaux artisans de la Stratégie nationale de défense adoptée en octobre 2024. Ce plan ambitieux visait à transformer l’armée en une force de garnison mieux répartie sur le territoire et dotée d’infrastructures adaptées. Il pilote également la coopération régionale avec le Tchad, dans le cadre de la Force Mixte de Sécurisation de la Frontière Commune. 
 
C’est lors de la déroute militaire à Sikikédé, en février 2023, que Sakama s’est retrouvé sous les feux des projecteurs. Accusé d’erreurs de commandement, il a rejeté la responsabilité sur les mercenaires russes de Wagner, affirmant qu’ils avaient désorganisé les troupes FACA en les dispersant en petits groupes vulnérables. Wagner, en retour, a pointé du doigt le manque de discipline et de courage des soldats centrafricains. Cette passe d’armes a mis en lumière les tensions entre les forces nationales et leurs partenaires étrangers, tout en ravivant les critiques sur la compétence réelle de Sakama.

Gabriel Ngakoutou Patassé, la boite noire du renseignement

 
Neveu de l’ancien président Ange-Félix Patassé, Gabriel Ngakoutou Patassé bénéficie dès son jeune âge d’un nom de famille prestigieux, qui lui ouvre des portes malgré un parcours scolaire difficile. Envoyé à l’école militaire des enfants de troupes de Saint-Louis au Sénégal, il échoue rapidement—expulsé en classe de quatrième pour faiblesse académique. Toutefois, l’influence de son oncle lui permet d’intégrer en 2001 l’école des officiers au Togo, étape décisive pour la suite de sa carrière militaire.
 
 
Lors du coup d’État de François Bozizé en 2003, Gabriel Patassé fait le choix singulier de rester à l’étranger, alors que de nombreux collègues retournent en Centrafrique pour tenter de sauver ou rebâtir leur avenir professionnel. À son retour, il gravit rapidement les échelons militaires, atteignant le grade de lieutenant-colonel, se distinguant de ses anciens camarades restés à des niveaux inférieurs.
 
Sous la présidence de Faustin-Archange Touadéra, il est nommé chef du bataillon d’appui des FACA. Ce poste stratégique, basé au camp Sapeur Pompier à Bangui, fait de lui un acteur central du renseignement militaire. L’unité qu’il dirige collecte des informations sur les personnes soupçonnées de soutenir la CPC (Coalition des Patriotes pour le Changement), traque les ennemis de la Russie et du pouvoir en place et tente de déjouer les infiltrations de combattants rebelles dans la capitale.
 
Sa gestion, toutefois, est autoritaire et opaque : Patassé instaure une véritable mafia militaire à Bangui, abusant de son pouvoir, sombrant dans la consommation de drogues et adoptant des comportements violents. Il participe à des activités criminelles au sein de la milice informelle présidentielle, les Requins, tristement célèbre pour ses méthodes brutales.
 
Gabriel Ngakoutou Patassé se trouve au centre de réseaux mêlant militaires, mercenaires russes du Groupe Wagner, opérateurs du BIT7 et membres de la GSPR, créant une confusion sur les attributions exactes de ces structures et leurs chaînes de commandement. Sous son autorité, on retrouve des éléments initialement recrutés par Mohamed Rahama (« LT ») et Douze Puissance, confirmant le rôle opérationnel de son unité dans les opérations conjointes avec Wagner…
 
Son ascension fulgurante, son absence de formation aboutie, ses liens étroits avec le Groupe Wagner et son implication dans des exactions graves (torture, extorsion, exécutions extrajudiciaires) soulèvent de sérieuses interrogations sur les dynamiques de pouvoir en République centrafricaine. 
 

Théophile Igor Wallot Makpanga, ce lieutenant-colonel interlocuteur clé des mercenaires russes

L’ascension fulgurante de Théophile Igor Wallot Makpanga, ses liens étroits avec le Groupe Wagner et son implication dans des exactions très graves (torture, extorsion, exécutions extrajudiciaires) soulèvent de sérieuses interrogations sur les dynamiques de pouvoir en République centrafricaine.

 

L'unité spéciale de Théophile Igor Wallot Makpanga
L’unité spéciale de Théophile Igor Wallot Makpanga
 
Théophile Igor Wallot Makpanga est né dans les années 1980 en République centrafricaine, dans une famille à tradition militaire. Il effectue ses premières études à Bangui, jusqu’à une Licence en Gestion des Ressources Humaines (GRH) à l’Université de Bangui puis rejoint une formation à l’École Militaire des Enfants de Troupe Georges Bangui (EMET/GB).
 
Enfant de troupe au tournant des années 2000, Wallot Makpanga quitte le pays en pleine crise sous le régime du président Ange-Félix Patassé. Il revient en 2003, grâce à l’intervention de son beau-frère, l’officier Lengbé, à l’arrivée du général François Bozizé au pouvoir. Ce dernier lui facilite l’accès au grade de sergent, puis l’aide à gravir les échelons jusqu’à celui d’adjudant. Avant une formation de six mois en Chine, il reçoit un grade de sous-lieutenant, qui sera confirmé à son retour, le propulsant officiellement dans le corps des officiers.
 
Sa carrière prend un tournant plus sombre lorsqu’il commence à manipuler l’appareil militaire à son avantage : dénonciations internes, accusations montées de toutes pièces, y compris contre le chef d’état-major, lui permettent de grimper rapidement dans la hiérarchie sous le régime du président Faustin-Archange Touadéra.
À partir de 2020, Makpanga prend le commandement du BIT6, une unité des forces spéciales placée sous l’autorité du Groupement de sécurité présidentielle (GSPR) où il reçoit ses ordres de l’entourage présidentiel et de responsables intermédiaires du Groupe Wagner (Perfilev) pour coordonner des opérations de « nettoyage » dans des villages gbaya et peuls. Le BIT6 est impliqué dans le massacre de Boyo en décembre 2021.

 

Mathias Barthélemy Morouba, rouage central d’un système électoral truqué 

 
Dans une République Centrafricaine en quête de transparence démocratique, le nom de Mathias Barthélemy Morouba cristallise les tensions entre légalité institutionnelle et loyauté politique. Docteur en droit, avocat au barreau de Bangui, ancien président de l’Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme, Morouba incarnait autrefois une figure de rigueur juridique et de défense des libertés. Mais depuis sa nomination à la tête de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) en décembre 2020, son parcours soulève des interrogations majeures sur l’indépendance des institutions électorales et leur instrumentalisation par le pouvoir exécutif.
 
 
 
 
Morouba n’est pas un novice du droit ni des arcanes du pouvoir. Sa carrière d’avocat, marquée par des collaborations avec la CPI et la Cour pénale spéciale, lui confère une légitimité technique indéniable. Mais c’est son rôle dans les processus électoraux — en République Centrafricaine (RCA) et à l’international — qui l’a propulsé au cœur du dispositif politique. Sa présidence du RECEF depuis 2024 renforce son image d’expert francophone, tout en masquant les controverses internes qui entachent son mandat à la tète de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) (3).
 
La désignation de Morouba à la tête de l’ANE n’est pas le fruit d’un consensus républicain, mais d’un appui stratégique : celui de Sani Yalo, homme d’affaires influent et proche du président Touadéra. Morouba, qui fut l’avocat de Yalo dans des affaires sensibles — complot sous Bozizé, tentative de coup d’État en Guinée équatoriale — a su se rendre indispensable. Sa loyauté envers le clan présidentiel, illustrée par ses interventions auprès d’Ahmed Dada Yalo incarcéré au Cameroun, révèle une proximité qui dépasse le cadre professionnel.
 
Le 4 janvier 2020, lors de la proclamation des résultats présidentiels, Morouba commet une erreur monumentale : il annonce un score de 31,01 % pour Dologuélé, portant le total des voix à 110 %. La correction tardive à 21,01 % — après intervention du ministre Dondra — révèle une manipulation orchestrée pour éviter un second tour. Trois heures de tractations, une ambassadrice européenne excédée, et 350 millions investis par Yalo pour verrouiller l’ANE : autant d’éléments qui dessinent les contours d’un système électoral sous influence.
 
 
En 2022, Morouba se rend à Moscou pour “renforcer les compétences électorales”. En 2024, il salue les élections russes comme “conformes aux normes internationales” après avoir visité trois bureaux de vote. Cette déclaration, jugée complaisante, alimente les soupçons d’alignement sur les intérêts russes, dans un contexte où le référendum constitutionnel de 2023 a été perçu comme un outil de consolidation du pouvoir présidentiel.
 
(3) L’ANE est l’institution indépendante chargée de l’organisation des élections en République centrafricaine. Elle supervise l’enregistrement des candidatures, la tenue des scrutins (présidentiel, législatif, local), la préparation du fichier électoral, le déploiement des équipes de terrain,
 

Arsène Thierry Gbaguidi, Directeur de la Division électorale de la MINUSCA

Arsène Thierry Gbaguidi, juriste de formation et actuel Directeur de la Division électorale de la MINUSCA, est aujourd’hui au centre d’un réseau d’influence qui menace l’intégrité du processus démocratique en République centrafricaine (RCA).
 
À la tête d’une équipe de plus de 70 experts internationaux et 17 bureaux électoraux, il incarne une figure-clé du dispositif électoral onusien — mais ses liens étroits avec le pouvoir en place et certaines personnalités du Conseil constitutionnel soulèvent de graves inquiétudes.
 
Titulaire d’un Master 1 en droit, Gbaguidi s’illustre au sein du National Democratic Institute (NDI), un think tank américain lié au Parti démocrate. De la Guinée à la RCA, il tisse des liens étroits avec des figures politiques locales et internationales, dont Barrie Freeman, ex-directrice des affaires politiques de la MINUSCA.
 
Sa naturalisation centrafricaine soulève de vives interrogations : comment un fonctionnaire onusien peut-il conserver son impartialité en devenant citoyen du pays hôte ? Ce conflit d’intérêts potentiel est d’autant plus préoccupant que Gbaguidi entretient une relation intime avec Sylvie Naïssem, vice-présidente du Conseil constitutionnel.
 
Des immeubles de standing qui appartiendraient, seln des sources sures, à Gbaguidi et Naïssem, surgissent dans des quartiers stratégiques de Bangui. Leur origine financière reste opaque, mais plusieurs observateurs y voient des récompenses pour le rôle joué dans la consolidation du pouvoir exécutif.
 
La collusion entre Gbaguidi et Naïssem incarne une dérive institutionnelle inquiétante. Elle fragilise l’indépendance du Conseil constitutionnel et instrumentalise la MINUSCA, cette frce armée de la communauté internationale censée garantir la neutralité du processus électoral. En RCA, où chaque scrutin est une épreuve de stabilité, cette alliance trouble entre diplomatie internationale, pouvoir éxécutif et intérêts privés pourrait bien faire vaciller les derniers remparts de la démocratie.

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Madagascar, une justice sélective à l’oeuvre contre une seule ethnie https://mondafrique.com/politique/madagascar-une-justice-selective-a-loeuvre-contre-une-seule-ethnie-les-merinas/ Wed, 26 Nov 2025 07:29:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=143269 Moins de deux mois après la mise en place d’un nouveau gouvernement, des inquiétudes surgissent face à des décisions qualifiées par certains observateurs comme relevant d’une « justice sélective », dirigée à l’encontre d’une catégorie particulière de la population malgache, les Merinas, une ethnie des Hauts plateaux qui fait les frais des arrestations, poursuites et […]

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Moins de deux mois après la mise en place d’un nouveau gouvernement, des inquiétudes surgissent face à des décisions qualifiées par certains observateurs comme relevant d’une « justice sélective », dirigée à l’encontre d’une catégorie particulière de la population malgache, les Merinas, une ethnie des Hauts plateaux qui fait les frais des arrestations, poursuites et détentions prolongées .

Dans une missive adressée au grand public, Zaza Ramandiambiarison ancien directeur de cabinet de Andry Rajoelina en 2010, partage ses appréhensions devant ce qu’il dénonce comme « une justice à géométrie ethnique », « des libérations arrangées entre gens de la même région », et des dossiers effacés en coulisses. Il déplore que le président de transition qui, au lieu d’apaiser, laisse planer l’idée d’une candidature future. Les statistiques montrent, estime-t-il, que ce sont les Merinas sont les premiers visés par les mesures de répression, tandis que les originaires d’autres régions, accusés de détournements massifs, se promènent librement, ou sont libérés en grande pompe grâce à des « réseaux régionaux, des alliances locales, et des loyautés ethniques ».

Le Journal de l’Ile Rouge (JIR) du 17 novembre confirme d’ailleurs ces faits en notant que Anthelme Raparany, l’ancien ministre en exil accusé de trafic de bois de rose à Singapour, est « rentré au pays sans coup férir ». Il en est de même pour l’ex premier ministre Ravelonarivo, mis en cause dans une des nombreuses affaires d’exactions au sein de la CNAPS (caisse nationale de prévoyance sociale) et qui a pu bénéficier de la protection de personnalités du régime de transition. L’ex-Directeur général de l’ACM (Aviation civile de Madagascar), impliqué dans l’affaire des Boeings livrés frauduleusement à l’Iran, est sorti de la prison sans procès. JIR présente la situation comme « une revanche des côtiers » et ne réfute pas l’existence d’une connotation politique dans la prise de ces différentes dispositions.

Et Zaza Ramandimbiarison de s’alerter : « C’est ainsi que naissent les purges. C’est ainsi qu’on fabrique le terreau du génocide. Et pourtant, aucun responsable socio- politique ne semble vouloir reconnaître la gravité du moment. On joue avec les nerfs du pays comme avec une allumette au-dessus d’un bidon d’essence ».

Madagascar semble donc atteindre, une fois de plus, un point critique.  Comme à chaque crise politique majeure que traverse le pays, le spectre du tribalisme et du conflit ethnique ressurgit. L’on se souvient que lors de la révolution de 1972, les Merinas ont été chassés de la ville de Tamatave, le grand port situé sur la Côte est de Madagascar.  En 1974, la rébellion des forces de police et des officiers côtiers conduits par le Colonel Bréchard Rajaonarison planifiait « la destruction de la ville de Tananarive », capitale historique du royaume merina et devenu capitale de Madagascar.  Dans un entretien accordé au journal Le Monde, en date du 19 février 2002, Didier Ratsiraka, Président sortant, accusait son rival Marc Ravalomanana de vouloir asseoir la domination de la haute bourgeoisie merina sur la Grand Ile. Il s’en est ensuivi l’érection par Ratsiraka et ses partisans d’un blocus meurtrier contre la capitale. En 2009, la mutinerie ayant conduit à l’éviction du président Marc Ravalomanana fut menée au départ par le C.O.C (« collectif des officiers côtiers »).   

C’est dire que le contentieux ethnique Merina-Côtier, bien que basé le plus souvent sur des représentations mentales floues et embrouillées, n’en reste pas moins vivace surtout en période de crise. Il est entretenu par les traditions orales, les coutumes et les fady (tabous), qui parfois se rattachent aux conflits issus de la tentative d’unification du pays par la royauté merina au XIXe siècle. Ainsi, dans le Nord de l’ile, il existe même de nos jours des endroits où les originaires des hauts plateaux ne peuvent visiter.

La dominance historique des Merinas a causé des tensions intérieures au pays, qui ont été plus tard utilisées par la puissance coloniale pour asseoir son emprise dans la grande ile et affaiblir en même temps la résistance. Dans son grand rapport de 1905, le général Gallieni (Gouverneur général de Madagascar) dépeignait ainsi l’une des facettes de la « politique des races » qui caractérisa sa gouvernance : « S’il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu’il faut savoir démêler et utiliser à notre profit, en les opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les secondes ». Ainsi naquit la doctrine anti-Merina que les successeurs de Gallieni appliquèrent fidèlement, comme le relevaient Hanotaux et Martineau dans un livre sur l’empire colonial français en 1933 : en ce qui concerne Madagascar, il fut recommandé d’une manière générale aux commandants de cercle de toujours se laisser guider par deux principes, politique des races et destruction de l’hégémonie des Hova (une autre appellation donnée aux originaires des hauts-plateaux).

A l’indépendance, diverses politiques ont été mises en œuvre pour atténuer la dominance de Tananarive et combler le retard des provinces côtières. Sous la deuxième république, l’Etat a ainsi créé des centres universitaires régionaux dans tout Madagascar. Afin de réduire le déficit en personnels d’encadrement, faute de jeunes provinciaux en formation supérieure, le baccalauréat est octroyé, dans les provinces côtières au début des années 1980, à 8/20. A la même époque, à Tananarive il n’est obtenu qu’à partir de 12/20. Dans la même foulée, des quotas réservés aux cadres côtiers sont établis dans les différents concours administratifs et dans l’accession aux emplois publics (fonctionnariat et sociétés d’Etat).

En ce troisième millénaire, les mentalités commencent à changer et l’entente nationale est plus ou moins effective dans les relations au quotidien entre Malgaches.  Mais dans de nombreux cas,  l’instrumentalisation des tensions historiques peuvent provoquer aujourd’hui encore des dissonances sociales. Les clichés sont tenaces, à un point tel que dans certains milieux, les Merinas sont toujours dépeints négativement comme des individus « malins, rusés, indignes de confiance, lisses de cheveux mais aussi glissant d’esprit » ! Certains Côtiers reprochent par ailleurs  aux   Merinas d’exploiter les provinces périphériques par le truchement de la centralisation administrative à outrance. Mais force est de constater que la revendication de la décentralisation est devenue un simple slogan politique pour les élites régionales qui, une fois arrivées au pouvoir central se coupent de leurs bases et deviennent des centralisateurs invétérés. Devant cet état de fait, de plus en plus de voix réclament l’instauration du fédéralisme pour briser ce qu’ils estiment être un « comportement prédateur des tananariviens ». De leur côté, les Merinas adhèrent de plus en plus ouvertement à l’idée du fédéralisme, considéré comme le gage d’une plus grande liberté de manœuvre politique et économique pour la province de Tananarive. Il faut en effet savoir qu’à elle seule, la région d’Analamanga (la commune urbaine de Tananarive et les districts qui lui sont adjoints) produit les 48% du PIB national malgache : en d’autres termes, c’est Tananarive qui fait vivre bon nombre de régions périphériques et non l’inverse !

La menace de l’anarchie est latente, surtout en cette période de transition où les rivalités politiques et ethniques prennent le pas sur les considérations d’intérêt général. Zaza Ramandimbiarison veut ainsi tirer la sonnette d’alarme, et insiste sur l’urgence de la mise en branle d’une transition équitable, apaisée et réellement nationale. Aujourd’hui plus que jamais, Madagascar a besoin, affirme-t-il, d’une justice indépendante, d’une transition strictement limitée à son mandat, d’une société civile lucide et ferme, et d’un discours politique qui rassemble plutôt que de diviser.

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Notre portrait du général Saïd Chengriha, le vrai patron de l’Algérie https://mondafrique.com/politique/notre-portrait-du-general-said-chengriha-lhomme-fort-dalger/ Fri, 21 Nov 2025 07:44:59 +0000 https://mondafrique.com/?p=143029 Notre chroniqueur qui préfère conserver l’anonymat dresse le portrait du chef d’état major de l’armée algérienne, le général major Saïd Chengriha, l’homme fort par défaut du régime algérien. Ce haut gradé est souvent mal connu parce que éduqué dans la culture du secret, formé chez les militaires soviétiques peu communicatifs et grandi dans une Algérie […]

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Notre chroniqueur qui préfère conserver l’anonymat dresse le portrait du chef d’état major de l’armée algérienne, le général major Saïd Chengriha, l’homme fort par défaut du régime algérien. Ce haut gradé est souvent mal connu parce que éduqué dans la culture du secret, formé chez les militaires soviétiques peu communicatifs et grandi dans une Algérie marquée successivement par une quasi guerre civile (1992-1998) et menacée d’isolement international face à un Maroc agressif, un Mali hostile, une France distante et une Russie moins confiante  qu’elle n’était avec son allié traditionnel

Le patron de l’armée algérienne, Said Chengriha, confirme sa prééminence au sein de l’État

Origines et formation : un officier né dans la rigueur

Saïd Chengriha naît le 1er août 1945 à El Kantara, dans les Aurès, région montagneuse où la mémoire guerrière est un héritage presque intime. Le récit familial — peu documenté mais évoqué dans divers portraits — rappelle une lignée d’agriculteurs et de petits commerçants, marqués par les contraintes du milieu rural et par la proximité historique des mouvements insurrectionnels. Même si peu d’informations publiques existent sur ses parents et sa fratrie, un point ressort : une éducation dure, disciplinée, structurée par la rareté matérielle et les codes d’honneur locaux.

Cette génération née avant l’indépendance a grandi dans un environnement où la militarisation de la société — due à la guerre d’indépendance — était omniprésente. Après l’indépendance, la jeune Algérie a besoin d’officiers formés : Saïd Chengriha, fait le choix des armes et le service de son pays. Il fait partie de ceux qui sont envoyés dans des écoles d’artillerie et de blindés, d’abord en Algérie, puis dans des académies soviétiques.

La doctrine soviétique, très structurée, va marquer durablement sa vision de l’organisation de l’armée algérienne, par l’importance de la profondeur stratégique, que les Russes tentent d’imposer dans l’ex empire soviétique et les Algériens au Sahel, notamment au Mali et au Niger. L’incident du drone malien abattu dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 illustre bien ces lignes rouges à ne pas franchir. Toute intrusion étrangère sera neutralisée.

Par ailleurs, les militaires à Moscou ont toujours été méfiants envers les forces extérieures, notamment celles de l’OTAN. Ce qu’Alger a reproduit parfaitement avec la France, fut-elle son alliée, mais dont le général Chengriha ne s’est jamais senti proche. D’où une relation paradoxale où le patron de l’armée algérienne entretient une coopération sécuritaire ponctuelle avec Paris, mais sur fond de méfiance historique.

La captivité à Amgala, mythe ou réalité

Parmi les récits qui circulent sur sa carrière, l’épisode d’Amgala  est celui qui revient le plus souvent, mais sans preuves irréfutables. Cet oasis est situéedans le Sahara (près de la frontière avec la Mauritanie). En 1976, dans le cadre de la guerre du Sahara occidental (impliquant le Maroc, l’Algérie et le Front Polisario), plusieurs batailles ont eu lieu à Amgala, la première fin janvier 1976, et une seconde du 14–15 février 1976. 

Saïd Chengriha était alos capitaine dans l’Armée nationale populaire algérienne (ANP) à la tète d’un bataillon algérien (avec des éléments du Polisario selon certaines sources) à Amgala. Lors de la bataille, le jeune officier ainsi qu’un un nombre important de soldats algériens ont été faits prisonniers par les Forces armées royales marocaines (FAR). Selon certaines versions, il aurait été brièvement capturé lors des affrontements entre forces marocaines, sahraouies et algériennes. L’anecdote structure en partie l’imaginaire autour de Saïd Chengriha même si elle n’est pas prouvée par des archives militaires ou diplomatiques.

Elle reste toutefois un élément symbolique clé dans la manière dont certains médias marocains et algériens construisent l’image de ce général. Dans les échanges géopolitiques, l’histoire sert parfois de mythe narratif, comme si une humiliation supposée avait façonné sa fermeté actuelle.

Un général façonné par le désert

L’essentiel de la carrière de Saïd Chengriha se déroule dans les zones les plus dures du pays :le Sud algérien et les régions militaires frontalières, notamment avec le Maroc à qui il voue une constante détestation. C’est ainsi qu’il prend la tête de la 3ᵉ région militaire, zone sensible pour le contrôle du Sahara occidental et du sud-ouest algérien. Il deviendra ensuite le chef des forces terrestres (CFT), l’un des postes les plus stratégiques de l’ANP, la voie royale pour accéder au poste suprême et convoité de CEMA (chef état-major des armées).

Ce bon général va être sauvé par le gong. Chengriha est nommé chef d’état-major en 2019, après la mort brutale d’Ahmed Gaïd Salah qui avait planifié, quelques semaines plus tôt, son départ à la retraite

Chengriha et Tebboune : un équilibre fragile, mais contrôlé

Contrairement à Ahmed Gaïd Salah, qui avait incarné une figure quasi politique, Chengriha maintient une posture plus institutionnelle après être devenu ministre de la Défense à part entière peu après la première élection de Tebboune à la Présidence. Ses relations avec le président Abdelmadjid Tebboune peuvent être décrites comme une cohabitation maitrisée.

Chacun connaît l’espace de l’autre. Tebboune gouverne, Chengriha arbitre. Le président a besoin d’un chef d’état-major loyal, le chef d’état-major s’appuie sur un président légitime sur le plan international et relativement neutre en termes d’équilibres internes au sein de l’institution militaire. Sur fond d’un alignement stratégique sur le Sahara occidental, le Sahel, la souveraineté énergétique et un équilibre diplomatique entre Moscou et Washington.

Ces relations sont tout sauf fusionnelles. Tout indique qu’ils se consultent régulièrement, sans s’exposer inutilement, loin de former un  binôme politique solide. Depuis 2022, plusieurs dossiers montrent que Chengriha conserve un rôle d’arbitre suprême au sein de l’État, comme on en a eu la preuve durant la longue attente qui a présidé à l’amnistie de Bouallem Sansal souhaitée par la Présidence algérienne depuis un an.  Pour autant, le patron de l’armée algérienne ne cherche pas la lumière, à l’exception du pilotage des exercices de modernisation de l’ANP, tout en faisant tout pour installer les militaires au coeur des rouages de l’État et de la communication du régime notamment à la télévision publique. 

Le Sahara, une fermeté structurelle

Depuis la rupture diplomatique de 2021, Chengriha supervise une politique de vigilance maximale face au Maroc.

  • Un renforcement massif de la surveillance de la frontière marocaine, son obsession
  • La protection de Tindouf et des zones sahraouies
  • Le contrôle rigoureux des mouvements aériens et terrestres, que seul l’ex Président Bouteflika a mis en cause en donnant à François Hollande lors de l’opération Serval au Mali en 2013 la possibilité de survoler l’espace aérien algérien.
  • La hantise de la confrontation ouverte.
Lors de ses rencontres internationales, le général Chengriha abandonne parfois l'uniforme militaire
Lors de ses rencontres internationales, le général Chengriha abandonne parfois l’uniforme militaire

Le véritable patron de l’Algérie qu’il reste malgré tout ne se vit pas comme un chef de guerre mais comme ce veilleur vigilant qui guette la moindre lueur menaçante  aux confins du Sahara qui pourrait provoquer l’embrasement de la région et mettre la Nation algérienne en péril. Le général Chengriha possède les clés de cette forteresse algérienne menacée par les tempêtes du désert mais qui aurait bien besoin de s’ouvrir au vent du large. 

 

Les sécuritaires français, Laurent Nunez en tête, ont pesé pour libérer Boualem Sansal

Bibliographie / Sources consultées

  • Africa Intelligence (dossiers sur l’ANP, 2020–2025)
  • International Crisis Group (rapports Sahel & Algérie)
  • Menas Associates, Gulf State Analytics (notes sur l’équilibre Maghreb-Sahel)
  • Middle East Eye, Al-Monitor (analyses régionales)
  • Jeune Afrique (portraits de dirigeants, analyses ANP)

Ouvrages / références académiques

  • Aït-Aoudia, Myriam. L’Algérie contemporaine
  • Addi, Lahouari. L’armée algérienne et le pouvoir
  • Rapport SIPRI (équipements militaires)
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