- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 04 Aug 2025 18:19:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Série Libye (III), les intérêts antagonistes des grandes puissances https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-iii-les-interets-antagonistes-des-grandes-puissances/ https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-iii-les-interets-antagonistes-des-grandes-puissances/#respond Fri, 08 Aug 2025 04:57:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137289 Il est impossible de comprendre la crise libyenne ou d’évaluer les chances de succès de la conférence Berlin III sans une analyse fine du maillage complexe et contradictoire des intérêts des puissances internationales impliquées. Le conflit en Libye s’est transformé d’une guerre civile en un champ de bataille par procuration, puis en une sorte de « marché géopolitique » où les […]

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Il est impossible de comprendre la crise libyenne ou d’évaluer les chances de succès de la conférence Berlin III sans une analyse fine du maillage complexe et contradictoire des intérêts des puissances internationales impliquées. Le conflit en Libye s’est transformé d’une guerre civile en un champ de bataille par procuration, puis en une sorte de « marché géopolitique » où les puissances étrangères négocient entre elles et avec les acteurs libyens pour protéger et étendre leur influence.

Les grandes puissances : États-Unis et Russie

  • États-Unis: Après une période de relatif désengagement, Washington est revenu en force sur le dossier libyen. Ses motivations sont multiples :
    • Garantir la stabilité des approvisionnements énergétiques vers l’Europe (surtout après la crise du gaz russe).
    • Contrer l’influence grandissante de la Russie en Afrique.
    • Empêcher que la Libye ne devienne un sanctuaire pour les groupes terroristes.
      Washington soutient fermement le processus mené par l’ONU et semble être la force motrice derrière la pression pour des élections et une nouvelle feuille de route politique.
  • Russie: Principal soutien du maréchal Khalifa Haftar et des factions politiques et militaires de l’Est, Moscou maintient une présence militaire significative. Ses objectifs :
    • Sécuriser un point d’appui stratégique en Méditerranée centrale et en Afrique du Nord, incluant l’accès à des ports et bases aériennes.
      Bien que participant formellement au processus de Berlin, la Russie a souvent joué un rôle obstructif : abstentions sur des résolutions clés au Conseil de sécurité, doutes sur l’efficacité du dialogue… autant de manœuvres pour préserver son influence et ses investissements dans l’Est.

Les puissances régionales : Turquie, Égypte et Émirats arabes unis

  • Égypte et Émirats arabes unis: Principaux parrains de Haftar et du gouvernement de l’Est. Leurs motivations sont :
    • Idéologiques: Opposition aux courants islamistes en Tripolitaine.
    • Stratégiques: Sécuriser la frontière occidentale de l’Égypte et contenir l’influence des Frères musulmans.
      Les deux pays ont fourni un soutien militaire, financier et politique massif au camp oriental pendant des années.
  • Turquie: Alliée clé du gouvernement de Tripoli, Ankara a déployé des troupes et des drones, en échange d’accords économiques et énergétiques. Son objectif :
    • Affirmer son statut de puissance méditerranéenne.
    • Contrer l’influence égyptienne et émiratie.

L’Europe : Une maison divisée

  • Allemagne: En tant qu’hôte et facilitateur du processus, Berlin cherche à jouer les « médiateurs neutres ». Ses priorités :
    • Stabiliser la région pour réduire les flux migratoires irréguliers.
    • Éviter un vide sécuritaire aux portes de l’Europe.
  • France et Italie: Aux intérêts économiques et énergétiques historiques en Libye, elles ont souvent adopté des politiques divergentes :
    • La France a traditionnellement soutenu Haftar.
    • L’Italie a appuyé les gouvernements de Tripoli.
      Ces divisions ont empêché l’émergence d’une position européenne unie, laissant le champ libre à la Russie et à la Turquie.

Les scénarios possibles

À la lumière de l’analyse du contexte interne complexe, des échecs historiques du processus de Berlin et de l’enchevêtrement des intérêts internationaux, trois scénarios principaux se dessinent pour l’avenir de la Libye après la conférence.

Scénario 1 : La percée

  • Description:
    • Le forum parvient à un consensus réel entre acteurs libyens et internationaux sur une feuille de route électorale détaillée.
    • Un gouvernement transitionnel unifié et neutre est formé via le « Comité des 60 », bénéficiant d’un soutien unanime.
    • Adoption d’un calendrier contrôlé pour le retrait des forces étrangères et mercenaires.
  • Conditions de réussite:
    • Unité rare parmi les membres permanents du Conseil de sécurité (notamment USA-Russie).
    • Menaces crédibles de sanctions coordonnées contre les obstructeurs.
    • Volonté inédite des dirigeants libyens actuels à quitter le pouvoir.
  • Indicateurs clés:
    • Un communiqué final précis avec des échéances et mécanismes d’exécution clairs.
    • Une résolution rapide du Conseil de sécurité approuvant ce texte à l’unanimité sans abstention.

Scénario 2 : Progrès graduel/Gestion de l’impasse

  • Description:
    • La conférence réaffirme l’engagement pour des élections et la paix, sans résoudre les divergences constitutionnelles.
    • Progrès limités possibles :
      • Volet économique: Accord temporaire sur la transparence budgétaire.
      • Volet sécuritaire: Mesures de confiance entre factions militaires.
    • Le Comité des 60est évoqué mais son implémentation échoue face aux résistances institutionnelles.
    • Statu quo maintenu avec un risque réduit de guerre ouverte.
  • Facteurs déclencheurs:
    • Volonté internationale d’éviter l’explosion sans imposer de solution radicale.
    • Consentement des acteurs libyens à des concessions cosmétiques préservant leurs privilèges.
  • Indicateurs clés:
    • Un communiqué final diplomatiquement correct mais dépourvu de mesures contraignantes.
    • Poursuite des querelles sur la légitimité du GUN et de la Chambre des représentants.

Scénario 3 : Effondrement et escalade

Description :

  • Échec cuisant de la conférence avec désaccords publics.
  • Rejet ouvert du Comité des 60par des acteurs clés (ex: Chambre des représentants).
  • Effondrement du cessez-le-feu et reprise des combats locaux ou généralisés.
  • Facteurs déclencheurs:
    • Fracture majeure entre parrains internationaux (USA vs Russie).
    • Initiative militaire préemptive d’une faction libyenne pour torpiller les négociations.
  • Indicateurs clés:
    • Condamnation publique des conclusions par Aguila Saleh ou Dbeibah.
    • Escalade rapide des affrontements à Tripoli ou autour des sites pétroliers.

Gagner du temps

La version « gestion de l’impasse » (Scénario 2) reste la trajectoire la plus plausible, car :

  1. L’intérêt international a muté de la « résolution » vers le « confinement » du conflit.
  2. Le coût d’une solution réelle(ex: forcer la Russie/la Turquie à abandonner leurs gains) est prohibitif.
  3. Le coût d’un effondrement total(perturbations énergétiques, migration massive, résurgence jihadiste) est inacceptable.

 

 

 

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Série Cameroun (3), Chantal Biya, la régente https://mondafrique.com/politique/premieres-dames-africaines-volet-i-chantal-biya-la-regente-du-cameroun/ https://mondafrique.com/politique/premieres-dames-africaines-volet-i-chantal-biya-la-regente-du-cameroun/#comments Thu, 07 Aug 2025 02:41:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=70614 En Afrique, les épouses des chefs d’Etat ont cessé d’être reléguées au second plan.  Parfois, ces premières dames exercent la réalité du pouvoir auprès des époux diminués par l’âge ou la maladie.  Francis Sahel,  Dans les sommets internationaux, qu’il dédaigne d’ailleurs, on attend le président camerounais Paul Biya agé de 89 ans, dont 40 au […]

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En Afrique, les épouses des chefs d’Etat ont cessé d’être reléguées au second plan.  Parfois, ces premières dames exercent la réalité du pouvoir auprès des époux diminués par l’âge ou la maladie. 

Francis Sahel,

 Dans les sommets internationaux, qu’il dédaigne d’ailleurs, on attend le président camerounais Paul Biya agé de 89 ans, dont 40 au pouvoir, mais surtout son épouse Chantal Biya pour son maquillage ostensible, ses cheveux roux et sa coiffure extravagante. 

Revanche sociale 

La trajectoire de Chantal, cette métisse née d’un père français et d’une mère camerounaise, ressemble à un conte de fée, que le Cameroun sait fabriquer souvent. C’est celle d’une fille des nuits festives de Yaoundé, tour à tour mannequin pour des stylistes anonymes, serveuse dans un restaurant qui se hisse un jour au cœur du pouvoir. Première dame du Cameroun, chuchotant dans l’oreille de Paul Biya, second président du Cameroun, après Ahmadou Ahidjo.

Le destin de Chantal bascule en 1994. Cette année-là, le président Cameroun, veuf depuis deux après le décès de sa première épouse Jean Irène Atyama, décide de se marier. Les candidates se bousculent au portillon. Mais c’est Chantal que Biya choisira. Une des légendes la plus colportée de Yaoundé veut que Chantal, appelée affectueusement « Chantou » par ses admirateurs, ait été présentée à Biya par son fils aîné Franck.

Chantal met « KO » Paul Biya séduit par son côté spontané, drôle et fonceur

La piste la plus crédible semble être celle d’une rencontre fortuite lors d’un anniversaire. Emmenée par une amie à l’anniversaire du président dans son village natal à Mvomeka’a , Chantal met « KO » Paul Biya séduit par son côté spontané, drôle et fonceur. Des qualités qui lui manquaient, lui que le sort prédestinait une vie de prêtre au service de l’Eglise. Mère célibataire, avec à sa charge ses jumeaux nés d’une autre liaison, Chantal devient donc la troisième première dame du Cameroun, après Germaine Ahidjo et  Jean Irène Biya. Elle sera différente des deux autres. 

Garde rapprochée 

Devenue première dame, à mille lieues des nuits festives qu’elle écumait, Chantal apprend très vite les codes de son nouveau milieu. Elle forme une véritable garde rapprochée triée sur le volet parmi ses anciennes relations dans son milieu populaire et issue du village natal maternelle de Dimako, là l’est du Cameroun. Elle prend progressivement le pli, cède la timidité à l’assurance, en entendant le tout-Yaoundé lui donner de « Excellence, Mme la présidente » par ci, « Excellence Mme la première dame » par là.

L’ancienne « serveuse de restaurant » devient un rouage incontournable du pouvoir. Elle place ses hommes et ses femmes au cœur de l’appareil d’Etat, faisant nommer un tel ou telle dont elle apprécie la loyauté, mais surtout obtenant de son mari, sur lequel a pris l’ascendant progressivement, la tête d’un tel ou une telle que l’on pensait pourtant indéboulonnable.

Secrétaire général de la présidence depuis 2011, il est l’homme de confiance de Paul Biya. Insaisissable mais omniprésent, il bénéficie du soutien de la première dame, mais prend soin de n’afficher aucune ambition.

L’actuel Secrétaire général de la présidence, la tour de contrôle du pouvoir au Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, originaire comme elle de Dimako,  lui doit sa longévité à ce poste, sans doute le plus exposé du Cameroun.  Son prédécesseur Martin Belinga Eboutou a, quant à lui, été brutalement remercié après qu’il soit devenu « chantalo incompatible ». Pour beaucoup, le coup de colère de Chantal Biya, souvent manifesté avec ostentation, est devenu le signe annonciateur de la disgrâce. 

Guerre de succession 

28 années après ses noces avec Paul Biya, la première dame du Cameroun est aujourd’hui devenue co-gérante du pouvoir. Diminué par l’âge et l’usure du pouvoir, Paul Biya n’est plus qu’un figurant. La réalité du pouvoir est désormais exercée par différents groupes qui se disputent sa succession.

Franck Biya, fils aîné du président revenu dans le giron familial après un détour par les affaires

  

Entre le clan de Franck Biya, fils aîné du président revenu dans le giron familial après un détour par les affaires, celui du ministère des Finances Louis-Paul Motaze, neveu du président Biya et prétendant sérieux au trône, Chantal tient le rôle d’arbitraire suprême. C’est elle et elle seule qui autorise l’accès au président Biya que certains disent même devenu impotent et grabataire.  

Dans la guerre sans pitié que se livrent les clans rivaux pour la succession au Cameroun, la balance penchera inévitablement du côté qui recevra l’onction de Chantal Biya. A moins qu’elle ne décide de prendre le pouvoir.

Ironie de l’histoire : l’ancienne fille des nuits festives de Yaoundé tient, à 51 ans, les clés de la succession au Cameroun.  

 

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Série Libye (II), Berlin III, l’ultime tentative avant le chaos  https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-ii-berlin-iii-lultime-tentative-avant-le-chaos/ https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-ii-berlin-iii-lultime-tentative-avant-le-chaos/#respond Wed, 06 Aug 2025 02:49:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137282 La convergence entre paralysie politique, fragilité sécuritaire et colère populaire crée un moment extrêmement dangereux. La conférence Berlin III n’est plus une simple réunion diplomatique, mais une tentative internationale désespérée pour éviter un effondrement total ou une nouvelle guerre. L’assassinat de Ghniwa et les protestations qui ont suivi ne sont que les symptômes d’un système au bord […]

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La convergence entre paralysie politique, fragilité sécuritaire et colère populaire crée un moment extrêmement dangereux. La conférence Berlin III n’est plus une simple réunion diplomatique, mais une tentative internationale désespérée pour éviter un effondrement total ou une nouvelle guerre. L’assassinat de Ghniwa et les protestations qui ont suivi ne sont que les symptômes d’un système au bord de l’implosion, où les mécanismes internes de résolution ont échoué, rendant une intervention extérieure indispensable pour éviter la catastrophe.

La tenue de la troisième conférence de Berlin s’inscrit dans la continuité du processus lancé en 2020 visant à forger un consensus international et à encadrer une solution à la crise libyenne. Toutefois, sa composition et son agenda – officiel comme officieux – révèlent une évolution dans l’approche internationale, motivée par l’échec des tentatives précédentes.

Berlin 1 (janvier 2020) : Des fondations fragiles et violées
Tenue durant l’offensive du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, la conférence affichait des objectifs ambitieux : unifier la position internationale, faire respecter l’embargo sur les armes, et lancer un processus politique tripartite.

Si le communiqué final[8]  et la création de la Commission 5+5 constituaient des avancées formelles, les violations immédiates des engagements – notamment par les signataires eux-mêmes – vidèrent la conférence de sa substance. Le marginalisation des acteurs libyens sapait par ailleurs le principe de « solution libyenne ».

Berlin 2 (juin 2021) : L’illusion électorale
Convoquée dans un contexte plus favorable (cessez-le-feu, gouvernement d’union nationale), cette édition ciblait les élections de décembre 2021 et le retrait des mercenaires.

Mais l’absence de mécanismes contraignants aboutit au même scénario : report des élections, maintien des forces étrangères. Le député libyen Abdulmonem Al-Arfi résume ce cycle : « Berlin 3 ne différera pas de ses prédécesseurs faute de garantises ».

Le rôle Central de l’ONU

Contrairement à la première conférence de Berlin, où les acteurs libyens avaient été relativement marginalisés[4], cette troisième édition cherche à les impliquer plus activement. Les principaux interlocuteurs libyens restent cependant les dirigeants des institutions rivales :

  • Le Gouvernement d’Union Nationale(GUN)
  • La Chambre des Représentants(basée à l’Est)
  • Le Conseil d’État(à Tripoli)

Leur intransigeance est considérée comme la cause principale de la persistance de la crise.

Sur le plan international, la liste des participants devrait inclure les membres du Processus de Berlin :

  • Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France)
  • Les puissances régionales ayant une influence directe sur le dossier libyen : Turquie, Égypte, Émirats Arabes Unis, Italie, Algérie et Congo.

L’Agenda Officiel (et Officieux)

Officiellement, la conférence devrait poursuivre les trois axes définis depuis le début du processus :

  1. La Voie Politique (Priorité absolue):
    • Briser l’impasse sur la base constitutionnelleet les lois électorales.
    • Établir une feuille de route claire et chronométréepour des élections présidentielles et législatives.
  2. La Voie Sécuritaire:
    • Consolider le cessez-le-feude manière permanente.
    • Progresser vers l’unification des institutions militaires(en s’appuyant sur le travail du Comité Militaire Commun 5+5).[5]
    • Mettre en place un mécanisme exécutablepour le retrait des forces étrangères et des mercenaires.
  3. La Voie Économique:
    • Résorber la division des institutions économiques.
    • Garantir une répartition équitable et transparente des revenus pétrolierspour éteindre une source majeure de conflit.

L’Agenda Caché : La Proposition d’un « Comité des 60 »

Au-delà de ces priorités affichées, des rapports concordants évoquent un objectif non déclaré mais central : la création d’un nouvel organe politique, le « Comité des 60 ».

  • Ce comité, s’il voit le jour, serait chargé de contourner la Chambre des Représentants et le Conseil d’État, considérés comme dans une impasse.
  • Il aurait pour mission :
    • Finaliser les lois électorales.
    • Sélectionner un nouveau gouvernement transitionnel.
    • Superviser l’organisation d’élections dans un délai de 18 à 24 mois.

Un changement stratégique risqué

Cette initiative marque un tournant dans l’approche internationale :

  • Elle constitue un aveu implicite que les institutions libyennes actuelles sont devenues l’obstacle principal à la paix.
  • Après des années de négociations infructueuses – utilisées par leurs dirigeants pour prolonger leur maintien au pouvoir –, la nouvelle stratégie vise à les contourner plutôt qu’à les réformer.

Berlin III n’est pas une simple réunion de routine, mais une tentative de réinitialisation politique, avec des risques élevés. La proposition du Comité des 60 reflète une perte de patience envers les acteurs libyens, mais son implémentation reste un pari incertain dans un pays déjà fracturé.

Une dynamique nouvelle?

Ce paysage international complexe fait de Berlin bien plus qu’une plateforme de dialogue entre Libyens : c’est aussi une arène de négociations entre puissances étrangères. Les bouleversements globaux (guerre en Ukraine, crise énergétique) ont modifié leurs calculs :

  • Les priorités des États-Unis et de l’Allemagne ne sont plus de soutenir un camp contre l’autre, mais de « gérer le chaos »pour éviter une explosion.
  • Même des rivaux régionaux comme la Turquie et l’Égypte explorent un rapprochement prudent pour gérer leurs différends libyens.

Le succès de Berlin III dépendra de la capacité à traduire ce fragile consensus sur la « gestion de la stabilité » en une pression unifiée et tangible sur les acteurs libyens. Le risque ? Que les puissances se contentent d’un accord superficiel maintenant le statu quo, gelant le conflit sans le résoudre puisqu’incapable d’établir un mécanisme contraignant de mise en œuvre des décisions

 

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Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Mon, 04 Aug 2025 02:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 REJOIGNEZ LA CHAINE WHATTSAPP DE MONDAFRIQUE Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen […]

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Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen Orient (notamment le Liban).

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Série Libye (I), ces gouvernements rivaux qui paralysent le pays https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-i-ces-gouvernements-rivaux-qui-paralysent-le-pays/ https://mondafrique.com/a-la-une/serie-libye-i-ces-gouvernements-rivaux-qui-paralysent-le-pays/#respond Mon, 04 Aug 2025 02:08:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=136930 Le cœur de la crise libyenne réside dans une profonde division institutionnelle qui paralyse l’État. Depuis l’échec du processus électoral prévu en décembre 2021, la Libye vit sous l’autorité de deux exécutifs rivaux : le gouvernement d’union nationale (GUN), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli sous la direction d’Abdulhamid Dbeibah, et le gouvernement de stabilité nationale (GSN), soutenu […]

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Le cœur de la crise libyenne réside dans une profonde division institutionnelle qui paralyse l’État. Depuis l’échec du processus électoral prévu en décembre 2021, la Libye vit sous l’autorité de deux exécutifs rivaux : le gouvernement d’union nationale (GUN), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli sous la direction d’Abdulhamid Dbeibah, et le gouvernement de stabilité nationale (GSN), soutenu par la Chambre des représentants et établi dans l’Est.

Cette dualité du pouvoir exécutif n’a pas seulement entravé toute gouvernance efficace, mais a également renforcé la fracture géographique et politique du pays.

Au niveau législatif, la Chambre des représentants et le Conseil d’État, dirigés respectivement par Aguila Saleh et Khaled El-Meshri, n’ont pas réussi à s’accorder sur une base constitutionnelle pour organiser des élections, malgré plusieurs rounds de dialogue à Genève, au Caire et ailleurs. Cet échec n’est pas qu’un simple différend technique : il reflète une lutte plus profonde pour le pouvoir, où ces institutions sont désormais perçues comme faisant partie du problème plutôt que de la solution. Leurs dirigeants semblent prolonger délibérément la transition pour préserver leur influence et leurs intérêts. Cette « impasse politique » a érodé la légitimité de toutes les instances en place et menace directement l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye.

Un paysage sécuritaire fracturé : une poudrière à Tripoli et au-delà

La paralysie politique s’accompagne d’une situation sécuritaire extrêmement fragile et complexe. La capitale, Tripoli, vit dans une tension permanente et a récemment connu une escalade inquiétante avec l’assassinat d’Abdel ghani Al-Kikli (dit « Ghniwa »), chef de l’Appareil de soutien à la stabilité. Cet événement a révélé la profondeur des rivalités entre milices se disputant le contrôle de la capitale.

Le paysage sécuritaire reste dominé par des groupes armés opérant en dehors de l’autorité de l’État, chacun avec ses propres allégeances politiques et sources de financement. L’objectif affiché lors des conférences de Berlin – démilitariser ces groupes et les intégrer dans une structure sécuritaire unifiée sous commandement civil – reste largement inachevé.

La situation est encore compliquée par la présence persistante de forces étrangères et de mercenaires sur le sol libyen, notamment :

  • Les troupes turques soutenant le gouvernement de Tripoli
  • Les mercenaires russes appuyant le Commandement oriental
  • Des combattants venus du Soudan et du Tchad

Cette présence étrangère viole non seulement les résolutions de l’ONU et les engagements de Berlin, mais attise aussi le conflit, sape la souveraineté libyenne et rend toute solution sécuritaire intérieure tributaire des rivalités régionales et internationales.

Pressions socio-économiques et colère populaire

La crise politique a entraîné une détérioration brutale des conditions économiques et sociales, alimentant un mécontentement généralisé. Des mouvements de protestation ont émergé dans plusieurs villes, notamment en Tripolitaine :

  • À Tripoli, les mouvements de «  Souk El Joumoua « [2] et « Volonté du peuple » ont appelé à des manifestations massives pour exiger le départ des institutions actuelles et la formation d’un nouveau gouvernement menant à des élections.
  • À Misrata (ville natale de Dbeibah), le « Mouvement de la jeunesse de Misrata »a dénoncé les pratiques « répressives » du pouvoir.

Ces mobilisations reflètent une volonté croissante des Libyens de rejeter une classe politique qu’ils jugent responsable de leurs souffrances. Cependant, ces mouvements font face à des tentatives de récupération par des acteurs rivaux. Par exemple, le mufti Al-Sadoc Al-Ghiriani a appelé à des contre-manifestations, qualifiant la conférence de Berlin de « complot étranger ».[3]

La bataille du pouvoir 

Pour comprendre l’échec successif des initiatives visant à résoudre la crise libyenne, il faut dépasser le récit superficiel qui accuse uniquement « l’absence de volonté politique ». La raison profonde réside dans trois enjeux fondamentaux et organiquement liés, formant ce qu’on pourrait appeler la « trilemme » : la résolution de chaque problème étant conditionnée par le règlement simultané des deux autres. Ces enjeux sont :

  1. Le défi de l’unification des institutions militaires
  2. La lutte pour les ressources économiques
  3. L’impasse constitutionnelle : Un paravent juridique 

Les désaccords affichés portent sur la « base constitutionnelle«  devant encadrer les élections. Bien que le débat semble technique et juridique, il s’agit en réalité d’un conflit politique pur : qui aura le droit de gouverner la Libye demain ?

Ces divisions ont paralysé les travaux de la commission « 6+6 » (composée de membres des deux chambres rivales : la Chambre des représentants et le Conseil d’État) et ont directement contribué à l’échec des élections de décembre 2021.

Principaux points de discorde :

Point de conflit

Position de l’Est

Position de l’Ouest

Nature du régime

Présidentialiste fort

Système parlementaire équilibré

Critères d’éligibilité

Exclusion des civils sans expérience

Ouverture à des candidats indépendants

Rôle de l’armée

Contrôle militaire accru

Subordination stricte au pouvoir civil

Cette bataille masque une réalité plus crue: les institutions actuelles instrumentalisent le processus constitutionnel pour préserver leurs privilèges. Le Conseil d’État (proche de Tripoli) craint une marginalisation dans un système présidentiel, tandis que la Chambre des représentants (à l’Est) y voit un moyen de consolider l’influence de son camp.

Les points de divergence constitutionnels : une analyse comparative

Point litigieux

Position de la Chambre des Représentants (Est)

Position du Conseil d’État (Ouest)

Enjeu stratégique

Éligibilité des militaires

Permettre aux militaires de se présenter à la présidentielle avec une démission temporaire de leurs fonctions

Exiger une démission permanente bien avant les élections

Influence directement la possible candidature du maréchal Khalifa Haftar

Éligibilité des binationaux

Opposition marquée visant à exclure les candidats détenteurs d’une double nationalité

Position plus flexible (certains alliés étant eux-mêmes binationaux)

Outil d’exclusion de figures politiques spécifiques

Séquence électorale

Privilégie des présidentielles en premier pour établir un exécutif fort

Favorise des législatives d’abord pour créer un pouvoir parlementaire de contrôle

Détermine l’architecture étatique future et l’équilibre des pouvoirs

Sortie du projet constitutionnel de 2017

Ignoré au profit d’une nouvelle base constitutionnelle

Certaines factions proposent de soumettre le texte existant à référendum

Choix entre capitaliser sur un travail existant ou repartir de zéro (prolongeant la transition)

 

Le défi de l’unification des institutions militaires : Qui contrôle les armes ?

La Commission militaire 5+5, composée de cinq officiers supérieurs de l’Est et cinq de l’Ouest, constitue le principal mécanisme de dialogue sécuritaire. Bien qu’elle ait réussi à conclure un accord de cessez-le-feu en 2020, elle n’a guère progressé dans sa mission fondamentale : unifier les forces armées sous un commandement unique.[6]

Ce défi est colossal. Il ne s’agit pas seulement d’intégrer deux armées rivales, mais aussi des dizaines de milices et groupes armés aux allégeances et idéologies divergentes dans une structure militaire professionnelle soumise à l’autorité civile. La « Commandement général » dirigée par le maréchal Khalifa Haftar continue d’agir comme une armée parallèle dans l’Est, tandis que les factions de l’Ouest tentent de former une « force militaire commune », entravées par un profond déficit de confiance. Chaque camp considère ses forces armées comme le dernier rempart de sa survie politique, transformant toute démarche de désarmement ou d’intégration en une périlleuse prise de risque.

La bataille pour les ressources économiques : Les butins de l’État

La lutte pour le contrôle des institutions économiques souveraines – notamment la Banque centrale de Libye et la Compagnie nationale de pétrole (NOC)[7] – alimente durablement le conflit. Qui maîtrise les revenus pétroliers détient le pouvoir de payer les salaires, financer ses troupes, acheter des allégeances et consolider son emprise.

La Libye ne dispose pas de budget unifié. Le gouvernement de l’Est accuse la Banque centrale à Tripoli de distribuer inéquitablement la richesse, tandis que l’Ouest reproche à l’Est d’utiliser le pétrole comme arme politique via des fermetures répétées de champs pétrolifères. Même les récents efforts de la NOC pour lancer de nouveaux appels d’offres aux investisseurs étrangers se heurtent à cette fracture politique.

Une trilemme interdépendante

Ces trois enjeux ne sont pas des défis distincts solubles par des approches parallèles, comme Berlin l’a vainement tenté. Ils forment une « trilemme » inextricable :

  1. Aucun camp n’acceptera une loi électorale (volet politique) pouvant conduire à sa défaite sans garanties contre un usage hostile des ressources militaires et économiques par le vainqueur.
  2. Aucun chef militaire n’intégrera ses forces (volet sécuritaire) sans règlement politique préservant ses intérêts.
  3. Aucune faction ne lâchera son contrôle sur les revenus pétroliers (volet économique) sans accords politiques et sécuritaires anti-marginalisation.

Ce cercle vicieux a scellé l’échec de Berlin 1 et 2. Toute tentative à Berlin 3 de pousser un seul volet (comme les élections) sans règlement simultané des deux autres ignore la structure des incitations libyennes et est vouée à l’échec.

Dans notre prochain article, « La troisième conférence de Berlin, l’ultime tentative avant l’effondrement. »

[3] https://ifta.ly/ 

[4] https://www.auswaertiges-amt.de/fr/newsroom/2294236-2294236

[5] https://french.ahram.org.eg/News/38867.aspx

[6] https://dppa.un.org/en/libyan-55-joint-military-commission-to-meet-libya-first-time

[7] https://noc.ly/en/   

[8] https://press.un.org/fr/2020/cs14108.doc.htm

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Série Soudan (4/4), Arabie Saoudite et Émirats, ces alliés devenus adversaires https://mondafrique.com/a-la-une/larabie-saoudite-et-les-emirats-freres-ennemis-au-soudan/ https://mondafrique.com/a-la-une/larabie-saoudite-et-les-emirats-freres-ennemis-au-soudan/#respond Mon, 04 Aug 2025 01:20:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=102346 Généralement partenaires et même alliés, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis font preuve en réalité d’une rivalité très vive au Soudan, où la guerre civile fait rage. Les deux royaumes soutiennent des camps opposés.

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Généralement partenaires et même alliés, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis font preuve en réalité d’une rivalité très vive au Soudan, où la guerre civile fait rage. Les deux royaumes soutiennent des camps opposés.

Un article de Mateo Gomez

Le chef d’État du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, qui a dégagé le dictateur Omar al-Bashir en 2019, fait face à son ancien second surnommé Hemeti, qui dirige le groupe paramilitaire Forces de Soutien Rapide (FSR). Mais ce conflit n’est pas qu’une embrouille domestique. Le Soudan, lien entre le monde arabe et l’Afrique subsaharienne, est riche en ressources naturelles. Du coup, ce pays attire les convoitises régionales.

Ainsi, l’Arabie Saoudite comme les Émirats Arabes Unis (EAU) voient tous deux la guerre comme une opportunité pour étendre leur influence dans la région. Les Saoudiens soutiennent le gouvernement internationalement reconnu d’Abdel Fattah, alors que les Émiratis penchent pour le chef des rebelles et ex numéro deux du régime. 

Ces derniers n’espèrent pas une victoire complète des FSR, de toute façon hautement improbable au vu de la force et la légitimité de Fattah. Mais un cas probable serait une situation similaire à celle de la Libye, où divers groupes se battent pour des zones d’influences sur le territoire. Un tel cas de figure permettrait aux Émirats d’être une perpétuelle épine dans le pied Saoudien, et d’en extraire ainsi des concessions.

 

Le groupe Wagner (1) dans la boucle

Ces monarchies du golfe ont joué un rôle significatif au Soudan depuis la chute de la dictature d’al-Bashir en 2019, envoyant des milliards de dollars à la junte d’Abdel Fattah en aide et investissements. Leurs intérêts étaient à l’époque alignés. Mais le rapprochement du Soudan avec le Qatar, rival des EAU, fut vu d’un mauvais œil par Abu Dhabi. Et lorsque les FSR, qui avaient déjà soutenu les intérêts émiratis au Yémen et en Libye, s’affirmèrent comme la première force d’opposition à Fattah en 2023, le patron des Émirats, MBZ, sauta sur l’occasion.

Sans manifester une hostilité trop évidente à l’égard des saoudiens, les émiratis ont collaborent avec la Russie pour soutenir le groupe Wagner, qui a offert ses services aux FSR. Les paramilitaires soudanais protègent les intérêts miniers des paramilitaires russes, qui envoient des ressources à la Russie… en passant par les Émirats. En juin 2023 la trésorerie américaine à sanctionné Al Junaid et Tradive, deux entreprises minières associées à Hemeti et basées au Soudan et aux Émirats. 

Les Saoudiens, de leur côté, travaillent sans relâche pour se présenter comme un médiateur de paix crédible et comme un soutien humanitaire conséquent pour les soudanais. Mais la perspective de la paix est encore lointaine. Si elle venait à se réaliser, les saoudiens pourraient renforcer leur image de leader du monde arabe et musulman. Mais si une situation similaire à celle en Libye s’installe, les Emirats pourraient durablement fragiliser l’influence saoudienne dans la région – une victoire pour le petit royaume.

Les Américains convoités

Cette compétition entre les deux royaumes n’est pas nouvelle. Les Émirats n’hésitent pas à nouer des liens diplomatiques avec tout le monde, y compris l’Iran, l’ennemi juré des saoudiens. Au Yémen, les tensions sont palpables. Riyad soutient le gouvernement reconnu internationalement d’Abed Rabbo Mansour; Abu Dhabi en revanche soutient le groupe rebelle du Conseil de Transition du Sud (2), qui lui offre un accès privilégié aux ports du pays mais qui bloque le développement d’infrastructures pétrolières saoudiennes.

Dernièrement, la compétition entre les deux pays pour mettre les États-Unis de leur coté a été intense. Depuis la scandale de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par les saoudiens, les relations entre le royaume et les États-Unis se sont refroidies considérablement, ouvrant la porte aux Émiratis qui voudraient devenir le partenaire privilégié de la superpuissance dans la région à coup d’achats d’armes.

Cerise sur le gâteau, la signature des accords d’Abrahams avec les Israéliens a renforcé encore la crédibilité de MBZ, le chef tout puissant des Émiratis, auprès des Américains, alliés constants de Tel Aviv. 

(1) Malgré sa rébellion ratée, le groupe Wagner est toujours présent en Ukraine, en Biélorussie et en Afrique. Il a été intégré à l’armée régulière russe et doit répondre aux ordres d’Andreï Trochev, qui a été directement nommé par Vladimir Poutine.

(2) Les autorités séparatistes du Sud accusent le gouvernement d’Abd Rabbo Hadi – appuyé par une coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite – de ne pas avoir rempli ses obligations et d’avoir même « conspiré » contre leur cause. En principe, tous sont alliés au sein du camp « loyaliste » contre la rébellion houthi au nord. Dans la réalité, l’accord qu’ils ont signé – contraints et forcés – début novembre à Riyad ne s’est jamais traduit dans les faits.

***Source: Mohammad, Talal. “How Sudan Became a Saudi-UAE Proxy War”, Foreign Policy, Fall 2023, pp. 24-26

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Le réquisitoire de l’ancien Premier ministre tunisien Hichem Mechichi https://mondafrique.com/a-la-une/le-requisitoire-de-lancien-premier-ministre-tunisien-hichem-mechichi/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-requisitoire-de-lancien-premier-ministre-tunisien-hichem-mechichi/#respond Sat, 02 Aug 2025 15:42:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=137361 Hichem Mechichi  est chef du gouvernement du 2 septembre 2020 au 25 juillet 2021 et occupe également le poste de ministre de l’Intérieur de février à septembre 2020 puis, à côté de ses fonctions de chef du gouvernement, de janvier à juillet 2021. Il est démis de ses fonctions suite à un coup de force […]

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Hichem Mechichi  est chef du gouvernement du 2 septembre 2020 au 25 juillet 2021 et occupe également le poste de ministre de l’Intérieur de février à septembre 2020 puis, à côté de ses fonctions de chef du gouvernement, de janvier à juillet 2021.

Il est démis de ses fonctions suite à un coup de force opéré par le président Kaïs Saïed qui suspend également l’Assemblée des représentants du peuple. Le pays sombre alors dans une crise politique caractérisée par un autoritarisme croissant et des atteintes graves aux droits et libertés

Voici une synthèse structurée de l’interview accordée par Hichem Mechichi au journal Al-Quds Al-Arabi, publiée le 30 juillet 2025, dans laquelle l’ancien chef du gouvernement tunisien revient longuement sur sa destitution le 25 juillet 2021 par Kaïs Saïed :

🟥 1. Événements du 25 juillet 2021 : un coup de force

Mechichi qualifie la date du 25 juillet 2021 de « jour noir » dans l’histoire de la Tunisie, marquant selon lui la fin du processus démocratique.

Il affirme avoir été retenu de force au Palais de Carthage après avoir été convoqué à une réunion sécuritaire.

Il y décrit un Kaïs Saïed « en état de tension extrême », annonçant la dissolution des institutions en prétextant un danger imminent.

À son refus d’approuver ce qu’il a qualifié d’ »suspension de la Constitution » ou de « coup d’État », Mechichi dit avoir été empêché de rentrer à la Kasbah, puis assigné à résidence sous surveillance.

🟧 2. Un « coup d’État » soutenu de l’intérieur et par l’étranger

Il affirme que Kaïs Saïed a orchestré son coup de force avec un soutien logistique et médiatique régional.

Il évoque sans nommer de pays, des régimes autoritaires qui craignaient que la révolution tunisienne inspire leurs peuples.

Selon Mechichi, ces soutiens ont permis la déconstruction ciblée du modèle de transition démocratique tunisien.

🟨 3. Portrait psychopolitique de Kaïs Saïed

Mechichi décrit un président mystique et autoritaire, mû par un sentiment de mission quasi religieuse.

Il estime que Saïed se perçoit comme un élu du destin, chargé d’une mission divine pour guider un peuple « perverti ».

Cette vision justifierait, selon lui, tous les moyens : manipulation de l’opinion, chaos institutionnel, répression.

🟩 4. Appel à la « résistance » démocratique et non à l’« opposition »

Mechichi rejette le qualificatif de « simple opposition », considérant qu’il ne s’agit plus d’un débat politique mais d’une résistance à un régime de fait.

Il appelle à unir les forces démocratiques, malgré leurs différences, pour « refermer la parenthèse du coup d’État » par des moyens civiques et pacifiques.

Il constate que les partis opposants sont affaiblis, dispersés ou réprimés, mais que le combat reste possible.

🟦 5. Sur l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT)

Sans l’attaquer frontalement, Mechichi critique l’absence de rôle moteur de l’UGTT dans la crise.

Il appelle l’organisation syndicale à retrouver son rôle historique de défense des opprimés et de rempart face à l’autoritarisme.

🟪 6. Position personnelle et avenir politique

Mechichi affirme être en exil volontaire, car il refuse d’adhérer à un régime fondé sur la personnalisation du pouvoir.

Il écarte l’idée de fonder un parti, préférant travailler à rassembler les forces démocratiques sur un socle commun, libre des contraintes partisanes.

Il conclut en appelant à une stratégie d’après-Saïed, basée sur un « minimum démocratique » partagé.

🔷 En conclusion :

Hichem Mechichi dépeint une Tunisie plongée dans une dérive autoritaire orchestrée par un président hors des normes politiques classiques, bénéficiant de soutiens internes et régionaux. Il appelle à une reconquête pacifique et démocratique du pays, au prix de l’unité nationale et de la résistance civile, tout en livrant pour la première fois son propre récit du 25 juillet 2021.

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La junte malienne emprisonne l’ex Premier ministre Moussa Mara https://mondafrique.com/a-la-une/la-junte-malienne-emprisonne-lex-premier-ministre-moussa-mara/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-junte-malienne-emprisonne-lex-premier-ministre-moussa-mara/#respond Sat, 02 Aug 2025 15:36:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=137356 Ce 1er Août 2025, l’ancien Premier ministre malien Moussa Mara a été placé sous mandat de dépôt, selon une publication du journaliste Serge Daniel sur le réseau social X. Le motif ? Des publications critiques sur la situation politique du pays, probablement jugées subversives par les autorités actuelles de Bamako. Mohamed AG Ahmedou   L’événement, […]

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Ce 1er Août 2025, l’ancien Premier ministre malien Moussa Mara a été placé sous mandat de dépôt, selon une publication du journaliste Serge Daniel sur le réseau social X. Le motif ? Des publications critiques sur la situation politique du pays, probablement jugées subversives par les autorités actuelles de Bamako.
Mohamed AG Ahmedou
 
L’événement, en soi, pourrait relever du fait divers politique si la trajectoire de Moussa Mara ne cristallisait pas à elle seule les ambiguïtés et les tragédies d’une génération politique qui, après avoir cru dompter la junte, a fini par se faire avaler par elle.
 
La sanction d’une parole libre ou le retour de bâton d’un compagnonnage aveugle ?
 
Moussa Mara n’est pas un opposant classique. Il fut l’un des rares à défendre publiquement la junte militaire malienne à ses débuts, croyant y voir une opportunité de rupture avec le système de prédation installé depuis les années ATT. Technocrate, volontaire, à la fibre panafricaine affichée, Mara incarne cette nouvelle génération d’hommes politiques maliens qui, après avoir tenté d’influencer le pouvoir militaire de l’intérieur, se retrouvent aujourd’hui marginalisés, voire persécutés.
 
Mais l’arrestation de Mara n’est pas un accident. Elle s’inscrit dans une longue série de purges silencieuses où d’anciens compagnons de route de la transition, à l’image du défunt Soumeylou Boubèye Maïga, d’Issa Kaou Djim, ou de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, ont été successivement mis à l’écart, embastillés ou réduits au silence. Le message est limpide : dans le Mali de la junte, aucune loyauté passée ne garantit l’immunité. Toute critique, même modérée, devient trahison.
 
Le dilemme des intellectuels face au pouvoir
 
En reconnaissant le statut en qualité des autorités maliennes à la junte militaire malienne en date du 26 juillet 2021, en compagnie de plusieurs figures politiques du Mali, lors de sa
déclaration ce jour là,  Moussa Mara a commis une erreur stratégique : celle de croire qu’un pouvoir militaire sans légitimité populaire pouvait se régénérer par l’intelligence technocratique et la bonne volonté politique. Ce malentendu originel est au cœur de la crise actuelle.
 
Dans son discours, Moussa Mara n’a jamais cessé d’appeler à une gouvernance rigoureuse, au respect des institutions et à un retour à la légalité. Mais sa parole s’est progressivement vidée de sa portée, à mesure que la transition malienne dérivait vers un autoritarisme militarisé. Que reste-t-il alors d’un homme d’État quand l’État lui-même est confisqué par des intérêts claniques, des alliances informelles avec des groupes armés et la logique de guerre imposée par des mercenaires étrangers ?
 
Le populisme militaire contre la pensée politique
 
Depuis 2020, la junte malienne gouverne à coups de slogans : « restauration de la souveraineté », « rupture avec la France », « refondation ». Mais dans les faits, ce pouvoir a substitué la réflexion à la propagande, le débat à l’invective, la complexité du réel à une posture revancharde. Tout acteur politique, même ancien allié, devient une menace s’il ose interroger la trajectoire du pays.
 
C’est précisément ce qu’a fait Moussa Mara dans ses publications récentes. En critiquant les dérives de la transition, il n’a fait que reprendre un rôle qui aurait dû être le sien depuis le début : celui d’un homme libre, porteur d’une parole publique, soucieux de l’intérêt général. Mais la junte n’accepte ni les nuances, ni la contradiction. Elle gouverne dans un climat de paranoïa où toute voix indépendante est perçue comme une tentative de déstabilisation.
 
Une trahison politique… partagée
 
Les partisans de Mara dénoncent une dérive autoritaire. Ses détracteurs, eux, y voient une juste rétribution : celle d’un homme qui a trahi les idéaux démocratiques en cautionnant un pouvoir de putschistes. Ces critiques ne sont pas sans fondement. En acceptant de dialoguer avec des militaires sans projet politique autre que leur propre maintien au pouvoir, en participant à leur légitimation nationale et internationale, Mara et d’autres figures comme Kaou Djim ont participé à affaiblir les rares contre-pouvoirs encore existants au Mali.
 
L’arrestation de Moussa Mara marque ainsi une étape dans l’effondrement politique malien. Elle montre qu’il ne suffit pas d’être brillant, loyal ou républicain pour survivre dans un système fondé sur la peur, la suspicion et la confiscation du débat public.
 
Leçons d’un naufrage
 
À l’échelle sahélienne, le cas Moussa Mara devrait faire école. Il illustre les risques d’une politique sans colonne vertébrale, d’un engagement dépourvu de lignes rouges claires. Car dans les régimes autoritaires, la complaisance est toujours à sens unique : ceux qui se taisent aujourd’hui seront peut-être les prisonniers de demain.
 
Le silence de la CEDEAO, de l’Union africaine, et même d’anciens alliés politiques maliens sur l’affaire Mara est tout aussi inquiétant. Il consacre la normalisation de l’arbitraire, l’acceptation tacite d’un Mali régi par les caprices d’un régime militaire qui ne tolère plus aucune critique, même en 280 caractères.
 
 
 
 
 

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Série Cameroun (1), cinquante décès d’opposants entre 1982 et 2023 https://mondafrique.com/a-la-une/cameroun-plus-de-50-deces-suspects-dopposants-entre-1982-et-2023/ https://mondafrique.com/a-la-une/cameroun-plus-de-50-deces-suspects-dopposants-entre-1982-et-2023/#comments Sat, 02 Aug 2025 01:55:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=97941 En 41 ans, ils sont entre autres religieux, avocats, journalistes et étudiants à avoir perdu la vie dans des circonstances troubles. Les nombreuses enquêtes judiciaires ouvertes n’ont jamais pu révéler les réels mobiles de ces morts violentes et barbares laissant ainsi le doute planer. Même si les familles gardent le silence parfois par peur des  […]

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En 41 ans, ils sont entre autres religieux, avocats, journalistes et étudiants à avoir perdu la vie dans des circonstances troubles. Les nombreuses enquêtes judiciaires ouvertes n’ont jamais pu révéler les réels mobiles de ces morts violentes et barbares laissant ainsi le doute planer. Même si les familles gardent le silence parfois par peur des  menaces, elles continuent de porter le deuil.

Une production de DataCameroon, pur Player de Fact-checking, de Data journalisme et de Journalisme d’investigation 

Quelques décès suspects: Narcisse Djomo Pokam…
….Mgr Jean-Marie Benoit Bala

De la période allant de 1982 à 2023, du sang a été versé au Cameroun de manière barbare et violente. Un tableau macabre qui affiche une cinquantaine de cas répertoriés dans le cadre de cette enquête. Ont perdu la vie dans d’atroces souffrances, journalistes, banquiers, étudiants, religieux, commerçants, avocats, hommes de culture et universitaires. On liste aussi des veuves d’hommes politiques et des enfants.

Malgré le temps qui est passé, la seule évocation de ces crimes crapuleux contribue à créer des remous autour des familles. Les différentes sources d’information interrogées jugent nécessaires de se terrer dans un mutisme suspect. Personne ne souhaite s’exprimer, même les avocats de certaines familles des victimes refusent de dire mot, prétextant le « secret professionnel ».

Les familles quant à elles, semblent avoir disparu avec leurs morts, car elles restent introuvables. Quelques proches retrouvés, malgré toutes les assurances données sur la protection de leur identité, choisissent de garder le silence. 

L’écrivain Arol Ketchiemen, auteur de : « Rivière de sang, enquête sur les morts non élucidées », témoigne « qu’il y a quand même certaines familles courageuses qui se battent depuis quelques années pour réclamer justice et très souvent, finissent par capituler à cause des pressions diverses. L’une d‘entre elles, après avoir été menacée, s’est résignée ».

Selon Cyrille Rolande Bechon, de l’Ong Nouveaux Droits de l’Homme, « il y a des cas où les familles des victimes ont complètement abandonné parce qu’elles ont compris les réalités mafieuses du Cameroun. Certaines ont tout laissé tomber parce que financièrement épuisées par les tracasseries judiciaires. Certaines familles ont peur pour leur sécurité quand une autorité est citée dans leur affaire. Elles choisissent donc de se taire surtout celles qui connaissent la brutalité du régime en place », explique-t-elle. La directrice exécutive poursuit qu’il y a des cas où les coupables ont été trouvés et emprisonnés sans jamais statuer sur les réparations ou sur la situation des victimes.

Pour le Pr Claude Abé, sociologue, ce silence « complice » des familles, peut s’expliquer par le fait que les crimes ont cela de particulier qu’ils traumatisent les familles et parfois ce traumatisme de la cellule familiale, prend également en charge toute la société entière. Selon cet universitaire, quand on voit les familles qui après de nombreuses années n’arrivent pas à parler, cela peut se traduire par le fait qu’elles se disent : « nous avons déjà été victimes une fois, nous ne voulons plus le subir ».   Il ajoute : « la société camerounaise a une grosse part de responsabilité là-dedans on ne peut pas comprendre qu’une société soit aussi apeurée qu’elle oublie très facilement des gens qui ont compté pour elle ».

Toujours pour expliquer ce silence qu’il qualifie d’inquiétant, le Pr Claude Abé affirme : « on peut se dire que ceux qui ont éliminé des gens ont des complicités même après l’élimination parce qu’en réalité, si une société encourage un travail de mutisme, ça devient comme un silence structurel, organisé qui fait que ça expose davantage les individus qui pourraient défendre les intérêts des populations. Ça semble être une stratégie politique qui vise à faire taire les leaders qui peuvent être des gens bruyants et qui peuvent dénoncer un certain nombre de choses », conclut-il.

Menaces

Même des journalistes ayant assuré la couverture de ces faits macabres ont subi des menaces.  Xavier Messè, actuel directeur de la publication du journal « Le Calame », se souvient qu’en tant que directeur des rédactions du Groupe l’Anecdote, en pleine investigation sur la mort de Mgr Jean Marie Benoît Balla en 2017, va recevoir des menaces via des appels téléphoniques et des messages électroniques. Peu après,  le journaliste est contraint d’abandonner ses recherches sur instruction de sa hiérarchie.

Répartition par profession des assassinats non élucidés au Cameroun de 1982 à 2023

https://public.flourish.studio/visualisation/15226971/

Dans la même affaire, le journaliste Léger Ntiga, directeur des rédactions du journal Essingan, confie également subir des menaces. Il faut rappeler que Mgr Bala, évêque du diocèse de Bafia, dans le Mbam et Inoubou, région du Centre, entre 2003 à 2017 a disparu dans la soirée du mardi 30 mai 2017. Sa voiture de marque Toyota Land Cruiser Prado immatriculée CE 9503V de couleur blanche est retrouvée le lendemain sur le pont d’Ebebda, dans la Lékié, région du Centre. A l’intérieur étaient déposées ses pièces personnelles et un bout de papier contenant l’effrayant message « Je suis dans l’eau ». Six ans après, le mystère continue même si les premières conclusions de l’enquête judiciaire ont révélé le 4 juillet 2017 dans un communiqué du procureur général près la Cour d’appel du Centre, Jean Fils Ntamack, que la noyade était la cause la plus probable de la mort de cet homme de Dieu.

Violences

Tout à côté de la mort de Mgr Jean-Marie Benoît Bala, le sang de plusieurs autres victimes a coulé dans des situations toutes aussi troubles et peut-être moins tristement célèbres. Même si les émotions sont retombées, le doute continue de planer et les interrogations persistent sur les raisons de ces morts que nombreux considèrent aujourd’hui comme crimes non élucidés. « On parle de crime non élucidé lorsque la justice n’a pas pu résoudre l’affaire en désignant les responsables », explique Dr Abdel Nasser Issa Pave, juriste criminologue.

À sa suite, Me Thierry Henri Atangana, expert criminel assermenté, ajoute qu’il s’agit premièrement des crimes en cours d’enquête et deuxièmement, des affaires classées. Mieux encore, elles peuvent être celles qui le sont définitivement, soient qui sont proscrites juridiquement ou tout simplement classées sans suite. Dans ce processus de définition, Dr Nasser poursuit que les crimes non élucidés sont ceux pour lesquels, les circonstances ne permettent pas de mener une enquête soit encore que lesdites circonstances ne mènent à aucune piste (responsable) probante. « Dans un cas comme dans l’autre, il est impossible de désigner les auteurs de ces infractions », souligne-il. 

Loin de ces avis d’experts, Xavier Messè, pense que les crimes non-élucidés sont ceux dont les résultats d’enquêtes sont entourés d’une certaine opacité. Avis corroboré par Arol Ketchiemen, qui croit savoir que pour se prononcer sur un crime non élucidé, il faut attendre sur le long terme, c’est-à-dire patienter jusqu’à ce que les conclusions de l’enquête soient disponibles.

Souvent accompagnés d’une extrême violence, ces morts selon Léger Ntiga, n’ont souvent curieusement rien à voir avec la version officielle. Elles seraient donc entachées de mobiles que les autorités ne veulent pas révéler. Dans ce registre, on a le cas de Me Mbopda décédé le 5 avril 1990. L’avocat a été assassiné par un gardien de la paix, Louis Emandion, en service au Groupement mobile d’interventions (Gmi) de la ville de Bafoussam. Le procès a duré deux ans et le 17 février 1992, la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Bafoussam rend son verdict. Le gardien de la paix est condamné à vie sauf que le mobile de son forfait est resté non élucidé.

Le 5 février 2010, Ngota est arrêté avec trois autres journalistes de différentes publications. Les journalistes sont détenus pendant plusieurs jours et interrogés. Ils sont libérés, puis inculpés de falsification d’un document gouvernemental. Ngota et deux autres journalistes sont à nouveau arrêtés et détenus à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, au Cameroun. Le 22 avril, Ngota décède dans des circonstances suspectes.

Pour Léger Ntiga, les crimes non élucidés se caractérisent par les causes officielles de la mort souvent qui ne concordent pas avec les signes visibles sur la dépouille. Ce qui se vérifie dans l’affaire du journaliste Germain Cyrille Ngota Ngota connu sous l’appellation de Bibi Ngota, décédé le 23 avril 2010 à la Prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Le ministre de la communication de l’époque, Issa Tchiroma Bakary a publiquement confessé au cours d’une conférence de presse donnée à Yaoundé le 23 avril 2010, que ce journaliste et directeur de publication du journal « Cameroun Express » est décédé des suites d’infections opportunistes subséquentes au Vih.

Des conclusions qu’il dit tenir des rapports du responsable de l’infirmerie de ce pénitencier. Or, la génitrice de ce journaliste madame veuve Ngoulou née Edima Georgette a assuré dans une interview accordée le 27 avril 2010 au site Camer.be que son fils avait été « torturé ».  Informations que ne corrobore pas l’enquête officielle qui va  plutôt révéler que Bibi Ngota n’a pas été victime de mauvais traitements. Le Dr Um Um Bitanga, médecin légiste, affirme qu’il existe des signes extérieurs qui renvoient à des genres particuliers de mort.  « Mais c’est l’autopsie qui permet de confirmer la cause de la mort. L’autopsie permet un examen macroscopique, puis éventuellement microscopique des organes ainsi que des examens biochimiques et toxicologiques », précise- t-il.

Opacité

Pourquoi les enquêtes autour de ces morts ne prospèrent pas ? Xavier Messè invoque l’implication de l’Etat qui peut se traduire par l’ouverture des enquêtes dont les résultats ne sont jamais connus, une façon perçue par l’auteur de « Rivière de sang, enquête sur les morts non élucidées » dans son interview à Naija Tv comme une façon d’enterrer une affaire. D’ailleurs Edmond Locard, professeur de médecine légale, fondateur du premier laboratoire mondial de police scientifique en 1910 à Lyon en France déclarait : « dans l’enquête criminelle, le temps qui passe, c’est la vérité qui s’enfuit. » Une volonté de dissimuler les preuves qui a été suspectée dans l’affaire Martinez Zogo encore en cours.

Des personnalités au sommet de l’Etat ont été citées dans l’assassinat de cet animateur radio mais plus rien n’a filtré.

Un nuage a recouvert l’opération du test d’Adn pratiqué sur la dépouille de ce chef de chaîne d’Amplitude FM dont le corps en état de putréfaction avancé a été découvert le dimanche 22 janvier 2023. Un test d’Adn qui selon le cardiologue Dr Aimé Bonny permet en plus, d’avoir l’identité des assassins. Il écrivait que le blocage de ce test était une aubaine pour les assassins de cet animateur qui n’ont rien à gagner que ce test soit pratiqué.

Le 21 août 2006, Narcisse Olivier Djomo Pokam est tué, puis défenestré du 8è étage de l’hôtel Hilton de Yaoundé

Au-delà de ces enquêtes qui ne prospèrent pas, on a aussi des personnes innocentes qui se retrouvent condamnées juste pour brouiller les pistes. Le 21 août 2006, Narcisse Olivier Djomo Pokam est tué, puis défenestré du 8è étage de l’hôtel Hilton de Yaoundé. Dans cette affaire, des noms de certains pontes du régime sont cités.  Mais curieusement, Taboue Fotso, bagagiste ; Pokoupong Félix, chef de la sécurité ; Siméon Onambélé Atangana, agent d’entretien ; Michel Ngui et Célestin Tchuenkam, plombiers, tous employés de l’hôtel présentés comme les principaux suspects, seront envoyés en prison.

Répartition par sexe des personnes assassinées entre entre 1982 et 2023 au Cameroun (%)

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Après quatre années de réclusion, le Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi prononce des peines lourdes contre eux. Taboue Fotso écope de 20 ans de réclusion ferme tandis que les autres accusés sont condamnés chacun, à 15 ans d’emprisonnement. Le 23 avril 2023, le journal du monde judiciaire rapporte l’acquittement à la Cour d’Appel du Centre au bénéfice du doute. « Qui a donc tué Narcisse Djomo Pokam ? Qu’avait-il fait ? que lui voulait-on. Comment peut-on en plein jour, dans une chambre du Hilton, le plus prestigieux et sécurisé du pays, torturer ; violer, tuer, un être humain et jeter son corps à l’extérieur, à plusieurs mètres du sol sans que les coupables ne soient clairement identifiés ?» s’interroge Arol Ketch, le 22 août 2023 sur sa page Facebook. D’après lui, les véritables coupables sont connus et libres puisque leurs noms étaient abondamment cités dans les journaux « Mais étant puissant et bénéficiant d’un soutien élevé au sein de l’appareil étatique, ils n’ont jamais été inquiétés », écrit-il.

Justice

Au-delà de cette implication du politique dans ces décès, François Bingono Bingono, anthropologue, soutient qu’il s’agit souvent de crimes rituels qui sont un processus de capture de l’énergie psychique de la victime tuée de manière rituelle. « Il y a beaucoup de similitudes dans les modes opératoires quand on regarde Mgr Bala, le Père Mveng, Me Ngongo Ottou. De nombreux éléments amènent à croire que les commanditaires et les exécutants seraient les mêmes individus. Cette similitude des modes d’opération amène à dire qu’on a à faire à des mêmes acteurs qui agissent à des moments différents et à des contextes différents. On ne peut pas expliquer qu’en 1983 on a le même mode opératoire qu’en 2004, 2018 ou encore en 2023. Il s’agit donc de quelque chose qui s’est institutionnalisé poussant à s’interroger sur d’éventuelles responsabilités des institutions et de nos élites gouvernantes », argumente le sociologue Claude Abé.

Dans ce tableau sombre, le clergé est celui qui paye le prix fortavec vingt morts suspectes. Pour Léger Ntiga, il s’agit des meurtres au cœur des pouvoirs c’est-à-dire que des personnes au cœur du régime qui sentant leurs intérêts menacés ont décidé d’agir. » Il soupçonne lcertains au sein de l’Eglise d’avoir facilité ces assassinats. Dans le cadre de cette enquête, nous avons sollicité un entretien avec Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, sur les affaires concernant les religieux. L’archevêque nous a demandé de passer par son service de communication, qui à son tour, nous a suggéré de leur faire parvenir par courrier notre protocole d’interview. Malheureusement, notre courrier déposé le 29 juin 2023 est resté sans suite.

A en croire Dr Nasser « Plusieurs variables peuvent expliquer la prolifération des affaires de meurtres non élucidés au Cameroun. Premièrement, on peut citer la déficience des enquêtes judiciaires. Celles-ci sont incapables, souvent à raison, de faire parler des cadavres qui sont généralement en décomposition. Par ailleurs, elles ne sont pas outillées du point de vue technique et scientifique pour exploiter les ADN présents sur la scène de crime », renseigne-t-il . Me Thierry Henri Atangana ajoute : « pour le cas des homicides, tout se joue au début dans les premières constatations. Le problème est que parfois lorsque les OPJ arrivent sur les scènes de crimes, celle-ci est déjà souillée. La scène de crime est la base du travail d’élucidation d’une enquête criminelle. C’est là qu’on recherche des empreintes digitales, le relevé des traces matérielles ceci avant l’enquête de voisinage et la recherche de témoin » Comme autres raisons, Dr Nasser parle de la frilosité des familles qui tournent rapidement la page et ne montrent pas de réelle détermination à connaître la vérité, comme s’il existait une perte de l’indignation collective devant la mort.

Nos tentatives de recueillir des informations au ministère de la Justice sont restées vaines.

Cameroun, le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) au cœur du pouvoir

 

 

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Herman Yaméogo: « le Burkina suspendu au dessus du vide »! https://mondafrique.com/politique/herman-yameogo-le-burkina-suspendu-au-dessus-du-vide/ https://mondafrique.com/politique/herman-yameogo-le-burkina-suspendu-au-dessus-du-vide/#respond Thu, 31 Jul 2025 05:19:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=137249 Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les […]

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Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les autorités puis relâché après 36 heures de détention.

Dans ce texte qui a eu l’heur de fortement déplaire à Ia junte burkinabè, il appelle à un sursaut national, insiste sur l’urgence de renouer un dialogue interne apaisé et de restaurer l’Etat de droit et la confiance entre Burkinabè. Mais l’un des points central de ce texte concerne le risque majeur d’une mutation du conflit. Il met en garde : la guerre contre le terrorisme pourrait sous la pression des frustrations populaires, basculer en guerre de libération nationale si l’Etat persiste à ignorer les revendications de démocratie, de justice sociale et de réconciliation. Pour lui, le danger serait que les groupes armés s’approprient ces causes et apparaissent comme des porte-voix des aspirations sociales et des libérateurs. Prudent Maître Yaméogo, parle de risque mais en réalité c’est presque déjà chose faite au vu des dernières déclarations du principal groupe armé djihadiste qui sévit dans les pays de l’AES (JNIM).

                                                    La rédaction de Mondafrique

Voici le texte d’Herman Yaméogo

ATTENTION AU RISQUE DE MUTATION DE LA GUERRE TERRORISTE EN GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE

Une analyse objective, lucide et courageuse de la situation nationale ne peut que conclure que (plus qu’à la croisée des chemins ) notre pays se trouve, pour la première fois de son histoire contemporaine, suspendu au-dessus du vide. Il marche, sans filet ni boussole, sur une véritable corde raide. Tous les indicateurs le confirment, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux et, plus encore, militaires.

Il n’est donc plus admissible, à l’heure où nous sommes au bord du gouffre, de persister dans une voie dont l’inefficacité tragique a été démontrée par les faits. L’obstination à maintenir un cap manifestement erroné devient non seulement une faute politique, mais aussi une faute morale, car elle engage durablement la vie et l’avenir d’un peuple déjà durement éprouvé.

L’incapacité à reconnaître ses erreurs, à faire amende honorable, ou même à consentir à une simple pause réévaluatrice, contribue à enraciner dans les esprits un sentiment de fatalisme aussi dangereux que stérile. Il favorise l’idée d’une impasse inévitable, d’un destin scellé, ce qui constitue un terrain fertile pour toutes les formes de radicalisation et d’adhésion à des discours extrêmes.

Dans ce contexte, certains choix et comportements deviennent particulièrement inquiétants, notamment celui qui prend corps dans l’opinion publique : une possible reprise des négociations avec les groupes armés terroristes, après une première tentative restée sans suite.

Il convient de le rappeler avec force : si le dialogue est au cœur de nos traditions (dialogue fondé sur l’écoute, la réconciliation et la palabre féconde ) encore faut-il qu’il s’exerce dans un climat national pacifié, apaisé et légitime. Dans notre histoire, ce dialogue n’a jamais été cédé sous contrainte ou sous menace, encore moins dans un climat de terreur ou de déstructuration sociale. Il naissait d’un besoin de restauration de l’harmonie entre frères, dans le respect des coutumes et des institutions.

Or aujourd’hui, nous assistons à un renversement saisissant de cette logique : ce ne sont plus les autorités nationales, ni même les forces morales du pays, qui posent les conditions du dialogue, mais les groupes armés eux-mêmes. Ce sont eux désormais qui fixent les préalables : libération des détenus politiques, résolution de certains dossiers judiciaires sensibles, retour des exilés, réhabilitation de la vie démocratique, et pacification nationale.

Ce faisant, ils s’approprient les revendications légitimes de pans entiers de la population, revendications qui, lorsqu’elles émanaient de citoyens ou d’organisations civiles, ont été ignorées, voire méprimées. C’est là que réside le danger majeur : en apparaissant comme les nouveaux porteurs des aspirations populaires à la justice, à la vérité, à la réconciliation, et à la légitimation démocratique ces groupes armés sont en train de brouiller les lignes, de fondre le combat terroriste dans un discours de lutte pour la noble libération nationale.

L’histoire, y compris la plus récente, nous enseigne que de nombreuses guerres dites « terroristes » ont muté en conflits de type « guerres de libération », lorsque les causes populaires et les frustrations collectives ont été récupérées et instrumentalisées par des groupes violents, devenus ( dans l’imaginaire de certains ) les derniers recours face à un État perçu comme fermé, injuste ou autoritaire.

Écarter systématiquement les demandes de justice sociale, de grâce, d’amnistie, de réparation, de réconciliation, de vérité et de réhabilitation, c’est nourrir le glissement de la guerre terroriste vers une guerre de libération nationale, avec tout ce que cela comporte comme complexification du conflit, prolongation de la crise, et radicalisation des postures.

Il est donc impératif, pour éviter cette dangereuse mutation, de reprendre en main l’agenda du dialogue national , non pas sous la pression des armes, mais à la lumière de l’intérêt supérieur de la Nation. Il faut rouvrir les espaces de discussion entre Burkinabè, réconcilier les fils du pays entre eux, et donner des gages clairs d’un retour à une gouvernance fondée sur le droit, la justice et l’inclusion.

À défaut, nous risquons d’assister à un basculement aux conséquences incalculables, où les lignes entre terrorisme, insurrection et lutte de libération se confondront, précipitant la Nation dans une nouvelle phase de désagrégation.

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