xEmmanuel Macron a prévenu solennellement les Français, dans une allocution mercredi soir, qu’il faudra « des réformes, du choix, du courage », dans la « nouvelle ère » qui s’esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.
« Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie », a lancé le chef de l’Etat dans un discours télévisé d’une quinzaine de minutes, à la veille d’un sommet crucial de l’Union européenne (UE) à Bruxelles pour acter un renforcement massif de la défense continentale.
Le président avait choisi de s’adresser à son pays afin, selon son entourage, de répondre à « une angoisse très forte chez les Français », et « transformer ces angoisses en volonté d’agir et d’avancer ».
Il a tenté de mettre des mots sur la bascule géopolitique en cours depuis que le président américain Donald Trump a renoué le dialogue avec son homologue russe Vladimir Poutine, décidé à mettre fin à tout prix à la guerre en Ukraine plus de trois ans après le début de l’invasion par la Russie. « L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou », a lancé le président.
« Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas », a expliqué Emmanuel Macron, décrivant une « menace russe » qui « nous touche » avec une « agressivité » qui « ne semble pas connaître de frontières ».
Face à ces menaces, il s’est réjoui de voir l’UE franchir jeudi à Bruxelles « des pas décisifs » pour investir des centaines de milliards d’euros dans la défense européenne, en prenant des décisions que « la France proposait depuis plusieurs années ».
Mais il s’agira aussi d’un effort budgétaire difficile eu égard aux finances publiques très dégradées de la France, a-t-il laissé entendre. Renforcer les armées signifiera faire des « investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables », mais « sans que les impôts ne soient augmentés », a-t-il promis.
« Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage », a-t-il martelé, appelant la classe politique et les partenaires sociaux à proposer des « solutions de demain » qui « ne pourront être les habitudes d’hier ».
« La patrie a besoin de vous et de votre engagement », a encore dit le chef de l’Etat à ses compatriotes, prônant l’unité des Européens et vantant « la force d’âme d’une nation ».
A la manoeuvre ces dernières semaines, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, pour organiser l’unité des Européens et tenter de maintenir le dialogue transatlantique, il a aussi annoncé une réunion la semaine prochaine à Paris des « chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités » pour garantir une future paix en Ukraine, y compris, « peut-être, par le déploiement de forces européennes ».
Et s’il a confirmé vouloir « ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », il a tenté de rassurer en assurant que la décision d’engager l’arme nucléaire « a toujours été et restera entre les mains du président de la République ».