La tension est de plus en plus palpable au Niger entre la junte au pouvoir et les représentants de la France. Stéphane Jullien, conseiller des Français de l’étranger, a été arrêté à Niamey. Mais surtout des groupes de jeunes très remontés s’approchent quotidiennement de la base militaire française pour tenter, par des jets de pierres ou autres, de blesser les soldats présents
Soldats, aviateurs et techniciens de la base de Niamey n’ont pour horizon que la piste d’aviation sur laquelle les chasseurs ne décollent plus et sur laquelle le fret aérien qui venait de France n’atterrit plus. « On est passé d’une mission passionnante, le partenariat de combat avec les forces nigériennes, à une ambiance un peu pesante », confie un officier à un journaliste de RFI
Pesante, certes, mais surtout susceptible de provoquer de sérieux débordements entre l’armée française et des groupes de Nigériens qui tentent d’approcher nuitamment de la base française et d’aller vers l’affrontement. Des jeunes lancent toutes sortes de caillasses en direction des soldats français réfugiés sur leur base proche de l’aéroport, des coups de feu ont été tirés.
Halte aux patrouilles conjointes!
Des patrouilles composées de Français et de Nigériens tentaient jusqu’à présent de surveiller les abords du camp. Mauvais signal, les autorités nigériennes ont décidé de cesser leur participation au dispositif censé protégé la base militaire. En revanche, le quartier de l’Ambassade de France, où les élites nigériennes possèdent souvent de belles villas, reste sous contrôle des forces de l’ordre.
Le résultat, le voici: on assiste à un face à face entre les groupes de jeunes nigériens très remontés et des soldats français gagnés par la lassitude. Les risques de déflagration sont considérables.
« Prudences » américaines
Jeudi soir, le Département d’État a annoncé que les moyens américains déployés sur la base aérienne 101 de Niamey allaient être relocalisés sur la base aérienne 201 d’Agadez, près de 1000 km au nord. C’est sur cette base que sont stationnés des drones Reaper (photo USAF).
La base 201 a fait l’objet de gigantesques travaux effectués par les sapeurs du 31st Expeditionary Rapid Engineer Deployable Heavy Operational Repair Squadron, le RED HORSE (l’équivalent des Seabees). Les travaux ont été décidés en 2013, suite à une demandes autorités du Niger, mais ils n’ont commencé qu’à l’été 2016.
« Il n’y a pas de menace contre les forces américaines », a pourtant assuré Sabrina Singh pendant un briefing au Pentagone à Washington. »C’est une simple mesure de précaution », a-t-elle confirmé.
Les forces US comptent environ 1100 hommes (principalement de l’USAF) au Niger.
Sortie de crise
Seule l’annonce d’un calendrier de retrait des troupes fraçaises permettrait de sortir de l’impasse où se trouve la diplomatie française. Seul obstacle, Emmanuel Macron pose comme condition préalable à une telle annonce que le président Bazoum soit libéré. Lui seul, considère l’Élysée, serait en droit de négocier le départ de l’armée française.
Ces arguties semblent bien dérisoires face au risque bien réel d’embrasement de la situation créée par l’entêtement de la France, alors que le gouvernement nigérien a fait passer à Paris des messages pllus que conciliants pour rassurer les autorités françaises sur le sort réservé à Mohamed Bazoum
La diplomatie brutale de Macron est d’autant plus absurde sue sur le terrain, les militaires français tentent de trouver des compromis avec les patrons de la junte qui furent leurs interlocuteurspendans une dizaine d’années contre le terrorisme
Des arrangements discrets
Au moins trois membres influents de la junte nigérienne, les généraux Salif Mody (ministre de la Défense), Salaou Barmou (chef d’état-major des FAN), Mohamed Toumba (ministre de l’Intérieur), ont été les interlocuteurs directs des forces françaises dans leurs fonctions antérieures de chef d’état-major, de commandant de l’opération Almahao et de patron des forces spéciales nigériennes. Loin des déclarations martiales et éloignées de la réalité du terrain de Macron, les responsables des forces françaises au Niger ont négocié plusieurs arrangements opérationnels avec la junte nigérienne, tantôt pour organiser leurs mouvements sur le terrain, tantôt pour évacuer vers le Tchad du matériel et des effectifs non essentiels.
Sans en référer forcément à Macron, prisonnier de sa bulle parisienne, les officiers français poursuivent leurs discussions avec leurs homologues nigériens pour gérer au mieux la situation actuelle rendue intenable par la suspension de toutes les activités antiterroristes franco-nigériennes. En effet des drones armés, des mirages, des avions de reconnaissance sont cloués au sol à Niamey, Ouallam et Ayorou alors que le personnel qui les opère se tourne le pouce. Le seul enjeu pour les chefs des troupes françaises au Niger est de trouver une solution intermédiaire à cette situation délicate. Quitte à discuter avec la junte honnie à Paris et ne pas s’aligner sur les coups de menton de Macron.
« La France se ridiculise au Niger », affirme l’ancien Premier ministre Hama Amadou