Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, tous deux anciens Présidents ivoiriens, ainsi que Guillaume Soro, ex Premier ministre, sont sur le point de publier une plate forme commune pour mettre en cause les conditions peu démocratiques de l’élection présidentielle du 31 octobre
La Côte d’Ivoire où le président Ouattara brigue, lors de l’élection présidentielle de fin octobre, un troisième mandat connait une situation très tendue où les manifestations, sévèrement réprimées, se sont soldées par de nombreux morts. Ultime revers pour le régime, la candidature du président ivoirien Alassane Ouattara «n’est pas nécessaire», a estimé lundi le chef de l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire, le cardinal Jean-Pierre Kutwa, appelant «à aller au dialogue». «Je ne peux pas ne pas me tourner avec respect vers le président de la République, dont la candidature à ces prochaines élections n’est pas nécessaire, à mon humble avis», écrit Mgr Kutwa dans une lettre ouverte intitulée «Appel au respect du Droit dans la concertation».
Face à ces oppositions grandissantes, l’actuel chef d’Etat tente de passer en force, en imposant un processus électoral qui semble tout sauf démocratique.
Les principaux opposants probablement écartés
Les candidatures à la présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire de l’ex-président Laurent Gbagbo, toujours en Belgique, et de l’ex-chef rebelle et ancien premier ministre Guillaume Soro, qui réside en France, ont été déposées, lundi 31 août, par leurs partisans à la Commission électorale indépendante (CEI) à Abidjan. Quelques jours plus tôt, l’ancien Président Bedié avait lui aussi déposé un dossier candidature.
Deux de ces poids lourds de la vie politique sont, Gbagbo et Soro, radiés des listes électorales en raison de condamnations par la justice ivoirienne. ll est peu probable que le Conseil constitutionnel, aux mains du régime, valide leurs candidatures. L’ex chef d’état, Henri Konan Bédié, pourtant à la tète d’un mouvement autorisé, pourrait, lui aussi, être écarté de la compétition électorale.
Retournement de situation
Face au passage en force que tente le Président Ouattara, ses principaux opposants qui se parlent beaucoup ces dernières semaines ont décidé d’unir leurs forces pour imposer une élection démocratique. Ghagbo, Bédié et Soro pourraient publier dans les prochains jours une proclamation commune pour exiger un processus électoral plus démocratique. Personne ne s’attendait à ce que ces trois hommes qui se son combattus ces vingt dernières années sans répit puissent s’entendre aujourd’hui sur une plate forme minimum. Le retournement de situation est spectaculaire
Sans véritable espoir de convaincre un régime de plus en plus autocratique de faire preuve d’ouverture, ces personnalités pourraient provoquer dans le pays une mobilisation sans précédent. Leurs réseaux sont solides et nombreux sur le continent africain et jusqu’au sein de la CEDEAO. L’appui apporté par le régime ivoirien au président malien IBK qui vient d’être renversé par des militaires proches de l’opposition et alors qu’une immnese majorité de la population a demandé son départ, a contribué, ces derniers jours, à renforcer la colère de la rue ivoirienne. »Ouattara n’avait rien à faire et que des coups à predre dans le dossier malien, il perd la main », constate un diplomate français.
L’Afrique de l’Ouest, du Mali à la Guinée et à la Cote d’Ivoire, pourrait connaitra-t-elle une sorte de printemps démocratique? La question n’est pas absurde alors que le modèle « démocratique » façonné par des régimes qui restent autocratiques prend l’eau de partout.